Chapitre Sixième - Partie I

« Martijn, tu veux pas qu'on sorte ce soir ?

-J'ai pas très envie.

-Moi, je pense que ça va te faire du bien. »

    Louis se pencha sur le sac d'habits que son ami avait ramené de chez lui depuis qu'il avait élu domicile dans son salon. Il en sortit un sweat noir qu'il jeta vers Martijn, avachi sur le canapé.

« Debout ! On sort.

-Louis... Tu vas te trouver une meuf et pas moi. Je vais noyer mon chagrin dans l'alcool et ça va mal finir.

-Mais non. T'en fais trop là. Allez, enfile ça et on va trouver un bar où commencer la soirée. »

X+X+X+X+X

    Louis avait réussi à faire céder Martijn et ils avaient commencé leur soirée dans un bar où Sam les avait rejoints. Ils avaient enchaîné deux autres bars avant de finir en boite de nuit. Sam les avait menés vers une table libre qu'il avait repérée en entrant.

« Vous voulez quoi à boire ?, demanda Louis. C'est à mon tour de payer ma tournée.

-Mojito, commanda Sam.

-Oh ! Comme moi ! s'exclama Louis.

-Tu bois que ça, fit remarquer Sam.

-Ouais, c'est vrai. Marty ? Sex On The Beach ?

-Non.

-Mais t'adores ce cocktail ! Tu prends toujours ça !

-C'est aussi le préféré de Magda. Je veux pas en prendre ce soir.

-Vous vous êtes séparés ou quoi ? finit par demander Sam. J'ai l'impression que tu veux plus entendre parler d'elle...

-Non, non, le rassura Martijn. C'est compliqué.

-Ils sont en « break », ajouta Louis en mimant des guillemets avec ses doigts sur le dernier mot.

-Ça pue...

-Mais vos gueules ! s'énerva un peu Martijn.

-Ok... Bon je vais te prendre un truc à base de vodka. T'énerve pas. »

    Louis s'éloigna de la table où se trouvaient les deux garçons pour aller vers le bar de la boîte de nuit. Il dut attendre plusieurs minutes avant que le barman ne vienne prendre ses commandes.

« Tout ça pour toi ? »

    Louis se retourna. Il connaissait cette voix, mais il n'arrivait pas à y associer un nom.

« Laura ?!

-J'étais pas sûre que ça soit toi avec la lumière, sourit l'ex petite-amie de Louis devant son air surpris. J'aurais eu l'air conne si je m'étais plantée.

-Mais qu'est-ce que tu fais là ?

-Je sors dans les bars sympas. Comme tu me l'as appris. Je suis rentrée d'Australie y a deux semaines. J'ai passé trois mois là-bas et j'avais besoin de me rappeler comment on faisait la fête ici. Je suis hyper contente de te voir.

-Moi aussi. Je suis super content. Je te paye un verre ?

-Vas-y, sourit Laura en demandant un autre verre au barman. Alors qu'est-ce que tu deviens ?

-Pas grand-chose. Toujours photographe. Je me suis installé dans une boutique en centre-ville avec Oscar et ça marche plutôt bien. On est content. Bref, une petite vie tranquille. Et toi ? Qu'est-ce que tu faisais en Australie ? T'organises des mariages jusque là-bas ?

-Hé oui. Quand on me paye pour, j'organise des mariages au bout du monde, sourit Laura. Mais ce sont de longues histoires.

-J'ai toute ma soirée.

-Pas de copine qui t'attend ? demanda Laura en désignant les deux verres qui attendaient sur le comptoir.

-Oh non... Personne. Pour te donner une idée, mon chat a une vie sentimentale beaucoup plus palpitante que la mienne en ce moment. Ce sont les verres de Martijn et Sam.

-Ils sont là aussi ?! Je serais ravie de les voir.

-On a une table par là. Tu veux passer ? Ou t'as peut-être des amis avec toi ?

-Non, ils m'ont lâchée il y a quelques heures déjà, rit Laura.

-Ils ont osé abandonner une aussi belle fille.

-Arrête Louis.

-Quoi ?! C'est vrai. T'as pas changé. T'es toujours aussi belle.

-On va rejoindre les gars ? coupa Laura en attrapant son verre et un des deux qui avaient été laissés sur le comptoir.

-C'est par là. »

    Louis lui désigna une table sur leur droite.

« Il est où Martijn ? demanda-t-il en remarquant tout de suite l'absence de son ami à la table.

-Il est parti danser avec une fille.

-Quoi ?! Tu l'as laissé partir ? Mais il est bourré et déprimé !

-Bah... Vous m'avez dit qu'il était plus avec Magda. Je vais pas l'en empêcher, c'est un grand garçon.

-Magda et Martijn ? C'est fini ?

-Mais non ! Non, c'est pas fini. On n'a jamais dit ça. T'es vraiment trop con... »

    Louis se retourna vers la piste de danse. Il essayait de trouver Martijn, mais il y avait beaucoup de monde et peu de lumière. Il s'avança un peu dans la foule. Il savait que Martijn avait déjà trop bu, et il n'avait pas le moral. Pas du tout le moral. Ce qui rassemblait tous les ingrédients pour qu'il fasse une connerie. D'habitude, dans ces cas-là, c'est Magda qui veillait lui. Là, il n'y avait pas Magda et Louis avait un mauvais pressentiment, alors il préférait vraiment avoir Martijn à l'œil. Il finit par le trouver en train de danser avec une fille qu'il ne connaissait pas. Et Louis était pour les rencontres en boîte de nuit - après tout, il avait rencontré toutes ses dernières ex comme ça - mais il était hors de question que Martijn fasse une connerie, bourré avec une fille trouvée n'importe comment. Sauf que Louis arriva trop tard. Parce que quand il arriva un peu plus près des deux danseurs, Martijn se détachait de la jeune fille en la repoussant assez fermement quand cette dernière lui réclamait un second baiser. Louis devait bien avouer qu'il était assez fier de son meilleur ami à ce moment-là. Il entendit vaguement Martijn s'excuser et s'éloigner définitivement d'elle. C'est comme ça que les deux garçons se retrouvèrent face à face en plein milieu de cette boîte de nuit qui puait la transpiration, l'alcool et quelques relents de vomi quelque part.

« Martijn...

-File-moi les clefs. Je rentre.

-Mar...

-File-moi les clefs putain ! »   

    Voyant que Louis ne réagissait pas, Martijn prit l'initiative de prendre les clefs dans la poche du jean de son ami de lui-même et il sortit de la boîte. Louis l'appela encore une fois, mais il ne se retourna pas. Le jeune homme blond retourna à leur table.

« J'ai merdé là... Non ? fit Sam avec une toute petite voix.

-Toi. Ta gueule. Je te jure. Ferme-la et fais-toi tout petit pendant quelques jours. Ça vaut mieux. Faut que j'y aille. Laura... Je suis désolé...

-C'est pas grave.

-T'as toujours le même numéro ?

-Euh... Non... Attends... »

    Laura attrapa un feutre dans la pochette qui lui servait de sac pour la soirée et griffonna son numéro sur le bras de Louis.

« Rappelle-moi quand ça ira un peu mieux.

-Je fais ça, répondit Louis avant de l'embrasser sur la joue. Salut ma belle.

-Salut Louis.

-Je vais me faire défoncer, ne cessait de répéter Sam alors que Louis sortait aussi de la boîte.

-Mais non, le rassurait Laura.

-Mais si. C'est la règle entre nous. On vérifie qu'on ne fait pas trop de connerie dans les soirées comme ça.

-Mais il ne s'est rien passé de grave. Louis est un peu énervé, mais tu le connais comme moi. Ça ne va pas durer. T'en fais pas. »

X+X+X+X+X

« Allo ? Louis ? fit Magdalena avec une petite voix.

-Hey ! Salut ! Comment tu vas ?

-Ça peut aller.

-C'est pas beau de mentir.

-Si, si. Ça va. T'inquiète pas.

-Ok. Pourquoi tu m'appelles alors ?

-Comme ça. Pour avoir des nouvelles. Pour que tu me remontes un peu le moral.

-Ah ouais ? Et bah ça va, ça va. Oh ! Et tu devineras jamais qui j'ai croisé en boite hier !

-Dis-moi, sourit Magda en entendant l'impatience de Louis.

-Laura ! Elle est revenue aux Pays-Bas y a deux semaines, et on s'est retrouvé complètement par hasard. J'étais super content et je crois qu'elle aussi.

-Je serais vraiment contente de la revoir.

-Je te passerai son numéro. C'est vraiment uniquement pour que je te remonte le moral que tu m'appelles ?

-Oui.

-Magdaaaaaaa... »

    Magdalena, qui était toujours allongée sur son lit, tourna sa tête vers la fenêtre de sa chambre.

« Magda ? T'es toujours là ?

-Oui. Oui. Je suis toujours là. Louis ?

-Oui ?

-Comment il va ?

-Comme toi. Pas au top. Peut-être même en pire.

-Tu l'as vu y a pas longtemps ?

-Il dort à mon appartement en ce moment. Donc ouais.

-Il est là ?

-Ja... Maar niet.

-S'il te plaît, Louis... Passe-le moi...

-Nee.

-Louis !

-Nee !

-Louis...

-Ne pleure pas Magda... Pleure pas parce que sinon je vais finir par céder. Et c'est pas le but. Tu le revois samedi ; et samedi, c'est dans deux jours.

-Tu viendras me chercher à l'aéroport ? Il m'a dit qu'il ne viendrait pas.

-Oui, bien sûr. Je serai là.

-Merci Louis. Et dis-lui d'appeler Sissi. Elle veut lui parler.

-Je vais lui dire. Il faut que t'appelles Sissi. »

    Magda réussit à distinguer la voix de Martijn dans le combiné et son cœur se serra après avoir raté un battement.

« Il l'appellera demain. Nee Martijn ! Il faut que je te laisse: il m'agresse presque. Tu peux me rappeler quand tu veux, ok ?

-D'acc'. Merci Loulou.

-Ça va déjà mieux donc. Bisous Magda. »

X+X+X+X+X

« Hey ! Salut ! Comment tu vas ? fit Louis en décrochant son téléphone.

-C'est qui ? demanda Martijn assis dans le canapé à côté de son ami.

-C'est pas beau de mentir, continua Louis en ignorant son ami. ... Ok. Pourquoi tu m'appelles alors ? ... Ah ouais ? Et bah ça va, ça va. Oh ! Et tu devineras jamais qui j'ai croisé en boite hier ! »

    Martijn sourit en entendant l'impatience dans la voix de son ami. Il le charria en faisant un cœur avec ses doigts devant le visage de Louis. Ce dernier frappa sur le cœur en fronçant les sourcils.

« Laura ! Elle est revenue aux Pays-Bas y a deux semaines, et on s'est retrouvé complètement par hasard. J'étais super content et je crois qu'elle aussi. ... Je te passerai son numéro. C'est vraiment uniquement pour que je te remonte le moral que tu m'appelles ? ... Magdaaaaaaa... »

    A l'entente du prénom de Magdalena, Martijn s'était redressé sur le canapé et regardait Louis avec de grands yeux, quelque peu implorants. Louis ne savait pas trop ce qu'il devait y voir. De la tristesse ? Avec une dose de désespoir ?

« Magda ? T'es toujours là ? ... Oui ? ... Comme toi. Pas au top. Peut-être même en pire. ... Il dort à mon appartement en ce moment. Donc ouais. ... Ja. Maar niet. ... Nee. ... Nee ! »

    Louis s'était levé du canapé à cause de Martijn qui commençait à vouloir lui prendre le téléphone des mains.

« Ne pleure pas Magda... Pleure pas parce que sinon je vais finir par céder. Et c'est pas le but. Tu le revois samedi ; et samedi, c'est dans deux jours. ... Oui, bien sûr. Je serai là. ... Je vais lui dire. Il faut que t'appelles Sissi.

-Je vais l'appeler demain.

-Il l'appellera demain.

-Passe-la moi.

-Nee Martijn ! Il faut que je te laisse: il m'agresse presque. Tu peux me rappeler quand tu veux ok ? ... Ça va déjà mieux donc. Bisous Magda.

-Pourquoi t'as raccroché ?

-Tu rigoles ? C'est toi qui lui as demandé à ce que vous ne vous parliez pas pendant une semaine.

-Je sais... Je voulais juste l'entendre. Louis... Je sais plus vivre sans elle.

-C'est pas ce qui m'a semblé hier soir... »

    Au rappel de la soirée de la vieille, Martijn se laissa tomber de nouveau dans le canapé. Son regard se perdit dans le vide et, pour être sûr de ne pas perdre l'attention de son ami, Louis s'assura de bien rester dans son champ de vision.

« Elle avait son parfum, finit par lâcher Martijn. La fille dans la boîte. Elle avait le même parfum que Magda. J'ai... J'ai imaginé que c'était elle. C'est elle qui me manque.

-Crois-moi si tu veux, mais, à mon humble avis, tu lui manques aussi.

-Par contre, elle ne doit jamais savoir ce qui s'est passé hier. Ok ?

-Il faut que tu lui en parles Martijn. Tu lui reproches de te mentir et toi tu vas lui cacher ça. C'est pas réglo...

-Ça n'a rien à voir !

-Fais comme tu veux, répondit rapidement Louis qui ne voulait pas partir dans une dispute avec son ami. Je te donne juste mon avis. Tu vas aller la chercher à l'aéroport samedi ?

-Je sais pas... Elle t'a rien dit pour moi ?

-A part Sissi, non. C'est qui Sissi ?

-Sa nièce, soupira Martijn. Pizzas ce soir ?

-Encore ? On bouffe ça tous les soirs depuis que t'es ici !

-Je déprime Louis ! Je sais plus où j'en suis dans ma vie et la seule chose dont je suis sûr c'est que je veux des pizzas.

-Tu veux pas que j'aille nous chercher du McDo pour changer ? »

    Martijn se mit à regarder Louis avec ses touts petits yeux de chien battu.

« Tu comptes convaincre qui là ?

-Toi ! Quand je fais ça à Magda, elle cède direct.

-Ok. Mais je ne suis pas ta meuf. Donc ce soir, c'est McDo. »