Chapitre 13
Je ne suis pas vraiment en colère en racontant cette histoire, je suis tout au plus déçu... Je dois avouer que mon seul regret par rapport au départ de ma sœur, c'est qu'elle ne m'ait pas fait assez confiance pour m'en parler en avance et encore moins pour me laisser le temps de lui dire au revoir. Parce qu'à mon réveil, ce jour-là, quand j'ai découvert qu'elle était vraiment partie, j'ai su que je l'avais vu pour la dernière fois de ma vie la veille et que je n'avais même pas pu en profiter et ça, c'est mon plus grand regret. Peut-être que si j'avais été plus intelligent, j'aurais deviné vraiment définitivement son départ, mais apparemment, je suis à moitié idiot, vu que je n'ai rien anticipé.
— Oui. Par hasard, vous n'auriez pas un moyen de joindre votre sœur ?
Le ton de la voix du détective Kelly a changé, il est soudain beaucoup plus détaché, distant. Comme s'il cherchait à ne pas s'impliquer. Lui qui m'a toujours semblé cordial et chaleureux, voilà que je lui trouve une ressemblance avec les policiers qui m'ont déjà interrogé à ce sujet. Aucune implication.
— Absolument pas, elle est partie en laissant tout derrière elle, elle a juste embarqué les cinquante mille dollars qu'il y avait sur son compte pour ses études, répondé-je un peu perturbé.
Je le vois faire les gros yeux en entendant la somme, pourtant, il l'a sûrement déjà lu à plusieurs reprises.
— Je vois. Je peux me permettre une question ? Pourquoi n'avez-vous pas signalé la présence de Marveen Fauci chez vous avant.
— Je ne sais plus exactement, je crois que je n'ai pas capté que le lycée le rechercher et vu que ses parents n'ont pas lancé d'avis de recherche, j'ai laissé faire. Officiellement, c'est peut-être une erreur, mais après tout, il était majeur à ce moment-là, il faisait ce qu'il voulait.
— Et savez-vous pourquoi votre sœur n'en a pas parlé à qui que ce soit ?
— Elle avait prévu de partir avec lui, elle n'allait pas dire partout qu'elle voulait fuir, sinon ils y auraient forcément eu des idiots qui auraient tenté de l'en empêcher.
— Sous-entendez-vous que même ses amies les plus proches l'auraient possiblement retenu ?
— Je n'en sais rien, tout ce que je sais, c'est que quand mes parents ont prévenu les flics et que j'ai affirmé qu'Ophélie était partie avec Marveen, personne n'était au courant qu'il avait logé chez nous et personne ne savait non plus qu'elle avait prévu de partir à ses dix-huit ans.
— Comment expliquerez-vous que personne n'ait été au courant ?
— Parce qu'Ophélie ne voulait pas que ça se sache, tout simplement, elle n'était pas totalement bête ma sœur, elle avait ce qu'elle faisait et elle était bien renseignée. Et par rapport à Marveen, c'est un bon concours de circonstances. Il n'est resté que quinze jours chez nous et il s'avère que personne n'est venu pendant c'est quinze jours, ma sœur avait réussi à pousser à bout tout le personnel, il n'y avait donc plus de femme de ménage ni de cuisinier et le jardinier avait pris ses vacances. Bien sûr, Ophélie s'est bien gardée d'en parler à nos parents, alors ils n'étaient pas au courant avant de tomber sur les lettres de démission en rentrant. Mais ça n'avait rien d'exceptionnel, Ophélie avait l'art de faire fuir le personnel et mes parents ne le découvraient jamais avant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, pendant ce temps-là, nous nous débrouillons tous seuls, comme des grands, nous n'avons jamais eu besoin de leur aide de toute façon.
— Je vois. Et à part le personnel, personne n'avait de raison de venir chez vous pendant ces quinze jours ?
— Sans doute pas. Mais vous savez, ça fait quatre ans, je ne m'en souviens plus bien. Tout ce dont je suis sûr, c'est qu'Ophélie n'a jamais eu à cacher la présence de Marveen puisque personne n'est venu à l'intérieur, mais après, est-ce qu'elle s'est bien arrangé ou est-ce que c'est juste de la chance, je n'en ai pas la moindre idée.
— L'autre jour, vous m'avez parlé de la famille Snow et du fait qu'elle était proche de la vôtre, tout particulièrement de votre sœur et de vous, qu'Ekala et Calvin vous avaient plus éduqués que vos propres parents. Je suppose donc qu'en l'absence de vos vrais parents, ils fêtent vos anniversaires avec vous ? Comment se fait-il alors qu'ils n'aient pas signalé la disparition de votre sœur ?
— Ils sont venus pour son anniversaire et ont découvert sa disparition le jour même. Mais pour la même raison que moi, ils n'ont rien dit, ils la connaissaient suffisamment pour savoir qu'elle avait pris sa décision et qu'elle n'est pas en danger. Ils en ont souffert, tout comme moi, mais ils savaient aussi qu'Ophélie n'avait pas sa place ici et qu'elle devait partir, pour son bien, ça l'aurait tué si qui que ce soit l'avait retenu... même si c'était Ekala.
— Vous prétendez donc que vos parents ne savaient rien sur Ophélie et la comprenaient suffisamment peu pour signaler sa disparition et tenter de la retrouver, pour la retenir en Tasmanie, alors que ça l'aurait tué, d'après vos propres mots ?
— La tuer, en réalité, je n'en sais rien, mais ça l'aurait détruit et elle aurait sûrement atteint des extrêmes, je ne peux pas dire exactement lesquels, mais elle aurait au moins trouvé le moyen de fuir malgré tout, même avec les solutions les plus excessives...
— Je vois, je parie qu'à part votre parole et possiblement celle de la famille Snow, vous n'avez aucune preuve de l'incompréhension de vos parents par rapport à Ophélie ?
— Bien sûr que non, j'ai rien, je n'ai pas fait passé des tests à ma sœur et mes parents avant qu'elle ne parte. Par contre, si vous avez de quoi prouver la méconnaissance de mes parents à mon égard, vous pourrez peut-être bouger les choses au niveau de l'enquête de Kamala...
— Malheureusement, aux yeux de la loi, votre mère et celle qui est censée vous connaître le mieux, restera toujours Flavia Wilson, rien ne pourra le changer, même la confrontation entre Ekala Snow et elle, quoi qu'il arrive, le témoignage de votre mère affirmant que vous étiez seul à 16 heures 35 ne changera malheureusement pas. Mais ce n'est pas la preuve la plus incriminante qui pèse sur vous, même si elle appuie les accusations, il faut bien le reconnaître.
— Et on revient donc sur le fait que je suis le coupable idéal, encore et toujours.
— Une fois de plus, ce n'est pas définitif et je vais tout faire pour retrouver la trace de Kamala malgré tout.
Je ne souhaite rien de plus... Après, je glane quelques petites informations supplémentaires avant de rentrer chez moi, déçu par le peu de chose que j'ai appris, moi qui avais espéré enfin avoir des réponses, me voilà pas plus avancer. Voire, j'ai encore plus de questions maintenant... Le détective Kelly est toujours optimiste, mais j'ai pris un coup au moral... J'espère que toute cette histoire finira bien... Je n'y crois même plus vraiment... Cette enquête semble tellement incompréhensible, j'en viens même à croire que la police a trouvé le coupable parfait en moi et s'arrange pour que ça soit réaliste. C'est tellement aberrant.
❦
Ça fait presque une semaine que je n'ai pas eu de retour de qui que ce soit par rapport à l'enquête. Je n'ai pas de nouvelles de la police, je n'ai pas de retour des avocats et le détective Kelly n'a pas donné de signes de vie, ce qui est tout simplement déprimant. J'en viens même à me dire que je préférerai avoir une mauvaise nouvelle, au moins, c'est quelque chose. Je crois que tout le monde quitte le navire. J'aimerais bien faire pareil, mais je crois que je suis le navire. Ou sinon, je suis le capitaine et j'ai l'obligation morale d'y rester.
En tout cas, j'ai l'impression que c'est de plus en plus dur. Face à la stagnation des recherches, j'ai l'impression que de plus en plus de personnes sont convaincues que je suis coupable, j'en viens même à avoir des remarques de la part d'inconnue en faisant mes courses et je ne veux pas savoir d'où ils savent que je suis le principal accusé, il y a vraiment des informations que je ne veux pas connaître.
Je croise même une aborigène qui non seulement affirme ouvertement que Kamala est morte, mais qui en plus prétend avoir vu son fantôme à plusieurs reprises. Je n'ai jamais eu le moindre problème avec la culture des natifs australiens, au contraire même, je l'ai toujours appréciée et je la comprends même très bien vu qu'Ekala m'a éduqué avec. Donc là, cette histoire de fantôme me désespère, je ne comprends pas pourquoi cette femme m'aurait menti et j'en viens à avoir vraiment peur par rapport à Kamala... Parce que justement, je connais leur légende, leur croyance et leur univers, je sais donc que si l'un d'entre deux dits une chose pareille, ça a toutes ses chances d'être fondé, ils ne veulent pas faire de mal, simplement aider. Même si dans mon cas, je n'ai vraiment pas envie de cette aide-là.
Je préfère encore entendre les idiots d'Occidentaux m'accuser ouvertement du meurtre, au moins, pour ça, je suis certain que c'est totalement faux.
Pour me remonter le moral, en rentrant des cours le vendredi, je reçois un appel de la part du commissariat de police de Hobart. Apparemment, face à l'avancée de l'enquête vue la pièce à conviction que représente ma voiture, ils vont devoir la garder jusqu'à la fin des recherches, peut-être même jusqu'à la fin du procès, mais suite à l'appel de mon avocat – je ne sais pas lequel –, ils ont décidé de me dédommager pour que je puisse me rendre en cours facilement.
Honnêtement, si ma politesse ne m'en empêchait pas, je leur demanderais vraiment ce que j'en ai à faire d'être dédommagé. Sérieusement, ils n'ont rien d'autre de mieux à faire actuellement, chercher activement Kamala par exemple. Et quant à mes avocats, je ne sais pas ce qui leur est passé par la tête sérieusement, quel est l'intérêt de leur manœuvre ? Je n'ai pas besoin, ça semble plutôt évident ! J'espère honnêtement qu'ils n'ont pas appelé le commissariat juste pour ça, sinon ils auraient définitivement pu s'en passer !
Mais apparemment, c'est encore une fois un fichu gage, en tout cas, le policier ne me dit rien de plus, une véritable perte de temps qui commence vraiment à m'agacer, je suis vraiment désespéré... Je ne demande rien de plus qu'une foutue bonne nouvelle, c'est tout. Je veux juste ça, rien de plus. Je ne demande rien de plus, juste ça. Ce n'est pas grand-chose pourtant, mais ça semble déjà trop.
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