Chapitre 55.1 - Soirée de Trentenaires
Chapitre Cinquante-Cinquième - Partie I
Magdalena était à un dîner de rentrée avec toute l'équipe pédagogique, ou quelque chose dans ce genre. En tout cas, ce qu'avait retenu Martijn, c'était qu'elle n'était pas là ce soir. Du coup, il avait décidé de rester en ville avec Louis, Peter et Jan.
« On t'avait dit ou on t'avait pas dit qu'il était fermé le soir ce restaurant ? demanda pour la quatrième fois Louis à Jan.
— Je voulais le faire découvrir à Peter. On y mange super bien !
— Ouais. On y mange super bien le midi. On t'avait dit ou on t'avait pas dit ?
— Ta gueule.
— Ça fait des heures qu'on tourne en rond et j'ai faim.
— Vous savez, on peut aussi aller manger au McDo ou juste se poser en terrasse. Il fait beau, tenta Peter alors que Martijn lui faisait signe de ne pas insister.
— Non mais Jan veut qu'on aille au restaurant. On va aller au restaurant.
— On va aller là, choisit Jan au hasard en passant devant une devanture qui lui plaisait bien. »
Avant de répondre quoi que ce soit, Louis jeta un rapide coup d'œil à la carte du restaurant qui se trouvait à l'extérieur.
« Tu nous invites ?
— Qui ? fit Jan en se retournant.
— Toi.
— Pourquoi ?
— Parce que Marty a un crédit de maison à payer. Parce que Peter a pas encore vraiment commencé à travailler. Et moi... Moi, j'ai changé de voiture la semaine dernière.
— Vous êtes sérieux ? s'exclama Jan à ses trois amis qui le regardaient avec le plus grand sérieux. Oui, vous êtes sérieux.
— A cause de qui on tourne depuis une demi-heure en rond pour manger à trois cent mètres d'où on est partis ?
— T'as gagné. Je vous invite, soupira le médecin. Et si je suis à découvert, c'est de votre faute. Enfin surtout de la tienne, Louis. Ramenez-vous. »
Louis était assez fier de son coup et fut le premier à suivre Jan dans le restaurant. Ce dernier se présenta avec le sourire à la serveuse et demanda une table pour quatre.
« J'ai une table sur les canapés au fond de la salle, proposa-t-elle. Ou alors celle à côté de la fenêtre. Une préférence ?
— Et vous n'avez pas des canapés près de la fenêtre ? s'informa Louis.
— Arrête Louis, s'immisça pour la première fois Martijn. T'es relou là. C'est bon. On va prendre celle près de la fenêtre et ça sera parfait. »
Louis leva les yeux au ciel devant le peu d'humour de son ami, mais consentit tout de même à suivre le groupe vers la table qu'avait désignée Martijn. Une fois installé, Louis avait enfin décidé de se calmer - peut-être était-ce la promesse d'un repas qui n'avait jamais été aussi près - et les quatre garçons commencèrent à se raconter des histoires qu'ils connaissaient déjà par cœur, mais qui ne perdaient en rien de leur drôlerie, débattre sur les capacités de la nouvelle voiture de Louis, des cours de dessin que Martijn avait décidé de lancer à la galerie à la rentrée ; enfin, ils avaient juste commencé à refaire le monde.
« Et Louis..., commença Jan alors que leurs plats arrivaient enfin devant eux. On peut savoir pourquoi tu as refusé qu'on aille dans un bar ?
— J'ai pas refusé. J'ai explicitement demandé à ce qu'on y aille pas. Rien à voir.
— C'est parce qu'il a peur de croiser Rika, expliqua Martijn comprenant rapidement que Louis tournerait autours du pot pendant des heures et des heures.
— Rika ? Dans un bar ? s'étonna Peter.
— Ça lui arrive de sortir aussi. Elle a une vie, la défendit Louis.
— Il dit ça parce que pendant que j'étais en France, il est sorti. Seul. Et il a croisé Laura, Romy et Rika. Rika qui se faisait draguer par un mec. Ça a un peu refroidi notre Loulou sur les sorties nocturnes.
— Ok. Donc le respect de la vie privée est mort en fait. C'est bon. C'est officiel.
— Je pensais que vous n'étiez plus ensemble, tenta de comprendre Peter.
— On est plus ensemble !
— Bah alors ?
— Bah alors rien du tout ! C'est Martijn qui se fait des films là. C'est vrai que j'ai croisé Rika dans un bar cet été. C'est vrai qu'elle était avec un mec, tout comme moi, j'étais avec une fille ; et ça va. Vraiment les gars. Ça va. J'avais juste envie de passer une vraie soirée de trentenaires avec mes potes. C'est tout. C'est parce que je deviens mature.
— Et surtout ça évite qu'il déprime et donc finisse dans mon canapé. Tout bénef' ces sorties restos, conclut Martijn.
— Arrête. T'as trop de place chez toi maintenant, faudrait que je vienne m'installer plusieurs semaines pour tester toutes les chambres.
— Actuellement ? Mauvaise idée.
— Pourquoi ?
— L'ambiance est pas ouf en ce moment, c'est tout.
— C'est parce que tu retrouves plus tes slips ? Magda a expliqué le code couleur ! Les cartons gommettes oranges, ce sont tes affaires ; les gommettes bleues, ce sont les siennes, les rouges c'est tout le reste. Et pour tes habits, ça doit les êtes les cartons numéro 1 si je me souviens bien...
— Non, c'est pas à cause de mes slips, Louis. Déjà parce que je ne mets pas de slip et surtout parce qu'en ce moment, le vidage des cartons n'est pas la priorité. Je sais pas si tu es au courant mais dans un mois, on se marie. Et je te jure... Il est temps que ça arrive. On n'en peut plus !
— La saturation. Ça y est, sourit Jan en avalant une gorgée de vin.
— Je vous jure que même moi, je vais péter un câble. Peut-être même avant Magda, ou alors ce sera à cause de Magda. Franchement, je sais plus... Parfois, je me dis qu'on va divorcer avant même de nous marier.
— Non mais c'était une blague ce que j'ai mis sur le carton d'invitation ! s'inquiéta soudainement Louis. Faut pas croire les statistiques sur les mariages et les divorces. Ce sont des pubs pour les avocats.
— Non mais je suis sérieux les gars. Elle est passée du côté obscur de la force. Magda n'aime plus les chaussures qu'elle a choisies, du coup elle passe en revue toutes les sites web existant pour s'en trouver de nouvelles, et je parle pas de la montagne de catalogues pour chaussures qui trône sur le piano. Elle passe aussi son temps au téléphone avec soit Erika, soit Garance et je me refuse à penser à la facture de téléphone à la fin du mois. Ma belle-mère m'énerve. C'est bon. J'en peux plus de ses conseils. Si elle veut organiser un mariage qui lui plait, elle a qu'à se remarier. Mais qu'elle arrête d'utiliser le mien comme crash-test. Je comprends plus rien de ce que me raconte Laura. Je dis oui à à peu près tout et le soir j'ai Magda qui me sort des: « Mais pourquoi t'as dit oui pour les jaunes ? On a avait dit bleus les chemins de table... ». Mais elle dit ça sans crier parce que je sens qu'elle se contient ; du coup, je redoute le moment où ça va péter. Parce que ça va péter. Je la connais. Et puis j'en peux plus des commentaires du genre : « Ah mais vous faites ni enterrement de vie de jeune fille, ni enterrement de vie de garçon ? Vous n'avez pas d'amis ? ». Bah je t'ai pas toi déjà. Je vous jure que j'ai juste envie de m'asseoir dans mon canapé et attendre. Attendre que le temps passe et que ça arrive. »
Les trois autres garçons étaient restés bien silencieux le temps que Martijn termine de vider son sac. Puis Louis tapota amicalement l'épaule de Martijn avant de lever le bras pour interpeller la serveuse.
« On pourrait avoir une deuxième bouteille de vin ? Je pense que le monsieur ici va en avoir un peu besoin.
— Non mais Louis, je rentre en voiture maintenant...
— Je te ramène. T'inquiète. Mais je peux pas te laisser dans cet état sans rien faire.
— Fut un temps, on oubliait nos problèmes avec de la vodka et de la bière, souligna Jan. Maintenant, c'est avec un vin pétillant d'Italie.
— Soirée trentenaire on a dit. »
X+X+X+X+X
Magda ne s'était pas inquiétée tout de suite. Elle avait son dîner de prévu, Martijn lui avait dit que, par conséquent, il restait en ville avec Louis, Jan et Peter. Elle savait donc qu'il ne rentrerait pas de très bonne heure. Mais bon... Quand à quatre heures du matin, il n'y avait toujours pas de trace de la voiture blanche de Martijn dans l'allée, Magda s'était inquiétée. Elle avait appelé Martijn en premier, mais elle était tombée direct sur le répondeur. Louis ? Même histoire. Jan ? Toujours pareil. Elle avait même pensé à appeler Alice pour savoir si elle avait des nouvelles de Jan, mais à quatre heures ce n'était pas très poli, elles ne se connaissaient pas encore assez bien... Erda ? Erda.
De MAGDA:
Peter est rentré ?
J'ai pas de nouvelles de Martijn. Ça m'inquiète...
Désolée si je te réveille, mais je suis pas rassurée du tout là.
De ERDA:
Pas de soucis t'en fais pas.
Peter est rentré mais il m'a dit qu'il avait laissé les garçons en ville. Ils allaient bien...
J'en sais pas plus... Désolée... :/
De MAGDA:
C'était y a longtemps ?
De ERDA:
Il est rentré y a moins de deux heures.
De MAGDA:Y a une voiture qui rentre dans l'allée.C'est la voiture de Louis ! Ils sont rentrés... Je les hais. Je vais les tuer.Merci Erda !!!! <3
De ERDA:
Bonne nuit Magda <3
(ou bon courage... Je sais pas trop)
Magda n'avait pas touché la porte. Elle les attendait, appuyée contre le mur de façon à être la première chose qu'ils voient quand ils allaient passer cette porte qui commençait enfin à s'ouvrir.
« J'espère que Magda dort... ne cessait de répéter Martijn avec une voix un peu étrange depuis qu'ils étaient descendus du véhicule. Sinon...
— Euh... Marty ? Elle dort pas, informa Louis dès qu'il vit la jeune femme qui les attendait de pied ferme.
— Non mais vous avez vu l'heure ! Et... Et...
— Oh ! Maaagdaaaa ! Je t'aime, fit Martijn en se détachant de Louis pour aller prendre Magda dans ses bras.
— Il pue l'alcool, dit-elle dès que leurs corps furent suffisamment proches.
— On a bu au restaurant. Et c'est Louis qui a payé. Alors qu'il avait fait promettre à Jan de payer. Il est gentil. Louis. C'est mon grand ami. Toi, t'es mon grand amour. Je t'aime.
— Je m'inquiète du fait qu'il sente aussi la beuh ?
— On vit à Dam... Tu sais ce que c'est...
— Louis ! Je m'inquiète ou pas ?
— Il a juste pris une taffe. C'est Jan qui a fumé. Franchement, t'inquiète pas.
— Mais t'es sérieux ?! s'énerva-t-elle soudainement. Vous... Vous vous bourrez la gueule, vous finissez dans un coffee shop pour fumer, vous rentrez à je sais pas quelle heure sans aucune nouvelle dans un état déplorable et tu oses me sortir « Franchement, t'inquiète pas » ? Mais si ! Si, je me suis inquiétée ! Et je m'inquiète encore même !
— Crie pas Magda ! Ça me fait mal au ventre quand tu cries. Moi, j'aime quand tu cries pas. Je t'aime, réitéra Martijn toujours accroché au cou de Magda.
— Comment ça t'as mal au ventre ?
— C'est juste que je me sens pas très bien...
— Toilettes.
— Mais Magda...
— Toilettes ! Tout de suite ! répéta-t-elle en se dégageant de l'étreinte de son fiancé. Dépêche-toi ! »
Martijn n'eut pas d'autre choix que d'aller vers les toilettes juste à sa gauche.
« L'autre porte, Martijn ! C'est l'autre porte ! Et tu fais quoi à rester planté ici, toi ?
— Bah... Euh... J'avais pensé que je pouvais rester dormir ici ce soir...
— Toi aussi t'as bu ?
— Non ! Juré.
— Et fumé ?
— Tabagisme passif ?
— Y a ta couverture dans le coffre sous le petit bureau du salon, capitula Magda qui se dirigeait déjà vers les toilettes où on pouvait entendre Martijn rejeter tout ce qui restait dans son estomac. »
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