Éprouvants regrets

Après avoir croisé Ajax, après avoir quitté Liyue, Aether avait erré dans les environs, tantôt sur un chemin de terre, tantôt en des endroits où il n'y avait guère de sentier. Il finit par arriver, péniblement, en un lieu où il n'y avait pas âme qui vive.

Il s'y arrêta alors, le souffle court à cause de ses blessures auxquelles il ne laissait pas le temps de guérir, comptant se reposer. Il s'assit sur le sol, appuya son dos contre le rocher derrière lui et ferma les yeux sans s'en rendre compte, s'endormant aussitôt.

Son sommeil, d'abord paisible, se fit rapidement plus agité, sous l'effet d'un mauvais rêve bien trop réaliste.

•°•°•°•°•

Il était, à nouveau, enchaîné dans cette froide et solitaire cellule où il avait passé plusieurs jours à cause de Lumine et de Dainsleif.

Il faisait, à nouveau, face à celle qui, pendant tant de siècles, avait été à la fois sa famille, son point de repère et son amie la plus proche.

Il lui faisait face et entendait, à nouveau, ses paroles dénuées de bienveillance à son égard.

"C'est de ta faute."

"... Je sais."

"Tu as choisi un peuple inconnu et tu m'as délaissée."

"Je suis désolé."

"Tu ne sais pas à quel point ton absence m'a fait souffrir."

"..."

"Vas-tu encore m'accuser à tort ou réaliser que tu es le responsable ?"

"... Non. C'est de ma faute. Je le sais. ... Je suis... désolé. Vraiment..."

•°•°•°•°•

Il se réveilla difficilement, le cœur lourd et les yeux pleins de larmes.

Pourquoi avait-il fallu que ce soit elle qui apparaisse dans ce cauchemar, qu'elle lui rappelle ces mots ? Pourquoi continuait-elle de le tourmenter, alors qu'ils n'avaient plus rien à voir l'un avec l'autre ?

Pourquoi... était-il le seul à continuer de souffrir ?

...

"Je dois l'oublier. Celle qu'elle était n'est plus. Ma précieuse petite sœur n'est plus."

La soudaine apparition d'une énergie hostile le tira de ses pensées. En une fraction de seconde, sans une once d'hésitation, il sut que l'individu qui en était le détenteur venait dans sa direction et n'avait aucunement l'intention de se montrer amical envers lui.

Sans perdre un instant, guidé par son instinct de survie, il se leva, fut pris de vertiges, s'appuya brièvement sur le rocher près de lui durant un court moment, puis s'éloigna en s'efforçant de ne pas s'effondrer.

Lentement, trop lentement à son goût, il suivit le lit de la rivière passant à proximité, jusqu'à atteindre l'entrée d'une cavité rocheuse à l'intérieur de laquelle le cours d'eau continuait à serpenter. Continuant de percevoir, de plus en plus proche, la présence de cette personne qui le suivait, il avança dans la grotte, espérant que celle-ci ne se révèlerait pas être un chemin sans issue.

Il traversa un petit couloir naturel et arriva dans une zone plus grande au fond de laquelle se trouvait un édifice ancien, qui semblait pourtant avoir été épargné par le passage du temps. Délaissant la bâtisse, il observa les alentours avec attention, sans trouver le moindre passage par lequel continuer à s'enfuir.

Il entendit alors vaguement, venant de derrière lui, les discrets bruits de pas de la personne qui le traquait. N'ayant trouvé aucun autre chemin et le fait de faire demi-tour n'étant désormais plus en option, il se tourna vers la massive porte en pierre de l'antique monument.

Il tenta de l'ouvrir, mais tout ce qu'il obtint, dans son état, furent des vertiges, des tremblements et de la douleur dans tout son corps. Épuisé, sur le point de s'effondrer, il s'appuya faiblement contre le mur froid, condamné à attendre que son poursuivant ne le rejoigne et ne l'achève.

Il perçut, comme un écho lointain, le son d'une flèche décochée et le sifflement qu'elle émettait en se dirigeant vers lui. Il sentit, brutale explosion de douleur, sa pointe métallique se ficher dans son épaule droite, ajoutant une nouvelle blessure à toutes celles qui le faisaient déjà tant souffrir.

Aucune plainte ne vint témoigner d'à quel point il avait mal, mais son corps céda face à la fatigue et la souffrance. Ses jambes cessèrent de le porter, sa vision se brouilla et il s'écroula, respirant de façon irrégulière.

Dans ses derniers instants de lucidité, il pensa : "Je ne veux pas mourir." Puis, il cessa de ressentir quoi que ce soit.

...

...

...

Lentement, de façon aléatoire, il se mit à percevoir, près de lui, les échos de plusieurs voix discutant d'un sujet qu'il ne parvenait pas à deviner.

Il prit conscience de la douleur qui l'assaillait encore, bien que sensiblement moins présente, de son corps engourdi par l'épuisement, du fait qu'il était dans l'incapacité d'effectuer le moindre mouvement, tant il était affaibli.

Le paisible néant du sommeil l'emporta à nouveau. À plusieurs reprises, il s'éveilla, perçut quelques fragments de ce qu'il se passait autour de lui et s'endormit sans pouvoir faire quoi que ce soit d'autre.

Puis, il finit par revenir complètement à lui. D'abord confus, il resta longuement immobile, attendant de retrouver l'entièreté de ses perceptions. Les battements de son cœur, lents et réguliers, le rassuraient.

Enfin, il put ouvrir les yeux, s'asseoir sans gestes brusques, voir où il se trouvait. Sauf que... Il ne reconnaissait rien. Il n'était plus dans la grotte avec le temple ancien. C'était sa seule certitude.

Ces murs, ces décorations, l'ambiance paisible et apaisante régnant en ce lieu... Rien ne lui était familier. Que s'était-il passé durant sa perte de connaissance ? Son regard glissa vers son épaule droite, où aurait dû se trouver une blessure, mais où il ne vit qu'un bandage récemment mis en place.

Pourquoi, encore une fois, avait-il été soigné ?

Il ne comprenait pas pourquoi il y avait toujours quelqu'un pour prendre soin de lui, alors qu'il n'apportait que le chaos. Il n'avait jamais rien fait pour mériter une telle bienveillance. Il ne comprenait pas, il n'arrivait pas à comprendre et il détestait cela.

Un tressaillement nerveux le parcourut lorsqu'une personne entra dans la chambre où il se trouvait. Instinctivement, il fixa la nouvelle venue de son regard doré et découvrit une petite fille dont les cheveux marron clair étaient agrémentés de deux grelots. Ses yeux innocents, rouge foncé, l'observaient avec une douceur étonnamment mature.

Elle ne bougea pas pendant plusieurs secondes, puis partit dans la direction par laquelle elle était arrivée. Elle revint toutefois après quelques minutes, tenant un petit plateau où se trouvait un bol et une cuiller joliment décorés. Elle s'approcha du lit avec un grand sourire et lui tendit le tout.

« Prenez votre temps pour manger. Vous presser risquerait de provoquer un rejet de la part de votre corps. » lui conseilla-t-elle d'une voix juvénile, mais pleine d'assurance.

Aether resta immobile, prudent. Après tout, il ne savait rien de cette enfant et de ses intentions. Il était, de plus, peu probable qu'elle soit seule en ces lieux.

« Vous n'en voulez pas ? » insista la fillette. « Il est préférable que vous mangiez quelque chose, dans votre état. Cela vous aidera à guérir plus rapidement.

- ...

- Pourquoi est-ce que vous n'en voulez pas ? Je vous promets que c'est bon pour la santé ! »

Elle se heurta à un nouveau silence et en sembla peinée. Visiblement découragée, elle soupira tristement.

« D'accord... » se résigna-t-elle, commençant à repartir.

Une personne venant en sens inverse interrompit son cheminement et lui fit lever les yeux pour voir de qui il s'agissait.

« Maître ! » s'exclama-t-elle joyeusement. « Bon retour !

- Merci, ma petite Yaoyao. Dis-moi, comment se porte notre invité ?

- Il s'est réveillé il y a quelques minutes. Je lui ai préparé un repas, mais il n'en veut pas. » ajouta-t-elle avec déception. « Je me suis appliquée à le faire, pourtant...

- Ne t'en fais pas, je suis sûre que ce que tu as préparé est très bon. As-tu terminé ton travail ?

- Oui !

- Dans ce cas, laisse-moi ce plateau et va t'amuser. Je m'occupe du reste.

- Oh ouiiiiiiiii ! Merci, maître ! »

Yaoyao posa doucement le plateau sur la table proche, puis sortit rapidement, le sourire aux lèvres. Une fois l'enfant partie, la vieille femme qui venait d'arriver se tourna vers le jeune homme, qui se sentait de moins en moins à l'aise dans cette situation.

La raison ?

Il avait, sans peine, reconnu celle qui lui faisait face. Que ce soit son apparence trompeuse ou son abondante énergie révélatrice de sa nature, il lui semblait qu'elle n'avait pas changé, malgré les presque cinq siècles qui s'étaient écoulés depuis leur dernière entrevue.

« Tu étais bien plus expressif, autrefois. » lui dit l'Adepte, confirmant le fait qu'elle l'avait également reconnu. « Tu n'hésitais pas à sourire et à échanger quelques mots avec moi autour d'une bonne tasse de thé. Tu sembles si terne, à présent. Cela ne te manque-t-il pas ? »

Son cœur répondit affirmativement, mais lui-même nia cette vérité ancrée en lui.

« Je n'ai plus besoin de ces futilités. Tout comme je n'avais pas besoin que vous me soigniez ou que vous m'accueilliez ici, quel que soit cet endroit.

- Tu te trouves dans ma Sérénithéière personnelle. Je n'allais pas laisser un vieil ami en difficulté.

- Ne me définissez pas ainsi. Nous ne sommes pas amis.

- Ce n'était pas ce que tu disais, il y a quelques siècles.

- Les gens changent avec le temps. Cette époque est révolue. »

Pourtant, il se souvenait encore de ces moments paisibles qu'ils avaient passés ensemble, buvant du thé, se racontant des histoires ou échangeant sur divers sujets. Il se souvenait des jours, des soirs, des nuits où, ravagé par l'absence de sa sœur, il s'était confié à l'Adepte à propos de sa solitude et de sa peur de ne jamais la revoir. Il se souvenait du réconfort et du soutien qu'elle lui avait apportés à chaque fois, le rassurant et lui permettant de continuer à sourire.

Oui, cette époque révolue lui manquait. Elle lui manquait, mais il savait que jamais plus il ne connaîtrait une période similaire. Ce constat l'affecta plus qu'il ne l'aurait cru. Son cœur se serra, assailli par les regrets et la tristesse. Son cœur pleura ces précieux moments perdus, mais lui-même resta impassible, ne laissant rien paraître de sa douleur.

Madame Ping, car c'était là le nom de cette Adepte débordant de gentillesse et d'amour pour autrui, sentit que le jeune homme souffrait sans le montrer, mais elle n'insista pas. Il était encore trop tôt pour qu'il accepte son aide. Elle devait avant tout gagner sa confiance, jusqu'à retrouver la relation qu'ils avaient autrefois.

Alors, au cours des jours suivants, elle prit soin d'Aether, avec affection et douceur. Elle soigna ses blessures et lui prépara à manger avec l'aide de Yaoyao, bien qu'il leur fut difficile de le convaincre d'accepter ce qu'elles lui offraient.

Elle lui apprit également qu'elle avait accepté de prendre soin de lui à la demande de Zhongli, celui-ci lui ayant expliqué comment il avait été blessé et que les Sept Étoiles préféraient le garder sous surveillance en un lieu où il ne représenterait pas une menace.

Obligé de se reposer, le jeune homme put enfin guérir, malgré la frustration et la peine que lui causait cette situation à laquelle il ne pouvait échapper. Toutefois, le seul repos qu'il parvint à obtenir fut physique.

La nuit, Lumine continuait de hanter ses songes, le tourmentant toujours plus. Il guérissait physiquement, oui, mais il était de plus en plus épuisé mentalement, perdant peu à peu toute envie.

Les jours devinrent des semaines, jusqu'à ce que se soit écoulé un mois entier, au terme duquel il n'était plus désireux de rien.

Ses choix et ses échecs lui pesaient et le faisaient souffrir.

Au cours de ce mois, en dehors de l'Adepte, plusieurs personnes étaient venues le voir, à plusieurs reprises. Zhongli, tenu au courant de la dégradation de son état par madame Ping. Ajax, qui suivait Zhongli dès que son travail en tant que Fatui lui en laissait l'occasion. Yaoyao, qui lui ramenait toujours un petit cadeau de ses promenades dans Liyue.

Aucun d'entre eux n'était parvenu à le sortir de cette torpeur épuisée dans laquelle il se perdait de plus en plus. Puis, au terme de ce mois, une personne qui, jamais encore, n'était venue le voir, se présenta devant lui. Aether, voyant ses yeux dorés, fut incapable de s'en détourner, tandis que s'éveillait en lui un faible écho.

La souffrance qu'il ressentait depuis un mois se fit plus forte et ses yeux se remplirent de larmes.

« Lumine... » murmura-t-il faiblement, sous le choc de faire face à sa jumelle.

¤

Weeeeeeeeeeeeeeeeeeeell-

Oups, j'ai encore malmené Aether~

J'avais pas exactement prévu ça de base, mais bon XD

C'est parti en vrille au moment où j'ai lancé une vidéo TGCF en boucle, je crois bien ^^"

J'espère que ça vous a plu quand même !

Bonne journée/soirée/nuit ! ^^

_Saho_

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