Chapitre 12

J'ai conscience que c'est du vol et que je m'étais dit que je ne ferais pas ça, mais réalistement, ai-je vraiment une autre solution ? La maison de Pâris doit bien être à une heure à pied du parc où se trouve possiblement ma propre voiture, mais c'est entièrement du conditionnel, ce n'est même pas sûre, elle pourrait très bien être totalement ailleurs. Et si je veux rentrer directement chez moi, j'en ai au moins pour deux heures. Moins si je prends le vélo de Pâris que je vois dans le coin... Mais ça aussi c'est du vol... Moins gros vol, mais du vol quand même... Réalistement, je dois prendre cette voiture. En plus, je l'ai bien vu ce matin, ça ne laisse pas de trace quand je prends quelque chose, ça le duplique, personne ne se rendra jamais compte de rien... Dans ce cas-là, ce n'est pas vraiment du vol... c'est plutôt un empreint... Je pourrais presque la ramener après.

En attendant, pour prendre la voiture, il faut les clefs... Et quel que soit le véhicule, il faut aussi ouvrir le garage. Ça va être sympa. Au pire, en cas de problème, je disparais à l'aide de la première vision qui passe. Le policier qui m'aura vu croira alors avoir halluciné. Priorisant la voiture, je cherche les clefs que je finis par trouver sur un pic à l'entrée. Heureusement, les Wilson font partie des personnes qui rangent leur clef dans le garage et non dans leur entrée. Je déverrouille la voiture et j'y trouve à l'intérieur la télécommande du garage et celle du portail. Il est l'heure d'y aller maintenant...

Je vais commettre mon tout premier vol... Je sais très bien que c'est mal. En plus, ce n'est pas comme si je m'étais dit hier que je ne ferais rien d'illégale avec mon pouvoir et je suis prête à le remettre en question dès maintenant. C'est bien, mes bons principes tiennent moins de vingt-quatre heures. C'est pire qu'une bonne résolution.

Mais pour ma défense, je veux rentrer et je ne peux pas le faire à pied. Alors faut bien trouver une autre solution. Si je pouvais y aller en bus, je le ferais sans la moindre hésitation. Pareil, si je pouvais y aller en voiture sans commettre de vol, je le ferai. Le truc, c'est que je ne vois pas comment. Je n'ai aucun bus qui passe près de chez moi et ça m'étonnerait que je puisse prendre un taxi ou faire du stop. Surtout que si j'ai bien compris, j'ai quand même un avis de recherche sur ma tête, ça m'étonnerait que je trouve quelqu'un de censé qui arrive à me voir. Sinon faut que je trouve un Hermite, mais je ne pense pas en trouver dans les parages encore moi un avec une voiture.

Je n'ai donc pas le choix, il faut que je le fasse. Sans compter que la police peut débarquer et me voir à tout moment, il faut vraiment que je parte. Prenant mon courage à deux mains, je monte en voiture, comme pour me cacher, et j'ouvre le garage, tout en surveillant dans mes rétros s'il y a possiblement un policier qui peut me voir. Mais une fois la porte ouverte, il ne semble y avoir personne.

Prenant mon courage à deux mains malgré mes quelques scrupules, je démarre la voiture et... cale... J'ai dû y aller trop vite et vu que je n'ai pas encore vraiment l'habitude de conduire, je me suis ratée. Au moins, pas de stress, personne ne peut me voir. Deuxième essai, je démarre tout doucement et la voiture commence à reculer à une allure très peu soutenue, mais vraiment je suis totalement perturbée par la conduite dans une voiture autre que la mienne. Je n'ose même pas vraiment accélérer parce que la voiture part directement sur des chapeaux de roues. Je manœuvre tout doucement, surveillant en permanence l'absence de policier, prête à disparaître au premier problème, puis je referme le garage et j'ouvre le portail avant de passer la marche avant et de partir tout doucement.

Par chance, la rue pour s'insérer est minuscule, il n'y a pas un chien et donc aucun risque, même si je cale plusieurs fois. Et malgré mes inquiétudes, je ne suis pas vu, aucun policier ne sort de la maison, je suis tranquille. Une fois dans la rue, je fuis aussi vite que j'y parviens, c'est-à-dire pas au-dessus de vingt kilomètre heure en moyenne, regrettant armement de ne pas avoir ma voiture. Honnêtement, je compte bien faire en sorte que ce soit la dernière fois que je vole une voiture, c'est beaucoup trop dur à conduire. Et je vais finir par avoir un accident. Franchement je ne suis pas sûre de vouloir savoir ce qu'il va se passer si je suis blessée gravement. Je crains malheureusement que personne ne vienne à mon secours. Et pire encore si quelqu'un vient à mon secours et me retrouve dans la voiture de la mère de Pâris... Non, pas d'accident, ce sera mieux pour tout le monde.

Mais normalement, je sais conduire, donc si je fais attention, tout devrait bien se passer, je le permis après tout. Enfin, j'ai le permis et je peux m'en servir depuis quatre jours, alors question expérience... Mais je sais conduire. Le plus dur, c'est de s'insérer dans la rue principale... J'ai tellement pas confiance que je dois rester à l'arrêt cinq bonnes minutes avant de passer entre deux voitures, le tout, sans avoir calé au mauvais moment, un exploit. Par contre, je suis forcée de rouler plus vite puisque je n'ai pas tant envie de me faire rentrer dans le cul par une autre voiture et que je suis prise en sandwich entre deux véhicules qui ne me voit pas...

Définitivement, je vais finir par arrêter la voiture, c'est trop dangereux, beaucoup, beaucoup trop dangereux. En tout cas, je suis très, très heureuse quand je quitte la ville et que je rejoins mes petites routes de campagne. Et quand enfin je me garde devant chez moi, c'est un véritable soulagement, je peux enfin respirer. Plus jamais. Prochaine fois, je recherche où est ma voiture ou je prends celle de ma mère, mais je ne fais plus des conneries pareilles, je vais me tuer. Dès que je suis à l'arrêt, je fuis le navire.

De retour chez moi, je monte directement me laver, tant qu'il n'y a personne. Et une fois ça de fait, je me pose dans mon lit et je m'endors presque instantanément.

Malheureusement, comme à chaque fois, ça ne dure pas longtemps... Ce serait trop beau sinon. À peine trente minutes plus tard, je me fais réveiller par une voiture se garant devant la maison... J'en peux plus... Je suis épuisée, totalement et je ne dors pas. En plus, j'ai l'impression que mon micro sommeil m'a encore plus épuisée. Et ces visions, je vais les tuer, ce sont totalement des menaces en l'air puisque je ne peux rien y faire, mais je m'en fiche, je veux m'en débarrasser, elles vont finir par me tuer, totalement, inconditionnellement. Elle m'empêche complètement de me reposer.

Je tente tant bien que mal de me rendormir, me forçant à fermer les yeux. Mais à part me tourner et me retourner en écoutant tous les sons qui m'entourent, ça ne serre à rien, sans compter que j'ai l'impression que je suis en train d'avoir de plus en plus mal à la tête au fur et à mesure, alors que je ne fais absolument rien. Après plus d'une heure, j'abandonne. Je sais que je devrai dormir, mais je n'y arrive pas... Alors j'abandonne, lâchement, arrêtant de me torturer. Quand je serai vraiment fatiguée, je dormirais. Reste à savoir quand sera le stade vraiment fatigué, parce qu'actuellement, je n'en vois plus le bout... Ça fait sûrement trois jours que je n'ai pas eu de vraie nuit... et mon cerveau n'a toujours pas décidé de passer en mode off.

En me levant, ma tête tourne. Je ne me sens vraiment pas bien... Entre mes yeux qui me sortent du crâne et ma tête qui tourne, ce n'est pas l'idéal. Je serai même tentée de me recoucher, mais je n'en ai pas le courage, je sais déjà comment ça va se terminer et j'en ai déjà assez.

Sachant que ma sœur est sûrement rentrée et que je l'entends dans le salon, je décide de la rejoindre, au moins, la télé me fera une occupation. Ainsi je sors de ma chambre, je traverse le couloir puis je commence à descendre les escaliers, tandis que ma tête tourne de plus en plus et que je n'arrive plus à contrôler la durée de mes visions. Il faut que je me pose... Mais avant que je n'aie pu faire quoi que ce soit, mon pied se pose au mauvais endroit par rapport à la marche et je tombe.

Je ne me suis même pas vraiment senti tomber. Mais quand je me réveille, j'ai affreusement mal au dos et à la tête. Quand j'ouvre les yeux, je vois le plafond et je sens être juste aux pieds des escaliers, mais l'instant d'après, je me vois dans une pièce macabre, comme souvent, mais avant que je n'aie vraiment réagi, je me retrouve dans cette pièce macabre, ne contrôlant plus rien et n'ayant même pas vraiment conscience de ce qu'il se passe, j'ai juste la tête qui tourne et je suis affreusement fatiguée. J'ai envie de dormir...

Mais je n'ose pas, pas dans cet environnement, pas sans savoir ce qu'il peut m'arriver. Alors même si mes paupières sont lourdes. Même si mon cerveau semble déjà totalement endormi. Je garde les yeux ouverts.

Au moment où j'ai une autre vision, je ne cherche pas à contrôler quoi que ce soit, je me laisse bringuebaler dans l'espace, de toute manière, je ne suis pas près de tomber sur un lieu convenable et je n'ai pas la force de résister. Comme au premier jour, je vois chaque lieu et presque comme un appel, je m'y retrouve juste après... Aucun n'est enviable, mais au moins, contrairement à la première fois, je ne me vois pas morte. Mais les cellules macabres ne sont pas vraiment mieux. Je dois m'en contenter de toute façon tant que je suis enfermée dans ce cercle vicieux et que je n'arrive pas à sortir de la boucle infernale.

Après plus d'une heure, je me demande combien de temps je vais encore réussi à tenir avant de m'endormir. Peu. Vraiment peu. Je vais m'endormir entre quatre murs sur un sol de béton. Je préférai encore la cellule de prison de Pâris, au moins là-bas, je savais à quoi m'attendre. Alors que là, j'ai peur, horriblement peur... J'ai eu des aperçus les autres fois, je n'ai pas envie de voir au-delà de l'aperçu.

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