Chapitre 5

Comme ça aurait pu être prédit, mon deuxième procès me permet de sortir de prison. J'y aurais passé presque sept mois... Sept mois de gâcher seulement. Après tout, ça aurait dû être pris et maintenant toute cette histoire est effacer, même si on ne pourra jamais effacer la disparition de Kamala ou les accusation que j'ai dû subir. Ça je ne l'oublierai jamais même si le monde l'oublie. Parce que même si je suis sorti de prison, même si mon innocence est prouvée, Kamala est toujours introuvable. Et c'est sûrement ça ma plus grande peine. Que des personnes m'aient pensé capable de lui faire du mal, ça je peux l'accepter, de toute manière, ça m'a permis de faire le vide autour de moi. Mais ne pas savoir où est Kamala, ça c'est insupportable.

De toute manière, je suis libéré et innocenté, mais pas encore totalement, la justice a simplement conclu qu'elle n'avait pas suffisamment de preuve contre moi et que certain éléments doivent être éclairci. C'est déjà énorme sachant que je suis en liberté, mais ça reste désespérant. Au moins l'enquête va être rouverte, ce sera bien pour Kamala et il a été établi qu'un nouveau procès ne pourra pas se tenir sans preuve supplémentaire. Et je ne pourrais plus être associé à la disparition d'Ophélie et Marveen étant donné qu'ils sont vivants, bien retrouver et que leur disparition est volontaire. Ils sont d'ailleurs tous les deux repartis au Guyana après mon procès.

À ma sortie de prison, j'ai décidé de ne pas retourner vivre chez mes parents, je passe quelque temps chez les Snow, le temps de trouver un appartement en ville et un travail qui paye les factures en attendant l'année prochaine pour pouvoir reprendre mes études. Et puis je pars vivre seul. De toute manière, ça ne peu pas être pire que quand je suis chez mes parents, je suis tout aussi seul et en plus je suis quelque part que je n'aime pas. Ces derniers sont très fâchés contre moi à cause de ça, mais je n'en ai rien à faire. Surtout qu'ils ne reconnaissent toujours pas le rôle qu'ils ont joué lors de mon premier procès, ce que je ne leur pardonne pas vraiment.

En plus, je ne suis pas le seul à leur faire vraiment la gueule, le temps qu'Ophélie a passé en Australie, elle n'a pas été les voir une seule fois et les a soigneusement évités lors de mon second procès. Je pense que ça non plus il n'apprécie pas, mais ce n'est pas mon problème. Ophélie ne leur a d'ailleurs laissé aucun moyen de la joindre contrairement à moi. Je ne sais pas si je m'en servirais souvent, mais ça fait plaisir quand même. Je sais bien qu'elle ne me l'a donné que maintenant uniquement à cause de ce qu'il s'est passé et parce qu'il n'y a aucun risque que ça tombe entre les mains de nos parents, ils ne sont même pas au courant, mais ça me touche quand même. De toute manière, je n'ai aucune raison de m'en servir à tort et à travers ni de la forcer à rester ici. Elle n'a pas ses attaches ici, c'est tout. Ses dernières attaches, c'est les Snow et moi, mais nous ne sommes pas des attaches assez forte, plus maintenant après quatre ans d'absence, nos vies se sont trop éloignées.

Au contraire, moi j'ai toujours trop d'attache pour partir malgré tout ce qui à a pu se passer et même après que Djalu soit parti à Sydney pour ses propres études. De toute manière, il n'est pas parti définitivement, il revient régulièrement. Et nous ne nous sommes pas éloigné, ça c'est certain, je le retrouverais vraiment l'année prochaine avec un peu de retard, c'est tout. J'aurais d'ailleurs pu partir dès ma sortie de prison à Sydney plutôt que de rester à Kingston, comme ça on aurait été ensemble. Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai préféré rester, par sentimentalisme peut-être, ou par peur de laisser quelque chose derrière moi, ou par envie de réserver Sydney uniquement à mes études. Honnêtement, je n'en ai pas la moindre idée et je serais incapable de justifier mon choix, mais trop de choses me retiennent ici, même sans mon meilleur ami... Et peut-être qu'au fond de moi, j'ai envie que dans cette liste de choses qui me retiennent, il y ait Kamala... C'est peut-être bête vu la situation globale, mais tant pis.

Le pire, c'est que je me dise ça aujourd'hui... J'ai pris la décision de rester à Kingston plusieurs semaines auparavant et jamais encore je n'avais exprimé le possible lien avec Kamala. Pas avant aujourd'hui en tout cas. Et comme par hasard, c'est aujourd'hui que j'ai reçu ce qui est sûrement la dernière lettre d'Éva. Après que j'ai prévu cette dernière de ma sortie de prison, elle m'a envoyé une ultime lettre en m'annonçant que notre correspondance devrait s'arrêter là... Après tout, elle se lance dans une correspondance avec un prisonnier, pas avec un ancien détenu, elle fait ça pour soutenir la personne, c'est tout. Et maintenant que je suis sortie, ça ne sert plus rà rien de parler avec moi. Ça pique d'entendre ça honnêtement. Très très mal. Surtout après avec parler avec elle pendant plusieurs mois. Et ce qui fait sûrement le plus pitié, c'est que juste après qu'Éva m'est laissé tomber comme une grosse merde, voilà que je repense à Kamala. Si ça, ça ne fait pas pitié.

Et même si je me fait pitié, ce soir-là, quand je rentre à mon appartement après le travail, je réagis que ça fait un moment que je n'ai pas imaginé Kamala avec moi. Sûrement parce que c'était totalement inutile. Et que ça l'est encore d'ailleurs. Et peut-être aussi qu'avec Éva, la prison, le retour de ma sœur, le deuxième procès, ma recherche de travail, de logement, j'avais d'autre chose à penser. Mais ce soit, j'y repense et ça me démange de réessayer. Pour voir. Après tout, quand je suis arrivé en prison, j'espérais beaucoup de ces sortes d'invocation. Et j'en espère toujours beaucoup. Peut-être que ça ne m'aidera pas à avancer, mais au moins, ça me permettra de savoir. Je suis définitivement incorrigible, mais là, tout de suite maintenant, je m'en fiche un peu, j'ai la motivation de savoir, de comprendre, c'est le plus important.

J'imagine donc Kamala dans le petit salon de mon appartement. Et une fois encore, je suis prêt à tout voir et à tout entendre. Après tout ce qu'il s'est passé, je suis prêt à tout accepter avec elle.

— Oh putain j'ai cru que ça n'arriverait jamais ! s'exclame Kamala, à deux doigts des larmes en se précipitant dans mes bras.

Un instant, je ne comprends pas ce qu'il se passe, je ne suis même pas sûr de savoir ce qu'il s'est passé avant qu'elle se jette dans mes bras. Et l'instant d'après, je réagis. C'est vraiment elle, ce sont ses bras qui me serre, sa peau qui réchauffe la mienne, ses cheveux qui frottent mon cou, son parfum qui frôle mon nez. Elle et uniquement elle. Enfin elle. À cet instant, rien d'autre ne compte quelle et sa présence.

— Kamala... murmuré-je encore sous le choc. Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir de te voir.

— Et toi, tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir de te parler ! Ça fait des semaines que je n'attends plus que ça, j'ai cru que ce moment n'arriverait jamais ! Bon sang qu'est-ce que ça fait bizarre de parler à quelqu'un !

— Où tu étais pendant tout ce temps ? Qu'est-ce que tu fais ici d'ailleurs ?

Tout ce qu'il s'est passé depuis sa disparition semble encore tellement proche et je dois avouer que la voir ici, maintenant, après tout ce temps , ça me perturbe. Et au-delà de ça, je me pose tellement de questions différentes par rapport à ce qui a bien pu se passer. J'ai besoin de réponse malgré tout. À cause de tout ça.

— Pâris, commence pas à te poser trop de question s't plaît, si je disparais je vais vraiment mal le prendre. Juste fais-moi confiance, je suis là, affirme-t-elle en me regardant dans les yeux après s'être un peu éloignée de moi.

— Ça fait treize mois Kamala, remarqué-je en essayant de reprendre son ton tout en soutenant son regarde.

— Je suis au courant, c'est pour ça que j'ai besoin de ton aide; Tu es la dernière personne que j'ai ! signale-t-elle en s'agitant alors que ses larmes recommencent à couler. Ça fait des mois que j'essaye de communiquer avec le monde, ça fait des mois que j'essaye de me monter, de parler. Et puis maintenant que je commence à avoir des réponses, d'autres que moi devrait être au courant. Ça fait des semaines que j'attends que tu penses à moi ou que n'importe qui penses à moi !

— Je suis là maintenant, affirmé-je en lui prenant la main. On est là maintenant. Je te promet que je suis prêt à tout entendre et à tout comprendre. Et j'ai tout mon temps. D'ailleurs si tu veux, tu peux rester ici manger ou autre, je dois bien avoir quelque chose pour deux personne ou j'ai un matelas qu'on peut installer pour toi dans le salon si tu ne veux pas partir ce soir.

— Merci. J'avais oublié à quel point tu étais... Comment tu es. Ça a me ferais très plaisir. Et je pense aussi qu'on va avoir beaucoup de choses à ce dire au-delà de mes explications... Après tout, il s'est passé beaucoup de choses ces derniers mois.

— Qu'est-ce que tu as compris ? demandé-je impatient.

— Je ne sais pas si c'est vraiment de la compréhension... Mais disons que je possède une capacité qui me permet de voir ce que les gens attendent de moi. Et si j'y obéis, la personne continuera de me voir sinon je disparais. Je peux même aller dans un lieu différent si je me concentre sur la vision que j'ai.

— C'est impossible !

— Tu m'as dit que tu étais prête à tout entendre, me signale-t-elle.

— Oui, mais la vérité, pas ça ! Ce n'est pas possible... N'est-ce pas ? ajouté-je inquiet en voyant le sérieux dans son regard.

— Si tu ne me crois pas, imagine-moi dans la rue en bas, tu verras, affirme-t-elle convaincue.

J'avoue que je suis très sceptique. Mais j'ai envie de lui faire confiance. J'ai envie de la croire. Alors je ferme les deux et je l'imagine dehors dans la rue sous la lumière d'un lampadaire, près de la fenêtre du séjour. Ça n'a duré qu'une ou deux secondes, pourtant quand je les rouvre, elle a disparu, comme si notre conversation n'avait été qu'une illusion. À la fois paniqué et excité, je me précipite vers la fenêtre. C'est alors que je la vois, exactement comme je l'avais imaginé, le visage tourner vers moi, souriante. Effrayant. Elle me fait un signe et sans réfléchir beaucoup plus, je l'imagine à nouveau au milieu de mon salon et en une fraction de secondes, elle est de retour.

— Incroyable ! m'exclamé-je.

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