Chapitre 58 - Dernière Nuit

Chapitre Cinquante-Huitième

Samedi 3 octobre 2026 - J-4 = H-96

On se marie dans quatre jours ! Quatre jours ! Quatre jours !! Quatre !!! Là, on est dans l'avion qui nous emmène chez mes parents. Laura y est depuis jeudi pour commencer à tout organiser au château. Comme il n'y a pas de mariage le week-end avant le nôtre, ils nous laisse tout mettre en place bien en avance, et Laura supervise. Du coup, moi, je fais rien. Enfin si... On a été au restaurant avec tout le monde mardi dernier et les filles avaient vu avec ma mère pour m'offrir des soins dans un institut en France. Donc j'ai trois soins/massages à faire avant le grand jour. Trop mignon.

Bon comme j'ai une heure et demi à tuer, je vais faire une liste. La liste des choses qui ont changé pour moi à 96h du mariage (et ce qui a changé ces douze derniers mois en fait):

- Déjà, je compte tout en heures voir en minute. Tout. Genre là, on a 95min d'avion. On se marie dans 96 heures. Quatre-vingt seize putain !

- Dès que mes élèves me posaient des questions, je pensais mariage et wedding cake.

- J'ai Shaazam de branché H24 comme ça dès qu'une musique passe à la radio et qu'elle nous plaît... Pouf ! Direct dans la playlist. 

- Non. Non, 1000 morceaux pour une playlist ce n'est pas trop. Non.

- Jusqu'à notre montée dans l'avion, j'ai surveillé tous les faits et gestes de Romy ou Erda pour trouver le moindre petit indice d'un enterrement de vie de jeune fille inopiné. Elles étaient les plus susceptibles d'en organiser un même si j'avais bien précisé (et sans message caché) que je n'en voulais pas. 

- Ma conscience me dit « Magda ! Mange équilibré sinon, tu ne rentreras jamais dans ta robe » et mon estomac me dit « Oh ! Magda ! Un fondant au chocolat !! » J'écoute plus mon estomac que ma conscience, mais aux derniers essayages, je rentrais pile dans ma robe. C'était parfait.

- Pour la seule et unique fois de ma vie, j'ai pu sortir l'excuse « je peux pas, j'ai cours de danse ». Je sais toujours pas danser. 

- Ma nouvelle application préférée est celle de Météo France. Je savais même pas qu'on pouvait consulter les archives météorologiques. Après, je sais pas si c'était l'idée du siècle d'aller regarder parce que grâce à ça, j'ai appris qu'en octobre 1987, il y a eut une tempête avec des vents à 110/120 km/h... Pas top pour les coiffures ça...

- Je bouffe de la levure de bière depuis des semaines en espérant que mes cheveux gagnent encore 15cm en trois jours. En vrai... C'est jouable.

- J'ai tellement de grosses poches sous les yeux que j'aurais pu les faire passer en bagages à main pour l'avion. C'est horrible. Mais Laura m'a trouvé une super maquilleuse/coiffeuse qui a accepté de faire le voyage jusqu'en France. Enfin vu le prix qu'on la paye, j'ai envie de dire heureusement qu'elle a fait le déplacement. 

- J'ai des envies de meurtre sur toutes les personnes qui osent me dire: « Ça va ? Ça se passe comme tu veux ? Tu as besoin d'aide » Non. Ta gueule.

- J'ai des envies de meurtre sur toutes les personnes qui osent me dire: « Bon ça y est ? T'as fini ? Il doit pas rester grand-chose à faire, hein ? ». Si. Ta gueule aussi.

- J'ai des envies de meurtre sur toutes les personnes qui osent me dire: « Dis, est-ce que tu as le site de la société de bus ? Ou un numéro pour les taxis ? » ou « Tu pourrais me réserver un hôtel ? » ou pire ! « Oh... Magda ! Tu pourrais venir me chercher à l'aéroport mardi ? J'atterrie à 10h04. ». Bah. Non pour le site. Non pour le numéros des taxis. Non pour l'hôtel. Non pour l'aéroport. Non, je peux pas. Vos gueules. 

- Alice m'a filé des gélules de ... *cherche son petit pot dans son sac* ... De rhodiole pour lutter contre la fatigue lié au stress. Entre ça, la levure de bière pour mes cheveux et les tisanes de Laura, j'ai l'impression d'être un coureur sur-dopé du Tour de France. 

- J'ai l'impression d'être comme Alexandre quand on est dans la voiture pour de longs trajets. « C'est quand qu'on arrive ? ... C'est bientôt l'arrivé ? ... C'est loin où qu'on va ? ... C'est bientôt que je pourrais faire pipi ? ». J'aime mon neveu, mais parfois... 

- J'ai même plus la foi d'écrire la liste de tout ce qui reste à faire. Ça va me démoraliser.

- Ma boîte mail est remplie de spam puisque j'ai laissé mon adresse mail sur plein de sites spécialisés. Note à moi-même: me désinscrire de toutes les newsletters dès jeudi !!!!

- Je dors pas bien. Enfin non... C'est pas tout à fait exact parce que ne pas bien dormir sous-entend déjà que je m'endors alors que pas tellement en fait (cf. le point qui parle des poches sous les yeux).

- Martijn dort encore dans l'avion (parfois, j'ai vraiment l'impression qu'il dort pour deux) comme si de rien n'était et moi, je me dis que oui. Oui ! Ça sera lui ! Dans 95h.

X+X+X+X+X

Martijn et Magda se partageaient le transat au bord de la piscine. Il était bientôt minuit, tout le monde était parti se coucher. Agnès avait dit à sa fille d'aller se coucher rapidement parce que demain elle se mariait, elle avait répondu « oui, oui » mais n'avait pas bougé pour autant. Les bras de Martijn étaient beaucoup trop rassurants et confortables. Puis, c'est Anouk qui était venue leur souhaiter une bonne nuit, elle s'était retenue de leur conseiller une bonne nuit de sommeil et ils leur en étaient reconnaissants puisque de toute façon, ils n'auraient surement pas pu suivre ses conseils.

Le temps passait et de plus en plus d'étoiles se reflétaient dans l'eau devant eux.

« T'as les cheveux tout doux ? murmura Martijn en passant son nez sur la tête de Magda.

— C'est parce que j'ai fait un masque de je-sais-pas-quoi sous les conseils de ma Super Coiffeuse.

— Les amoureux ? les interpella soudainement la voix Erika. »

Ils tournèrent la tête vers la petite terrasse à leur droite pour voir Louis et Erika qui les observaient à moitié cachés par le mur de la maison.

« Il est tant d'y aller là...

— Il faut que vous vous reposiez parce que demain soir on ne va pas dormir, prévint Louis. C'est pas au programme. »

Magda fit une petite moue et se colla encore plus contre Martijn. C'était elle qui avait proposé qu'ils ne passent pas leur dernière nuit ensemble. Louis en avait profité pour réserver une chambre dans un bel hôtel à côté de la maison pour Martijn et lui. Voyant qu'aucun des deux ne réagissait, Erika se détacha pour aller détacher elle-même Magda des bras de son fiancé.

« Au lit, señorita.

— Je vais pas réussir à dormir...

— Arrête ! On dirait ma fille ! rit Erika en la soulevant.

— Erika... grogna Magda en finissant tout de même à se tenir sur ses deux pieds.

— Un dernier bisou à ton amoureux et on va au lit.

— Comment ça « on » ?

— Je dors avec toi. Et Louis dort avec Martijn. Zéro chance pour vous de vous retrouver cette nuit. Va faire un bisou et au lit ! »

Magda tira la langue à sa témoin puis se retourna vers Martijn qui n'avait pas bougé du transat. Elle se pencha vers lui pour l'embrasser tandis que Louis, resté un peu à l'écart, s'amusait à siffler afin de rendre la situation la plus gênante possible. Ça eut le mérite de détendre l'atmosphère et de faire rire les quatre personnes présentes. Puis les futurs mariés se détachèrent enfin, après quelques « je t'aime » de murmurés juste pour eux, et Magda suivit Erika vers sa chambre à l'étage.

« Tu veux que je prenne sa place et qu'on se fasse un gros câlin ? proposa Louis.

— Prends le transat d'à côté. Je préfère, fit Martijn en rapprochant ledit transat du sien. T'as pas les cheveux qui sentent la noix de coco, toi.

— Ah non... Déso, rit Louis en s'asseyant à cheval sur le siège qui avait été rapproché pour lui.

— Y a une heure pour aller à l'hôtel ?

— On a plus seize ans Marty. Les couvre-feux, c'est plus de notre âge.

— Comme si on les avait respectés un jour... »

Les deux amis d'enfance se regardèrent et se mirent à rire en repensant à tous les vendredis soirs où Anouk leur demandait de toujours rentrer avant une heure du matin, et où, en général, ils n'étaient pas rentrés avant sept heures. La plupart du temps, ils passaient la porte d'entrée, trouvaient Gregor qui commençait à peine son petit-déjeuner et qui leur conseillait vivement de monter se coucher avant qu'Anouk se réveille. Après qu'ils eurent fini de rire, Louis se leva soudainement de son transat pour s'asseoir au bord de la piscine, les pieds plongés dans l'eau.

« Elle est pas un peu froide ? »

Le grand blond se contenta de hausser les épaules comme toute réponse.

« Ça va Loulou ? »

Il hocha la tête.

« Vas-y. Accouche. »

Il y eut un blanc entrecoupé par les clapotis de l'eau que les mouvements de pieds de Louis provoquaient.

« Rika a un mec.

— Comment tu peux le savoir ? C'est toi ?

— C'est pas moi. Non. Je les ai vus.

— Par hasard bien sûr.

— Bah oui.

— Bien sûr...

— Ok ! J'avais peut-être entendu Laura et Romy parler d'un mec qu'elle avait rencontré à ses cours de cuisine à la con. Du coup, j'ai peut-être fait en sorte de traîner à la sortie du cours de cuisine. Mais c'est tout !

— Ouais... Le pur hasard quoi. Vous êtes pas possibles.

— Je crois que je suis jaloux.

— Tu crois ? répéta Martijn en riant.

— Arrête de te moquer ! C'est pas drôle du tout... Tu les aurais vus. L'autre-là avec ses cookies au chocolat blanc qui sortaient du four. Je lui aurais fait bouffer par les trous de nez. En plus, il l'a embrassée ! Et genre pas petit bisous de premier rendez-vous. Du genre grosse pelle qui demande plus si affinité, tu vois. Sérieux, elle vaut tellement mieux que ça ! C'était... Dégueulasse...

— Houuu ! Un garçon qui fait un bisou à une fille, c'est vraiment trop sale, fit Martijn en imitant Alex. T'es un gamin, Louis.

— Au lieu de te moquer, tu veux pas m'aider à prendre une décision ? Je fais quoi ?

— Tu vas la voir et tu lui dis.

— Mais je peux pas arriver et lui dire: « Rika. Je suis jaloux de ton mec. Arrête de le voir. STP. Par contre, moi, je sais pas ce que je veux. Du coup, bah reste toute seule. Ça m'arrange. Pendant que moi, je vais aller draguer une cousine de Magda que j'ai vue aux répétitions et qui est super mignonne. »

— Non. Tu ne peux pas lui dire ça. Mais au lieu de draguer une cousine de Magda, t'as qu'à draguer Rika.

— Je sais pas si...

— Tu me saoules ! s'exclama soudain Martijn en se levant. Tu sais exactement ce que tu veux, alors arrête. Tu lui as demandé du temps pour être clair sur ce que tu ressentais. Elle te l'a donné ; et tu es clair sur ce que tu ressens même si tu veux pas te l'avouer parce que ça entame un poil ton égo mal placé. Tu l'aimes. Elle t'aime. Point. Alors pour la fin de l'histoire, c'est toi qui as le choix. Soit tu décides que c'était trop et tu ne retournes pas avec elle, mais tu n'as pas le droit de lui en vouloir de continuer à vivre. Soit tu ranges ton égo, tu lui dis ce que tu as sur le cœur et vous êtes ensemble pour l'épilogue. Par contre dans tous les cas, tu arrêtes de me prendre la tête avec tes histoires d'ado en chaleur la veille de mon mariage. Putain ! Louis ! Tu viens d'avoir trente ans ! Réfléchis bordel !

— Bah Marty...

— Non ! Pas de Marty qui compte. Viens maintenant. On va se coucher. Je suis pas d'humeur à réparer ton petit cœur brisé.

— Mais...

— Dodo, j'ai dit ! Debout ! On y va. »




--- NDA ---

🐣❤️

Hello !!! 

Alors je vous fait une micro-note parce qu'il est tard donc je fais vite. Je voulais juste vous dire qu'il s'agit ici du premier chapitre de la dernière partie de ce roman, vous l'aurez deviné. Il reste 4 chapitres et un épilogue qui sera publié le 25 décembre. Ça sera mon cadeau de Noël.



Je vous fait des kilos tonnes de bisous,



Uthopie. 🐥❤️

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