Chapitre 29 - Martin

Chapitre Vingt-Neuvième

Alexandre n'avait pas oublié que son oncle Charlie lui avait promis d'aller avec lui à la boulangerie. Alexandre aimait beaucoup aller à la boulangerie avec son oncle Charlie, parce qu'il lui achetait toujours une viennoiserie qu'il devait impérativement avaler entre la boulangerie et la maison pour que personne ne le sache. Ça restait un secret et Alexandre aimait beaucoup les secrets.

« Annabeth ? C'est bien dix heures sept qu'il est noté à l'horloge ?

-Oui, c'est ça. Pourquoi tu me demandes ça ?

-Charlie avait dit qu'on irait à la boulangerie ce matin..., répondit Alexandre avec un petit air dépité. Ça fait une semaine qu'il dit ça, mais aujourd'hui il avait juré craché...

-Bah fait pas cette tête Alex, rit Annabeth. C'est pas si grave. Je peux aller à la boulangerie avec toi si tu veux.

-Non, non. Je veux y aller avec Charlie. »

Bien décidé à ne pas louper une seule occasion d'aller manger un croissant, Alexandre descendit de sa chaise et partit à l'étage. Il entra dans la chambre de son oncle et se posa déterminé juste devant sa tête endormie.

« Charlie... Charlie... Charlie...

-Mmmmh...

-Charlie, il est dix heures...

-C'est tôt ça Alex... Retourne te coucher.

-C'est tard pour avoir un croissant...

-Encore dix minutes alors...

-Je peux rester avec toi ?

-Oui. Monte.

-Charlie ?

-Quoi encore ?!

-Y a Ariel de l'autre côté... Je crois qu'elle dort.

-Alex ? fit soudainement Charles avec une voix beaucoup plus réveillée.

-Oui ?

-Je sais que tu es un grand garçon maintenant et en plus, je sais que tu sais tenir les secrets. Ok ?

-Ouais.

-Alors en fait... Ariel... Euh... Il pleuvait cette nuit... Et... Ariel, elle n'arrive pas à dormir quand il pleut alors elle est venue dormir ici. Parce qu'on entend moins la pluie ici.

-Le secret, c'est qu'Ariel, elle a peur de la pluie ?

-Oui. Voilà. C'est ça. Allez maintenant, tu dors.

-Et après, on va à la boulangerie ?

-Dors Alex ! »

X+X+X+X+X

La conversation que Charlie avait eut avec Ariel, il y a maintenant près d'une semaine ne cessait de lui trotter dans la tête. Quand il se levait, il y pensait, pendant les repas, il y pensait, quand il passait du temps avec sa famille, il y pensait encore plus. Et actuellement, à regarder Sissi qui lui faisait une démonstration de natation synchronisée dans les vagues, il y pensait.

« Alors Charlie ? T'en penses quoi ?

-C'est super !

-Tu trouves ? Je peux montrer ça à mommy ?

-Mais oui, ça va être super ! Va la chercher. »

Silena sortit de l'eau et remonta rapidement vers Annabeth plongée dans sa lecture du moment. Charlie la suivit du regard quelques secondes avant de retourner son attention sur l'océan. Il ne vit même pas Martijn qui sortait de l'eau.

« Tu restes ici ?, demanda le hollandais sans avoir de réponse. Charles ?

-Tu me parlais ?

-Je te demandais si tu restais ici ?

-Euh... Ouais...

-Ok.

-Martin ?

-Oui ?

-Je suis désolé. »

Bon, Charles le concédait volontiers, c'était un peu facile et un peu cours aussi.

« De ? questionna Martijn qui ne comprenait pas bien ce qui se passait actuellement dans la tête de son beau-frère.

-Quand t'es arrivé ici, j'avoue que tu m'as fait peur. J'ai eu peur que... Que tu fasses du mal à ma sœur surtout. J'ai été incapable de la protéger la première fois et je me suis promis de ne pas faire la même erreur une seconde fois. Alors je me disais que te faire comprendre dès le début que rien n'était gagné était la meilleure des solutions pour que tu te tiennes à carreau. C'était con. Je sais. Mais sur le coup, je t'assure que ça me paraissait être une excellente idée. Le truc, c'est que j'ai commencé à comprendre qu'elle t'aimait et que maintenant que tu étais là, elle n'avait plus besoin de moi. Et là, j'ai de nouveau eu peur. Mais peur pour moi.

-Qu'est-ce que tu racontes ? Bien sûr que Magda a besoin de toi.

-Tu penses vraiment ? Depuis que t'es là elle ne me demande plus rien. Je me souviens que sa première année de fac, elle m'appelait tous les vendredis et on discutait pendant des heures. Je sentais que je lui manquais, et... Et je crois que ça faisait un bien fou à mon ego. Quelqu'un sur cette terre avait besoin de moi. Et puis elle est partie aux Pays-Bas, on a commencé à moins s'appeler, elle ne me parlait plus autant qu'avant. On s'éloignait et je me sentais... Comme exclu de sa nouvelle vie. Toi, t'as fraîchement débarqué quelques mois plus tard et j'ai compris pourquoi Magda ne m'appelait plus, pourquoi elle ne me parlait plus. Elle t'avait toi. Quand elle a lâché son idée de réorientation, je me suis pris tout ça en pleine gueule. Sa prise d'indépendance, sa maturité, le fait qu'elle n'était plus ma petite Magda. Tu vois ? Elle avait pris une décision importante sans m'en parler et jamais ça ne serais arrivé avant.

-Elle m'en avait pas parlé non plus, murmura Martijn.

-Au mariage de Prim', continua Charlie sans écouter Martijn. Je me souviens que Magda était assise avec toi à l'opposé de moi. Je me suis senti con et seul. Il fallait que je trouve un responsable. C'est tombé sur toi parce que... Bah, parce que c'était plus simple comme ça, je ne t'aimais déjà pas.

-Ravi de le savoir.

-Et puis il y'a eu le soir où Magda nous a expliqué ce qui s'était vraiment passé avec Gus, je me suis de nouveau retrouvé seul et surtout devant le fait que ma sœur dont je me sentais si proche ne m'avais rien dit. Rien. Elle avait tout gardé pour elle. Et la première personne à qui elle en avait parlé, c'était toi. J'étais en colère contre lui, contre elle, contre toi et un peu contre la Terre entière aussi, ce qui ne m'as pas aidé à bien t'aimer, tu l'imagines. Je sais que c'est con, je sais que j'aurais dû faire autrement, sauf que j'y arrivais pas. »

Il y eut trois vagues qui s'échouèrent sur le sable avant que le silence ne soit brisé par Martijn :

« T'as vidé tout ton sac ou il en reste encore ?

-Il en reste.

-Alors vas-y. Termine.

-Après le procès, j'aurais pu commencer à faire le premier pas vers toi parce que franchement, il n'y avait plus grand chose qui me retenait. Mais là encore... J'y arrivais pas... J'étais jaloux.

-De moi ?

-De toi. De Magda. De votre vie. C'est pas de la jalousie où je vous souhaitais du mal. Absolument pas ! C'est juste que... Que votre vie parfaite me ramène au fait que j'ai foiré la mienne.

-Mais non ! T'as un boulot super qui te permet de voyager partout. T'as une magnifique villa sur les hauteurs d'Hollywood. Charles, excuse moi mais... T'es pas vraiment à plaindre.

-Mais y a qui dans cette maison ? Avec qui je partage une place en business ? Personne. J'ai réussi. Professionnellement, j'ai réussi. Mais personnellement, j'ai tout foiré. Je voulais tellement réussir comme Prim' et Magda que je me suis convaincu qu'il fallait que je termine ma vie avec mon amour d'adolescent. Alors que non ! Pas du tout. Et si ça trouve à resté bloqué à tenté de faire comme mon frère et ma sœur, je suis passé à côté de la bonne personne.

-Mais tu ne détestes pas Annabeth, fit gentiment remarquer Martijn.

-Parce que Prim'... Je crois que ça me dérange un peu moins. C'est mon grand frère, c'est dans l'ordre des choses qu'il se case avant moi. Mais Magda, c'est ma petite sœur. Ça aurait dû être la dernière à acheter une maison, à se marier, à... À avoir une vie bien rangée. Bref, tu me ramènes sans cesse au fait que je foire tout côté sentiment. Et ça me fout les boules de ouf. »

Martijn attendait de voir si cette fois-ci, Charles avait vraiment tout dit.

« C'est bon ?

-Ouais. Ce coup-ci, je crois que c'est bon.

-Super. Je peux te poser une question maintenant ?

-Ouais.

-Pourquoi tu ne m'as jamais dit tout ça avant ?

-Parce que je me suis rendu compte de la dernière partie y a pas si longtemps.

-D'accord...

-Je suis vraiment désolé, Martin. J'imagine que ça a fait du mal à Magda, et qu'elle a dû t'en parler.

-À peine, tenta vainement de le rassurer Martijn.

-Je voulais éviter que tu lui fasses du mal, et au final, c'est moi qui lui ai fait du mal. Si c'est pas ironique ça, conclue Charlie avec un petit rire nerveux.

-Il est pas trop tard, tu sais ? Si toutes ces déclarations sont là pour qu'on tente d'améliorer les choses et bien, moi, je suis près.

-Ouais, c'était un peu pour ça effectivement, répondit Charles en donnant un coup de pied inutile dans une vague. Je dis pas que tout vas être parfait dès demain, mais je peux essayer de faire encore plus d'efforts. J'en faisais déjà depuis la naturalisation de Magda.

-Ouais, j'avais remarqué.

-Et t'as rien dit ?

-C'était pas hyper flagrant non plus, et pour tout te dire, ça sonnait un peu, beaucoup, très faux. Mais je pense qu'on peut faire quelque chose de bien, maintenant.

-Ok. Alors on repart à zéro, proposa Charlie en tendant sa main à Martijn qui la serra chaleureusement.

-Et Charles, pour ton histoire de trouver la bonne personne. Moi, je serais toi... Je ne m'en ferais pas trop, assura le plus jeune des garçons avec un mouvement de tête vers leur groupe duquel Ariel semblait s'éloigner avec Annabeth et Silena.

-Ariel !? Mais c'est une amie.

-Ouais. Je disais ça de ta sœur aussi. Avant. »

Charlie secoua la tête en levant les yeux au ciel, mais en gardant un petit sourire sur le visage.

« Par contre... Une dernière chose... Tu restes Martin.

-Ça me va, répondit Martijn dans un éclat de rire. » 

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