L'Appel de la Montagne

Je m'appelle James, James Parker, et je vais vous raconter mon histoire.

Il y a de ça quelques années, après des heures et des heures de voiture, dans les bouchons en plus ! j'étais enfin arrivé à Kryožim, la montagne auquel j'avais passée toutes mes vacances d'hiver quand j'étais gamin, avec mon copain Maxime(us... eh, eh. et ce n'est pas un cheval blanc !), un petit homme aux très courts cheveux châtains, presque rasé, aux yeux marrons. Un corps fin tatoué qui me faisait complètement craquer. Je reconnaissais qu'il avait un look de détenu qui sortait de prison alors qu'il n'y avait jamais allé, mais soit.

Nous étions arrivés très tard dans la soirée. Il faisait nuit. Une brise fraîche nous soufflait dans le cou. Il neigeait même un peu. Je ne cherchais pas à comprendre et m'étalais dans la neige. Je la prenais dans mes mains, la testais. Cette bonne neige auquel j'adorais déferler les pistes.

Ahhhh c'était si bon de retrouver mes racines !

L'Appel de la Montagne avait été si fort depuis tant d'années ! Je ne pensais plus qu'à ça ! J'avais dû négocier sévère avec Maxime pour pouvoir partir.

Il m'avait rappelé à l'ordre, me disant de venir monter les affaires, et m'avait souri en disant que je ressemblais à un gamin. La Lune large et blanche nous éclairait le passage.

Nous montions les valises en un aller, ne supportant pas de faire plusieurs aller-retours. Je faillis même glisser... mais Maxime fut là pour me rattraper avant la catastrophe. Nous finissions de nous installer très tard dans la nuit.

Exténués par la journée, une fois véritablement installés, nous partîmes nous coucher dans le clic-clac, l'un dans l'autre. Nous nous endormions rapidement et nous nous réveillions tranquillement au petit matin.

J'avais rêvé que la Montagne était ravie de mon retour. D'aussi loin que je me souvienne, je faisais toujours des petites allusions à Maxime sur mon enfance à Kryožim. Cela lui faisait plaisir de me voir aussi enthousiaste, moi qui étais toujours submergé de boulot et constamment stressé.

En réalité, Maxime pensait que ces vacances à la montagne pourraient redresser notre couple qui battait de l'aile, en l'occurrence à cause de mon travail si prenant. Et puis, j'étais si excité de remonter sur des skis ! Le Ski, c'était et restera toujours toute ma vie !

Le lendemain matin, une fois les skis récupérés et forfaits payés, nous rejoignions le premier télésiège. Plein de monde. Trop de monde. On aurait dit une petite armée de pingouins !

Mais je m'y étais habitué à force, mais pas Maxime qui râlait sans cesse. Un soulagement pour lui de monter sur le télésiège, malgré le petit vent qu'on sentait bien passer.

Ces premières journées se passèrent à merveilles, les températures étaient bonnes. Je ne pris pas longtemps pour retrouver mon aisance d'antan. Je prenais beaucoup de plaisir à descendre les pistes, appréciant grandement la qualité de la neige. Je n'allais pas trop vite pour que Maxime, qui n'avait presque jamais skié, puisse me rattraper.

Je lui apprenais les bases et il prenait exemple sur moi. On tombait souvent, mais c'était drôle et conviviale. Comme cette fois où j'étais allé un peu trop vite, que j'avais enchaîné une grande série de bosses et que je m'étais mal réceptionné en sautant un trou. Ou encore les nombreuses chutes de Maxime qui me faisaient doucement rire lors de ses débuts.

Une fois, on s'était roulés dans la neige, loin des voyeurs. On avait bien ri. Nos deux corps chauds entremêlés dans ce désert de glace. Un beau moment passionnel aussi... Je l'aimais tellement Maxime et Maxime m'aimait tellement...


Les premières journées et les premières nuits étaient parfaites, nous passions de bons moments ensembles, nous dormions paisiblement. La Montagne me donnait de bonnes vibrations. J'avais l'impression de retrouver Maxime et nos sentiments devenaient encore plus forts.

Par la suite, ce séjour qui commençait si bien bascula. Les températures montèrent et immanquablement, la neige fondait au fur et à mesure. Il devenait donc pénible de skier sur les pistes de Kryožim.

Mais ce n'était pas le pire... Maxime avait des réactions bizarres et il ne se semblait pas s'en souvenir lorsque je lui en parlais. J'avais remarqué quelques autres vacanciers qui agissaient ainsi aussi, ce qui me rassurai quelque peu, me disant que c'était peut-être le syndrome des babies skieurs.

Je commençais à avoir des brides cauchemardesques dans mes rêves idylliques. Ce lien favorable que j'avais avec la Montagne connaissait de légères perturbations.

Finalement, je skiais presque normalement, malgré la neige qui fondait.

Mais Maxime chutait plus que d'habitude, comme d'autres vacanciers. C'était vraiment étrange... Donc cela l'agaçait et il s'était rentré à l'appartement bien rapidement.

J'avais fait une dernière descente. C'était inhabituel, j'avais l'appréhension de descendre cette dernière piste. Je restais prudent, faisant attention aux skieurs de derrière, attention à mes virages et ma vitesse, ne cherchant pas à forcer de trop.

J'aperçus un corbeau au loin, en plus du renard blanc de la veille. Mais il n'y avait pas d'animaux logiquement dans ces endroits, ayant peur de ces lieux modernisés ou fréquentés sans cesse par l'être humain.

Et, lors d'une ligne droite, en tout schuss, je me suis senti comme... bloqué. Bloqué par une force invisible. Je crus apercevoir une forme non-humaine et à peine visible dans la brume des hauteurs.

Cela se débloqua quelques instants après. Cependant, la sensation bizarre du blocage persista. Après ça, je me dépêchais à rentrer au local à skis, ayant la chair de poule. J'agissais alors rapidement : Prendre l'ascenseur et vite rejoindre les bras de mon homme pour retrouver cette sensation de protection.

Je m'endormis dans un sommeil sans rêve. Je sentis Maxime se retirer et se retourner de l'autre côté durant la nuit.


Nouvelle journée. CLAC !

Je fus réveillé en sursaut. Je redressai illico ma tête.

Je vis Maxime en tenue de nuit, caleçon et vieux T-shirt, debout, les yeux globuleux. Je mis du temps avant de remarquer les bouts de verre par terre.

— Qu'est-ce qui se passe ? demandai-je, incompréhensif.

— T'in... T'inquiète pas, chéri, la tasse vide m'a juste échappé des mains. Rien de grave, répondit Maxime, doucement.

Maxime étant plutôt habile de ses mains, cela me paraissait fort étrange qu'il fasse tomber quelque chose... mais bon, cela ne signifiait pas que cela ne devait jamais arriver.

Après ce petit accident, nous étions remontés sur les skis et avions skié toute la matinée.

La neige manquait drôlement... ça en devenait pénible de skier, obligés d'éviter les importantes zones de terre pour ne pas porter de dommages aux skis.

Pour le déjeuner, on s'était préparés un bon petit repas des familles.

Et durant l'après-midi, Maxime et moi étions partis explorer les galeries, afin de se promener, cherchant un quelconque petit souvenir. Beaucoup de gens bourrés déferlaient les rues... du moins, c'était ma drôle d'impression en vue de leurs manières de déambuler.

Après une petite douche chaude qui allait bien après tout ça, nous restions presque nus dans le petit studio et sautions dans le lit pour nous abandonner dans une petite sieste crapuleuse, nos deux corps à l'unisson, en totale symbiose...

Sans manger, nous nous endormions de fatigue.


Mon sommeil fut perturbé par des cauchemars :

Sous un ciel brumeux, je marche dans la neige lorsqu'un renard blanc me saute dessus. Il a l'air terrorisé, les yeux grands ouverts, ce qui précède évidemment ma chute. Une femme aux longs cheveux blancs étincelants et aux grands yeux marrons se baisse devant moi. Me regarde et me secoue pour savoir si je vais bien.

— James ! James Parker ! Tu vas bien ? me demande la mystérieuse femme qui semblait être la gentillesse incarnée.

Ma tête se met à tourner. Je vois un ciel noir et un éclair. Et pouf ! je me réveille. Enfin, je crois me réveiller.

Je me relève et me pose sur mes bras. Je regarde Maxime. Il tourne la tête vers moi. Mais ce n'est pas Maxime...

Mais bien la femme aux cheveux blancs.

— C'était une erreur de te faire revenir ici... me souffle-t-elle, sur un ton de regret.


L'instant suivant, je me réveillai en sursaut. Et me réveillai réellement cette fois-ci. Je me levai pour prendre un verre d'eau, m'asperger la tête d'eau.

— James, tu vas bien ? m'a demandé mon homme, de l'inquiétude dans la voix.

— Oui, je vais bien, mon amour. Ne t'inquiète pas, lui ai-je répondu, affectueux.

J'étais revenu ensuite dans le lit pour l'enlacer. Et ce fut à ce moment précis qu'il me chuchota des mots dénués de sens.

Zaer Dan Teril Prent Delmon...

— Quoi, Max ? le questionnai-je, lui passant la main dans ses cheveux.

Il ferma les yeux, se les frotta, tourna la tête frénétiquement de gauche à droite.

— Mais j'ai rien dit bébé...

— Si. T'as parlé, maintenais-je, fermement.

Il se serra encore plus à moi, comme si... comme s'il avait peur.

— James... j'ai peur que mes démons reviennent... me murmura-t-il, lâchement.

— Ils ne risquent pas de revenir, tu es avec moi. Je te protégerai contre eux, lui dis-je, pour le rassurer, le caressant de mes mains.

A la suite de cela, aussi proche que jamais, nous reprions notre paisible nuit avant la venue de ma terrible vision.


Le lendemain de la troisième journée, tout se déroula à merveille. Nous mélangions ski et musique, le duo était parfait, rendant ces moments encore plus plaisants. Nous essayions de positiver et de prendre du plaisir à skier malgré le manque de neige...

A l'heure actuelle, il devait être entre quinze et seize heures, lors de notre dernière descente, nous nous trouvions au sommet du mont de Kryožim.

Une immense tempête de neige, avec un vent ultra-violent, se déclencha, presque sans prémices. Il nous fut très vite impossible de voir à trois mètres devant soi. Heureusement, il n'y avait pas grand monde sur les pistes.

Maxime et moi avions véritablement galéré à descendre. Nous avions failli nous blesser bien plus d'une fois... D'ailleurs, Maxime s'était fait une douleur à la hanche, mais aussi têtu qu'il est, il ne comptait pas me le dire.

Malgré nôtre envie, à cause de cette tempête de neige inopportune, nous étions rentrés.

Déçus par le temps, nous regardions lassement la neige tombée en rafale par la fenêtre. Sans vie, comme des êtres inanimés. Nous sommes restés quasi-cloîtrer dans l'appartement les deux jours qui suivirent, ne sortant uniquement pour aller chercher de quoi manger. Les autres gens faisaient de même durant la tempête, ils sortaient peu. C'était déprimant à en mourir. On ne voyait plus le Soleil, la tempête de neige était de plus en plus forte et le vent de plus en plus violent. Il était très dangereux de sortir, désormais.

Maxime et moi cherchions du réconfort comme on pouvait. Le seul point positif fut que le manque de neige était bien plus que rétabli.

Donc ces deux jours et ces deux nuits furent bien longues, bouffés par l'ennui et la flemme, faisant de nous des zombies. La météo disait que la tempête n'était pas prête de s'arrêter. J'avais remarqué que les vacanciers rentraient plus tôt que la date initialement prévue, comme ils ne pouvaient presque plus rien faire.

Aux alentours de dix-neuf heures, j'eus une affreuse surprise en revenant de la boulangerie, ma baguette à la main. La porte s'ouvrit sur un Maxime déchaîné qui cassait et détruisait tout ce qu'il trouvait sous la main. C'était un véritable désordre. Comme toujours, c'était la vaisselle qui avait le plus morfler. Il n'avait rien cassé en provenance de nos affaires, mais les vêtements volaient partout dans l'appart. J'avais une certaine tension.

Maxime avait rechuté une seconde fois et je n'avais pas pris en compte ses mise-en-gardes. Je m'arrêtai devant lui pour lui infliger une bonne gifle et je lui bloquai les bras pour, ensuite, le plaquer sur le lit jusqu'à ce qu'il revienne à lui.

Maxime fit mine de s'arracher les cheveux par rage. Il se mit sur les genoux et se mit à pleurer toutes les larmes de son corps. Je le berçais contre moi, lui disant que cela ne recommencera plus, que je serais beaucoup plus vigilant à l'avenir.

— Je t'avais dit que mes démons allaient revenir...

— Oui, je sais. Mais je ne pensais pas qu'ils reviendraient de sitôt... C'est ma faute. J'aurais dû être plus attentif, plus à ton écoute. Et puis, ce temps et le fait de rester enfermer ne pouvaient pas t'aider. Chuuuut, chuuut, t'en fais pas, c'est pas grave. Je suis avec toi...

Maxime se vidait sur mon épaule. Je lui essuyai ses yeux et l'embrassai avec passion.

Le soulagement remplaça bien vite la terreur. Nous prions toute la soirée à tout nettoyer. Certes, c'était embêtant mais au moins nous étions occupés à faire autre chose qu'à regarder le temps passer affreusement lentement.

Ma bonne humeur revint bien rapidement. Lors de notre dernier jour, la tempête se dégagea subitement, pour laisser place à un beau Soleil.

— James, laissons tomber les valises, viens on va se faire quelques pistes tranquilles ! me lança Maxime, joueur.

Il souriait et moi aussi, complètement remis du drame de la veille.

— Carrément, allons-y ! m'extasiai-je à l'idée de pouvoir enfin remonter sur des skis.

Ces descentes furent parfaites. Un véritable cadeau de la nature.

Kryožim, la meilleure des montagnes. Elle était incomparable. J'y avais pris mon pied, même encore plus que nos parties de jambes en l'air avec Maxime.

— On en fait une dernière, proposai-je alors, dans le feu de l'action.

— Totalement ! acquiesça l'homme le plus beau au monde. (C'est le mien, donc voilà. Pas touche. Propriété privée !)

Mais ce fut une terrible erreur. Nous glissions tous les deux sur une plaque de verglas, passant ensuite sur une bosse et déferlions une grande descente.

— Aie, aie, aie... avions-nous grincé, les dents serrées.


Ma vue se troubla. Lorsque mes yeux se rouvrirent, il faisait complètement nuit. La Lune était rouge. Maxime, les yeux fermés, se tenait le ventre, se tortillant de douleur.

— Eh ! Eh ! Qu'est-ce que tu as ? demandai-je, affreusement inquiet.

Il arrive... COURS ! laissa-t-il tomber entre deux hurlements douloureux.

Nos skis avaient été cassés, impossible donc de remonter dessus. J'écoutai Maxime et me mis à courir avec lui sur le chemin enneigé pour rejoindre la station – qui se devait être vachement loin ! J'entendis quatre autres hurlements.

Il nous appelle... m'informa Maxime, qui ne semblait même pas lui-même comprendre ce qui se passait.

L'homme de ma vie hurlait, comme un loup, à la Lune rouge. Il commençait à se transformer en loup-garou. Je sentais un lourd regard posé sur moi. Et je pensais connaître ce « Il » ...

Comme sur une luge, je me mis à glisser sur les fesses, suivi par Maxime, déferlant la piste que j'avais rejoint. Traversant plusieurs virages. Je me culbutai dans quelque chose et roulai sur moi-même, les hurlements des vacanciers transformés en loup-garou de plus en plus oppressants.

Maxime arrivait juste derrière moi, mais se loupa et chuta dans une descente un peu trop raide. J'eus mal pour lui quand je vis sa tête tombée sur un rocher et déferler la descente dangereuse...

Je ne cherchais pas à comprendre et sautais pour le rejoindre. Je le perdis de vue par un mur de la montagne.

Puis, je vis des tracés rouges sur le chemin blanc...

Puis, je sentis l'odeur âcre du sang...

Puis, je vis Maxime, le ventre planté dans un arbuste piquant.

Une flaque de sang tout autour de lui, il semblait évanoui. Je me précipitai jusqu'à lui, affreusement inquiet.

— Eh ! Eh ! Max ! Réveille-toi ! M'abandonne pas !

Mais seul le souffle du vent me répondit... jusqu'à ce qu'il me prenne le col avec force.

Il est à ta recherche ! Cours !

Et... et Max s'était éteint véritablement, sa tête s'abaissant sur le sol.

Je laissai mes larmes coulées sur mon visage tandis que je l'enlaçai une dernière fois.

J'aperçus quelques formes noires et agiles entre la brume lointaine et la neige qui tombait légèrement. Je commençai à m'éloigner, jetant un dernier regard sur le corps inanimé de celui que j'aimais. Pendant un instant, la mystérieuse femme aux cheveux blancs réapparut.

— FUIS PARKER ! IL ARRIVE !

Aaaaaaahouuuuuu !

Ils étaient là. Je devais fuir. Ou sinon, j'allais avoir le même sort que mon compagnon.

Je courais à toute vitesse sur le chemin, je tournai subitement en voyant un loup-garou me barrer la route.

J'essayais de les fuir, ils me retrouvaient, ils essayaient de me bloquer, je les fuyais, tel était ce numéro sans fin...

Par la suite, je sortis de ce labyrinthe, haletant, longeant une allée de sapins, déboulant sur une petite clairière coupée en six chemins.

Si une de ces bêtes cruelles me coursait, les autres déboulèrent à la vitesse de l'éclair à travers les autres chemins enneigés. Les cinq loups-garous sautèrent sur moi, je les évitai in extremis.

Je tournoyai dans la clairière. L'un des loups s'assomma en fonçant dans un arbre.

L'ambiance était pesante. Ma vie se sentait menacée mais je n'avais pas le temps d'avoir peur... Si la peur me pétrifiait, j'étais à la merci des loups. Enfin, encore plus que maintenant.

Ils étaient toujours à deux doigts de me découper avec leurs griffes. Les loups me forcèrent à me reculer, me retrouvant collé à un arbre. Noooon ! Je criai, en signe de dernier recours.

— Kryožim, toi qui m'as appelé ! Fais quelque chose ! Je t'en supplie !

Je mis mes bras devant moi afin de me protéger de leur ultime assaut. Après cela, ils pourront se délecter de ma propre chaire et de mon propre sang...

Soudainement, un aigle jaillit de nulle part, suivi de près par deux cerfs. Le trio forestier chargea sur les loups-garous déstabilisés par l'effet de surprise.

L'aigle déchiquetait les yeux des loups grâce à ses serres.

Les cerfs chargeaient avec leurs puissants bois les loups-garous, pris en revers.

L'aigle mourut par l'assaut de deux loups-garous, dévoré en plein vol.

Les cerfs transpercèrent un loup-garou en lui fonçant dessus.

Rapidement, le combat se transforma en bain de sang. Les cerfs perdirent... Il ne restait plus qu'un loup-garou.

Entre temps, j'eus le temps de me fabriquer une petite arme et l'attaqua avec. Le dernier loup-garou la détruisit en un coup de patte ridicule.

Lorsque je me sentais une nouvelle fois perdu, au loin d'un des chemins, j'aperçus un renard des neiges qui me paraissait familier. Je courus le rejoindre, le loup-garou à mes trousses.

Le renard fit quelque chose ressemblant à un sourire et j'eus la merveilleuse idée de le suivre. L'animal m'emmena dans un vaste panel de chemins/tunnels/raccourcis auquel j'ignorais jusqu'à ce jour l'existence. Entre glisse, course, saut, le renard m'en faisait bien baver.

On croisa un couple de sangliers qui se chargèrent d'éliminer le dernier loup-garou, sans la moindre difficulté. Sauf qu... qu'Il déchiqueta les sangliers en moins de deux.

Oui, Il, cette chose à peine visible pour l'être humain qui me traquait depuis mon arrivée. Quelque chose ressemblant presque à un Predator, encore plus grand et allongé et beaucoup plus mortel !

Nous étions redescendus à la station. Elle semblait entièrement déserte comme dépeuplée de tous ses résidents. Les parkings étaient tout aussi vides.

Il ne restait plus qu'une seule voiture, la rouge : la mienne.

Il me rattrapa et me percuta, me griffant profondément le ventre.

Le renard blanc se retourna et attaqua avec vigueur mon traqueur, ne le laissant absolument me toucher ni même m'approcher.

Il était tenace, ne laissant pas le renard souffler.

C'était un combat acharné. Personne ne voulait laisser l'autre gagner, aucun des deux ne voulaient se laisser abattre. Coup par coup, les deux ennemis faiblissaient. Le renard Lui porta un bon coup bien placé, le faisant saigner d'un liquide bleuté.

Folle de rage, cette chose s'acharna sur le renard des neiges, ce dernier roulant au sol à la suite de cet assaut extrêmement violent. Son pelage se salissait vite, autant de terre que de neige.

Il forçait encore et encore. Le renard s'épuisait, devenant impuissant, et devait payer un sacré effort pour esquiver juste une seule de ces attaques en furie. La fourrure du renard se colorait d'un rouge visqueux.

Après une lutte sans merci, Il envoya le coup de grâce. Cette chose enfonça ses longs ongles dans le renard, le porta et l'envoya balader plus loin.

Le renard blanc – plus très blanc mais rouge et marron – s'effondra au sol devant mes pieds.

J'avais couru une importante distance pour accéder à ma voiture rouge. Il ne restait plus qu'une petite descente.

Mon pied se prit dans quelque chose. Je trébuchai. On me prit le pied et je me sentis voler plus loin.

Ma tête évita de peu l'arbre, camouflé par les imposants arbustes, que mon corps se prit de plein fouet. Ouille... je sentis bien le coup passer...

Ma tête tournait. La mystérieuse femme aux cheveux blancs que j'avais vu dans mes rêves, légèrement fantomatique, se pencha sur moi.

— James Parker, c'était une erreur de te faire venir ici... avec Le Destructeur dans les parages... traquant sans relâche, et éliminant les gens comme toi, les Néos-Spirits, Ceux et Celles qui écoutent aux oreilles des Esprits de la Nature...

Kryožim ? C'est vraiment toi ? L'Esprit de la Montagne ? demandai-je, pour être sûr.

— Oui... c'était moi, Kryožim, l'Esprit de la Montagne, depuis tout ce temps. J'ai tout fait pour te protéger des mauvaises ondes du Destructeur...

Je comprenais alors avec son « était » que Kryožim, enfin son Esprit, n'était plus. Que le renard blanc était l'Esprit de la Montagne. Et que Kryožim se mourrait en tant qu'entité...

La femme aux cheveux blancs inspecta le terrain du regard.

— Maintenant, James Parker, il est temps pour toi de courir jusqu'à ta voiture et de partir loin de cet endroit, de ne plus jamais revenir. NE reviens JAMAIS ! Tu m'entends ?! J'userai mes dernières forces pour t'offrir une diversion, pour me faire pardonner d'avoir voulu égoïstement te revoir. Ne reviens plus jamais sur mon territoire... ou alors tu mourras.

Enfuis-toi, refais ta vie, et essaye d'oublier...

La voix de la femme se brisa. Elle qui était si forte, je vis une larme de pure tristesse et de regret sur son visage. Kryožim était si heureuse de me revoir mais elle regrettait d'avoir été aussi égoïste en même temps. Elle m'appelait depuis tant d'années... et aujourd'hui, elle avait brisé et détruit ma vie. Indirectement, elle avait tué ma moitié et risqué ma vie.

Mais je lui tenais en aucun cas responsable, elle ne pouvait pas savoir, elle pensait bien faire. Pour rétablir l'équilibre, elle s'était donnée la mort pour moi... pour me sauver.

Le Destructeur ne semblait pas me repérer. Il savait que j'étais là, mais ne savait pas où je me cachais précisément.

La femme aux cheveux blancs, à fleur de peau, en train de disparaître, attendait que je sois prêt.

J'avais attendu. Un, deux, trois secondes...

J'avais pris ma respiration. J'avais serré les poings. Et j'avais couru comme si ma vie en dépendait jusqu'à la voiture.

Le Destructeur ne laissa pas prier et se rua vers moi. In extremis, la femme aux cheveux blancs se plaça devant lui, tendant la main. Elle le bloqua d'un mur invisible.

J'ouvris la portière et démarrai la voiture. Je m'enfuis de la Montagne de mon enfance. Je laissais ce rêve paradisiaque désormais devenu cauchemar...

Dans le rétroviseur, je vis l'Esprit de Kryožim s'évaporer en fumée... Et le Destructeur, les bras pendants le long du corps, regardant le ciel, et disparaître...

Je sentis comme quelque chose se briser en moi... dévoilant alors de nombreux liens me reliant à d'autres Esprits des Montagnes.

Ma quête de Néo-Spirit était loin d'être terminée...

P.S. :« Néo-Spirits » est une appellation inventée dans l'instant... Don'tjudge me ! *rire*

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