Chapitre 23 - Louis et Frederika
Chapitre Vingt-Troisième
De LOUIS:
Tu viens te bourrer la gueule avec moi ?
De MARTIJN:
Pardon ?
De LOUIS:
Le monsieur te demande si tu es partant pour aller te bourrer la gueule ce soir dans un bar choisi au hasard et de préférence avec des filles sexy à l'intérieur.
De MARTIJN:
Tu sais que demain je bosse et que toi aussi ?
De LOUIS:
Si tu savais ce que j'en ai à foutre...
De MARTIJN:
Ok... On se retrouve où ?
Louis lui avait envoyé l'adresse d'un bar que Martijn ne connaissait pas, mais il n'avait pas posé de question. Il était redescendu de son atelier, avait prit sa douche avant de prévenir Magda qu'il ne serait pas là ce soir.
« Louis va pas super bien, du coup, je vais passer la soirée avec lui.
-Juste tous les deux ?
-Ouais, je crois pas qu'il ait demandé à d'autres gens. Je sais pas. Bref, en tout cas ne m'attends pas ce soir. Peut-être même que je dormirais chez lui s'il a vraiment trop bu et je filerais au boulot direct, demain matin.
-D'accord.
-Je file du coup, prévint Martijn en partant vers l'entrée.
-Marty ?
-Ja ?
-Prends soin lui d'accord ?
-Je gère.
-Mmhmmh...
-Bonne soirée Magda ! Je t'aime ! »
X+X+X+X+X
« Assis-toi, là, ordonna Martijn en poussant Louis dans son canapé. Qu'est-ce qui se passe ?
-Pourquoi tu ne voulais pas qu'on aille en boîte ?!
-Parce que t'as largement assez bu pour ce soir.
-Non ! contredit Louis en tentant de se lever.
-Si. Tu restes dans ce canapé, réitéra Martijn en repoussant Louis. Réponds à ma question, maintenant. Il est trois heures du mat', je t'ai regardé raconter des conneries toute la soirée à la moindre fille qui passait, alors maintenant accouche.
-Est-ce que tu trouves que je suis moche ? demanda soudainement Louis en s'allongeant dans son canapé.
-Quoi ? Attends, c'est quoi le rapport ?
-Je suis moche, oui ou non ?
-Non. Enfin j'en sais rien. J'ai jamais réfléchi, mais j'imagine que non. Mais... Tu t'es pris un râteau ? T'en a déjà pris d'autres et t'en prendras d'autres.
-Sauf que je crois que je suis amoureux de la fille.
-Depuis quand tu tombes amoureux ? Attends Louis, cette fille tu dois la connaître depuis même pas un mois.
-T'en sais rien ! fit remarquer Louis. Si ça se trouve je la connais depuis beaucoup plus longtemps.
-Tu la connais depuis combien de temps ? finit par demander Martijn en levant les yeux au ciel.
-C'est marrant, quand je la saoule, elle fait pareil.
-C'est-à-dire ?
-Elle lève les yeux au ciel.
-Louis ?
-Oui ?
-C'est pas Rika ?
-Hein ?
-La fille dont t'es amoureux... C'est pas Rika ? »
Louis finit par tourner la tête vers son ami et le regarda avec un sourire désolé sur le visage.
« C'est pas improbable.
-Oh non, non, non.
-Mais elle ne veut plus me parler. Elle ne répond plus à aucun de mes appels, elle m'envoie des SMS avec le moins de mots possibles et elle me demande juste de la laisser tranquille.
-Louis. Louis. Louis.
-Alors que je te jure que j'ai rien fait de mal ! continua le jeune homme blond. Je te jure ! J'ai même pas été relou... Enfin un peu, mais... Comme d'hab' quoi...
-Va la voir. Passe à son cabinet.
-Je l'ai fait ! J'ai même pris rendez-vous sous un autre nom. Mais quand elle m'a vu, elle m'a demandé de partir. Ce qui est encore plus énervant, c'est qu'elle ne crie pas. Je veux dire par là, qu'elle reste tout le temps calme. Jamais un mot plus haut que l'autre.
-C'est Rika quoi. T'as fait quoi ? T'es parti ?
-Bah j'allais pas forcer la porte...
-Ouais...
-Non mais Martijn... Qu'est-ce que je vais devenir ?
-Hé ! Détends-toi Caliméro. Ça va s'arranger.
-Arrête de toujours dire ça. Ça m'énerve et c'est pas vrai. »
X+X+X+X+X
De RIKA:
Tu fais quoi ce soir ?
De MAGDA:
Rien.
Martijn passe la soirée avec Louis.
De RIKA:
On peut se voir ?
De MAGDA:
Oui, bien sûr. Tu veux qu'on aille où ?
De RIKA:
On se retrouve sur Costakade ?
De MAGDA:
Ça marche :) Je finis mon cours et je pars de chez moi.
De RIKA:
A tout de suite.
Merci :)
Magda avait fini de préparer son cours du lendemain, s'était rapidement habillée avec son pull bleu marine qui traînait sur le canapé et ses derby marrons dans lesquels elle se sentait comme dans des chaussons, et avait enfin pris la direction de Costakade par la ligne 7 du tramway. Quand elle était descendue à Bilderdijkstraat, Rika l'attendait déjà. Magda était allée directement vers son amie en remarquant immédiatement que son amie n'allait pas très fort. Et sans réfléchir, Magda se dit que Martijn devait être devant un Louis à peu près dans le même état. Elle avait gardé le bras de Rika enlacé avec le sien et elles s'étaient dirigées vers leur bar préféré du quartier. Ce bar, c'était un peu le QG des filles et il avait le mérite d'être à peu près équidistant de chacun de leurs appartements. Elles s'étaient installées sur une petite table de deux, calée entre deux banquettes. Rika avait commencé à parler avant que Magda ne lui demande quoique ce soit. Elle avait parlé de Louis, de la façon dont il l'énervait, de cette irrésistible envie de le voir qu'elle ressentait. Elle lui avait parlé de ses sentiments, de la façon dont ils avaient évolués et de comment elle se sentait par rapport à tout cette tornade émotionnelle.
« Bref. Ma vie est triste.
-Mais non...
-Et tu sais pas ce qu'il m'a fait ?! coupa la jeune femme qu'on ne pouvait plus arrêter. Cet après-midi, il est venu au cabinet pour me parler.
-T'as fait quoi ?
-Bah je l'ai retrouvé dans la salle d'attente, parce qu'il avait pris rendez-vous sous un autre nom, cet abruti. Donc je l'ai trouvé dans la salle d'attente assis sur le canapé rouge. Et je lui ai dit de partir, alors que j'avais pas envie qu'il parte, mais je voulais pas qu'il reste non plus.
-Il est parti ?
-Oui. Avec son petit air tout triste, ça m'a donné envie de pleurer. Et... Et... Et je sais plus en j'en suis dans ma vie.
-Rika ? Tu veux que je te dise ?
-Mmmh ?
-T'es amoureuse de lui. C'est tout.
-Non, alors ça, c'est impossible.
-Pourquoi ?
-Mais parce que jamais il n'acceptera mon choix. Que ça va me rendre triste. Que ça va le rendre triste. Que tout le monde va être très triste et très malheureux, donc... No way.
-T'en sais rien.
-Magda ! On parle de Louis là.
-Et bah justement ! Louis peut être très surprenant.
-Il a dû coucher avec tout Amsterdam, je te rappelle...
-Ok. Je te l'accorde, ça va pas être facile de lui faire avaler le truc. Mais je suis persuadée qu'il passera au-dessus.
-Tu ne penses même pas ce que tu viens de dire. Je peux boire dans ton verre ?
-Y a de l'alcool, prévint Magda.
-Tant mieux, répondit Rika en saisissant le verre et en avalant plusieurs gorgées d'un coup. »
Magda resta quelques secondes interdite devant le comportement de Rika. Cette dernière reposa le verre sur la table et fixa l'autre jeune femme.
« On peut parler d'autre chose ? Où en est votre mariage ? »
Magda soupira: éviter le sujet n'était pas vraiment une solution, mais Rika semblait catégorique, elle ne voulait plus évoquer Louis pour le reste de la soirée. Alors elle lui parla des préparatifs, de la liste d'invités interminable que sa mère avait préparée, des lieux de réception auxquels ils avaient pensés et de tous les détails qui allaient avec cette organisation. Puis elles en étaient arrivées à parler de Laura et de son nouveau copain, elles enchaînèrent sur Staas et sa nouvelle copine, ainsi que tous les autres petits potins de leurs amis dont Magda raffolait. Elles avaient fini par quitter le bar vers une heure du matin ; et malgré les tentatives de Magdalena pour changer les idées de son amie, Rika n'avait pas retrouvé sa bonne humeur. En arrivant dehors, Magda remarqua qu'une toute petite pluie tombait sur Amsterdam. Rika, qui la suivait de prêt, s'arrêta en sentant une première goutte tomber sur sa joue.
« Et il pleut, sa mère ! s'énerva-t-elle. Mais quelle journée de merde...
-Rika ? demanda Magda en souriant.
-Quoi ?!
-Depuis quand tu dis « sa mère » ?
-J'en sais rien !
-Tu traînes vraiment trop avec Louis, rit Magdalena en ouvrant son parapluie pour les protéger toutes les deux. »
X+X+X+X+X
Martijn n'avait pas dormi chez lui. Avec Magda, ils ne s'étaient retrouvés que le soir, à leur café habituel. Magda avait parlé de sa soirée avec Rika. Martijn lui avait parlé de sa soirée avec Louis. En entendant tout cela, Magda avait pris une décision: elle allait les forcer à se parler. Ça avait fait rire Martijn.
« Je suis hyper sérieuse !
-Je sais bien.
-Je m'en occupe dès demain.
-Non, non, non. Tu ne t'occupes de rien du tout. Ni demain, ni aucun autre jour d'ailleurs. Tu les laisses tranquille.
-Mais ça va jamais bouger si on fait rien. Et ils sont malheureux tous les deux. Je ne veux pas de gens malheureux dans mes amis.
-Si tu t'en mêles, ça va mal finir.
-Mais non ! Écoute... Demain, je propose un café à Rika, de l'autre côté, j'en propose un à Louis. Et bam ils se rencontrent. Par hasard.
-Ça ne marchera jamais, assura Martijn. Magda, ce genre de truc ça ne marche que dans les films et les romans à l'eau de rose. Mais jamais dans la vraie vie.
-Tu vas voir si ça marche pas dans la vraie vie, contredit Magdalena en cherchant son téléphone dans son sac.
-Non... Magda... Arrête..., fit Martijn en tentant d'attraper le téléphone de sa fiancée.
-Alors... Salut, Loulou. Est-ce que... Tu es... Partant pour un café... Demain soir ? Je te laisse... Le choix... Du café. Et hop ! Envoyé.
-Magdalena !
-J'envoie un truc du même style à Rika et c'est réglé.
-T'es pas possible.
-Et nous, on fera quoi pendant ce temps-là ?
-Ciné ?
-Tu capitules vite, remarqua Magda.
-De toute façon, t'as envoyé le message... Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ? Ils passent 1922 au ciné à côté de l'appart'.
-C'est du Stephen King ça... Je vais encore faire des cauchemars pendant deux semaines...
-Non mais c'est pas comme Ça.
-Raconte.
-C'est l'histoire d'un fermier qui a tué sa femme avec son fils. Il a enfoui le corps dans un puits et à dit à tout le monde qu'elle s'est barrée. Il échappe à la police, mais il a très mauvaise conscience et l'histoire, c'est comment il arrive à...
-Ah oui, t'as raison. Zéro cauchemar avec ça. Sinon au Pathé de Leidsedwarsstraat y a une double séance des Justice League, annonça Magda qui cherchait la liste des séances sur son téléphone. C'est bien ça. Pas besoin de réfléchir.
-Mais ce sont toujours les mêmes qui gagnent à la fin. Fais voir. »
Martijn attrapa le téléphone des mains de Magda et parcouru rapidement la liste des séances du lendemain. Ne trouvant rien qui lui plaisait, il reprit son téléphone et zieuta les films qui passaient au cinéma non loin de chez eux.
« J'ai un film français sur la Première Guerre Mondial si tu préfères.
-Ah pas mal.
-Parfait. Adjugé pour le ciné demain soir pendant que ton plan mène mon meilleur ami à la catastrophe, conclut Martijn en avalant la fin de son café. »
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