Cruel méli-mélo émotionnel
Le matin suivant, Ajax peina à se réveiller. Il avait passé une mauvaise nuit et ce n'était pas à cause de ses blessures. Son cœur souffrait à cause d'une de ses craintes, matérialisée dans son sommeil sous la forme d'un mauvais rêve.
Il s'assit en silence, essuyant les quelques larmes ayant perlé au coin de ses yeux. Ce geste, effectué discrètement et rapidement, n'échappa malgré tout pas à Zhongli, qui continuait de veiller sur le Fatui.
« Qu'est-ce tu as ? » le questionna-t-il en caressant délicatement sa joue.
Ce contact familier le rassura, puis il regarda le Liyuéen d'un air fatigué.
« Rien...
- Tu ne me feras pas croire cela alors que tu as pleuré.
- Ne t'en fais pas pour ça... Ce n'est rien de grave.
- Ajax... Ne me mens pas, s'il te plaît.
- ... »
Devant le silence de son ami, l'Archon se leva de la chaise et prit place sur le lit, fixant le roux de ses yeux dorés. Ce dernier tourna la tête, fuyant son regard inquisiteur, nerveux.
« Tu sais que tu peux tout me dire, si tu en as envie.
- J'ai juste... passé une mauvaise nuit. J'ai peur de ne pas être digne d'être à tes côtés... ou de te faire un jour du mal...
- Pourquoi ?
- ... Je suis un Fatui... J'ai peur que ça finisse par... te retomber dessus...
- Tu es capable d'éviter cette situation, Ajax. Si tu quittes les Fatuis, ce que tu crains ne se produira pas.
- Je ne peux pas...
- Qu'est-ce qui te retient parmi eux ? Dès que nous abordons ce sujet, tu me dis toujours que tu ne peux pas les quitter, mais tu ne me donnes jamais de raison. Te menacent-ils pour l'obliger à rester dans leurs rangs ?
- Non... ! » répondit-il précipitamment, alors que sa nervosité augmentait et que de discrets tremblements faisaient leur apparition.
Constatant l'état angoissé dans lequel il se trouvait, Zhongli ne réfléchit guère plus longtemps qu'une infime seconde et attira le Snezhnayen contre lui, l'entraînant dans une douce étreinte.
Enveloppé par la chaleur rassurante de son ami, Ajax ne put retenir les larmes qui coulèrent sur ses joues, alors que ses tremblements s'accentuaient. Il devint évident pour le Liyuéen que le roux était la victime d'un chantage orchestré par les Fatuis. Celui-ci semblant dans l'incapacité de s'en extirper seul, l'Archon sut que c'était à lui de l'aider à y échapper.
« Dis-moi ce qu'ils utilisent pour faire pression sur toi.
- Je ne peux pas...
- Je peux t'aider si tu me le dis... » l'encouragea-t-il d'une voix douce. « Me fais-tu confiance ?
- Tu sais que oui... mais je ne peux pas te le dire...
- Ajax...
- N'insiste pas... Je ne veux pas que tu te mêles à ça...
- Laisse-moi t'aider... Tu n'as pas à porter ce fardeau seul.
- Pourquoi tiens-tu autant à t'impliquer dans mes problèmes... ? Plus tu en resteras loin, mieux tu te porteras...
- C'est... parce que je t'aime. » lui confia-t-il, légèrement gêné par cet aveu.
Ajax se défit de l'étreinte et fixa Zhongli, surpris, rougissant. Il ne s'attendait pas à cette réponse. Il n'aurait jamais cru qu'il se déclarerait à lui de cette façon, en cet instant, dans cette situation.
« Tu...
- Je t'aime comme j'ai rarement aimé quelqu'un. Je pense même que c'est... la première fois que j'éprouve ce sentiment d'une manière aussi intense.
- Je... » commença-t-il, perdu. « Tu ne devrais pas me dire ça... Pas comme ça... Pas maintenant...
- Je conviens que la situation dans laquelle tu te trouves n'est pas la plus adaptée. Je tenais cependant à te le dire, car tu mérites de savoir ce que je pense de toi. Ce que je ressens pour toi.
- Arrête de dire ça... Ne complique pas les choses... Elles le sont déjà suffisamment...
- Si tu me disais ce qu'il se passe... ce serait plus simple pour toi comme pour moi. Tu te sentirais mieux et je pourrais t'aider. Je ne peux rien faire tant que je ne sais pas ce qui te tourmente.
- C'est mieux ainsi. Maintenant... Arrêtons d'en parler. S'il te plaît... »
Zhongli soupira, réalisant qu'il n'obtiendrait aucune information supplémentaire de la part d'Ajax.
« Très bien... J'arrête d'insister pour l'instant, mais nous en reparlerons lorsque tes blessures seront guéries. D'ici là, je t'interdis de sortir de chez toi. Tu vas te reposer et je vais prendre soin de toi.
- Je ne peux pas... J'ai du travail...
- Prends le temps de te reposer.
- Mais...
- S'il te plaît.
- ... Très bien... »
L'Archon retint un soupir de soulagement, rassuré qu'il ait fini par accepter. Sur ce point, Ajax et Xiao se ressemblaient beaucoup : dès qu'il était question de se ménager ou se reposer, ils se montraient tous deux extrêmement têtus et difficiles à raisonner. Cette pensée l'amusa et il esquissa un fin sourire.
« Xiansheng ? Tout va bien... ? » s'inquiéta le Snezhnayen, comme il ne disait plus rien, le tirant de ses pensées.
« Oh... Oui, ne t'en fais pas. Je réfléchissais juste à ce qu'il faut que j'aille chercher au Cottage Bubu, pour te soigner.
- Ne peux-tu pas rester avec moi... ?
- Je serais vite revenu. Je te le promets.
- ... D'accord... »
Zhongli déposa un rapide baiser sur le front d'Ajax, puis sortit, allant acquérir ce qu'il lui manquait.
†
À peine eut-il repris connaissance qu'Aether fut assailli par une insupportable douleur, présente dans chaque parcelle de son corps engourdi. Il souffrait du chaud et des brûlures, du froid et des gelures causés par les pouvoirs des mages de l'Abîme.
Cette désagréable sensation ne semblant pas décidée à s'atténuer, il se résigna à faire avec et il s'assit sans faire de mouvements brusques. Aussitôt qu'il eut ouvert les yeux, la forte luminosité de la pièce où il se trouvait agressa ces derniers, car ils étaient encore habitués à l'obscurité partielle de la geôle où il avait été enfermé.
Ce désagrément fit apparaître des larmes de douleur qu'il s'empressa d'essuyer, se trouvant ridicule à pleurer pour si peu. Peu à peu, ses yeux sensibles s'habituèrent à la clarté ambiante et il put les ouvrir à nouveau, enfin en mesure de voir quelque chose.
De ce fait, il découvrit qu'il ne se trouvait plus dans la prison, mais dans une pièce aux murs clairs, parsemés de nombreuses petites fenêtres. Elle ne contenait pour seul mobilier que le lit où il était et un meuble de rangement juste à côté de celui-ci. Son regard dériva vers son propre corps et il ne fut aucunement surpris de ce qu'il y vit.
Comme lors de son premier réveil, après son malaise, il constata que ses blessures avaient été soignées et qu'elles dégageaient à présent la même odeur de plantes médicinales qui embaumait les précédentes.
Soupirant d'agacement, car il savait que cela signifiait que Dainsleif ou Lumine l'avait à nouveau soigné, en plus de l'avoir très certainement sauvé des mages, et qu'il détestait être redevable de quelqu'un, il se déplaça jusqu'au bord du lit et se leva prudemment. Durant cette action, il perçut un mouvement derrière lui et constata qu'il s'agissait de ses cheveux.
L'attache qui les retenait avait été retirée et ils pendaient à présent librement dans son dos. Il passa ses doigts dans ses mèches blondes, sentant les ondulations causées par la tresse qu'il avait l'habitude de porter. Ce simple geste lui rappela un souvenir, durant lequel un geste similaire était réalisé : celui des innombrables fois où Lumine avait insisté pour le coiffer elle-même, tentant alors de discipliner la chevelure rebelle de son jumeau, afin de la tresser comme elle l'avait tant de fois vu faire.
Son cœur se serra, mais il étouffa le sentiment de tristesse qu'il sentait poindre. Cette époque était révolue, il ne devait plus y penser. Un regard vers la table de nuit lui permit de remarquer l'attache dont il se servait pour retenir sa tresse. Il prit le temps de la refaire, sans se presser, réconforté par cette action familière.
Concentré, il ne remarqua la présence d'une autre personne dans la chambre que lorsque celle-ci s'adressa à lui.
« Tu n'as pas changé de manière de te coiffer. Cela faisait si longtemps que je ne t'avais pas vu faire, je me demandais si tu employais toujours la même méthode. »
Aether se crispa, ayant reconnu la voix de sa sœur. Il resta tourné vers le lit, refusant de lui faire face. Il ne lui répondit pas non plus, pris d'un soudain sentiment de colère impossible à faire taire.
« Ne m'ignore pas. » reprit-elle, d'un ton insistant. « Tu n'es plus un enfant qui peut bouder quand quelque chose ne lui plaît pas.
- ... »
Devant le silence prolongé de son frère, elle s'approcha de lui et posa sa main sur son épaule, avec l'intention de l'obliger à la regarder. Dégoûté par ce contact qui, autrefois, lui manquait, il la repoussa, la fixant durement, la lueur de haine brillant dans ses yeux dorés se reflétant dans ceux de sa sœur, comme un miroir. Sa jumelle fronça les sourcils et pinça les lèvres.
« Tu as changé. Que t'a fait l'Abîme pour que tu sois aussi différent de ce que tu étais autrefois ? Pourquoi as-tu cessé d'être mon frère, celui à qui je pouvais tout confier, sans que jamais nous ne soyons en désaccord ?
- Je pourrais te demander la même chose. Tu fais aveuglément confiance aux Archons et à ceux qui croient en eux, sans jamais remettre en question leur prétendue intégrité. Tu doutes de moi... sans jamais avoir cherché à connaître mes raisons.
- Qu'est-ce que j'étais censée faire d'autre ? Tu t'es allié à ces... monstres et tu m'as abandonnée. Sais-tu combien de fois j'ai espéré que tu changerais d'avis ? Que tu reviendrais vers moi ?
- Et toi, sais-tu combien de temps je t'ai attendue ? Sais-tu ce que j'ai ressenti, en passant cinq cent ans sans savoir où tu étais ? Sans savoir si je te reverrais un jour ? Tu n'en sais rien, parce que tu ne penses qu'à toi. Tu ne sais pas ce que j'ai vécu, alors que je me suis retrouvé dans la même situation que toi. Seul, privé de ma seule famille, dans un monde dont je ne parlais pas la langue et où je ne connaissais personne. J'ai dû gérer des désastres et aider des gens comme tu le fais à présent. À l'inverse, tu ne t'es jamais confrontée à la vérité de ce monde. Pourtant, tu penses en savoir suffisamment pour décréter que je suis celui qui est en tort. L'aveuglement dont tu fais preuve en te comportant ainsi me déçoit. C'est indigne de toi. Indigne de ma petite sœur. »
Soudainement, un bruit sec résonna dans l'air. La joue d'Aether se teinta de rouge, sous l'influence de la gifle que Lumine venait de lui donner.
« Je t'interdis de me dire ça. Je ne sais pas ce que tu as vécu, c'est vrai, mais tu ne sais pas à quel point ton absence m'a fait souffrir. »
Après avoir dit cela, Lumine se dirigea vers la porte et quitta la chambre, sans un regard en arrière. Se retrouvant seul à nouveau, Aether s'adossa contre le mur derrière lui et se laissa glisser jusqu'au sol. Un douloureux rire nerveux lui échappa, tandis que d'amères larmes de tristesse et de désespoir se mettaient à couler, sans qu'il ne cherche à les retenir.
Après tout, pourquoi cacher la souffrance que personne ne veut voir ?
¤
1878 mots de pur sadisme-
Je suis vraiment horrible envers Ajax et Aether 😅😭
Je vous promets qu'ils auront tout le réconfort du monde-
Byyyyyye
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