Chapitre 3

C'est triste de passer un Noël en prison. Le pire c'est sûrement de savoir que ce ne sera pas mon dernier En soit, à part que je passe mon réveillon en cellule, ça ne change pas grand-chose de d'habitudes, j'ai vu les Snow, j'ai eu des cadeaux, j'ai préparer un repas qui sort de l'ordinaire, mais c'est morne. Déprimant. Je donnerais vraiment tout ce que j'ai pour sortir d'ici. C'est tout ce qui compte pour moi. Mais la sortie n'est pas prévu de si tôt et comprendre pourquoi je suis là non plus. Plus le temps passe, moins ça semble envisageable. J'essaye régulièrement d'invoquer Kamal, mais rien n'y fait. Je discute aussi avec le détective Helly, mais ça n'évolue pas. Et je parle avec les Snow, mais rien n'est possible. Toute ma vie est au point mort. Rien ne change. Rien n'évolue. Rien ne bouge. J'ai l'impression que ces dernières semaines passent sans avoir de l'influence sur moi.

Je mens, ça a eu une influence. Une seule. Je ne parlerais plus jamais à mes parents. C'est la seule chose que le procès et la prion m'a apporté. Et c'est sûrement tout ce que ça m'apportera. À dans trois ans pour être certain, mais je suis prêt à ouvrir les paries.

Je n'ai même pas envie de sortir de là. Je ne veux pas savoir comment ça se passera après. J'en ai trop peur, je préfère être dans le déni de comment se passera ma sortie de prison, de comment le monde m'acceptera en croyant que j'ai tué quelqu'un. Et bon sang Kamala... Elle quitte à peine mes pensées. Elle ne les a jamais vraiment quitté, comment ce serait possible autrement ? Après tout ce qui lui est arrivée. Je n'y peux peut-être rien, mais ça ne m'empêche pas d'y penser en permanence et de me demander où elle est et ce qu'elle fait.

Pourtant, j'essaye vraiment de l'oublier à force. Je commence à être épuiser d'espérer des nouvelles. Épuisé dans tout les sens du terme à force de rester éveiller la nuit. Épuisé à force d'attendre des nouvelles du détective Kelly. Épuisé. Je ne veux pas vraiment l'oublié, mais je n'ai plus le choix.

J'ai même commencé involontairement une conversation avec une autre fille. J'en ai presque honte. C'est une femme qui participe à des programmes d'échanges avec des détenus. Nous parlons uniquement par lettre, mais ça me fait du bien. J'étais sceptique et un peu sur mes gardes au début, mais je dois avouer que j'apprécie vraiment, j'en ai honte, c'est certain, mais ça me fait du bien. Et nos conversations sont vraiment intéressantes. Et fluide.Et douce. On parle de tout. Elle me parle d'elle. Elle me parle de ses journées. Elle me parle de ses passions. Et elle est tellement intéressante. C'est une fille de mon âge à peu près, qui s'apprête à faire des études littéraires, elle vit de l'autre côté de l'Australie et elle fait de l'athlétisme en plus d'être une lectrice. Et nous parlons de tout. Nos lettres ne sont pas très nombreuse parce qu'il faut que nous composions avec la poste. Mais nous parlons beaucoup, je réponds à toutes ses lettres dès que je les reçois. Notre correspondance a commencé juste avant Noël et ça fait maintenant presque un mois et demi que ça dure et plus les lettres s'enchaînent, plus leur contenu s'épaissifie. La dernière lettre que j'ai reçu faisait presque quatre pages. Je lui parle aussi de moi, racontant mon quotidien, mes passions, mon ancienne vie. Mais pas une fois je lui parle de la raison de ma présence en prison, elle me le demande pas non plus et ça m'arrange, je préfère fuir le sujet. Mais ça n'empêche pas d'avoir des discussions fluides et je l'apprécie vraiment. Parfois elle me fait penser à Kamala, mais j'essaye de ne pas y prêter attention. Et moi qui essaye d'oublié Kamala, c'est la belle occasion. OK, Éva n'est pas Kamala, mais ça fait du bien.

Aujourd'hui, alors que je suis dans les cuisines de la prison, un des gardes m'appelle. C'est la première fois que ça m'arrive depuis mon arrivée plusieurs mois plus tôt. Et je suis à deux doigts de m'inquiéter. Normalement je n'ai rien fait, mais je ne vois pas trop pourquoi un garde m'enlève de mon travail.

— Vous avez de la visite, m'annonce le garde.

Je le regarde étonner, les Snow doivent revenir me voir dans deux jours et à part eux, personne n'a de raison de venir.

— Qui est-ce ? demandé-je craignant la visite de l'un de mes parents.

— Le détective Helly.

C'est moins étonnant que mes parents, mais ça reste étrange. Il m'avait rendu visite à plusieurs reprises, mais la dernière fois, il a déclaré qu'il ne reviendrait pas tant qu'il n'a rien trouvé. Dernière fois qui date de plusieurs semaines maintenant. Je sens mon cœur s'emballer aux simples espoirs de bonnes nouvelles.

Je suis le garde jusqu'aux parloirs, avide de nouvels. Si seulement elles sont bonnes. Le détective Helly m'attend au niveau du parloir, les bras dans le dos et marchant en cercle pour m'attendre. Dès que j'arrive, je m'assoie et je colle le téléphone à mon oreille alors qu'il n'est même pas encore prêt.

— Vous avez trouvé quelque chose ? l'interrogé-je après des brèves salutations.

— Pas par rapport à Kamala malheureusement. Mais j'ai trouvé autre chose qui pourrait peut-être vous intéresser, affirme-t-il en fouillant dans une pochette papier qu'il a emmené avec lui. Reconnaissez-vous cette personne ? ajoute-t-il en me montrant une photo de pièce d'identité.

En la voyant, mon cœur s'arrête. C'est une jeune femme brune aux cheveux courts. Ophélie. Ça faisait si longtemps que je ne l'avais pas vu... Sur la carte d'identité, il y a marqué Lily Focy, mais c'est elle, aucun doute, c'était son surnom avant son départ.

— C'est ma sœur. Où vous l'avez trouvé ? m'étonné-je surpris.

— Elle est au Guyana, la police sur place a suspecté que c'était des faux papiers lors d'un contrôle d'une association humanitaire, mais ils lui ont à peine posé quelques questions avant de la laisser repartir tranquille.

— Elle est donc là-bas ?

— À priori oui, l'affaire date d'un an environ alors impossible d'être sûr, mais de ce que j'en ai trouvé, elle est beaucoup impliqué dans les associations locales, donc elle doit encore être sur place.

— Vous allez la contactée ?

— Si j'y parviens et que vous le voulez, je le ferais oui. Son témoignage et celui de Marveen pourraient vous sortir de prison.

— Alors appelez-la. Et donc vous n'avez rien trouvé de plus sur Kamala ?

— Non, je suis navré, je n'ai rien...

— Merci quand même pour tout ce que vous avez fait avec Ophélie.

Il s'est presque passé un mois depuis la venue du détective Kelly. Depuis, il est revenu régulièrement annoncer l'évolution. Ophélie a été facilement retrouvable et encore plus facilement contactable. Apparemment, quand elle a appris ma situation, ma sœur s'est tout de suite précipité vers le premier avion. Ça m'étonne pas d'elle. Elle a besoin d'aider les autres et elle est peut-être partie pour fuir, mais elle ne m'a jamais abandonné moi. J'aurais préféré ne jamais l'avoir fait revenir, mais malheureusement, la vie en a décidé autrement. Et de toute manière, je ne doute pas qu'elle va repartir très vite après. Et si j'ai bien suivi tout le programme, elle devrait arriver aujourd'hui.

Je ne suis donc pas surpris quand un garde vient à nouveau me chercher alors que je travaille. Cette fois, je suis plus heureux qu'inquiété. Elle vient quasiment tout juste d'arrivée, mais elle a dû décider de venir me voir avant d'aller dans un commissariat. Et j'avoue que j'en suis soulagé, ça fait plus de quatre ans que nous ne nous sommes pas vu et elle me manque mine de rien. Encore plus depuis que j'ai appris où elle était. Une fois de plus, je suis le garde, presque aussi impatient que la dernière fois et tout aussi angoisser. Et quand j'arrive au parloir, je sens les larmes coulées le long de mes joues en revoyant ma sœur. Ça fait tellement longtemps. Elle n'a pas changé et elle m'a tellement manqué. En me voyant, elle se décompose à son tour et se précipite sur le combiné.

— Pâris, murmure-t-elle quand je prends le téléphone à mon tour. Je suis tellement désolée, affirme-t-elle dans un sanglot.

— C'est rien, essayé-je de la rassurée en y croyant même pas vraiment.

— Si j'avais su, je serais revenu plus tôt. Ou je ne serais pas partie... Je m'en veux tellement.

— Tu n'y es pour rien... Et tout ça va s'arranger.

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