Chapitre 24 - Le Secret de Rika

Chapitre Vingt-Quatrième

Rika n'avait pas bien compris pourquoi Magda voulait absolument la voir ce soir, qui plus est dans ce lieu qu'elle ne connaissait même pas. Mais Magda avait dû lui demander six fois dans la journée si elle venait bien ce soir. Rika lui avait assuré qu'elle venait.

Quand elle avait poussé la porte de leur lieu de rendez-vous, elle avait tout de suite remarqué son amie sur la table non loin de la porte. Enfin non. Ce qu'elle avait remarqué en premier, c'était la personne qui était face à Magda ; parce que même si elle ne la voyait que de dos, elle l'avait immédiatement reconnue. Son regard croisa un instant celui de Magda et Rika se décida à faire demi-tour. A quoi jouait-elle sérieusement ? Rika avançait à grande enjambée vers sa station de tram, avec un peu de chance, elle n'aurait pas à trop attendre. Elle apercevait enfin l'aubette quand elle sentit son bras être tiré en arrière.

« Rika. Arrête.

-Lâche-moi.

-Non.

-Louis ! Lâche-moi ! hurla soudainement Rika au beau milieu de la rue. »

Mais malgré le cri de la jeune fille, Louis n'avait pas lâché le bras de Rika.

« Non.

-Si tu ne me lâches pas, je hurle encore une fois, prévint la jeune femme.

-Vas-y. Fais-toi plaisir. »

Rika fixa le garçon qui se tenait devant elle. Il devait bien la dominer de deux bonnes têtes et elle savait qu'elle ne pourrait pas se débarrasser de lui comme ça. Pas juste en hurlant dans la rue. Elle allait juste réussir à le faire embarquer par la police.

« Rika. Je te demande juste des explications. C'est tout. Je te demande pas de changer d'avis ou je sais pas quoi. Je veux juste que tu m'expliques ce qui se passe dans ta tête parce que je suis complètement perdu là. »

Rika ne répondit pas. Elle regardait partout autour d'elle. Partout tant que ça n'impliquait pas de regarder Louis. Ce qui marchait bien, c'était de compter les vélos qui passaient à côté d'eux.

« Regarde-moi... »

Rika secoua la tête de gauche à droite.

« Rika. Regarde-moi. »

Louis saisit doucement le menton de Rika pour la forcer à le regarder, mais elle l'évitait avec toujours autant de talent.

« Frederika, s'il te plaît.

-On peut pas en parler là, finit-elle pas lâcher dans un simple murmure alors qu'un quatorzième vélo passait à côté d'eux.

-Tu veux qu'on aille où ?

-Un truc tranquille.

-Alors viens. »

Louis attrapa sa main et la ramena au café duquel elle s'était échappée quelques minutes plutôt. En entrant, Rika remarqua tout de suite que Magda avait disparu. Elle ne payait rien pour attendre. Louis continua, sûr de lui, vers le fond du café. Il désigna un canapé en cuir usé par les passages des différents clients pour que Rika puisse s'asseoir puis, il prit place sur la chaise en face.

« Alors ?

-Bonjour, dit le serveur en s'approchant d'eux. Qu'est-ce que je vous sers ?

-Deux cafés, répondit rapidement Louis en le fixant avec un regard noir. »

Il le regarda s'éloigner de leur table et reporta une nouvelle fois son attention sur Rika. Elle était toute refermée sur elle-même. Elle avait tiré les manches de sa large blouse blanche jusqu'à la moitié de ses mains qu'elle utilisait pour cacher le bas de son visage. Ils se fixèrent un moment en silence.

« Je ne veux pas que tu me regardes différemment.

-Rika... À moins que tu m'annonces qu'en fait, t'es un mec, ça devrait bien se passer. Je ne pensais pas que je te faisais peur.

-Tu ne me fais pas peur Louis. J'ai peur de ce que tu vas penser de moi. »

Louis s'apprêtait à répondre, mais le serveur revint avec leurs deux petites tasses remplies de café noir. Elles étaient drôles ces tasses, parce que les anses avaient été remplacées par des ailes d'anges en caoutchouc. Celles de Rika étaient bleu turquoise alors que celles de Louis étaient vert pomme. Voyant que Rika ne rajoutait rien alors que le serveur était parti, Louis sortit son téléphone pour le poser sur la table.

« Je te préviens, j'ai toute ma soirée devant moi, dit-il en ouvrant son application Facebook. On ne partira pas tant que tu ne m'auras rien dit. »

Rika le regarda traîner distraitement sur son téléphone sans vraiment savoir ce qu'il regardait précisément et jouer avec les ailes de sa tasse de sa main de libre. À le voir assis devant-elle, elle finit par se rendre compte que si elle ne lui parlait pas ce soir, elle ne lui parlerait jamais ; ce n'était pas une solution. Il fallait qu'elle prenne son courage à deux mains. Ça n'allait pas être long, après tout, ce qu'elle avait à lui dire tenait dans une toute petite phrase. C'était rien une phrase. Et puis elle n'avait jamais eu honte de ça, pourquoi avait-elle commencé avec Louis ? Franchement ? « Parce que Louis s'est tapé la moitié d'Amsterdam, lui susurra sa conscience. Et aussi parce que t'es raide dingue de lui. ».

« Je suis vierge. »

À la fin de sa phrase, Louis releva lentement la tête vers elle. Il la fixa en silence une très, très, très longue seconde avant de dire :

« Tu te fous de ma gueule ?

-Tu vois ? Je savais que tu réagirais comme ça...

-Réagir comment ? Rika... Je m'en fous ! T'imaginais quoi ? Sérieusement... C'est tellement débile. Tu m'évites depuis un mois à cause de ça ?!

-Tu comprends pas...

-Oh si... Je crois que j'ai assez bien saisi l'idée générale...

-Non. Louis... Si je suis vierge, c'est parce que je ne veux pas coucher avec un homme avant le mariage. »

Et là, Louis bugga. Il se mit à fixer Rika avec de grands yeux sans bouger. C'était comme s'il n'arrivait pas à intégrer la deuxième information de la phrase.

« Pardon ? »

Rika ne l'entendit pas. Elle continua à parler sans regarder Louis, parce que maintenant qu'elle avait commencé, elle allait lui dire tout ce qu'elle voulait lui dire.

« J'ai jamais eu honte de ça, tu vois ? Y a qu'avec toi. Parce que je sais que pour toi, c'est la base le sexe. Et que pour toi, c'est juste du sexe. Sauf que moi, je ne vois pas du tout les choses comme ça. Mais vraiment pas. Pour moi, c'est super important et j'ai pas du tout envie de donner ma virginité à n'importe qui... Je ne dis pas que tu es n'importe qui ! Mais... Tu vois ce que je veux dire ? J'ai juste envie que ma relation amoureuse ne soit pas basée sur le physique, j'ai envie qu'il y ait plus que ça. Et je ne suis pas sûre que tu puisses le comprendre. T'es tellement décomplexé sur le sujet que depuis le début, je sais que ça ne marchera pas entre nous. Louis... Je ne peux pas te demander de te plier à mon choix, parce que toi, t'as rien demandé. En plus, il paraît que c'est beaucoup plus difficile quand tu as déjà essayé et toi... Bah on sait tous les deux que t'as déjà essayé. Plein de fois même. Enfin bref, c'est pour ça que je me suis éloignée de toi ; quand j'ai compris et accepté le fait qu'on allait droit dans le mur. Et y a plein d'autres trucs qui ne vont pas aller entre nous. Je veux dire... Le dimanche, t'adores aller au ciné voir le film qui comporte le plus de morts possibles tandis que moi, j'adore relire Orgueil et Préjugé pour la quarante-deuxième fois, emmitouflée dans mon plaid avec une tasse de chocolat chaud dans les mains. En semaine, t'appelles tes potes pour sortir parce que t'es de bonne humeur et que tu veux partager ça avec eux, alors que moi, si je sors en semaine avec les filles, c'est parce que ça va pas du tout et je compte sur elles pour me remonter le moral. Tu passes ton temps à être à la bourre, je te soupçonne même de mettre un point d'honneur à ne jamais être à l'heure, et je pense qu'il n'y a rien qui m'énerve le plus au monde. Tu vois ce que je veux dire ? Ça ne peut pas marcher entre nous. On est beaucoup trop différents. Mais surtout... J'ai pas envie que tu sois malheureux à cause d'un de mes choix personnels. T'es chiant, mais t'es un mec bien et tu ne mérites pas d'être malheureux. »

Rika finit son monologue en avalant une gorgée de son breuvage à la caféine.

« Tu peux dire quelque chose, s'il te plaît ? finit-elle par lui demander.

-... Jusqu'au mariage...

-T'as écouté un peu tout ce que je viens de te dire ?

-Oui. Oui. Mais... Jusqu'au mariage ? Genre un vrai mariage ?

-Ouais. Celui avec le prêtre et la robe blanche et tout le tralala. Ce mariage-là.

-Who... Ok. Je... Euh... Effectivement... C'est... Voilà, quoi.

-Super, merci, répondit Rika en levant les yeux au ciel.

-Hé attends ! C'est pas trop ce que j'avais imaginé, ok ?!

-Et tu t'attendais à quoi ?!

-J'en sais rien ! Mais pas à ce que la fille sur laquelle je fantasme depuis des mois m'annonce qu'on va pas pouvoir coucher ensemble avant un certain nombre d'années !

-Tu vois ?! C'est bien ce que je dis ! Pour toi, c'est juste du sexe !

-Mais non, c'est que... Oh et puis tu sais quoi ?! Ouais. C'est juste du sexe.

-Tu m'énerves.

-Je sais. De toute façon avec toi, c'est toujours pareil.

-Louis... C'est pas ce que j'ai dit...

-Un peu quand même.

-Excuse-moi. C'est juste que... C'était pas facile de te dire ça.

-Mmmh, grommela Louis en vidant tout son sachet de sucre dans sa tasse.

-Et... On fait quoi maintenant ?

-Et bien... Moi, je vais déjà aller prendre l'air deux minutes. On verra après, répondit-il en se levant de sa chaise et en se dirigeant vers la sortie du café. »

En le regardant s'éloigner, Rika laissa tomber sa tête dans ses mains.

X+X+X+X+X

De RIKA:
T'es sérieuse ???????!

De MAGDA:
Tu lui as dit ?

De RIKA:
Oui.

De MAGDA:
Et il a dit quoi ?

De RIKA:
Qu'il allait « prendre l'air deux minutes ».
J'ai compris qu'il n'allait pas revenir quand je me suis rendue compte que ça faisait trois quarts d'heure qu'il était parti « prendre l'air deux minutes »

« Je t'avais dit que c'était pas une bonne idée, fit Martijn dans l'oreille de Magda alors qu'il lisait ses messages en même temps qu'elle. Fallait pas t'en mêler.

-Tu sais même pas ce qu'elle lui a dit.

-Certes, mais si elle voulait garder ça pour elle, y avait peut-être une raison, non ?

-J'ai fait une boulette ?

-... Bah... Un peu ouais...

-C'était pas du tout prévu que ça foire...

-Non, mais c'est pas si grave, essaya de relativiser Martijn devant la tête déconfite de Magdalena. Je veux dire... On connaît Louis. Il va réfléchir deux secondes et ça va aller.

-Ou pas. J'ai merdé, là...

-Ça va passer, t'inquiète. »

Martijn passa son bras autour des épaules de Magdalena alors que les lumières de la salle de cinéma s'éteignaient une à une.

« De toute façon, ils ont intérêt à se rabibocher. Une des mes demoiselles d'honneur ne peut pas faire la gueule à ton témoin. C'est pas possible. »



--- NDA --- 

Hello les pioupious 🐣❤️


Vous allez bien ? J'espère que cette première semaines de rentrée à été pour tout le monde. 


J'espère aussi que ce chapitre vous a plu ;) Je veux bien de vos retours, si certains avait pensé à ça ou si vous aviez pensé à autres chose 😏 En tout cas,  pas de panique, vous aurez le choix que va faire Louis dès vendredi ! Des pronostiques ? 


Je vous fais des milliards de baisers,


Uthopie. 🐥❤️



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