Le droit de vivre

Si Aether s'était attendu à bien des choses, après s'en être allé de l'endroit où Lumine et Dainsleif le retenaient, il n'avait aucunement pensé être blessé par une personne qui l'aurait ensuite mené auprès de quelqu'un qui soignerait ses blessures.

Ne connaissant pas celui qui s'occupait à présent de lui, il n'avait pas répondu à ses questions, y compris celles concernant son état. Il restait immobile et pensif, son regard perdu dans le vide. Qu'allait-il faire, maintenant ? Que pouvait-il faire ? Il était un paria, un étranger à ce monde, inconnu de tous ceux qui ne le détestaient pas.

Il ne pouvait espérer accéder au bonheur ou mener une vie paisible. Il porta son regard vers l'homme aux longs cheveux verts qui le soignait. Le ferait-il en ayant conscience de l'identité du blond en face de lui ? Il savait parfaitement que non. Si cela avait été le cas, il aurait déjà été arrêté, dans le meilleur des cas, voire tué.

Cette pensée en amena une autre, plus sombre. Était-il préférable qu'il meurt ? La tranquillité de la mort ne valait-elle pas mieux que la souffrance de vivre sans but ? Un mouvement à l'entrée de la pièce où il se trouvait attira son attention, mettant fin à ses réflexions.

Il vit, dans l'encadrement de la porte, un homme aux cheveux châtains attachés en une queue de cheval. Cet homme, qui le fixait de ses yeux dorés, comme pour transpercer son âme, il le reconnaissait sans peine. Son nom franchit ses lèvres dans un souffle inquiet.

« M... Morax... »

Derrière celui-ci, Aether aperçut l'inconnu qui l'avait sauvé des Mages de l'Abîme. Le dieu de Liyue fixa d'abord le blessé en silence, puis s'approcha en s'adressant au médecin.

« J'aurais besoin de m'entretenir avec lui. Accepteriez-vous de nous laisser seuls un instant, docteur Baizhu ?

- Je ne m'attendais pas à vous voir ici, sir Zhongli. Malheureusement, je n'ai pas encore terminé de le soigner. »

Entendre l'identité mortelle de celui qu'il ne connaissait que sous le nom de "Morax" laissa le blond perplexe. "Pourquoi se fait-il appeler par un autre nom ?"

« Je peux attendre.

- Dans ce cas, je vous prie de revenir plus tard. Il a besoin de repos.

- Très bien. » répondit le châtain, après un discret soupir.

Cependant, alors que les deux hommes allaient partir, le Prince déchu les arrêta dans leur geste en prenant la parole, sans se laisser le temps de regretter cette décision.

« Je pense également... que nous avons des choses à nous dire. Mes blessures ne sont pas graves au point de m'empêcher de tenir une conversation.

- Es-tu sûr de toi ?

- Oui.

- ... (Il se tourna vers Baizhu, le consultant du regard.) Qu'en pensez-vous ?

- L'idéal serait qu'il se repose. Toutefois, puisqu'il tient à vous parler, je ne vais pas m'y opposer, mais à la condition que cette entrevue ne dure pas longtemps.

- Ce compromis me semble acceptable.

- Dans ce cas, je vais vous laisser. Veuillez me signaler lorsque vous aurez terminé.

- Cela va de soi. »

Visiblement satisfait par cette réponse, le propriétaire du Cottage Bubu se rendit dans une autre pièce. À présent qu'ils étaient seuls, Zhongli ferma la porte, voulant s'assurer que cette discussion ne resterait qu'entre eux.

« Je ne pensais pas te revoir à Liyue.

- ...

- Xiao m'a expliqué que l'Ordre de l'Abîme avait tenté de te tuer. Quelle en est la raison ?

"Xiao... Ce doit être le nom de cet homme aux cheveux bleus." Aether n'avait aucune envie d'évoquer la raison pour laquelle le peuple de l'Abîme voulait sa mort, mais il savait que chercher à le cacher ne lui apporterait que plus d'ennuis. Il prit une inspiration, expira lentement, puis répondit.

« Je ne me suis pas montré à la hauteur de leurs attentes. Ils voulaient que je tue Lumine. Je n'ai... pas pu m'y résoudre. Je ne suis plus, à leurs yeux, qu'un traître qui doit mourir. Sans doute ont-ils raison.

- Songer à abandonner ta vie comme tu le fais est indigne de toi. Tu as encore de nombreux siècles d'existence qui t'attendent. Mourir n'arrangera rien. Aucune des conséquences de tes choix ne disparaîtra avec toi. »

Il se crispa à l'entente de ces mots, tant similaires à ceux que Dainsleif avait prononcés avant qu'il n'arrive à Liyue. "Pourquoi s'acharnent-ils à me dire de vivre ?"

« Des siècles de solitude et de remords ne méritent pas d'être vécus. » répliqua le blond.

« La solitude n'est pas une fatalité irrémédiable. Redécouvre Teyvat et ses habitants. Vois par toi-même ce qu'ils font et qui ils sont. Cette solitude qui te pèse n'aura alors plus lieu d'être. Pour ce qui est de tes remords, tu dois t'en débarrasser par toi-même. Personne ne le fera pour toi. Tu es persuadé que ta mort est la seule solution, mais sais-tu seulement pourquoi ? (Il attendit une réponse, mais n'obtint qu'un silence.) Tu as oublié comment vivre. Il faut que tu t'en rappelles et que tu acceptes le fait que tes choix, tes erreurs, ne te privent pas du droit de vivre que tu as reçu au début de ton existence. Réfléchis à ce que je viens de te dire, à ce que tu veux faire et aux raisons pour lesquelles tu dois rester en vie. Lorsque tu sauras pourquoi, alors nous converserons à nouveau. D'ici là... Ne fais rien de regrettable. »

Considérant cet échange comme terminé, Zhongli ouvrit la porte et sortit, allant avertir Baizhu qu'ils en avaient fini. Désormais seul avec lui, Xiao observa Aether en silence, tentant de se faire un avis sur ce jeune homme qu'il avait commencé par blesser. Lui en voulait-il d'avoir fait cela ? Devrait-il s'excuser ? Il n'était pas coutumier de telles paroles, mais il lui semblait juste de les prononcer.

« ... Veuillez m'excuser de vous avoir blessé.

- Vous n'êtes pas le premier à tenter de me tuer. J'y suis habitué. » répondit le blond d'un ton neutre.

Il retourna ensuite à ses pensées et n'eut aucune réaction lorsque l'Archon revint dans la pièce pour s'en aller avec l'Adepte. Lorsqu'ils furent hors du Cottage Bubu, il se tourna vers ce dernier.

« Qu'as-tu pensé de ce qu'a dit Aether ? »

La réponse du Yaksha se fit attendre, car lui-même ignorait ce qu'il en pensait. Son regard doré se perdit vers l'horizon, tandis qu'il réfléchissait à la question qui venait de lui être posée.

« ... Il se refuse le droit à une vie ordinaire. »

Agréablement surpris par ces quelques mots impliquant que Xiao avait réussi à comprendre l'état d'esprit de l'ancien dirigeant de l'Ordre de l'Abîme, Zhongli esquissa un sourire satisfait.

« C'est exact.

- Ce genre de choses... Est-ce fréquent, chez les mortels ?

- Bien plus qu'on ne le pense, mais il n'y a pas qu'aux mortels que cela arrive. Aether en est un exemple.

- Son cas ne peut être comparé à celui des mortels.

- Pour quelle raison, d'après toi ?

- Il n'est pas comme eux. Il est lié à l'Abîme.

- Prenons un autre exemple, alors. Il arrive parfois que certaines personnes se refusent une vie heureuse et paisible à cause d'une tâche qu'elles considèrent devoir accomplir au détriment de leur existence. Là encore, les mortels ne sont pas les seuls concernés par cette situation.

- Je ne comprends pas. Comment une seule tâche peut-elle occulter une vie entière ?

- Hm... C'est à toi de trouver la réponse à cette question. Réfléchis-y. Nous pourrons en reparler, si tu le souhaites. »

Suite à ces mots, l'Archon salua l'Adepte et prit la direction du domicile d'Ajax. Intrigué par ce qu'il venait de lui dire, l'immortel ne cessait de ressasser ces phrases dont le sens lui échappait. Quel genre de tâche pouvait-il gâcher une vie à ce point ? Et, surtout, pourquoi ?

Pourquoi les mortels laissaient-ils une telle chose se produire, au cours de leur éphémère existence ? Malgré ce que Zhongli lui avait dit, Xiao était persuadé que seuls les mortels étaient suffisamment étranges pour faire cela.

¤

Je ne ferais plus jamais de chapitre autant basé sur la psychologie

J'en ai des nœuds au cerveau

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top