Chapitre 59 - La Liste

Chapitre Cinquante-Neuvième

Wat ik van Magdalena J. P. Valencourt's door Martijn G. Gelderman

Je ne sais pas trop à qui écrire cette lettre ? Qui la lira un jour ? Nos enfants ? Nos petits-enfants ? J'aime bien cette idée... Ou peut-être que tu seras la seule à jamais lire cette liste ma Magda...

UN: Magdalena, je t'ai toujours trouvé intelligente et cultivée. Ok. T'as le droit de trouver que c'est des qualités hyper bateau. Parce que tu as raison, ce sont des qualités hyper bateaux, mais le fait est que tu l'es et je trouve ça plutôt très mignon. J'aime le fait que tu n'étales pas ta culture au premier public venu car, comme tu aimes si bien le rappeler, la culture, c'est comme la confiture. Moins t'en as plus tu l'étales. J'aime ta façon de raconter l'Histoire (la grande histoire) tu pourrais rendre le plus réfractaire amoureux de l'Histoire de France. Et j'aime que quand tu travailles, tu mettes tes lunettes. Je trouve que les lunettes rondes te vont superbement bien et je ne te l'ai jamais dit, mais je te trouve super sexy quand tu les chausses et que tu rehausses tes cheveux en un chignon dont des mèches tombent sur tes épaules. Je peux te regarder des heures en imaginant mille façons de te décoiffer (et la plupart du temps cela implique un déshabillage complet des deux protagonistes).

DEUX: Magdalena, tu es drôle. Ok. C'est toujours un cliché ultra classique. Mais je te jure que tu peux l'être et la plupart du temps, tu ne t'en rends même pas compte. Tu me fais rire, Magda. Tu me fais rire quand tu es naturelle, que tu ne réfléchis plus à ce que tu dis ou ce que tu fais. Tu le fais que ça se finisse bien ou non d'ailleurs. Tu me fais rire lorsque tu te rends compte que ça va mal finir, lorsque tu me cherches tu regardes en espérant que je puisse sauver la situation. Tu me fais rire quand tu chantes sous la douche en mettant un point d'honneur à chanter faux. Tu me fais rire quand tu traînes sur Instagram le dimanche matin en attendant que je me réveille et que tu commentes toutes les photos que tu vois passer. Tu me fais rire quand tu conduis et que tu parles aux conducteurs des autres voitures comme s'ils pouvaient t'entendre. Tu me fais aussi rire quand tu les insultes. Bref, tu me fais rire, Magda.

TROIS: Magdalena, tu es quelqu'un de loyal. Extrêmement loyal même, et en particulier quand il s'agit d'amitié. Il est pour toi totalement impensable de laisser un de tes amis sur le bord de la route, et encore moins de le trahir. Je pense que cela vient d'une chose que tu as très rapidement compris et qui reste très important à tes yeux. Je sais que pour toi, l'amitié est bien plus importante que l'amour ; et je pense de plus en plus que tu as raison. C'est sûrement pour ça qu'il est pour moi autant impensable de te perdre. Tu es ma meilleure amie et mon grand amour, tu es donc légitimement la personne qui m'est la plus importante dans mon quotidien. Je te connais depuis presque trois ans et plus aucune de mes décisions ne peut être prise sans ta concertation.

QUATRE: Magdalena, tu n'es pas quelqu'un de rancunier. Attention, tu t'énerves vite et fort, je pense qu'on se mettra d'accord sur ce sujet. D'ailleurs, quand tu t'énerves, sache qu'il y a toujours une mèche qui s'échappe de ta tresse et qui te tombe devant les yeux. Tu passes ton temps à la replacer derrière ton oreille entre deux grands gestes censés me faire comprendre que tu as raison. Mais je dois t'avouer aujourd'hui que j'ai toujours envie d'entortiller ces quelques cheveux autour de mes doigts et de jouer avec. Je crois que voir que je ne suis pas vraiment concentré sur ce que tu me dis t'énerve encore plus. Lors d'une dispute, en général, tu cries un bon coup, tu t'isoles histoire de te calmer et reviens en t'excusant si tu as eu tord. Parce que tu es aussi quelqu'un qui sait reconnaître ses erreurs (la plupart du temps). Tu n'en voudras jamais à tes amis ou ta famille (surtout ta famille d'ailleurs) et ce quoi qu'ils puissent faire ou dire, parce que l'amour que tu peux leur porter est bien plus fort que n'importe quelle dispute que vous pourriez avoir.

CINQ: Magdalena, tu es quelqu'un qui aime passionnément. Ce qui fait sûrement de moi l'une des personnes les plus chanceuses du monde (oui, je fais dans la demi-mesure aujourd'hui). Déjà parce que j'ai eu la chance de croiser ton chemin ce jeudi d'octobre et puis surtout car tu m'a laissé m'approcher de toi. Quand je t'ai rencontrée, tu étais un peu brisée ma Magda et loin de moi, l'envie de jouer aux infirmiers, c'est juste que j'ai toujours pensé que tu méritais tout le bonheur du monde et qu'il fallait que je fasse ce qu'il fallait pour que tu sois heureuse. Je n'ai jamais vraiment pensé au fait que tu n'aies pas forcément envie de partager ce bonheur avec moi, parce qu'au fond, tu aurais pu faire ce choix. Mais Dieu merci, tu ne l'as pas fait. Tu m'as accepté. Tu m'as laissé m'approcher. Tu m'as fait confiance. Et surtout, tu nous as laissé une chance pour nous aimer. Passionnément. Jusqu'à l'étoile à gauche de la Lune. Et je veux que tu saches que je t'aimerais toute ma vie, même si ça ne suffira sûrement pas.

SIX: Magdalena, tu es quelqu'un de généreux. Quand il s'agit des gens que tu aimes, tu ne comptes pas vraiment. Pas du tout même. Je pense que tu pourrais donner ce que tu n'as pas et plus encore pour tes amis, pour les sauver, pour les aider et les sortir de la galère. Et quand tu vois que tu ne pourras malheureusement pas les aider avec ce que tu as, tu cherches toutes les solutions possibles pour qu'ils s'en sortent. Je pense que cela vient du fait que tu aimes passionnément.

SEPT: Magdalena, tu sais ce que tu veux dans la vie. Tu es ambitieuse Magda. Tu ne fais jamais les choses en attendant de voir où cela va te mener. Non. Toi, tu fais les choses pour te mener là où tu veux aller. Mais j'aime le fait que tu n'es pas prête à tout pour ça. Quand on parle d'ambition, on pense souvent aux personnes prêtes à tout pour arriver au plus haut niveau. Je pense sincèrement que c'est une vision on ne peut plus réduite des choses. Pour moi, il y a des gens ambitieux qui ne visent pas forcément le plus haut niveau et qui ne vendraient pas leur âme au diable. Des gens comme toi. Des gens qui ne visent que le bonheur, des gens attentionnés qui tentent de ne blesser personne. Tu es une ambitieuse empathique, Magda.

HUIT: Magdalena, tu es courageuse. Je pense que ça rejoint beaucoup le point du dessus, mais ça méritait tout de même un point à part entière. J'ai souvent l'impression que tu ne te rends pas compte de ta force. Magda, je te le dis aujourd'hui, tu es définitivement l'une des personnes les plus courageuses que je n'ai jamais rencontrées. Même moi, je m'en rends compte. Je me rends compte que tu es assez courageuse pour avouer avoir besoin d'aide. Je me rends compte que tu es assez courageuse pour porter plainte contre l'homme qui t'as fait tant de mal, assez courageuse pour oser l'affronter en face, assez courageuse pour parler de ce que tu as vécu à tes proches. Assez courageuse pour sourire après tout ce que tu as pu vivre. Tu es courageuse Magda, et si tu avais une seule infime idée d'à quel point je suis fier de toi...

NEUF: On en arrive au point le plus important, qui ne serait peut-être pas qualifié de qualité par le commun des mortels mais... Magda ! Mon Dieu ce que tu cuisines bien !! Et avec un cordon-bleu dans mon genre, c'est vraiment le rêve d'avoir une cuisinière comme toi qui accepte de partager sa vie et ses repas avec moi.

DIX: On va finir par ça car c'est pour moi l'une de tes plus grandes qualités. Tu m'aimes. Tu m'aimes. Toi aimer moi (et moi aimer toi). Je ne pense pas que je me lasserais d'écrire ces trois mots un jour. Et si un jour, tu dois lire ces quelques mots, je les utiliserais pour te montrer que je te suis reconnaissant de me laisser exister pour toi, parce qu'il n'y a pas de plus belle manière d'exister dans ce monde. Depuis que je t'ai rencontrée Magdalena, je sais que quelqu'un m'attend quelque part, que quoiqu'il m'arrive j'aurais toujours un chez-moi parce que mon chez-moi, c'est toi. Je sais aussi que quelqu'un a besoin de moi, que quelqu'un compte sur moi et surtout que je compte pour quelqu'un. Je n'avais jamais ressenti tout ça avant toi (ceci dit, je n'avais pas ressenti grand-chose avant de te rencontrer, que des essais pas très fructueux), et j'espère sincèrement que j'arrive aussi à te faire sentir aussi spéciale parce que c'est vraiment extraordinaire et parce que tu le mérites. Tu es spéciale, Magdalena. Tu es spéciale et je t'aime.

Voilà. Tu voulais une liste de dix qualités ? J'en ai choisi dix, mais la vérité est que plus j'écrivais plus j'en avais de nouvelles à te démontrer. Magda, j'aimerais tellement que tu te voies comme je te vois et que tu aies foi en toi comme moi j'ai foi en toi. Ne pense pas un seul instant que tu mérites ton malheur et démérites ton bonheur, parce que c'est faux. Tu mérites tout ton bonheur, ne l'oublie jamais. Et si un jour, l'Univers doit s'expliquer sur nos destinées, j'espère que sa réponse sera que chaque épreuve n'était là que pour nous rapprocher encore un peu plus.


Magdalena replia correctement la page de papier et la remit sur le piano de sa grand-mère. Elle avait demandé à Martijn de lui laisser sa liste pour aujourd'hui. Pour le grand jour. Celui où elle allait paniquer. Et franchement, elle ne pensait qu'elle aurait réussi à garder son calme aussi longtemps.

Ce matin, Erika était venue lui dire de se lever. Elles avaient pris le petit-déjeuner qu'Agnès leur avait préparé. Prim', Baptiste et Charlie étaient descendus tous les trois et comme avait fait remarquer Charlie: « Ça sentait presque les vacances. ».

Puis la coiffeuse et la maquilleuse avaient débarqué avec Laura et la préparation avait commencé. Tout avait été déplié dans la salle à manger des Valencourt et le fait d'être dans cette maison qu'elle connaissait si bien rassurait déjà pas mal Magda. Mais une fois habillée, coiffée, maquillée, elle leur avait demandé un peu de temps seule. Ils avaient tous respecté son choix et Magda avait ressorti la liste. La liste de Martijn. Celle qu'elle avait cachée sous son tas de partitions au début de la journée - après qu'elle ait passé des jours et des jours dans son carnet bleu. Parce que toute seule devant son miroir et dans sa belle robe blanche, assise sur le tabouret du piano, elle devait bien avouer qu'elle avait un peu paniqué... La lecture lui avait fait du bien.

« Prête ? »

C'était la voix de Matthieu dans son dos. Magda se retourna vers son père, habillé par son costume tout neuf et acheté juste pour l'occasion, il l'attendait à côté de l'escalier.

« Magda ? Il faut y aller maintenant... Tu es prête ? »

— Oui, répondit-elle avec aucune hésitation dans la voix. On peut y aller. » 

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