Chapitre 51 - La Boîte à Chaussures

Chapitre Cinquante-Et-Unième

Mardi 7 juillet 2026. J-92.

Roulement de tambour. Nous sommes à trois mois du jour J. Tout pile. Trois mois !!! Mon Dieu... C'est tellement proche et tellement lointain à la fois. Explications.

Je viens de commencer mes vacances d'été qui vont être assez mouvementées, alors du coup, je me projette et je me mets à penser à mes prochaines vacances et là, je me dis « Pouf...Trois mois, c'est loooooong ». Et puis après je me dis: « Le mariage est dans trois mois... ... ... ... Oh Mon Dieu ! Faut que je m'organise ! ».

Alors petit bilan des trois mois :

• On a affiché un plan de la salle de réception dans le salon avec toutes les tables dessinées dessus (tout ça à l'échelle s'il vous plaît), et on fait le plan de table en collant des post-it un peu comme on le sent. Ça fait des jours et des jours qu'on y est et on n'est pas encore tombé sur quelque chose qui nous a plus. D'autant qu'il nous manque encore quelques réponses donc on peut pas non plus faire quelque chose de très fixé. Et puis du coup, on ne peut pas finir les porte-noms avec les cartes que Gregor nous a dénichées. Mais Laura a dit que c'était pas grave et que tout sera fini dans les temps. Si Laura le dit...

• Je continue les cauchemars. Mais comme Marty en fait aussi, on en rigole le matin au petit-déjeuner alors ça se passe bien mieux maintenant.

• Je commence à être très impatiente que tout ça ait enfin lieu. Genre vraiment. Du coup, tout m'énerve. Notamment le fait que j'ai l'impression que rien n'avance. C'est comme si tout était bloqué et je veux que ça bouge et que ça ait lieu.

• On a décidé de faire sans le micro pour les vœux. Enfin... J'ai décidé de faire sans micro. Parce que Martijn ne voyait pas où était le problème. Bien sûr qu'il ne voyait pas où était le problème: il a fait sa demande en mariage au beau milieu d'un café bondé d'Amsterdam. Alors oui, j'aurais pu me douter que parler de ses sentiments en public n'était pas un problème majeur chez lui...

• Le « problème » du nom de famille est revenu sur le tapis. Et... Et ça y est... J'ai cédé... Je vais prendre son nom. Enfin... Je vais prendre les deux. Gelderman-Valencourt. Dans cet ordre, Marty a dit que ça sonnait mieux (pas tout à fait certaine de son objectivité sur le sujet, mais bon...). Ce qui fait que tout le monde va m'appeler Gelderman. Et qui SI on divorce, tout le monde saura que j'ai loupé ma vie. Super idée Magda ! Formidable.

• Rien à voir, mais je veux l'écrire quelque part si, un jour, Martijn ose me dire que je n'en fais qu'à ma tête: J'ai aussi cédé sur la cuisine. On est bon pour la cuisine blanche. Par contre j'ai eu le dernier mot sur le carrelage, celui avec les petits motifs noirs. Ça va être beau chez nous. <3 D'ailleurs... Faut que j'aille continuer les cartons.

X+X+X+X+X

Martijn bossait beaucoup trop sur l'exposition qui commençait le mois prochain. C'est ce que Magda se disait quand il lui avait demandé de s'occuper de mettre ses baskets dans les cartons. Juste celles qu'il ne met que l'hiver et qui s'entassent dans l'étagère au-dessus du sèche-linge. Quand il lui avait demandé ça, elle avait gardé un visage impassible en attendant qu'il s'exclame que c'était juste une blague ; certes pas drôle, mais juste une blague quand même. Sauf que non. Non, Martijn ne rigolait pas du tout. Il était même extrêmement sérieux.

C'est pourquoi Magda était debout sur leur escabeau, dans un équilibre précaire, à pester contre le garçon qui lui servait de fiancé et contre sa passion complètement déraisonnée pour les chaussures. Le point positif, c'était qu'il ne lui restait plus que sept boîtes à descendre ; et Magda se sentait joueuse alors elle commença à empiler les cartons les uns par-dessus les autres pour tous les sortir d'un seul coup. Une fois qu'elle estima que l'équilibre était suffisant elle attrapa celle du dessous, la souleva avec délicatesse et commença lentement sa descente des quelques marches de l'escabeau. Mais quand elle pose le premier pied sur le sol, ce qui devait arriver arriva, la pyramide précaire de carton se fracassa sur le sol ; et tout ce que Magda se disait était que si Martijn remarquait une égratignure sur ses maudites boîtes, elle allait en voir de toutes les couleurs.

Magdalena descendit rapidement de l'escabeau et entreprit de ramasser tout aussi promptement les cartons en vérifiant qu'il n'y avait aucune trace de leur ressente chute. Soudainement, en soulevant une des boîtes, elle remarqua immédiatement son poids beaucoup plus léger que toutes les autres. Bien évidemment, cette différence attisa grandement sa curiosité parce que cette boîte n'aurait pas dû être vide. Alors une fois que les six autres furent rangées avec toutes les précédentes, elle attrapa celle qui était vide et la posa sur la table. Elle se questionna à peine quelques secondes sur le fait de l'ouvrir ou non. Elle ouvrit rapidement le couvercle pour tomber sur plusieurs lettres couvertes d'écriture en français. C'étaient les lettres du correspondant de Martijn. Elles avaient presque vingt ans ces lettres, et Magda sourit à l'idée de peut-être réussir à redécouvrir son Marty enfant. Elle s'était assise à la table et avait pris le temps de lire toutes les lettres une par une et arriva rapidement à la dernière lettre. Enfin pas exactement, parce que le dernier papier, c'était une liste. Elle n'eut pas besoin de la lire entièrement pour comprendre de quoi il s'agissait. C'était une liste qui avait près de sept ans. Elle datait de l'été où Martijn avait proposé à Magda de refaire sa chambre chez ses parents ; l'été après sa plainte contre Augustin.



« Magdalena ? »

Martijn n'appelait pas souvent Magdalena « Magdalena » quand il s'adressait à elle. Il le faisait quand les sujets devenaient sérieux ou quand il était énervé ; mais comme Martijn s'énervait quasiment jamais, Magda avait vite compris que « Magdalena » était à associer à « sujet sérieux ». Le petit truc qu'elle ne comprenait pas bien, c'était pourquoi il l'appelait « Magdalena » ce soir ; parce que ce soir avait été une bonne soirée.

Martijn était arrivé la veille en France. Magda avait été le chercher à l'aéroport et ils avaient passé toute la soirée ensemble à Nantes, parce que ça faisait un mois qu'ils ne s'étaient pas vu et un mois, c'était vraiment super long. Franchement. Ils étaient rentrés dans la nuit et c'est quand ils étaient allés se coucher que c'était apparu dans l'esprit de Martijn. Sur le coup, il n'avait rien dit. Il avait laissé passer la nuit, et puis toute la journée suivante. Le matin, il avait été courir avec Primaël et Hortense qui s'était, le matin même, découvert une passion soudaine pour la course. Ils avaient rapidement déjeuné le midi avec Matthieu qui était rentré de son cabinet juste pour le repas. L'après-midi n'avait été que de la farniente à la plage et pour un premier jour de vacances, Martijn trouvait ça vraiment pas mal. Ils avaient traîné sur le sable jusqu'à ce que la marré se soit tellement éloignée que tous les rochers de plages étaient à découvert. Ils devaient être aux alentours de dix-huit heures trente quand tout le monde était rentré chez les Valencourt. Les douches avaient été prises et à huit heures, tout les habitants de la demeure s'étaient retrouvé autour de la table de jardin pour un apéritif. Tout se passait dans la bonne humeur. Martijn s'était même surpris à comprendre tout ce qui se disait à table malgré le fait que les conversations soient en français - son niveau de langue s'étant nettement amélioré dans l'année. Vers onze heures, après quelques infusions partagées, tout le monde était parti se coucher et c'est là que Martijn avait décidé de parler à Magda.

« Magdalena ?

-Oui ?

-Je peux tout te demander, n'est-ce pas ?

-Euh... Oui... Enfin ça dépends quoi quand même... Mais oui, tu peux.

-Ok..., répondit Martijn en se tournant vers la commode pour y poser sa montre qui le quittait pour la nuit. Déjà, sache que j'y ai jamais pensé avant hier, c'est peut-être le fait que ce ne soit plus un secret pour personne, je sais pas trop... C'est juste que... Est-ce que t'as déjà pensé à refaire la déco de ta chambre ?

-Pas vraiment, avoua Magda surprise. Pourquoi tu me demandes ça ?

-Ça veut dire que t'y a déjà pensé un peu quand même ?

-Oui. Un peu.

-Ça tombe bien ! Moi aussi ! fit Martijn en attrapant le tube de Biafine sur la table de nuit.

-Comment ça ? demanda Magdalena en s'allongeant sur le ventre et en relevant son t-shirt pour découvrir son récent coup de soleil.

-Je vais peut-être être un peu brusque, mais... On sait qu'on va vivre avec l'ombre de l'Autre dans notre quotidien pendant des mois et des mois. Attention, j'ai les mains froides, prévint Martijn en appliquant la pommade sur la zone rougie du dos de Magda. Et j'ai la désagréable sensation que maintenant qu'il n'y a plus de non-dis, cette ombre est encore plus présente ici. J'ai un peu de mal avec cette sensation et cette idée.

-Et tu crois qu'un changement de déco va changer ça ?

-Je pense qu'un changement de déco va nous permettre de gommer encore un peu plus ce qui reste de lui dans cette pièce. Et honnêtement, je ne sais pas auquel de nous deux cela fera le plus de bien. Qu'est-ce que tu en dis, toi ? »

Magda se retourna pour regarder Martijn. Elle se fichait pas mal du fait que la crème n'est pas finie d'imprégner et qu'elle colle aux draps. Ce qui lui importait à ce moment précis, c'était le regard de ces yeux bleus sur elle, leurs mains entremêlées sur son ventre, les papillons qui virevoltaient sous ses mains, la sensation douce de la peau de son amoureux sous ses doigts qui l'effleuraient.

« T'es beau.

-C'est gentil... Mais ça répond pas vraiment à la question... chuchota Martijn en fermant les yeux sous les caresses de Magda qui continuaient.

-Je sais.

-Je te demande pas de prendre de décision ce soir.

-Je sais.

-Je te demande juste de penser à l'idée.

-Je sais. Je sais aussi que t'as sans doute raison, mais là... Je sais pas si je suis prête pour ça.

-Donc on en reparlera ?

-Oui. Je vais y réfléchir, promis Magda en se redressant pour embrasser Martijn. »

X+X+X+X+X

Magdalena y avait pensé, ils en avaient parlé, et pas moins de trois jours plus tard, Martijn et elle passaient la quasi-totalité de leur journée de vacances à détapisser, repeindre, poncer, et peindre encore et encore. Au bout d'une bonne semaine, la nouvelle décoration de la chambre de Magda se précisait très sérieusement et il ne restait plus qu'une petite journée de travaux.

« 'anchment cha va ête choli, assura Martijn à Magda en se brossant les dents. »

Magda lui adressa un joli sourire dans le miroir qui couvrait l'entièreté du mur face à eux. Elle attrapa sa trousse de toilette et en sorti son démaquillant pour en imbiber son coton. Martijn s'était assis sur le rebord de la baignoire et ils restèrent un moment en silence.

« Ché choi le 'a'ier là ?

-Hein ? »

Martijn abonna de se faire comprendre sans laisser du dentifrice couler sur son menton, désigna l'objet de son questionnement d'un petit mouvement de tête.

« Ah... Ça... C'est un exo. »

Martijn souleva les sourcils pour faire passer son incompréhension.

« Ma psy. Elle veut que je liste dix de mes qualités. »

Martijn acquiesça de la tête et souleva son pouce en signe d'approbation. Il se leva du rebord de la baignoire et entreprit de se rincer la bouche. Une fois fait, il attrapa le papier.

« Je peux ?

-Mmmh...

-Trois ? s'étonna Martijn. T'en as trouvé que trois sur dix ?

-J'ai pas encore fini.

-Tu veux que je t'aide à la remplir ?

-Non, répliqua Magda catégorique et en arrachant le papier des mains de Martijn. Tu peux pas toujours être avec moi. Je suis capable de le faire. Seule.

-Ok... capitula Martijn. Comme tu veux... »

Magda replia brusquement la feuille de papier et la fourra dans sa trousse de toilette - celle avec écrit « Ceci m'a été offert par quelqu'un qui m'aime » - avant de rapidement clore la fermeture éclaire.

« Je vais me coucher.

-Attends... Je... »

Mais la voix de Martijn fut coupée par la porte de la salle de bain qui claque derrière la jeune femme. Il soupira puis rassembla les affaires à laver pour les mettre au sale, vérifia que tout était en ordre dans la pièce et finit par rejoindre Magda. Il la trouva debout face au miroir, celui à côté de la chaise qui se prenait pour une armoire. En entendant la porte s'ouvrir, elle essuya sa joue d'un mouvement brusque pour dissimuler les gouttes d'eau salée qui étaient passées par là.

« Pardon. C'est pas de ta faute. C'est juste que... J'ai pas trouvé les sept autres, avoua-t-elle dans un murmure. J'arrive pas à les trouver.

-Oh... Magda... »

Il se rapprocha doucement d'elle et la prit dans ses bras pour tente de la consoler.

« Tu sais ce qu'on va faire ? Je vais te faire une liste moi. Une liste de tes qualités et tout ce que j'aime chez toi. Comme ça, si un jour tu as besoin, ma liste sera là. Ok ? »



Magda n'avait jamais su si Martijn avait vraiment fait cette liste parce qu'elle ne l'avait jamais vue. Elle avait même fini par penser qu'il ne l'avait simplement jamais écrite. Sauf qu'elle tenait actuellement cette liste dans les mains. Il l'avait écrite. Il avait écrit la liste.

« Magda ? »

La voix de Martijn à côté d'elle la fit sursauter. Elle ne l'avait pas entendu entrer. Toujours avec la liste dans ses mains, elle le regardait avec de grand yeux.

« Tu l'as écrite ?

-De quoi ?

-La liste. Tu l'as écrite. Tu as écrit la liste.

-Je t'avais dit que je le ferais, répondit Martijn en comprenant de quoi il était question en voyant le papier qu'elle tenait dans les mains.

-Mais tu ne me la jamais montrée.

-Tu ne me l'as jamais demandée.

-Tu l'as gardée quand même.

-Bien sûr. Mais comment t'es tombée dessus ?

-J'ai rangé tes boîtes de chaussures.

-Je vois. »

Ils restèrent un moment en silence. Magda relisait la liste encore une fois.

« Je peux la garder ? Pour la lire quand je paniquerais le jour-J.

-Si tu veux oui, sourit Martijn en jouant une mèche blonde de Magda qui s'était échappée de sa tresse. Si ça peut te rassurer le jour-J vas-y. Garde-la.

-Merci..., chuchota-t-elle en pliant délicatement la liste en quatre. »




--- NDA ---

🐣❤️


Hallo les pioupious,


Bon on quitte un peu Louis et Rika pour revenir à Martijn et Magda. J'espère que le flashback a été assez clair ? Hésitez pas à dire si ça ne l'était pas ^^

Et si vous vous demandiez: oui. Vous pourrez lire La Liste de Martijn, mais un peu de patience ;) 


Je vous embrasse et on se retrouve vendredi !! 


Plein d'amour, 



Uthopie. 🐥❤️

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