Chapitre 61.1 - 1+1

Chapitre Soixante-Et-Unième - Partie I

Tous les invités étaient dispersés un peu partout sur la terrasse du château. Laura avait doucement rappelé à Matthieu qu'il était temps pour lui d'inaugurer les discours que certains d'entre eux avaient prévu pour Martijn et Magdalena. Le père de la mariée monta les deux marches de la petite estrade et capta en quelques secondes l'attention de tous les convives.

« Je m'excuse de vous interrompre dans vos diverses discussions, mais je voulais vous dire quelques mots sur les nouveaux mariés. Car nous y sommes ; le grand jour est arrivé. Le jour où ma petite dernière, mon unique fille, se marie. Alors, je suis déjà passé par là avec Primaël, mais je n'avais pas prévu que cette étape arrive aussi pour toi, ma Magda. Mon esprit protecteur de papa ne voulait pas voir cette éventualité. Je sais que cela fait maintenant des années que tu ne vis plus avec nous, que tu as construit ta vie ailleurs, mais le fait que tu finisses par te marier me mets enfin devant le fait accompli. Et je dois bien avouer être assez contrasté face à cette situation. Attention ! C'est un très grand bonheur de te voir grandir de cette façon, de te voir aussi épanouie, de savoir que tu as trouvé la personne qu'il te faut pour veiller sur toi, pour partager toutes tes joies et tes peines pendant de longues années. Mais j'avoue avoir un petit pincement au cœur, moi, ton papa qui te connaît depuis le tout premier jour, et même avant. Je me rappelle encore de toi bébé. Tu tenais à peine dans mes bras. Il faut aujourd'hui que je me fasse à l'idée que ce bébé s'en va si loin de nous aujourd'hui. Je suis tout de même rassuré quand je vois l'amour et la complicité qui vous unissent avec Martijn. Je sais que votre vie sera heureuse. Et n'oubliez jamais que nous serons toujours à vos côtés pour vous aider et vous soutenir. Martijn, je te confie ce que j'ai de plus précieux au monde, alors prends-en grand soin. Tous mes vœux de bonheur aux jeunes mariés ! »

Il y eut des applaudissements alors que Charles montait à son tour sur l'estrade pour remplacer son père, suivit de Suzanne.

« Alors... Pour ceux qui ne me connaîtraient pas, je suis le plus jeunes des grands frères de la mariée. Et c'est à moi qu'on a confié la lourde tâche d'écrire le discours. Bon en vrai, j'ai juste perdu à la courte-paille... Oui. Je sais ce que vous vous dîtes, on a joué THE discours à la courte-paille, mais que voulez-vous... Personne n'est parfait. Alors... débuta Charles en se raclant bruyamment la gorge et en sortant une feuille de la poche intérieure de sa veste. Magdalena. Ma petite Magda quand tu m'as annoncé que tu avais dit oui, ça m'a d'abord filé un coup de vieux monumental. Je sais pas si tu te souviens mais fut une nuit où, allongés dans notre cabane du garage de chez grand-père et grand-mère, à regarder les étoiles par la petite fenêtre de toit absolument dégueulasse, on s'était promis de ne pas grandir. Bon, je dois quand même avouer que je ne m'attendais pas à être celui qui allait tenir cette promesse le plus longtemps. Et pourtant... Très égoïstement et pendant très longtemps, j'en ai d'abord voulu à ce garçon qui prenait tant de place dans ta vie, et qui était en train de me priver de ma petite sœur et de mon rôle de grand frère. Mais ça y est, je me suis enfin rendu à l'évidence ; à te voir si heureuse, à te voir rayonner à ce point, je ne peux qu'être heureux pour toi. Alors merci Martin. Merci d'offrir à ma sœur toute la joie et l'amour qu'elle mérite. C'est une personne extraordinaire que tu as épousée aujourd'hui, tu t'en rends bien compte, j'espère ? Sinon compte sur moi pour te le rappeler aujourd'hui et tous les autres jours qui suivront ta vie au sein de notre grande famille. Bienvenue !

— Martijn, fit Suzanne en attrapant le micro qui lui tendait Charles. Qui aurait dit qu'on se retrouverait un jour à ton mariage ? Pas moi. Quand je pense à toi, la première image qui me vient n'est pas vraiment celle d'une personne très, très responsable. Car oui, ce charmant jeune homme a un jour volé l'ordonancier de sa maman pour prescrire des Kinder à tous ceux qu'il trouvait trop triste dans la rue. Oui, Martijn, j'ai entendu parler de cette histoire ; et non, je ne dirais pas que c'est Louis qui m'a tout raconté. Donc Magdalena, c'est cette personne que tu viens juste d'épouser. J'ai préféré attendre que la cérémonie soit finie pour évoquer ce souvenir. On ne sait jamais. Pour écrire ce discours, j'ai tout d'abord essayé de me concentrer sur nos bons souvenirs... J'en ai pas trouvés. Bon... Peut-être deux ou trois tout de même. Nos interminables batailles d'oreiller pendant la nuit jusqu'à ce que Pa vienne nous dire que deux heures du matin n'était pas décidément pas une heure pour ce genre de chose. Il y a aussi tout les parties de Just Dance que tu acceptais de faire avec moi alors que tu détestais ce jeu et qui finissait irrémédiablement en fou rire dans le canapé. On ne peut pas dire que tu m'as beaucoup manqué quand tu partais en week-end avec tes copains et que j'avais enfin la maison pour moi. On ne peut pas dire non plus que tu m'as manqué quand tu es parti t'installer avec Magda et que j'ai voulu négocier pour récupérer ta grande chambre sans succès. Enfin ça... c'était au début parce qu'au final, je dois avouer que cette maison semblait bien vide sans toi et tes relents de peinture qui sortaient de ton atelier ; et puis avoir un partenaire pour manger des pizzas quelle que soit l'heure de la journée ou de la nuit, ça n'a pas de prix. En fait, avoir un frère comme toi, Marty, ça n'a pas vraiment de prix. Je sais que ne te le dis jamais, et je ne sais pas si c'est vraiment le moment, mais sache que je suis extrêmement fière de t'avoir comme frère, extrêmement fière de la personne que tu es devenue et extrêmement fière de voir que tu as été capable de choisir quelqu'un d'aussi merveilleux que Magdalena pour t'accompagner dans ta vie et sache aussi que je t'aime. »

Charles passa son bras autour des épaules de Suzanne pour l'accompagner vers les marches alors que les quatre témoins de la journée montaient déjà l'estrade. En se croisant dans le minuscule escalier, Louis prit quand même le temps de prendre Suzanne dans ses bras, la sentant encore toute émue.

« Magda, Martijn, annonça Louis en premier. Je préfère prévenir que mes cours de français sont très lointains et je vais vous demander un peu d'indu... Indul... D'être gentil quoi. Alors... Magda et Martijn, aujourd'hui, et ça n'aura échappé à personne, vous vous mariez et Erika a eu l'idée brillante d'écrire un discours à quatre. On a beaucoup réfléchi à ce qu'on allait pouvoir vous dire, on a pas mal ri en apprenant des petites histoires très drôles sur chacun d'entre vous, on a même décidé d'enlever quelques éléments. Mais ne vous inquiétez pas, il nous reste encore plein de chose à dire. Et pour commencer, un seul mot:

— Enfin ! s'exclamèrent d'une même voix le hollandais et les trois autres.

— Ça fait dix ans que vous êtes ensemble, continua Louis. Neuf que vous vivez ensemble. Magdalena a pris une nouvelle nationalité, vous vous êtes lancés dans la reconstruction d'une maison sans qu'aucun des deux n'en n'ait vraiment marre de l'autre. Le temps passait, passait, passait... Et on commençait à se dire qu'on ne verrait jamais votre mariage.

— Mais ça y est ! Le jour-J est arrivé ! enchaîna Primaël. Martijn, tu as pris ton temps pour faire à Magda une demande qui vous ressemblait. Je me rappelle encore d'un dimanche matin où nous sommes allés courir tous les deux près de chez mes parents, et alors que l'on faisait une petite pause face à l'océan, tu as fini la bouteille d'eau d'une traite et m'as dit: « Je veux épouser ta sœur. ». J'espère que tu te souviens de ma réponse ?

— Bonne idée, se souvint Martijn.

— Exactement ! Je t'ai répondu « Bonne idée ». Parce qu'effectivement ça en était une. Une sacrée bonne et belle idée même. Je sais pas si, ce jour-là, tu me demandais ma bénédiction, mais en tout cas, ce jour-là, je te l'ai donnée.

— Martijn, reprit Garance. Tu es aussi un éternel grand romantique. N'essaies pas de nous faire avaler le contraire, on le sait. Et Louis nous a raconté plein de petites anecdotes très intéressantes. Dix ans que tu organises pour Magda des week-ends dans des contrées perdues parce que tu sais qu'elle adore voyager, ou du moins qu'elle adore voyager avec toi. Dix ans que tu lui organises des Saint-Valentin que certaines filles, ici présentes, voudraient bien connaître au moins une fois... Avis aux amateurs... Bref, tout ça pour dire que l'une des premières choses qui vous définit en tant que couple, c'est l'amour. Vous avez des étincelles dans les yeux quand vous parlez de l'autre et on vous envierait presque d'avoir trouvé la recette du couple idéal.

— Peut-être que ta bonne humeur et ton soutien à toute épreuve envers les gens que tu aimes y sont pour quelque chose, Magda, dit Erika en reprenant le micro. Tu as cette capacité de nous rappeler qu'il suffit de croire en ses rêves pour qu'ils se réalisent. Et aussi cette capacité de nous secouer quand on s'endort sur nos lauriers. Tu es aussi capable d'être une tante géniale, amoureuse de ton mari comme au premier jour, d'avoir un boulot que tu aimes et exerces avec passion et d'être une amie en or que je connais depuis... Et bien depuis vingt-huit ans. Ça ne nous rajeunit pas tout ça. Mais je pense que tout cela est surtout la preuve que tu sais entretenir les relations qui comptent et les histoires qui durent.

— Alors continuez votre si belle histoire, demanda Garance. Continuez de nous faire rire et rêver, de nous réunir dans de si beaux moments comme celui-ci. Nous avons été très heureux et fiers d'être vos témoins. Très heureux aussi de prendre la parole aujourd'hui et tous ensemble. On vous aime et on vous souhaite le meilleur pour la suite ! »

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