Chapitre 26 - Le Carnet Bleu
Chapitre Vingt-Sixième
Aujourd'hui, c'était la dernière journée où Magda devait retourner au lycée. Aujourd'hui, elle allait enfin connaître les classes qu'elle aurait l'année prochaine, les collègues avec lesquels elle allait devoir travailler ainsi que son emploi du temps. Et Magda avait très envie d'avoir un bon emploi du temps. Celui où elle n'a pas cours jusqu'à dix-sept heures trente le jeudi.
« J'y vais ! cria-t-elle à la cantonade dans leur appartement. Je vais être à la bourre-là.
-Bisou avant, réclama Martijn en arrivant dans l'entrée et en attrapant la chaussure que Magda s'apprêtait à enfiler.
-Martijn ! »
Le garçon ne céda pas, il tendit sa joue à Magda et attendit qu'elle cède enfin à son caprice.
« Rappelle-moi quel âge tu as ?
-Vingt-neuf ans, sourit Martijn. Mais je mange encore des céréales au petit-dèj' juste pour pouvoir lire les jeux au dos de la boîte, alors je ne suis pas certain que ce nombre veuille dire grand-chose.
-C'est pas faux ça, fit Magda en attrapant sa veste. T'as pas oublié que je passais la soirée avec les filles.
-Bah non. Y a l'Ajax qui joue ce soir. Louis, Menno et Staas viennent voir le match ici.
-D'acc'. Ne tâchez pas le tapis.
-Pas notre genre.
-Oui. Bien sûr. Bonne journée Marty !
-Bonne journée ! Je t'aime. »
X+X+X+X+X
Laura était la dernière à être arrivée au bar. Quand elle avait passé la porte du bar, elle avait aperçu Magdalena qui lui faisait un petit signe de la main. Laura lui sourit, et sourit encore plus quand elle remarqua que la jeune fille qu'elle voyait de dos, c'était Rika. Rika qui était en couple avec son Loulou.
« Hallo ! fit-elle en arrivant au niveau de ses amies.
-Hein que j'ai eu raison ?
-Raison de ?
-De ne pas me laisser faire et de me battre pour un emploi du temps qui me convenait.
-Attends, commença Erda. Elle a refilé toutes les secondes à son collègue parce qu'elle n'aimait pas le programme. Sérieux !
-On parle de la civilisation antique ! s'exclama Magdalena. Je m'en fous un peu de la civilisation antique.
-On se calme. Je comprends rien.
-Magda. Distribution des emplois du temps. Elle s'est un peu pris la tête avec des collègues pour avoir les classes qu'elle voulait : les terminales, résuma Romy. Bon maintenant que Laura est là, on les commande ces verres ?
-C'est hyper cool le programme de terminale, se justifia Magda en ignorant la jolie rousse. En plus ça parle des Etats-Unis et je m'y connais pas mal en Etats-Unis, non ?
-On n'en doute pas, Magda, fit remarquer Rika en riant.
-Ouais... Bah moi, je vous le dis, je m'y connais. Et grâce à moi, ils auront tous leur bac avec des mentions stratosphériques. Vous allez voir !
-T'es vraiment stressée en fait, commenta Laura. Il a raison Martijn.
-Quoi ?, fit Magda.
-Bon moi, je fais chercher les verres, décida Romy en se levant. Pour la peine, ça sera la même chose pour tout le monde.
-Merci Romy, répondit Laura avec un grand sourire. Martijn m'a appelée cet après-midi. Il voulait me dire que t'étais hyper stressée. Au début il a mis ça sur le compte des examens de tes élèves qui approchaient, mais au final c'est passé et c'est de pire en pire. Il ne sait plus quoi faire.
-Pourquoi il ne me le dit pas ça ? s'énerva Magda.
-Peut-être parce que la dernière fois qu'il a essayé, tu lui as crié dessus en disant que t'étais pas énervée, proposa Erda. Tu fais souvent ça quand t'es énervée.
-Moi ?
-Oui, confirmèrent les trois autres filles présentes à la table.
-Mais ce n'est pas grave parce que dans ton cas, c'est normal, continua Laura en saisissant son sac à main. T'as un mariage binational à préparé. Et malgré le talent de ta wedding-planeuse, ça reste angoissant. C'est pourquoi je t'ai apporté ceci.
-Qu'est-ce que c'est ?, demanda Magda en saisissant le petit carnet que Laura venait de poser sur la table.
-Un carnet anti-stress de mariage. T'as de la chance, c'est le dernier bleu qu'il nous restait au bureau. Bref. Dedans, tu vas marquer tout ce qui te passe par la tête en ce qui concerne ton mariage. Tes idées, tes doutes, tes angoisses, tes joies, tes sentiments. Tout.
-Le principe d'extériorisation, définit Rika. Classique.
-Voilà. Tu vas voir, c'est génial. Tu notes tout et puis tu m'en fais part de temps en temps quand y a besoin. Ah ! Et dedans, je t'ai mis des infusions pour contrer tes insomnies.
-J'ai pas d'insomnies.
-C'est pas ce que m'a dit Marty... sourit Laura en portant sa paille à sa bouche.
-Vas-y, il me saoule parfois !, s'énerva Magda en fourrant son nouveau cahier dans son sac.
-Il s'inquiète pour toi, rectifia Erda. C'est plutôt mignon.
-C'est plutôt très mignon, confirma Romy.
-J'avoue que parfois, c'est cool..., concéda Magda. Exemple... Je voulais faire des frises chronologiques pour aider mes élèves dans leurs révisions J'en avais fait au brouillon et fallait que je les refasse un peu mieux. Bref, elles traînaient sur mon bureau et quand Martijn les a vues, il s'est proposé pour les faire. Il les a faites, parce qu'il veut que mes élèves me trouvent super cool. Il en a aussi profité pour laisser son âme d'artiste s'exprimer. Elles étaient vraiment trop belles.
-Il veut vraiment pas qu'ils te détestent, rit Erda.
-Et tu pouvais pas faire tes frises toi-même ?
-Non. J'étais overbookée, tu vois ? Je veux dire... Quand j'étais élève, je comprenais pas que les profs mettent cinquante ans à corriger les copies, mais maintenant j'ai compris ! En fait, mes profs avaient une vie. Genre en juin, j'ai pas vu le temps passer. Entre mes cours, le stress des élèves pour les exams, l'organisation des classes de l'année prochaine, ma naturalisation, mon anniversaire, les quelques jours que ma famille est venue passer ici, le début des préparatifs du mariage et la lourdeur de ma mère pour la liste des invités, la maintenance de l'appartement et puis caser ma meilleure amie avec mon meilleur ami. Overbookée, je vous dis !
-Ouais, enfin la dernière partie, t'as bien failli la foirer, rit Erda.
-Non, les filles ! commença Rika. On ne vas pas en parler ce soir. C'était vachement bien de parler de la vie de Magda. Continuons de parler de la vie de Magda.
-Oh non, non, non ! s'exclama Laura. On s'en fout de la vie de Magda. Toi ! Et Louis ! Genre, le couple improbable ! J'arrive pas à m'y faire...
-Oui, bah t'en fais pas, ça risque pas de durer.
-Rika !
-Quoi ?! C'est vrai ! Laura a raison. Notre histoire est improbable. Genre... On a rien en commun. Je sais même pas comment on a fait pour tenir six jours.
-Mais Rika, il fait des efforts, fit remarquer Magda. Tu crois vraiment que Louis aime aller à l'opéra ? Non. Et pourtant, il y est allé avec toi. Alors bien sûr que ça va marcher. Si toi aussi, tu y mets du tiens. Ça va marcher.
-Louis à l'opéra. Plus grosse blague de l'année, rit Romy.
-C'était super bien ! défendit Rika.
-On n'en doute pas, rirent les quatre filles.
-Qu'est-ce que vous pouvez être énervantes parfois, souffla Rika. Vous voulez pas parler d'autre chose ? Genre Staas et sa nouvelle copine ou même Laura et son nouveau copain !
-Ouais... Non... Pas moi...
-Oh ! Grave ! Tu l'as présenté à Louis ? demanda soudainement Romy.
-Non ! Non. En vrai, je suis plus stressée de présenter David à Louis qu'à mes parents. Vous n'avez même pas idée... »
X+X+X+X+X
L'Ajax menait le match contre Zwolle et cela rendait Martijn très contant. En plus, Staas avait acheté des pizzas Margarita avec des champignons et c'étaient ses préférés. Vraiment une super soirée.
« Louis, pourquoi tu ne souris pas ? s'exclama Staas en se levant du canapé. On va vraiment leur mettre une branlée aux nordistes. On est parti pour un bon trois-zéro là !
-Et en plus, les pizzas de Staas sont vraiment trop bonnes ! compléta Sam en prenant la dernière part qui traînait dans l'assiette. Enfin si Marty ne fait pas cramer la dernière.
-Elle ne va pas cramer ! Je gère ! cria Martijn qui observait la dernière pizza par la porte vitrée du four.
-Je vais quand même aller vérifier, décida Louis en se levant du canapé.
-La confiance règne...
-On te connaît. C'est tout ! cria Sam. Et moi, j'aime les pizzas pas trop cuites ! »
Louis, qui arrivait dans la cuisine, laissa échapper un petit rire. Il alla s'appuyer contre l'évier à côté du four et se mit à fixer ses pieds.
« Qu'est-ce qui t'arrives ? demanda Martijn en fixant toujours sa pizza dans le four.
-Pourquoi y a pas de porte à ta cuisine ?
-Parce que. Y en a pas à la tienne non plus.
-Si. Mais je la ferme jamais. Nuance.
-Ouais, d'accord. Qu'est-ce qu'il y a ?
-Elle rentre à quelle heure Magda ?
-J'en sais rien. Tard. Elle est en vacances et elle passe la soirée avec ton ex et ta meuf. C'est drôle ça, non ?
-Non. C'est pas drôle. Non.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Je peux rester cette nuit ?
-Ça va pas à ce point ?
-Je peux rester ou merde ?
-Oui. Bien sûr que tu peux rester. Mais qu'est-ce qui...
-Super ! Allez. Elle est prête ta pizza.
-T'es sûr ?
-Sors-la avant que Sam grogne parce qu'elle est trop cuite. »
X+X+X+X+X
Magdalena aurait vraiment aimé que la soirée dure plus longtemps, mais le problème était qu'on était jeudi et que, de ses quatre amies, elle était la seule à être en vacances. Donc, à une heure du matin, les filles avaient décrété qu'il était l'heure de rentrer parce qu'elles n'avaient plus l'âge de traîner dans les bars jusqu'à cinq heures alors qu'elles travaillaient toutes le lendemain et Magda avait trouvé ça bien nul. Elles s'étaient quittées devant la porte du bar et chacune d'entre elle était partie dans une direction. Rika avait pris celle de l'arrêt de tram le plus proche et quand Laura la vit partir, elle se dit que si elle ne parlait pas à Rika ce soir, elle ne trouverait jamais l'occasion et il fallait qu'elle lui dise deux mots. Alors elle avait crié son nom pour que la jeune femme s'arrête et l'attende.
« Oui ?, avait demandé Rika quand Laura était arrivée à sa hauteur. Qu'est-ce qui se passe ?
-Rien. Rien... C'est juste que... Je veux que tu sache que j'ai pas de problème avec vous.
-Vous qui ?
-Toi et Louis. Je veux te dire que ça ne me pose aucun problème. Ce soir, j'ai eu l'impression que tu n'étais pas à l'aise qu'on en parle parce que j'étais là. Mais je suis contente pour vous et vraiment, ça ne me pose aucun problème. J'aimerais vraiment que ce soit pareil de ton côté.
-Ah... Euh... D'accord. C'est gentil de me le dire.
-Tu sais, quand j'ai quitté Louis, je lui ai demandé une seule chose. Je lui ai demandé d'être difficile en amour parce que c'est quelqu'un de bien et qu'il mérite quelqu'un qui l'aime comme il se doit. Je sais que tu l'aimeras comme il le mérite. Donc je suis vraiment heureuse que vous vous soyez trouvé et j'ai aucun problème avec votre couple. Je ne veux pas que ça devienne bizarre entre nous à cause de ça.
-Euh... Ok.
-Je voulais te dire ça rapidement, parce qu'après, ça allait traîner et... Ça aurait mal fini. Donc comme ça, on est claire.
-Ouais. On est claire.
-Super !
-Super.
-Je te laisse rentrer alors, je crois que c'est ton tram. Et puis... Louis t'attend peut-être...
-Euh... Non. Non, il était avec Martijn. Y avait match ce soir. Donc personne chez moi. Voilà, donc j'y vais parce qu'effectivement, c'est mon tram.
-Ok. Et bah bonne nuit alors.
-C'est ça. Bonne nuit. »
X+X+X+X+X
« Louis... t'es sûr ? Je peux te ramener, moi, proposa Sam pour la cinquième fois.
-Non, non. C'est bon. T'inquiète. Leur canapé est hyper confortable.
-T'es vraiment sûr ?
-Oui ! Vas-y prends tes clefs, fit Louis en saisissant les clefs de voiture de Sam et en lui collant sur le torse. Et rentre chez toi. Je vais dormir ici, et demain, Magda va me préparer un super petit déjeuner parce qu'elle sera persuadée que je suis en dépression.
-Bon... Je rentre alors... Mais t'es sûr que...
-Vas-y. Rentre. Je te jure. »
Sam finit par prendre ses clefs de voiture et sortit de l'appartement non sans avoir encore demandé à Louis s'il était bien certain qu'il ne voulait pas qu'il le ramène. Une fois la porte fermée derrière son ami asiatique, Louis retourna dans le salon où Martijn l'attendait, bien installé dans le rocking-chair de Magdalena.
« Tu te rends compte que tu m'as laissé mettre tes amis à la porte de ton appartement ? demanda Louis quelque peu outré.
-C'est parce que tu fais ça trop bien.
-Ouais. C'est ça, maugréa Louis en s'installant dans le canapé face à Martijn.
-Qu'est-ce que tu voulais me dire ?
-Qu'est-ce qui te dit que j'ai un truc à dire ?
-Tu sais que t'es chiant à faire ça ?
-À faire quoi ?
-À répondre à une question par une autre question quand tu ne veux pas parler d'un truc.
-Je fais ça moi ?
-Tu vois ? Là, c'est encore une question !
-Possible.
-Bon alors. Qu'est-ce que tu as à me dire ? »
Et la Louis ne répondit pas. Ni par une question, ni par une affirmation. Il ne dit rien et se contenta de fixer Martijn, en serrant un coussin contre lui. Et là, Martijn se dit que c'était peut-être grave.
« T'es malade ?
-Bah non !
-Bah j'en sais rien... Ce sont tes parents qui sont malades ?
-Mais non !
-Quoi alors ?
-C'est compliqué.
-Qu'est-ce qui est compliqué ?
-Ma vie.
-Hé mec... Je suis pas psy... Commence pas à partir dans des théories existentielles à minuit passé.
-C'est pas existentiel. C'est... Physique plutôt.
-T'as eu un problème avec Rika..., tenta Martijn pas trop sûr de lui. Un problème... D'ordre physique du coup.
-Alors... C'est pas ce à quoi tu penses. Enfin presque...
-Comment ça ?
-Bah... Euh... C'est compliqué.
-Accouche.
-Elle veut rester vierge jusqu'au mariage, lança Louis alors qu'il semblait chercher ses mots depuis une bonne minute.
-Ah.
-C'est tout ce que t'as à me dire ? Attends ! Tu te rends compte deux secondes de ce que je viens de te dire.
-Oui. Mais... Écoute Louis... Je sais pas quoi te dire. Elle sait que tu me l'as dit ?
-Oui.
-Et tu le sais depuis quand ?
-Depuis le début. Mais dans quoi je me suis embarqué ?! cria Louis en étouffant les dernières syllabes dans son coussin.
-Non, mais attends. Dramatise pas comme ça. C'est pas grave. Je veux dire que c'est juste une question...
-Si tu me sors que c'est une question d'équilibre, je balance ce coussin dans ta tête.
-C'est une question... De stabilité dans votre couple.
-Ta gueule, répondit Louis en lançant son cousin vers Martijn qui riait. Non, mais là, tu rigoles. Mais moi, je suis hyper mal à l'aise avec l'idée. Parce que là, ça va. Ça fait une semaine. C'est nouveau, c'est marrant, c'est cool et je suis bien. Sauf que quand ça sera plus nouveau, ça sera plus marrant et je ne serai plus bien. Et comme je ne serai plus heureux, elle ne le sera pas non plus et on va se séparer et on sera tristes tout les deux et elle me dira qu'elle le savait depuis le début. Et elle n'aura pas tort parce qu'elle le sait littéralement depuis le début que ça va mal finir.
-C'est bon ? T'as fini ?
-Mais c'est vrai !
-T'as pas l'impression de faire des plans sur la comète ? Peut-être que tu vas te rendre compte que c'est pas si mal que ça l'abstinence, et que ça va très bien se passer.
-Tu crois vraiment ce que tu viens de dire ?
-Mais oui ! C'est un challenge Louis. Et j'ai toujours su que tu étais un homme de challenge.
-Arrête de te foutre de ma gueule. Je te jure. C'est pas drôle.
-Un peu quand même. Plus sérieusement Louis. Vis ce que t'as à vivre et te pose pas de question pour savoir comment ça sera dans une semaine, quatre mois ou un an. On n'en sait rien. Personne ne le sait. Alors vis ton truc et tu verras bien, conclut Martijn en se levant. Tu veux une couverture pour dormir ? »
--- NDA ---
🐣❤️
Petit mot vu que je me rends compte que j'ai presque oublié de poster aujourd'hui....
Je veux juste vous dire que n'ayant pas de connexion internet ce week-end, le chapitre du vendredi est décalé à jeudi exceptionnellement !
Donc à jeudi les pioupious,
Des bisous de sommeil,
Uthopie. 🐥❤️
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