Chapitre 60 - Jour-J
Chapitre Soixantième
« Vous allez vous engager l'un envers l'autre. Est-ce librement et sans contrainte ?
— Oui, répondirent Magdalena et Martijn d'une même voix.
— Est-ce pour toute votre vie ?
— Oui.
— Dans le foyer que vous allez fonder, acceptez-vous la responsabilité d'époux et de parents ?
— Oui.
— Donnez-vous la main afin que devant tous ceux qui sont présents aujourd'hui, et en présence de Dieu, vous puissiez échanger vos consentements.
Les deux mariés s'étaient tournés afin d'être l'un face à l'autre.
« Magdalena, veux-tu être ma femme ?
X+X+X+X+X
« Je suis désolé de te déranger mais euh... est-ce que tu accepterais que je te dessine ?
— Pardon ?!
— Ouais, c'est un peu bizarre... Voilà, je suis étudiant en école d'art et je dois rendre un dessin pour demain. Et je me demande depuis tout à l'heure, si tu accepterais que je te dessine. T'auras rien de particulier à faire, en fait tu fais tout comme si je n'étais pas là.
— Si je dis non, tu fais quoi ?
— Mais tu vas pas me dire non, n'est-ce pas ?
— Tu sais que c'est très étrange ?
— Oui, je sais. Mais c'est la seule et unique fois où tu entendras parler de moi. S'il te plait ? »
X+X+X+X+X
Magda s'était allongée sur le ventre dans son lit. Elle consentit à se lever afin de noter les chiffres inscrit sur le carton et les rentrer dans son téléphone associé au nom « Inconnu ». Elle ouvrit son application de SMS et commença à écrire un message. Elle n'avait aucune idée de quoi écrire, alors opta pour un message des plus classique. Après tout, ils ne se connaissaient pas et il lui avait promis que jamais plus elle n'entendrait parler de lui.
De MAGDA:
Hallo :)
X+X+X+X+X
Magda regarda sa montre en arrivant sur Keizersgracht, ils avaient mis vingt-deux minutes précisément à relier l'aéroport et sa maison, ce qui n'était pas assez rapide selon elle. Après avoir payé, elle sortit du taxi, en cherchant ses clefs dans son sac. Le chauffeur s'occupa de sa valise, Magda le remercia et partit vers la porte d'entrée pendant que le véhicule faisait demi-tour. C'est quand elle releva enfin la tête de son sac, ses clefs dans la main, qu'elle le vit. Il était appuyé contre le petit escalier qui menait à la porte d'entrée, les yeux rivés sur son téléphone. Magda sourit en le voyant, elle avait eu un petit espoir qu'il soit là quand il lui avait demandé à quelle heure elle arrivait à Amsterdam, mais sa raison lui avait dit de ne pas trop rêver. Et pourtant Martijn était là.
X+X+X+X+X
« Tu te débrouilles pas mal Gelderman, murmura Magdalena après avoir écouté plusieurs minutes du jeu de guitare de Martijn. C'est même carrément bien.
-Merci.
-Martijn, reprit Magda sans bouger et après quelques minutes de silence. Tu veux pas me dire quelque chose que je ne sais pas sur toi.
-Que tu ne sais pas... Un secret ?
-Pas forcément. Un détail, une anecdote sur toi que tu ne m'as pas encore racontée.
-Je parle un peu le français, dit Martijn après quelques secondes de réflexion.
-Quoi ?! Mais pourquoi tu me l'as pas dit avant.
-Bah c'est pas fou non plus, hein. J'ai appris un peu à l'école.
-Tu sais dire quoi ?
-Euh... Je m'appelle Martijn. J'habite aux Pays-Bas, à Amsterdam. J'ai vingt ans.
-Ouais, et quoi d'autre ?
-Il n'y a pas de problème.
-Ça peut toujours servir comme phrase, t'as raison, sourit Magda. C'est tout ?
-J'aime bien manger. Merci beaucoup et Putain. »
X+X+X+X+X
« Action. Non, véri... »
Magda fut coupée par des lèvres qui se posèrent sur les siennes. D'abord surprise, il lui fallut un petit temps avant de laisser ses lèvres accompagner celles de Martijn. Elle sentit la main de ce dernier se glisser dans sa nuque, accrochant au passage quelques uns de ses cheveux blonds et approfondissant ainsi leur baiser. L'autre main de Martijn alla se poser dans le creux de ses reins, sous son tee-shirt. Elle laissa ses bras entourer le cou du jeune homme et ses doigts se perdre dans ses cheveux. Leur baiser durait, durait et Magda aurai aimé qu'il ne se termine jamais. Les lèvres de Martijn finirent pourtant par quitter les siennes mais ce n'était que pour tracer un chemin jusqu'à son cou qu'il continuait d'embrasser.
X+X+X+X+X
« Arrête de rire.
-Tu verrais ta tête, rit Martijn.
-Non, mais moi, j'étais pas prête psychologiquement à rencontrer ta mère.
-Elle est super gentille ma maman.
-J'ai pas dit le contraire. Mais moi, j'étais pas prête. En plus, j'étais pas censée être là. Je me suis sentie comme prise en flagrant délit de je-sais-pas-quoi. Bref, j'étais pas bien... Et arrête de sourire.
-T'es adorable, conclut Martijn. Bon, alors comme ça, t'as trouvé mon antre...
-Ton antre carrément.
-Personne ne rentre ici. J'aime pas trop.
-Ah ouais ? On peut sortir si tu veux.
-Non, non. Attends... Tu voulais voir mes tableaux, je vais t'en montrer. »
X+X+X+X+X
« Tu veux bien me dire encore une fois que tu m'aimes ? »
Magda regarda Martijn en souriant. Elle passa sa main dans les cheveux de son amoureux. Il la regardait fixement avec ses grands yeux bleus qu'elle aimait tant. Elle réduisit l'espace entre eux deux et murmura à son oreille.
« Je t'aime, Martijn Gelderman. »
X+X+X+X+X
Magda sentit le nœud derrière sa tête se desserrer et le foulard commencer à tomber.
« Bienvenue chez nous. »
La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux pour s'habituer à la luminosité de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Elle ne mit que quelques secondes à comprendre où elle se trouvait. C'était cet appartement dont elle rêvait depuis des semaines. Les mots de Martijn lui revinrent alors en tête.
« Chez qui ?
-Chez nous. »
X+X+X+X+X
« Marty ?
-Ouais ?
-Est-ce que tu m'aimes aussi quand je pue le vomis et l'alcool ?
-Oui.
-Tu m'aimes vraiment alors ?
-Oui.
-Vraiment, vraiment ?
-Vraiment.
-C'est cool. Parce que moi aussi je t'aime vraiment, vraiment. »
X+X+X+X+X
« Je voudrais me faire naturaliser. »
Magda avait lâché ça comme ça. Mais vraiment comme ça. D'un coup. Martijn avait reposé le jeu qu'il avait dans les mains sur l'étagère, par peur de le casser et s'était tourné, bouche bée, vers Magda.
« Hein ?!
-Je voudrais me faire naturaliser, réitéra Magda avec un soudain gain de confiance en elle.
-Pourquoi ?
-Parce que je veux qu'on partage quelque chose qui nous liera à vie. Je veux qu'on ait ce truc en commun. Je veux qu'on ait autre chose qu'un loyer en commun. Je veux que tu arrêtes de dire que je suis « ton amie française ». Parce que parfois, avec cette phrase j'ai l'impression d'être un peu à part.
- Et la vraie raison, c'est quoi ?
-Ce sont les vraies raisons !
-Magda... Je te connais... En vrai ? Pourquoi ça arrive maintenant ?
-Je veux te montrer à quel point je t'aime. »
X+X+X+X+X
Martijn se décala et aida Magda à rentrer dans la bâtisse en escaladant une des fenêtres qui n'avait plus de volets. À l'intérieur, il ne restait que deux murs qui séparaient la salle en deux dans toute sa longueur. On ne pouvait pas distinguer le sol tellement il était jonché de feuilles mortes.
« Ok, alors là, je sais que tu es en train de te dire que j'ai pété un câble.
-Tu n'as pas fait ce que je pense que tu as fait ?
-Ça dépend... Tu penses que j'ai fait quoi ?
-Martijn... T'as pas acheté ce truc ?
-Alors... Non.
-Ok... Tu m'as fait peur.
-Pas encore.
-Pas encore ?
-Écoute-moi avant de commencer à râler. Je sais que ce n'est pas du tout ce qu'on avait prévu. Parce qu'on a jamais prévu de déménager. Mais j'aimerais bien qu'on voie plus grand. J'aimerais qu'on ait un truc qui est à nous. Et puis mon père m'a parlé d'un truc en ruine qui cherchait acquéreur dans le Noord. Alors je suis venu jeter un coup d'œil et... je crois que je suis tombé amoureux de l'endroit. Regarde comment c'est beau, c'est calme, c'est reposant, lista Martijn en tirant Magda de l'autre côté de la bâtisse. On voit même les vaches dans le terrain d'en face. »
X+X+X+X+X
« C'est oui.
— Tu sais que j'avais prévu un super discours qui parlait des trois mille cent vingt-deux jours qu'on a passé ensemble.
— Marty...
— Ok. Je passe le discours, répondit-il en se penchant vers la table. »
X+X+X+X+X
« Magda ?
— Oui. Oui, je veux être ta femme. Et toi, Martijn, veux-tu être mon mari ?
— Oui, je le veux. Magdalena, je te reçois comme épouse et je me donne à toi pour t'aimer fidèlement tout au long de notre vie.
— Martijn, je te reçois comme époux et je me donne à toi pour t'aimer fidèlement tout au long de notre vie. »
Le prêtre adressa alors un tout petit signe à Silena et la petite fille qui s'était fait ré-expliquer son rôle une bonne centaine de fois pour être sûre de bien le faire, s'approcha avec un petit coffret transparent contenant les alliances. Le prêtre bénit les deux anneaux en or blanc avant que Magda ne saisisse délicatement la plus simple des deux bagues. Elle savait ce qu'elle s'apprêtait à dire, elle l'avait écrit il y a des semaines et elle l'avait répété des dizaines de fois depuis, elle savait aussi qu'elle allait s'exprimer sans micro, que seuls Erika, Garance, Primaël, Louis et Martijn l'entendraient distinctement, mais que seuls Louis et Martijn la comprendraient, car elle s'apprêtait à s'exprimer en néerlandais - petit détail dont elle avait voulu garder le secret jusqu'au dernier moment.
« Émile Zola a dit un jour: « Rien n'est jamais fini, il suffit juste d'un peu de bonheur pour que tout recommence ». Je n'ai jamais cru à cette citation. Je n'y ai jamais cru jusqu'à ce que mon chemin croise ton chemin, Martijn. Jusqu'à croiser tes yeux bleus, je pensais bêtement que pour moi, l'amour, le bonheur et toutes ces bêtises, c'était fini. Sauf que, parfois, on rencontre quelqu'un et on sait immédiatement qu'on veut passer sa vie avec cette personne ; parce qu'avec elle tout recommence. Ou plutôt... Tout commence. C'est ce qui nous est arrivé. Pour nous, tout a commencé il y a dix ans jour pour jour. C'était évident. Pour ma part, je ne l'ai pas compris tout de suite, mais mon cœur, lui, l'a toujours su ; et je pense que toi aussi, tu l'as toujours su. À tes côtés, je n'ai jamais l'impression de vieillir. Sûrement, car à tes côtés, je n'ai jamais de regret. Tous les jours, je me rends compte à quel point je suis chanceuse d'être la femme que tu as choisie pour partager ta vie. Sans toi, je sais que je ne vivrais pas le quart de la moitié du bonheur que je connais aujourd'hui. Alors bien sûr, nous avons eu des hauts et des bas. Mais je suis persuadée que lorsque les bas ne sont que de vagues souvenirs, c'est que le bon choix a été fait dès le début. Alors Martijn, si je suis, si nous sommes ici aujourd'hui, c'est pour prouver au monde, à notre monde, que nous avons su faire le bon choix il y a précisément dix ans de ça. Je t'aime Martijn. Je t'aime et je ne cesserais jamais de t'aimer. Quoi qu'il arrive parce qu'on est lié par quelque chose de si fort que même la mort ne pourra pas nous séparer. Je t'aime jusqu'à l'étoile à gauche de la Lune. »
Magda conclut sa dernière phrase en faisant glisser l'anneau au doigt de Martijn. Puis lui-même attrapa le deuxième anneau du coffret. C'était également un anneau en or blanc, mais la moitié avait été serti de petits diamants. Il s'éclaircit la voix avec un petit raclement de gorge et commença à parler ; lui avait choisi la langue de Molière.
« Quand je me suis lancé dans l'écriture de mes vœux, Louis, mon témoin ici présent, m'a gentiment conseillé de faire court parce qu'il sait à quel point je peux me mettre à parler des heures quand il s'agit de parler de Magda. Alors j'ai essayé plein de choses très différentes mais toujours trop longues, beaucoup trop longues. Donc pour faire court, j'ai décidé de résumer tous ces essais en une phrase. Magdalena, je t'aime. »
Il y eut un silence dans l'assemblée. Les quatre témoins et le prêtre attendaient la suite, parce que Martijn leur devait une suite, c'était un peu court quand même...
« Je t'aime. Je t'aime d'un amour si particulier qu'il m'est devenu impossible de vivre sans. Je sais que l'on dit deux choses sur le bonheur: déjà, on dit que le propre du bonheur est qu'il peut disparaître à la seconde. Il va falloir revoir cette définition parce qu'avec toi, j'ai plutôt l'impression que le propre du bonheur est qu'il peut durer toute une vie. La preuve, le nôtre va durer toute notre vie, et peut-être même après si on a de la chance. Mais ce qu'on dit surtout du bonheur, c'est qu'il existe autant de définitions qu'il existe de personnes. Soit près de huit milliards. Et je ne suis pas certain que les huit milliards d'êtres humains aient eu la chance de trouver leur définition du bonheur. Par contre ce que je sais, c'est que moi, j'ai eut la chance de trouver la mienne ; j'ai même eu la chance de la trouver assez tôt. Ma définition, c'est toi. Magdalena, tu es mon bonheur. »
Martijn avait dit ces derniers mots en fixant Magdalena du regard. Il avait toujours ses doigts entre les siens et il glissa précautionneusement la bague à l'annulaire gauche de la jeune femme.
« Magdalena et Martijn, vivez dans la joie, en vous aimant comme vous venez de vous le promettre. Vous pouvez embrasser la mariée, finit par autoriser le prêtre en adressant un sourire chaleureux et sincère au couple. »
Martijn passa alors le voile accroché à la tiare familiale par-dessus le visage de Magda. Le chignon flou, agrémenté de quelques perles blanches, que formaient les cheveux blonds de Magda fut recouvert de la tulle. Le sourire qu'ils s'adressèrent mutuellement à ce moment-là dissipa toutes les disputes et conflits que la préparation de cette journée avait pu engendrer. Tout était oublié. Martijn posa doucement ses mains autour du visage de Magda, et toujours en la regardant droit dans les yeux, il s'approcha doucement d'elle pour l'embrasser.
--- NDA ---
🐣❤️
Enfin.
Moi c'est un peu ce que je me suis dit quand j'ai fini de l'écrire.
Vous avez aussi ici l'explication d'une des questions que je vous avais posé à la fin de Café & Bicyclette: vos passages préférés de l'histoire de Magda et Martijn. J'ai tenté de les respecter mais j'ai avais beaucoup et j'ai dû faire un choix....
J'espère que ça vous a plu. Donnez moi vos retours !!!
Je vous aime <3 et on se retrouve dimanche !!! 🐥❤️
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