Liberté

À l'origine, je n'étais rien, je n'existais pas.

Durant un temps qui me paru une éternité, les rois et les seigneurs de l'Hexagone ne cessèrent de m'exploiter et de m'intimer le silence.

Je n'étais qu'une pauvre fille, sûrement brune, banale et sans intérêt. Tantôt paysanne en travaillant la terre, ou domestique en servant les plus hauts placés tel que les nobles et les bourgeois.

Je n'avais aucunement l'autorisation de parler, mon avis ne comptait peu. Je n'étais qu'un pion économique dans cette organisation totalitaire dirigé par une seule et même personne. Un homme qui plus est.

Mais avouons-le, mon cas était similaire à tous, hommes, femmes, enfants, vieillards. Qu'ils appartiennent aux villes ou aux campagnes, personne n'était épargné à ça.

Puis, je me suis mis à parler, mes maîtres me donnèrent une gifle. Alors que je pensais être muette, je voulais encore parler, ces quelques baffes ne m'arrêtèrent pas.

Je me suis mise aussi à écrire et à développer mes pensées et surtout mes idéaux. L'invasion d'esprits brillants, innovateurs, et révolutionnaires, ne me stoppa encore moins, au contraire, ceci me motiva deux fois plus pour réveiller la femme libre et forte qui siégeait au fond de moi depuis toujours. Ces esprits brillants adhéraient à mes idées, les reprenaient et les partageaient dans les salons où j'étais parfois même conviée.

Je ne savais comment mais je donnais la force au peuple de se soulever. Se lever face à ces nobles vivants entre eux, dans leur monde, et surtout contre ce roi aux pouvoirs absolus qui n'avait aucune considération pour son peuple... enfin sauf pour l'exploiter. Je ne m'étais jamais sentie aussi forte, inspirante. Je devenais une véritable source d'influence.

Un grand ange tournait autour de moi, prêt à me protéger de tous les dangers, invisible pour le monde extérieur. Je mis un bonnet phrygien sur ma tête.

Puis, je me suis dirigée jusqu'au château le plus proche. Des tas d'hommes et de femmes munies de fourches, de râteaux et de torches se mirent à me suivre. Les gardes périrent en moins de deux, les renforts également.

Je faisais face aux nobles de la demeure. L'ange les pulvérisa en un rayon de lumière, ne restant que de pauvres tas de cendres.

Je continuais ma marche jusqu'à la capitale, jusqu'au roi, éliminant les nobles et soldats un à un comme de vulgaires moucherons. Mon armée grandissait de manière vertigineuse, hantant les monarques qui songeaient à leur mort inévitable.

Partout sur le territoire, le peuple de l'Hexagone suivait mon mouvement, se rejoignant à la capitale.

Le temps de la révolte a sonné !

Une fois entrer dans la capitale, ce fut l'anarchie. Notre passage était follement remarquable. Nous nous en prîmes aux gardes et à un élément emblématique de la royauté, la grande prison royale. Avouons-le, nous avions besoin d'armes et de munitions.

Il fallait se donner les moyens pour accéder à la Liberté !!!

L'armée royale et la noblesse ne résistèrent pas à notre assaut, face à notre horrible horde de harpies avides de vengeance en ayant assez de vivre à genoux. Soit ils brûlaient leur parchemin exprimant leurs privilèges, soit ils mouraient. Guillotinés. Nous déambulions dans les rues mouvementées en brandissant leur tête sur des piquets. Devant les yeux horrifiés de la cour du roi, face à notre révolution qui avait déclenchée le chaos dans la capitale, je guidais le peuple de l'Hexagone dans le château de Sa Majesté.

Les gardes volaient, les murs explosaient. Le roi, accablé, était crispé sur son trône. Nous le toisions avec une tel supériorité que son angoisse se lisait parfaitement sur son visage. Je donnai un coup désinvolte, la couronne ricocha plusieurs fois avant de rouler sur le sol.

Le peuple de l'Hexagone l'emprisonna, et le roi finit guillotiné.

La monarchie prit fin, un nouveau régime plus égalitaire et où les pouvoirs sont partagés l'a remplacé. Nous avions formé une assemblée avec différents parties pour démontrer la mixité au pouvoir, qui seront régulièrement renouveler dans un futur proche. Voici les débuts fragiles de la démocratie, qui préméditait les prémices d'une paix juste et harmonieuse.

Enfin... je l'espérais. Mais avant que la liberté ne soit totale et statique, un long chemin restait encore à parcourir.

Quelques temps de paix plus tard, Un homme se mit à travers de ma destinée. Grâce au soutien de l'armée, il reprit le pouvoir par la force, et retira la liberté et l'indépendance que l'Hexagone avait fraîchement acquise, mais qui n'étaient pas tolérés par tout le monde.

Je me suis battue contre lui, j'ai tout donné pour l'empêcher de détruire ce que le peuple avait révolutionné.

Hélas, dépité par ma hargne tenace, il décida de m'enfermer.

Dans une cage. Où je pouvais à peine me retourner ou m'allonger. Bloquée de tout mouvement, immobilisée de toute part. Où il m' y laissa pourrir.

J'étais jugée comme trop dangereuse pour ses desseins.

Pendant qu'il enchaînait les conquêtes et agrandissait son empire, la liberté était aussi opprimée que moi, c'est-à-dire, entièrement.

Combien de temps étais-je restée ainsi cloîtrée dans l'obscurité la plus totale ? Je ne savais pas, j'avais fini par perdre la notion du temps. Je n'étais plus mise en lumière, l'obscurité m'affaiblissait, ce manque de visibilité et mon incapacité à réagir me torturaient terriblement.

Mon ange, si grand, si majestueux, invisible aux yeux de tous, perdit sa luminosité avec le temps et devint de plus en plus petit. À force que je faiblissais, perdue dans mes cauchemars mortels.

Qui aurait pu me délivrer pour que je puisse revoir la lumière, ne serait-ce qu'une seule fois, avant que je ne sombre complètement ?

Un jour, j'entendis ouïe dire que l'empire de cet homme vola en éclat, je repris espoir. Mon ange, qui était devenu aussi grand que la paume de main, se mit à luire à l'unisson.

Mon envie de combattre me réveilla, je me levai droitement et écartai les barreaux avec une force surhumaine.

Je fus de nouveau libre. Mais pour combien de temps ? Pour une courte durée, j'en ai bien peur.

Cependant, je fus de nouveau sous le régime d'un nouveau roi, la monarchie fraîchement restaurée. Revenu au passé, comme si l'entièreté de nos efforts n'avaient servi à rien. Rien du tout puisque la situation était revenue à l'initiale !

Enfin, pas exactement, l'impact de la première révolte fut si violent qu'il avait marqué les esprits. Je ne mis pas longtemps à réveiller les esprits brillants, désireuses de paix et de liberté.

Mon ange redevint plus lumineux, grandissant quelque peu.

Le chaos s'abattit une nouvelle fois sur la fragile monarchie. J'éliminais le nouveau roi, très peu confiant et très peu respectable, sans le moindre mal. Sa couronne fut fracassée contre le mur, se déformant et s'abîmant encore plus.

La liberté revint quelques moments en Hexagone, mais un homme aussi dévastateur que le précédent empereur me barra la route.

Je retrouvais la cage, l'obscurité, cet isolement et mes idées sombres, pour une durée égale à la première fois voir pire, soit une éternité mortelle.

Cette fois-ci, je ne pensais pouvoir me relever.

Mon ange était devenu si petit et si noir de désespoir.

Je devais bien me rendre à l'évidence: Mes valeurs étaient bien trop utopiques pour être réalisable, la liberté ne pourra jamais être acquise pour le peuple de l'Hexagone... Il y aura toujours quelqu'un pour le rabaisser et le maintenir à genoux...

Moi, M...

Un bruit m'arrêta dans ma déclaration, où je pensais rendre les armes, préférant arrêter le combat de toute ma vie.

La lumière jaillit d'un coin de la pièce. Des femmes qui brandissaient des torches ou des râteaux débarquèrent, descendant les petits escaliers de bois à la hâte. Elles libérèrent les prisonniers, jusqu'à moi.

Cet acte libérateur que fut l'ouverture de la grille m'emplit de joie et d'émotion que je ne pus contrôler. Une femme blonde aux yeux bleus me tendit la main :

— Nous ne pouvions vous laissez dans ces conditions ! De plus, une armée ne va jamais bien loin sans son meneur !! me lança l'inconnue, ravie et déterminée.

Je serrai sa main et me relevai avec vigueur. Non, je ne m'arrêterais pas tant que la liberté ne sera pas entièrement acquise, tel était ma destinée ! Je ne m'arrêterais pas avant. Le peuple me soutenait, rien ne pourrait alors m'arrêter.

Mon ange brilla largement plus fort et grandit, face à cette montée de courage et de détermination. Je me promis alors de ne jamais cesser de croire, pour ne plus le voir mourir.

Je marchais fièrement, suivie par cette nombreuse, imposante et impressionnante troupe, que représentait le peuple des villes et des campagnes réunis, qui me soutenait contre mers et marées.

Les portes du château s'effondrèrent en un instant. Le peuple de l'Hexagone fusa sur les gardes royaux. Dès lors que nous signons notre passage, les gardes tombaient comme des mouches ou volaient de partout. Tel le déchaînement des éléments, notre armée patriotique engloutissait l'Ennemi. Leur défense était inefficace, vaine.

Mon ange reprenait toute sa vigueur, notre victoire sera totale et durable. Notre résolution n'était aucunement négociable.

Une fois que l'armée de la liberté se soit étalée sur la globalité du champs de bataille, je me faufilais dans les couloirs sombres afin de rejoindre le nouveau roi, le dernier, accompagnée par un paysan roux, un bourgeois brun ténébreux, et la femme blonde qui m'avait libéré lors de ma deuxième capture.

J'entendis un bruit d'insertion d'une lame, et la voix du bourgeois s'écrier. Je poussai la femme blonde pour éviter une seconde tentative de meurtre, le paysan roux se chargea de l'éliminer ainsi que les autres soldats cachés. Cependant, le paysan rejoint bien vite le bourgeois, en se sacrifiant pour me sauver in extremis d'une attaque.

Je me tenais debout, face à la porte de la salle du trône. Mes yeux plongèrent à l'intérieur de ceux de la forte blonde, nos mains se joignirent, et nous poussions la porte ensemble d'un mouvement franc et déterminé.

Les deux gardes de la porte volèrent dans les murs sans qu'ils n'aient eu le temps de comprendre ce qui se passait. Leurs congénères furent mis au tapis dans la foulée.

Je brandis mon épée en direction du deuxième empereur, maladroitement assis sur son trône.

— Votre Majesté, il est temps de rendre votre trône !

Imperturbable, il me toisa avec indifférence. Ha, ah, ah !

Oui, il pouffa.

— Vous pensiez vraiment que ça serait aussi facile ? répliqua l'Empereur, malicieux.

Il claqua des doigts, il sauta par dessus le trône et s'extirpa par les deux ouvertures de derrière.

Deux rangées de soldats rugirent, nous nous défendions au péril de nos vies. Ma compagne était forte, mon ange était la puissance à l'état pur.

Les hostilités tournèrent au chaos, terminant en multiples explosions.

Je fus toucher à l'épaule, mais mon ange usa de son pouvoir et la blessure se referma dans l'instant.

Ensuite, nous avons quitté la salle pour retrouver l'Empereur. Grâce à l'intelligente blonde, nous le retrouvions bien facilement.

Dans un salon de noble. Derrière un canapé.

Il leva la main gauche, comme s'il se rendait, face à nos épées pointées vers lui. Il dégaina un pistolet de son autre main, et il tira. De multiples balles.

                                                                                        Partout.

Par miracle, j'ai survécu aux rebondissements de balles.

À l'inverse, hélas ! de la femme blonde qui saignait considérablement au ventre.

Je lui pris la main et lui déposa un respectueux baiser sur le front.

— Je te vengerais, au nom de la Liberté ! promis-je, déterminée comme jamais auparavant.

Je me jetai sur le pauvre insouciant qu'était l'Empereur, pris au dépourvu. Mon ange déploya ses pouvoirs les plus dévastateurs. Tous deux, nous nous déchaînions sur lui.

Le sol se mit à trembler, le lustre se mit à vibrer, les murs a tangué, au rythme de notre colère libératrice grandissante. Le lustre tomba à moitié sur l'Empereur.

Le château allait s'effondrer dans quelques instants.

Je prononçai, victorieuse :

— Tout est terminé, la monarchie ne se réveillera plus jamais. Oh, non ! plus jamais ! J'en fais la promesse !

Puis, les plafonds s'effondrèrent. Une armoire tomba sur la couronne cabossée, ce qui la détruisit complètement.

Le peuple libre de l'Hexagone prit la fuite hors du château avant de terminer comme les pauvres gardes royaux, soit écraser comme des crêpes sous des tonnes de débris.

Une fois le château en ruines et s'être assuré que plus rien ne pourrait s'en prendre à leur vie, le peuple se mit à la recherche de la femme inspiratrice et forte qui lui avait permis de se réunir et se donner le courage de renverser les régimes totalitaires.

Cependant, je n'étais plus là. La liberté était désormais en vigueur, plus rien ne viendrait se mettre sur sa route. Je n'avais donc plus rien à faire ici.

Je suis la Femme de la Libération, la Femme des Libertés, celle qui a rendu ces révolutions possibles jusqu'à les obtenir entièrement mais surtout éternellement.

Mon nom est Marianne... 

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