Chapitre 17 - Quelque chose à te demander

Chapitre Dix-Septième

Ce dimanche-là, il pleuvait. Camille avait donc organisé le Cluedo sur la table de la cuisine. Martijn venait tout juste de gagner la partie haut la main pour la première fois en solo et il avait un immense sourire sur le visage. Le genre de sourire qui insupportait Magda. Et alors que Martijn expliquait, pas peu fier, comment il avait réussi à déduire qui avait tué le colonel Moutarde dans le salon avec le chandelier, Charlie entra dans la cuisine.

« Fini ?

-Ouais.

-Alors ? Qui a trouvé ?

-Martijn. »

Charlie se contenta d'acquiescer de la tête en avalant son verre d'eau.

« Martijn, qui a un truc à te demander, fit Prim' en ramassant tous les pions sur le plateau.

-Ah bon ? s'étonna Charles.

-Non mais... Ça peut attendre, affirma Martijn en pliant le plateau de jeu avec une très grande attention.

-Non. Ça peut pas attendre, contre-affirma Primaël qui échangea un regard avec le Hollandais.

-De quoi vous voulez parler ? fit Magda soudainement très intriguée.

-D'un truc entre Martin et moi visiblement. Tu veux qu'on en parle dehors ?

-Il a arrêté de pleuvoir ?

-Non, mais j'aime bien rester sous la pluie. C'est marrant, répondit Charlie en levant les yeux au ciel et en ouvrant la porte vitrée de la cuisine.

-Prim'. Je te hais, fit Martijn en se levant de sa chaise. »

Et il suivit son troisième beau-frère sur la petite terrasse de la cuisine en prenant soin de bien fermer la porte derrière lui. Magda les vit s'asseoir sur le banc en bois qui avait été protégé de la pluie par le petit toit au-dessus de la terrasse, mais elle ne pouvait pas entendre ce qu'ils se disaient.

« Arrête de plisser des yeux, sourit Primaël. Ça t'aidera pas à savoir ce qu'ils se disent parce que tu ne sais pas lire sur les lèvres.

-Tais-toi. Faut que je me concentre. »

Mais il fallait se rendre à l'évidence: même avec toute la concentration du monde, Magda était incapable de savoir ce qu'ils se disaient. Une fois le plateau rangé, tout le monde partit vaquer à différentes activités et Magda excusa une soudaine envie de café pour rester dans la cuisine. Elle alluma la cafetière et passa à côté de la porte pour l'entrouvrir discrètement et pouvoir enfin entendre ce qu'il se disait.

« Ok, fit Charlie après avoir fixé Martijn de longues secondes.

-Vraiment ?

-Ouais. Vas-y. Fallait bien que ça arrive, donc bon... »

Magda ne voyait pas le visage de Martijn, mais il devait y avoir un sourire qu'elle pouvait entendre dans sa voix.

« Merci Charles.

-Fais gaffe quand même, hein...

-Oui. Oui, je sais, répondit Martijn en se levant du banc. T'inquiète pas.

-Si, je m'inquiète un peu quand même, mais j'imagine que c'est normal... »

Le néerlandais se retourna une dernière fois sur Charles avant de rentrer dans la cuisine. Il y trouva Magda toujours debout à côté de la cafetière où ne coulait aucun café. Il la fixa avec amusement.

« De quoi vous parliez ?

-Mystère.

-T'es sérieux ?!

-Très sérieux, rit Martijn devant la tête désabusée de Magdalena. Je vais prendre une douche avant le dîner.

-Non. Marty, reviens.

-Bisous, bisous.

-Martijn Gelderman ! Reviens ici !

-Je t'aime !

-Martijn ! »

X+X+X+X+X

Cela faisait quatre jours que Magda essayait de savoir ce que Martijn et Charlie s'étaient dits, mais ils n'avaient rien lâché. Charlie et Prim' non plus d'ailleurs. Et ça avait beaucoup, beaucoup énervé Magda.

Pour ce jeudi soir, elle avait prévu d'emmener Martijn au restaurant, de lui faire les yeux doux et du pied tout le repas jusqu'à ce qu'il lâche au moins une information. Mais elle dut mettre tout ça de côté en recevant un message de Martijn.

De DIEU:
J'ai fini plus tôt, aujourd'hui !!! :)

De MAGDA:
Super ! :) 
J'avais pensé à un resto pour ce soir :)

De DIEU:
Pourquoi pas, oui :)

De MAGDA:
Et après ?

De DIEU:
Je sais pas... Des idées ?

De MAGDA:
Plein... ;)

De DIEU:
Café avant ?

De MAGDA:
Bien sûr ! J'arrive.

Magda avait souri en remettant son téléphone dans son sac et en pédalant jusqu'à leur café. Parce qu'avec les années, c'était devenu leur café. Elle était arrivée deux minutes plus tard devant les tables en bois, elle avait posé son vélo comme à son habitude et était entrée dans le café. Elle était allée commander un café au comptoir du rez-de-chaussée, s'était fait servir par Andréa qui lui avait souri malicieusement, puis était partie vers l'escalier en mode automatique. Elle avait gravi cinq marches quand elle remarqua qu'il y avait quelque chose qui sortait de l'habitude. Il y avait des photos sur le mur d'à côté. Encore plus étonnant: il y avait des photos de sa vie ; des photos de son couple. Il y avait certaines photos qu'elle avait oubliées, d'autres qu'elle n'avait pas vues depuis longtemps. Mais toutes lui rappelaient de beaux souvenirs. Il y avait des photos d'eux pendant des vacances chez ses parents quand ils allaient à la plage, quand ils se baladaient sur la promenade du port, les après-midis qu'ils passaient à laver Broadway. Elle se souvenait de ces après-midis-là parce qu'ils se terminaient toujours assis au pied de la baignoire en fou rire. Magda monta encore quelques marches et tomba sur une photo d'elle à la barre du bateau de Garance. Il arrivait qu'elle emmène Martijn en mer avec elle, passer une soirée loin du monde. Suivaient des photos de Martijn et elle, d'eux à Noël, à des Nouvel An, à des vernissages de Martijn. Il y avait même une vieille photo d'eux deux au gala de Noël de la dernière année de Martijn et la toute première qu'ils avaient pris ensemble sur cette péniche lors de son premier Festival des Lumières. C'était il y a huit belles années. Deux marches plus haut, il y avait tout un ensemble de photos de leurs week-ends de Pâques. Paris, Prague, Lisbonne, Liverpool, Florence, Odda, Hambourg, Bonifacio ; tout était mélangé. Magda sourit devant chacune des photos. Enfin, sur les dernières marches, avaient été accrochées des dessins de Martijn. Des dessins d'elle. Des dessins d'eux.

Sur le comptoir du deuxième étage avait été posée une tablette. Magda la reconnut presque immédiatement: c'était celle de Martijn. Elle la déverrouilla et lança la vidéo qui était en attente. C'est Erda qui fut la première apparaitre.

« Ce que je préfère dans ta relation avec Magda ? Hum... J'aime l'idée que vous ne vous mentiez jamais et que vous soyez restés aussi complices qu'au premier jour. Quand je vous vois, je me dis que... Bah que le bon plan, c'est d'être en couple avec son meilleur ami, quoi. Et puis surtout, je vous trouve drôles. Et touchants aussi ! Vous êtes clairement l'histoire d'amour qu'on rêve tous de vivre, le couple d'amis qu'on rêve tous d'avoir. Ceux chez qui on est content d'aller manger le week-end. Quand c'est Magda qui cuisine, bien entendu. »

La deuxième personne fut Rika :

« J'ai toujours trouvé que vous aviez évolué ensemble. Mais là où c'est cool, c'est que vous avez évolué ensemble sans changer pour autant. J'ai déjà eu des amis qui ont changé totalement en se mettant en couple, mais pas vous. Je sais pas si vous vous rendez compte à quel point c'est agréable. Et puis vous poussez l'autre à être meilleur, vous vous rendez heureux. »

Ensuite, ce fut un couple qui apparut ; Jan et Hannah :

« La simplicité. Clairement, vous êtes simples, commença Jan. C'est pas négatif, hein ?! C'est même plutôt rassurant pour nous. C'est comme si, avec vous, on savait que rien n'allait jamais changer.

-Et puis quand vous êtes ensemble, vous respirez la confiance. T'as confiance en toi, t'as confiance en elle. Vous savez que vous vous aimez, ce que vous représentez pour l'autre. C'est presque magique. »

Bien sûr, il y eut Louis aussi :

« Alors je sais que tu m'avais demandé de t'envoyer une vidéo où je devais parler de ce que je trouvais merveilleux dans votre couple, ou je-sais-pas-quoi et plein de blabla. Mais moi, j'ai décidé d'expliquer à Magda comment on avait compris que t'étais tombé amoureux d'elle. Alors Magda... Bien sûr, il y a eu la fois où il s'est mis à sauter comme un débile mental dans les couloirs de l'école juste parce qu'il avait mangé avec toi ; mais avant ça y a eu plein de trucs. Déjà, il y eut toutes les fois où j'ai compris qu'il préférait t'appeler toi ou te voir toi quand il était énervé. Avant il m'appelait moi, il prenait son vélo ou je prenais ma voiture et on passait toute la nuit à jouer à la console jusqu'à ce qu'il se calme. Bon depuis que t'es arrivée dans le paysage... Fini. Ce n'est pas une critique Magda puisque ça me permet de moins perdre de parties de FIFA. Donc c'est même: merci. Sinon... Sam ! C'est à toi ! cria Louis en tournant la caméra.

-Ah ! Ok... Alors euh... C'était à une soirée. On avait un peu bu. Beaucoup bu... Et tu connais ton mec, quand il a bu, il est collant. Et là, il était collant. Mais collant... J'en pouvais plus. Et il n'arrêtait pas de me parler de toi et de ce qu'il ressentait. Physiquement, je parle. Il me parlait d'une chaleur, un truc qui était juste sous la poitrine et qu'il ressentait dès que t'étais dans le coin. Je me souviens parce que Jan n'arrêtait pas de lui rabâcher: « ça s'appelle le sternum ! » et que clairement, il n'en avait rien à foutre de comment ça s'appelait. Il nous parlait aussi de son petit cœur qui s'emballait quand il s'approchait de toi.

-Voilà, fit Louis ramenant la caméra sur lui. Je me souviens qu'il était effectivement très bourré pendant cette soirée.

-Moi, j'ai entendu parler de l'épisode de la pizza, fit la voix de Staas hors du champ de la caméra. J'y étais pas, mais Louis nous en a longuement parlée !

-Ah oui ! L'épisode de la pizza. C'était un peu avant la soirée où il était bourré, ça. Je sais pas si tu t'en souviens, c'était le soir où on était allé voir le festival des Lumières sur les canaux. Avant d'y aller, on était allé manger dans une pizzeria. Donc déjà Martijn m'avait demandé d'échanger nos places pour être à côté de toi mais bon... Ça... À la limite... Ce que j'ai retenu c'est qu'au moment de commander, tu t'es penchée vers lui pour lui demander quelle pizza il allait prendre et s'il voulait bien partager parce que tu hésitais. Quand je t'ai entendu lui demander ça, j'ai retenu un rire parce que Martijn ne partage jamais sa pizza. Genre jamais. Mais il t'a regardé, il a souri et il a dit « oui bien sûr ! ». Et vous avez commandé deux pizzas que vous avez partagées. Après ça, il essayait encore de me faire croire que vous étiez juste amis... Enfin... Moi, ce qui m'est revenu, c'est la première fois où il m'a dit qu'il te trouvait belle. Ça a pas été facile de lui faire sortir, mais il a fini par lâcher le morceau comme ça, au détour d'une phrase. Bon... Je ne me souviens pas de la phrase exacte, mais dans l'idée, il disait qu'il te trouvait belle quoi que tu faisais. J'ai trouvé ça gnangnan à souhait. Puis il y a eu la soirée où il a refusé de sortir avec nous, ses meilleurs potes, juste pour aller te voir. Il nous a dit qu'il trouvait que t'avais pas le moral et qu'il préférait s'assurer que tout allait bien. Quelques temps plus tard, je lui ai demandé est-ce qu'il voulait bien avouer une bonne fois pour toute qu'il était à fond sur toi. Il a souri avec son petit sourire, là. Tu vois duquel je parle ? Oui, tu vois. Il avait son petit sourire et tout ce qu'il a réussi à me dire, c'est qu'avec toi, il arrivait à être l'homme qu'il voulait être. »

La dernière personne fut plus surprenante: c'était Marie.

« La première fois où je suis venue voir Magda à Amsterdam, deux mois après son emménagement, on a un peu parlé de toi. Ok. On a beaucoup parlé de toi. Et elle m'a dit: « Je ne sais pas si on est parfaits. Et encore moins si on l'est l'un pour l'autre ». Je lui avais répondu que moi non plus. Moi non plus, je ne savais pas. Mais maintenant, je peux le dire. Vous n'êtes pas parfaits, sourit Marie. Mais dans tous les cas, vous êtes parfaits l'un pour l'autre. »

Magda reposa la tablette où elle l'avait trouvée. Elle monta au dernier étage en quatrième vitesse. Martijn était là, assis à cette table. À la table où ils s'étaient rencontrés neuf années plus tôt, en ce premier et pluvieux jeudi d'octobre. En l'apercevant, il s'était levé pour aller vers elle.

« Oui.

-J'ai encore rien dit, sourit Martijn.

-Je m'en fiche. C'est oui.

-Tu sais que j'avais prévu un super discours qui parlait des trois mille cent vingt-deux jours qu'on a passé ensemble.

-Marty...

-Ok. Je passe le discours, répondit-il en se penchant vers la table. »

Il y attrapa le petit écrin qui était posé à côté de sa tasse de café. Magda le reconnut, parce que Martijn avait le même que sur cette plage à San Francisco. Elle savait aussi qu'il contiendrait le même anneau si simple en or blanc, avec cet unique diamant rond.

« Ne mets pas le genou au sol, prévint Magda dans un chuchotement. Je trouve ça ridicule.

-Sûre ? demanda-t-il sur le même ton alors que tous les regards s'étaient maintenant tournés vers eux.

-Oui.

-Ok. Alors... Magda, est-ce que tu veux bien devenir ma femme ?

-Oui.

-Oui ?

-Oui ! répéta Magda beaucoup plus fort cette fois-ci. Bien sûr que oui. »






--- NDA ---

Coucou les pioupious !! 🐣❤️

Comment allez-vous ? Ça sent un peu la fin de l'été et j'espère que ces quelques mois, qui sont passés très vite, ressemblaient à ce que vous aviez imaginé.

Alors ce chapitre ? Personnellement, j'ai préféré cette demande à la première parce que je trouve qu'elle leur ressemble beaucoup plus. Des avis ?? Je suis pressée d'avoir vos retours ;)


Je vous donne rendez-vous vendredi pour le chapitre 18 déjà !!


Des baisers salés, 🏖


Uthopie. 🐥❤️


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top