Chapitre 5 - Sans Lui
Chapitre Cinquième
Le vol de Magdalena était le vendredi soir juste après la fin de ses cours. En cherchant son passeport dans son sac, elle avait trouvé le billet d'avion de Martijn. Ça lui avait donné envie de pleurer.
De MAGDA:
Si tu as changé d'avis, l'avion n'est pas encore parti. J'ai laissé ton billet au comptoir.
De DIEU:
J'ai pas changé d'avis.
Et qu'est-ce qu'on a dit sur le fait de s'appeler ?
De MAGDA:
Mais si je t'appelle pas comment tu vas savoir à quelle heure j'atterris samedi prochain ?
De DIEU:
T'enverras un message à Louis. C'est lui qui viendra te chercher.
De MAGDA:
Et nous, on se revoit quand ?
De DIEU:
Je sais pas. On verra ça quand tu seras rentrée.
Bonnes vacances Magda.
De MAGDA:
Bonnes vacances, Marty.
<3
Pas de réponse.
X+X+X+X+X
Magda était la première à être arrivée, ses trois frères allaient revenir des Etats-Unis pour l'anniversaire de leur mère. Mais ils arriveraient avec leurs petites familles que le samedi soir. Magda avait donc toute sa journée pour elle. Elle avait traîné au lit le matin. D'habitude, elle adorait traîner dans son lit le premier jour de ses vacances. Parce que d'habitude, Martijn et elle se mettaient d'accord pour ne pas aller au sport ce samedi matin, là. Ils traînaient sous la couette à se raconter des histoires qui faisaient toujours beaucoup rire Magda ou à regarder toutes les photos qui traînaient sur leur téléphone et auxquelles ils n'avaient pas pris le temps de penser depuis... Eh bien depuis trop longtemps. Sauf que ce matin, Magda s'était réveillée dans son lit, chez ses parents, avec personne à ses côtés. Elle avait attrapé son téléphone qui passait toujours la nuit sur sa table de chevet et avait ouvert l'application photo. Ce n'était pas la meilleure idée qu'elle ait eue, parce que les dernières photos qu'elle avait prises étaient des photos de Martijn. Donc Magda avait passé sa première mâtinée de vacances à pleurer dans son lit. Elle avait fini par descendre au rez-de-chaussée un peu avant midi. Son père était au travail et sa mère était partie faire des courses. Elle avait trouvé tout ce qu'il lui fallait pour son petit-déjeuner. Elle avait juste avalé un jus de fruit puis avait attrapé la laisse de Yankee pour aller lui faire faire un tout petit tour.
Quand elle était rentrée, elle avait déjeuné avec ses parents. Sa mère lui avait demandé si elle avait des nouvelles de Martijn. Magda avait éludé la question en proposant de débarrasser la table. Vers quinze heures, Matthieu et Agnès étaient partis pour l'aéroport de Nantes. Magda avait appelé Julie pour aller à la piscine pendant ce temps-là. Elle ne voulait pas que ce samedi soit comme ses autres premiers samedis de vacances, parce que ce premier jour de vacances n'était définitivement pas comme les autres. Son amie avait acceptée volontiers. Elles ne se voyaient pas aussi souvent qu'elles le voudraient et peux importe ce que pouvait dire les défenseurs de toutes les nouvelles technologies: se parler à travers un écran ou par écrit ce n'est définitivement pas la même chose que de se voir en vrai. Dans le bassin, elles avaient un peu nagé et beaucoup parlé, surtout de leurs élèves. Julie était professeur de mathématiques au collège. Tous ces mots avaient fait beaucoup de bien à Magda, car pendant quelques heures elle n'avait pas trop pensé à Martijn. Un peu bien sûr, mais pas trop. Malheureusement, les deux amies avaient dû finir par se quitter parce que Magda devait rentrer chez elle. Remettre son sourire sur son doux visage et rentrer chez ses parents. En plus Agnès lui avait demandé de s'arrêter à la boulangerie pour acheter deux baguettes.
X+X+X+X+X
Quand Silena avait sauté dans les bras de sa tante, elle n'était toujours pas descendue de sa voiture ; elle avait vite été suivie d'Alexandro et Magda s'était retrouvée avec deux enfants dans les bras et son sac de piscine sur le dos avec une baguette qui en dépassait. Elle les avait emmenés dans la maison où tous ses frères l'attendaient. Charlie avait demandé où était Martijn et avait laissé échapper un « cool » quand sa sœur avait expliqué que, finalement, il n'avait pas pu se libérer.
Pendant que les nouveaux arrivants vidaient leurs valises, Agnès avait servi un apéritif dans le salon. Silena avait été la première à redescendre et elle avait couru vers sa tante pour s'installer face à elle sur ses genoux.
« Pourquoi il est pas là, Marty ?
-Parce qu'il a beaucoup de travail à Amsterdam et il n'a pas pu venir.
-Je vais pas le voir avant Noël alors ? C'est triste. Il me manque.
-Non, tu vas pas le voir avant Noël. Et moi aussi, il me manque.
-C'est toujours ton amoureux ? demanda Silena en plongeant ses yeux bleu-gris qu'elle avait hérités d'Annabeth dans ceux verts de Magda.
-Bien sûr que c'est toujours mon amoureux ! Mais on ne peut pas toujours être ensemble. Toi, tu n'est pas toujours avec ton amoureux.
-Si !
-Ah bon ? Il est là ?
-Ah non... T'as raison... Tu crois que je pourrais l'appeler ? Marty.
-Oui, tu pourras.
-Tu vas l'appeler aujourd'hui ?
-Je l'ai déjà eu au téléphone quand j'étais à la piscine, mentit Magda. Et je vais pas pouvoir le rappeler ce soir. Mais on fera ça cette semaine. Promis.
-D'accord. Mais si Marty est pas là, qui va commander des pizzas ?
-On commandera des pizzas un soir.
-Et on regardera un Disney ?
-Oui.
-Peut-être qu'on pourra appeler Marty en même temps avec l'ordinateur et comme ça, il sera un peu avec nous.
-Oui, on pourra peut-être faire ça. Tu lui demanderas quand tu l'auras au téléphone.
-D'accord.
-Et qu'est-ce que tu veux boire Sissi ? demanda Magda avant qu'une nouvelle question sur Martijn ne germe dans l'esprit de la petite fille et qu'elle finisse par la faire pleurer. »
X+X+X+X+X
Magdalena devait avoir fini de corriger ses copies ce soir. Elle avait promis à ses élèves de leur envoyer leurs notes par e-mail avant mercredi et on était mardi soir. Elle s'était installée dans l'espace travail du premier étage.
« T'as des perles ? demanda Primaël en prenant la tasse de thé vide sur le bureau de sa sœur.
-Ouais... J'ai des champions.
-Du genre ?
-Du genre Piet... commença Magda en cherchant dans ses copies. « On a eu plusieurs périodes de colocation sous la Vème République française. ». J'ai Nora avec « Le document doit comporter une erreur car Jacques Chirac était Président de la République et pas Premier Ministre. ». Et puis mon préféré, c'est Vincent. Mais j'ai pas encore eu sa copie. Je te tiens au courant.
-J'espère bien, sourit Primaël en ébouriffant les cheveux de sa sœur. Dis, maman m'a demandé d'emmener Yankee sur la plage. Tu viens avec moi ?
-Tu peux pas y aller tout seul ?
-J'ai envie de passer du temps avec ma petite sœur.
-Je finis ma copie et j'arrive. Je te rejoins là-bas.
-D'accord. À tout de suite. »
Primaël était redescendu et Magda l'avait entendu appeler le chiot. Il l'avait appelé plusieurs fois, ce qui la fit bien rire. Il y avait encore quelques années de travail avant quand Yankee arrive au niveau de Broadway niveau obéissance.
Quand elle eut fini de corriger cette rédaction à laquelle elle attribuait un trois sur vingt pour hors-sujet, elle descendit sur la plage rejoindre Primaël.
« T'as un truc à me dire ?
-Moi ? Ah non, rien. Et toi ? T'as eu des nouvelles de Martijn ?
-Ouais. Je l'ai eu ce matin au téléphone.
-Tu l'as toujours quand on n'est pas là, remarqua Primaël
-Bah je vais pas l'appeler devant vous.
-Et son expo, ça avance bien ?
-Oui, ils ont bien rattrapé leur retard donc il est rassuré.
-Mmhmmh. Et c'est quoi le nom de l'expo ?
-Euh... Je sais plus. Pourquoi ?
-Comme ça. Et toi, comment tu vas ?
-Ça va. Prim'... C'est quoi ce questionnaire ?
-Je te trouve bizarre depuis qu'on est arrivé. Tu changes de sujet dès qu'on parle de Martijn. Alors... Je suis passé sur le site de la galerie où il bosse. Et... Y a pas d'exposition d'organiser avant trois mois. Magda... Pourquoi vous n'êtes pas venus ensemble ?
-C'est... Compliqué. »
Peut-être que ça aurait été simple de tout expliquer à son frère. Peut-être que tenter d'exprimer toutes les sentiments et émotions qui pesaient si lourd sur ses épaules l'aurait soulager. Peut-être que Prim' comprendrait. Peut-être que... Peut-être.
« Vous... Vous vous êtes séparés ? finit par demander Prim' en se surprenant à redouter la réponse.
-Non, non. Pas encore non.
-Comment ça « pas encore » ? »
Une partie de Magda avait très envie de faire taire son frère parce qu'elle réussissait enfin à penser à Martijn sans pleurer et qu'elle ne voulait pas réduire à néant ses efforts de plusieurs jours. Et puis une autre partie d'elle se disait que si elle n'arrivait pas à en parler aujourd'hui, avec son frère - son frère qui avait toujours eut les réponses à ses questions - alors elle n'en parlerait jamais. Et ce n'était sans doute pas la bonne solution. Sans doute.
« Je suis en train de le perdre, commença à pleurer Magda. »
Elle avait fait un choix.
« Qu'est-ce que tu racontes ? demanda Primaël en prenant sa sœur dans ses bras sans réfléchit. Bien sûr que non !
-Tu ne comprends pas Prim'...
-Explique moi ma Magda. Raconte moi.
-Il veut des enfants, commença Magda parce que ce souhait était bien à l'origine de tout son malheur.
-Tu vois ? C'est que ça va.
-Non ! Non, ça ne va pas Prim'... Je... ne veux pas être enceinte. Je ne suis pas prête pour ça et je ne le serai jamais ; parce que je sais que jamais je ne pourrais supporter le regard qu'il aura sur moi. Ni le regard que j'aurais sur moi-même. Tout ça... Ce n'est pas fait pour moi. Je ne suis pas faite pour ça. Alors que Martijn, lui, il est fait pour être père. Tu le vois bien avec les Silena, Alex, Léandre,... Il est fait pour ça. Et pas moi.
-Vous vous êtes pris la tête avant le départ pour ça ? devina Prim'.
-Je lui avais dit que j'étais d'accord pour qu'on essaye et j'ai continué à prendre la pilule sans lui dire.
-Ah...
-J'ai tellement merdé, Prim'. Si tu savais ce que je m'en veux... Je donnerais tout ce que je n'aie pas pour revenir en arrière. »
Prim' ne répondit rien. Déjà parce que l'état dans lequel se trouvait sa petite sœur dans ses bras achevait de le convaincre sur sa sincérité. Et surtout parce qu'il n'avait pas encore trouvé les mots justes pour la réconforter.
« Il n'est pas venu parce qu'il veut qu'on fasse une pause. Il m'a aussi dit qu'on verrait ce qu'on décide quand je serais rentrée.
-Je suis sûr que ça va aller.
-Pas moi. J'ai peur Prim'... J'ai peur d'imaginer ma vie sans lui. J'y arrive pas... Je ne saurais plus faire.
-Il t'aime. Il t'aime vraiment. Ce que vous avez, c'est pas un amour de passage, c'est pas un amour qu'on efface en une semaine.
-Ah oui ? Et on peut savoir comme tu sais ça toi ?
Primaël sortait du palais de justice. Il leur restait une dizaine de minutes avant la reprise de la séance et Martijn était introuvable. En passant l'une des portes vitrées, Primaël se retrouva sur la grande esplanade qui avait été construite entre la Loire et le palais. Il remarqua assez vite Martijn, c'était le seul à être assis. Il se dirigea vers lui, et s'assit lui aussi, à même le sol.
« Pourquoi y a pas de marche ? Dans les films, y a toujours des marches devant les palais de justice.
-Je ne sais pas, confessa Primaël.
-Et puis je comprends même pas pourquoi vous appelez ça un palais. Un palais, c'est censé être beau, majestueux. Pas un truc aussi horrible que ce gros machin noir dans lequel il se passe des trucs aussi horribles.
-C'est vrai.
-J'y arrive pas, Primaël. Sérieusement, comment je peux rester calme alors qu'il la regarde comme ça. Alors qu'il sous-entend que c'est de sa faute à elle ?
-Tu dois rester calme Martijn. Pour Magdalena, tu te dois de rester calme. Comme moi, comme Baptiste et comme Charles. Tu l'aimes non ?
-Je... Euh...
-Tu peux me le dire. C'est ma petite sœur, mais tu peux me le dire quand même. Ça me rassurerait même que tu me dises ça. »
Martijn réussit à esquisser un léger sourire.
« Bien sûr que je l'aime. Je l'aime à m'en rendre malade. Et c'est parce que je l'aime que ça me rend dingue d'être ici et la voir seule face à ce connard. J'aimerais tellement être à sa place. J'aimerais que ce soit moi sur cette chaise plutôt qu'elle. J'aimerais avoir mal à sa place. »
Primaël ne savait pas quoi répondre à ça, alors il donna une tape dans le dos à Martijn. Une tape qu'il espérait réconfortante.
« Prim' ? Est-ce qu'on est assez proches pour que je te dise un truc qui va pas te plaire ?
-Ouais. Je pense.
-Parfois, je vous en veux. Je vous en veux de n'avoir rien vu. Je vous en veux de ne pas avoir réussi à la protéger de lui. Je vous en veux de l'avoir laissée s'abîmer à ce point.
-Tu sais, y a quelqu'un qui a essayé de la protéger. Elle s'appelait Clémence. C'est l'une des premières amies que s'est faite Magda en France et dès que Magda a commencé à voir Augustin, Clémence l'a mise en garde. Elle ne pouvait pas le voir, se souvint Primaël. Augustin s'est débrouillé pour l'effacer de la vie de Magda. Et il a très bien réussi son coup puisqu'elle a même changé de lycée et Magda ne l'a plus revue. Plus jamais. Je... Je ne nous cherche pas d'excuse et je te comprends: moi aussi, je m'en veux. Mais je me dis que si on était allé contre cette relation, il se serait débrouillé pour monter Magda contre nous. Ce que je veux dire, c'est qu'en ne disant rien, on a au moins pu empêcher qu'elle s'éloigne de nous. »
Martijn approuva de la tête les propos de Primaël. Il savait qu'il avait sans doute raison. Il savait aussi que ça ne servait à rien d'en vouloir aux frères de Magda. Ça ne servait à rien d'en vouloir à qui que ce soit d'ailleurs. Mais il était énervé. Énervé de ne rien pouvoir faire. Énervé de n'avoir rien pu faire. Énervé de se sentir si inutile.
« C'est que... le voir tout nier en bloc, ça m'énerve tellement. Ça fait des heures qu'on entend tous ses proches dire qu'il est innocent. J'ai qu'une envie, c'est de me lever et de leur expliquer comment était Magda quand je l'ai rencontrée. Elle était brisée, Prim'. Brisée en plein de petits morceaux. À cause de lui. Sauf que ça, ils ne le voient pas les jurés et je n'arrête pas de me demander pourquoi ils nous croiraient nous plutôt qu'eux ? Avant qu'on parte, j'ai dit à Magda que ça irait parce que nous avons la vérité. Mais au final, on n'en sait rien si ça ira. Il peut très bien s'en sortir.
-Ou pas. Faut pas y penser maintenant. On verra à la fin. Allez viens, ça va reprendre. »
« Pendant le procès, j'avais tellement l'impression qu'il avait honte de moi, soupira Magda.
-Il n'a jamais eu honte de toi. Aucun de nous n'a jamais eu honte de toi pour ça. Et lui encore moins que quiconque.
-T'as déjà eu honte de moi ?
-Quand tu t'es coupée les cheveux toi-même à sept ans et que je devais t'emmener à l'école, j'avoue que j'avais un peu honte qu'on me voit avec toi.
-T'es con, rit Magda.
-Je suis sûr que quand tu vas rentrer, vous allez vous retrouver comme au premier jour.
-Et si ce n'est pas le cas ? Il me manque déjà tellement...
-Arrête avec tes « si ». Tu te souviens de ce que disait Grand-père ?
-Avec des « si » on mettrait Paris en bouteille, se souvint Magda.
-Voilà. Donc arrête de penser à tous les cas de figure possibles parce qu'il n'y en a qu'un. Tu vas rentrer à Amsterdam et tout sera arrangé. »
Magdalena acquiesça sans croire un seul mot de ce que venait lui dire son frère pour la rassurer. Parce que c'était beaucoup plus compliqué que ça.
--- NDA ---
Holà les pioupious 🐣❤️
Juste pour fêter le fait qu'on est en finale les gars ! C'est pas beau ? (question rhétorique: c'est beau.)
Voilà du coup pour fêter ça: chapitre ;)
Je traîne pas plus, je vous embrasse et n'oubliez pas de déjà rêver de trophée,
Pensée à nos amours d'amis belges ❤️🇧🇪❤️
Bisous ronds comme des ballons,
Uthopie. ❤️🐥⚽️🇫🇷
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