Chapitre 16 - Tradition Pascale

Chapitre Seizième

Après que Sarah soit partie de chez lui, Louis avait changé les draps. C'était vraiment un truc débile. Mais c'était un truc débile qui lui avait fait du bien. Puis il avait sorti son appareil photo. La porte de la terrasse était restée ouverte et un rayon de lumière venait faire apparaître la poussière en suspension dans l'air. Cette photo, c'était un peu celle qui allait marquer le début du reste de sa vie.

Pour commencer, il avait voulu envoyer un message à Laura. Puis il s'était dit que c'était beaucoup mieux s'il allait directement la voir. Du coup, il avait claqué la porte de son appartement derrière lui et était parti en direction de l'appartement de son ancienne petite-amie. Il avait mis en marche sa musique en mode aléatoire et la première chanson qui lui parvient, ce fut Friend Of Mine ; et Louis se demanda si son téléphone lisait dans ses pensées parce que la chanson collait étrangement bien à tout ce qu'il vivait en ce moment. Toujours avec l'album d'Avicii dans les oreilles, il pédala et monta jusqu'à l'appartement de la jeune femme.

« Louis ?, fit-elle en ouvrant la porte. Qu'est-ce que tu fais là ?

-J'ai largué Sarah. C'est terminé. Point final. Je ne la reverrai plus.

-Super, répondit la jolie brune.

-Merci. Parce que sans toi, j'aurais sans doute jamais eu le courage de faire ça donc merci.

-Je t'en prie, Louis. J'avais un peu peur que tu m'en veuilles, mais je suis contente que tu l'aies pris comme ça et que tu es fait ça.

-Moi aussi, avoua le blond. Et elle te va super bien cette chemise. C'est une nouvelle ?

-Euh... On peut presque dire ça... Oui.

-Ah ! C'est pas la tienne.

-C'est ça.

-C'est à un mec ?

-C'est ça.

-Il est là ?

-Oui.

-Je dérange ?

-Un peu.

-Je vais aller faire chier Magda et Martijn du coup.

-Très bonne idée, fit Laura en commençant à fermer la porte.

-Je peux avoir un nom ? finit par demander Louis en passant sa tête dans la toute petite embrasure de la porte.

-Dégage Van Den Wall, rit Laura en fermant la porte. »

Louis rit lui aussi à la situation et repartit vers les escaliers. Alors qu'il descendait de la première marche, il entendit la porte de l'appartement se rouvrir derrière lui. Il se retourna et se retrouva avec Laura accrochée à son cou avant qu'il comprenne ce qu'il se passait.

« Je suis heureuse pour toi, Loulou, avait-elle dit en lui collant un baiser sur sa joue.

-File y a un mec chaud qui t'attend dans ton lit.

-Qui a dit qu'il était dans mon lit ?

-Laura !

-Je file. Bisous Loulou. »

X+X+X+X+X

Après le passage chez Laura, Louis avait filé chez son meilleur ami. Il s'était tapé les trois étages à pied en se demandant quelle excuse il allait pouvoir trouver pour ne pas s'occuper de descendre les meubles pendant leur déménagement.

« Martijn ! cria-t-il en toquant à la porte. Maaaaaaaaaaartiiiiiiiiiijn ? »

Il dut attendre encore quelques minutes avant que Martijn n'ouvre brusquement la porte.

« T'es malade de tambouriner comme ça ?! T'as vraiment un problème.

-J'ai largué Sarah. Je voulais vous en faire part. Je peux entrer ?

-T'as quoi ?! fit la voix de Magda une octave plus haut que d'habitude et qui semblait arriver du salon.

-J'ai viré Sarah de mon appart'. C'est terminé.

-Tu pouvais pas envoyer un message pour nous en faire part ?

-Non !

-C'est trop cool ! s'exclama Magda en apparaissant à son tour dans l'entrée. »

Louis se pencha un peu sur la gauche pour apercevoir Magda. Magda qui terminait d'enfiler un pull qui, de toute évidence n'était pas le sien. Puis Louis reposa son regard sur Martijn. Il remarqua enfin ses cheveux étonnement dressé sur sa tête, il remarqua de petites traces de rouge à lèvres à côté de son grain de beauté et autour de ses lèvres et puis surtout son regard qui lui disait clairement « dégage ».

« Vous ne pouvez pas me virer, assura Louis.

-Tu veux parier ?

-Je me suis déjà fait virer de chez Laura parce qu'elle a un mec et que je dérangeais.

-C'est pas mon problème.

-Martijn ! J'ai pas envie de rester tout seul !

-Mais je m'en fous ! Sérieux Louis, casse-toi !

-Je fais quoi moi en attendant que vous ayez fini de faire des bébés ? »

Martijn leva les yeux au ciel et se retourna pour aller dans la cuisine. Il aperçut Magda qui se cachait le visage dans son pull. Il attrapa le programme du cinéma accroché au calendrier, prit un billet de vingt euros qui traînait dans une poche de sa veste et colla tout ça sur le torse de Louis.

« Tu descends, tu tournes à gauche puis encore la deuxième à gauche, tu verras le ciné. Trouve-toi un film et repasse après.

-Et si vous avez pas fini ?

-Bonne séance Louis ! répondit Martijn en claquant la porte devant le visage de son ami. »

X+X+X+X+X

Louis avait tourné à gauche en sortant de l'immeuble, puis il avait pris la deuxième à gauche et, effectivement, il avait trouvé un cinéma. Il avait choisi son film et s'était arrêté prendre des pop-corn qu'il comptait bien se faire rembourser par Martijn. Après le film, il était retourné à l'appartement. Il avait été hésitant au moment d'entrer, mais Martijn lui avait fait comprendre qu'il avait intérêt à vite prendre une décision s'il ne voulait pas voir la porte se refermer sur lui, une seconde fois. Louis avait pris une décision: il était entré.

« T'avais un truc à nous dire ? lui demanda Martijn en commençant à sortir les assiettes pour le déjeuner.

-À part Sarah ? Rien.

-T'es vraiment trop chiant comme mec, souffla Martijn alors que Magda riait au piano. Tu manges avec nous ?

-Oui ! »

Martijn leva les yeux au ciel, mais consentit à sortir une nouvelle assiette.

« Comment ça s'est passé ? finit par demander Magda.

-De ?

-Le dégagement de Sarah.

-Ha ! C'était... Libérateur. Je te raconte ?

-Bah oui... »

Louis laissa échapper un petit rire puis prit une chaise pour s'assoir à côté de Magda et commencer son récit depuis sa sortie du bar avec Sarah. Il en était à son arrivée chez Laura quand Magda lui demanda de se lever. Il fallait qu'elle prépare à manger et elle ne voulait louper aucun détail de cette histoire. Louis avait suivi dans la cuisine tout en continuant de parler. Il finit tout son récit au moment même aux trois coups sur la porte se firent entendre.

« Vous attendez quelqu'un ?

-Rika, informa Martijn en allant ouvrir.

-C'est elle la quatrième assiette ?

-Oui.

-Pourquoi Rika, elle est invitée à manger chez vous le dimanche midi et pas moi ?

-Parce que je ne suis pas aussi énervante que toi, expliqua Rika en saluant Magda.

-Ça reste à prouver ça, sourit Louis. Et moi, j'ai pas de bonjour ?

-Non. Tu m'as déjà énervée.

-Tiens, Rika. Avant que j'oublie..., fit Martijn en lui tendant une enveloppe.

-Elle vient manger le dimanche midi et en plus, elle a des cadeaux ?!

-Ce sont des invitations pour le vernissage à la galerie dans un mois.

-Et je ne suis pas invité moi ?

-Tu m'as dit que tu t'étais fait chier la dernière fois.

-Et ? Je veux venir !

-Y a deux places dans l'enveloppe. Vous n'avez qu'à venir ensemble.

-Non ! fit Rika alors que Louis exprimait le contraire au même moment. Il est trop chiant dans les musées.

-Je saurais me tenir. Allez...

-Je te jure que si tu me prends la tête... Je... Je...

-Tu ?

-Tu m'énerves, répondit Rika en allant s'asseoir à table.

-Bon... Au final, c'est oui ?

-Dix-neuf heures en bas de chez moi. Et petit conseil: ne sois pas en retard. »

X+X+X+X+X

Martijn était mitigé. C'était le week-end de Pâques et au week-end de Pâques, Magda et lui avaient une tradition: ils partaient en voyage de quatre jours. La première fois, c'était à Paris. La deuxième année, c'était à Lisbonne au Portugal ; la troisième à Hambourg en Allemagne ; la quatrième à Prague en République Tchèque ; la cinquième à Liverpool en Angleterre ; la sixième à Florence en Italie ; la septième année, Magda avait voulu se perdre, ils étaient allés à Odda en Norvège ; et enfin, l'année dernière, ils étaient retournés en France, à Bonifacio en Corse. À chaque voyage, Martijn avait fait un cadre souvenir qui ornait le mur de l'entrée. Tout ça pour dire que le voyage de Pâques était une vraie tradition pour lui. Donc, comme tous les ans, au début du mois de mars, il avait commencé à chercher des destinations. Il avait fini par s'arrêter sur une ville un peu perdue en Croatie. Le petit hic, c'était que quand il en avait parlé à Magda, elle avait répondu que ça serait pas mal de profiter de ce week-end pour aller voir ses parents en France. Martijn avait dut faire une drôle de tête parce qu'elle s'était sentie obligée de rajouter qu'il y aurait Prim'.

C'est pourquoi jeudi après le travail, Martijn était directement parti pour l'aéroport. Magda l'avait retrouvé directement là-bas. En attendant leur passage au portique de sécurité, ils s'étaient racontés leurs journées. Puis en attendant l'appel de leur vol dans le hall C, Magda lui avait passé un de ses écouteurs avant de se reposer sur son épaule.

« Tu sais que là, on devrait être porte D ?

-Il se passe quoi porte D ?

-Y a les vols pour la Croatie porte D.

-Arrête de bouder.

-Je ne boude pas, mais n'empêche qu'on pourrait y être.

-Ça va être cool, tu vas voir. En plus, il fait beau en ce moment en France.

-Cherche pas, je voulais aller en Croatie. Pourquoi la musique a baissé d'un coup ? Je l'aimais bien celle-ci...

-Message. C'est Prim'...

-Si c'est pour dire qu'ils ont loupé l'avion et qu'ils ne viennent plus je suis sûr que je vais me découvrir une mystérieuse gastro. Là. Maintenant.

De PRIM':
Charlie n'est plus avec Meghan. Il ne veut pas en parler et fait genre tout vas bien. Il n'arrête pas de parler de tout sauf de ça... Je n'en peux plus !!!! JE VAIS PETER UN CÂBLE !!!!
Bon... Tu imagines bien que ça ne va pas du tout, donc je préférais te le dire pour que tu te prépares.

De MAGDA:
Me préparer à ?

De PRIM':
Bah à lui remonter le moral, patate !!

X+X+X+X+X

« Ok. Super. Merci beaucoup. ... Oui, oui. Ça va. Je vais me reposer un peu ici quelques jours. Jusqu'à lundi au minimum. Mais je ne peux pas te donner de date de retour précise encore. ... Ouais, dépose tout ça chez Joey, ça sera très bien. Encore merci Ariel. ... Tu t'en fous. T'as qu'à lui faire croire qu'on couche ensemble. Ça lui fera une belle jambe, tiens. ... T'inquiète pas pour moi. Ça va. ... Ok, ça marche. À demain alors. ... Bonne journée. »

Et Charlie raccrocha. Il posa son téléphone côté de lui sur le transat et se laissa tomber contre le dossier de ce dernier. Il se mit à observer le ciel et attendit que les étoiles commencent à apparaître.

« Je t'ai apporté une couverture si t'as froid, informa Magda en arrivant à côté de son frère.

-Ça va.

-Tu veux pas dire autre chose ? Genre « Non, c'est bon. Je n'ai pas froid. ». Parce que tout ce que tu as dit de la journée, c'est « Ça va ». Alors que clairement, ça ne va pas. »

Charlie tourna la tête vers sa sœur. Il lui adressa un petit sourire et tira un second transat à côté du sien. Il voulait qu'elle reste avec lui.

« Non c'est bon. Je n'ai pas froid.

-Pourquoi tu ne parles plus depuis que tu es là ?, demanda Magda en s'installant sur le second transat et en dépliant la couverture sur elle.

-Comment ça, je ne parle plus ?

-Prim' m'a dit que t'arrêtais pas de parler au moment de partir. Et là, tu ne dis plus rien. Alors pourquoi ?

-J'en sais rien. J'ai juste pas envie de parler. Je pense.

-Tu penses à quoi ?

-À vous.

-À nous ?

-À Prim' et toi surtout.

-Ah ouais ?

-Tu vois... Meghan, c'était un peu... Comment dire ? Mon grand amour de jeunesse. Et je pensais vraiment qu'avec elle ça allait marcher. Allait marcher pour de bon. Parce que dans la famille, on aime bien garder nos grands amours de jeunesse. Prim' et Annabeth se connaissent depuis leurs dix ans, ils ont deux enfants. Ils ont des boulots qu'ils aiment et ils y réussissent. Ils ont un superbe appart' dans un quartier résidentiel du nord de Manhattan. Je veux dire... Ils ont clairement réussi leur vie. C'est le couple parfait. Presqu'aussi parfait que... que Harry et Meghan tiens. Tu vois, un truc vraiment de fou. Et puis toi... Toi, t'as rencontré Martin, t'avais dix-neuf ans. C'est ton premier vrai amour. C'est pas comme si l'autre gugus comptait vraiment. Et t'es heureuse avec lui. Je le vois bien. Moi, je pensais sincèrement que j'allais terminer ma vie avec Meghan parce que je voulais être de votre espèce. De celle qui finit avec son grand amour de jeunesse. Sauf que, clairement, non ; ça va pas être possible.

-Et alors ? Tu crois que pour être heureux, il ne faut avoir qu'un amour ? Ne connaître que l'amour unique ?

-Bah peut-être.

-Je t'ai déjà parlé de Louis ?

-Le pote de Martin ?

-Ouais, c'est ça. Le pote de Martin. Eh bien, Louis a, longtemps, été très amoureux d'une fille qui n'a jamais été amoureuse de lui ; mais qui lui a fait croire qu'il pourrait se passer quelque chose. Elle l'a mené en bateau pendant très longtemps : dès qu'elle avait besoin d'une épaule, elle l'appelait. Ce petit manège a duré jusqu'à y a deux semaines. Entre temps, Louis a rencontré Laura. Ça a duré plusieurs années entre eux, plusieurs années, où il a été heureux ; et puis ça s'est fini. Alors bien sûr, il y a eu quelques pleurs, mais j'ai toujours trouvé qu'ils avaient eu une belle fin. Une fin où chacun se rend compte qu'il n'est juste plus amoureux de l'autre et que ce n'est pas si grave que ça. Aujourd'hui, ils sont amis. Vraiment amis. L'ami que tu appelles quand ça va pas. L'ami qui n'hésite pas à s'engueuler avec toi parce qu'il sait que tu fais une connerie. L'ami que tu consultes avant chaque décision importante. Enfin, tu vois. Ils sont amis avec un grand A.

-Pourquoi tu me racontes ça ?

-Parce que peut-être que toi aussi, un jour, tu seras ami avec un grand A avec Meghan et ça sera super cool. »

Charlie regarda sa sœur avec un drôle de regard. Magda ne pouvait pas voir les détails parce que la seule lumière qu'ils avaient venait des baies vitrées du salon et de la lune. Mais elle pouvait apercevoir ses grands yeux verts bien ouverts.

« Quoi ?

-On ne sera jamais ami avec Meghan.

-Qu'est-ce que t'en sais ? »

Charlie marqua un petit temps de pause avant de reprendre.

« Est-ce que si Martin te trompait, tu lui pardonnerais ?

-Oui.

-Tu réponds vite, fit remarquer Charlie. D'habitude ça veut dire que tu mens.

-Je ne mens pas. Je suis sûre de moi. Nuance, mon cher ami.

-Et on peut savoir pourquoi ?

-Parce que je sais que ça sera toujours plus facile de lui pardonner que de vivre sans lui. Et aussi parce que je ne saurais pas aimer quelqu'un d'autre aussi fort.

-Arrête. Je vais vomir des cœurs là... »

Magda tapa son frère avec un bout libre de sa couverture et partit dans un éclat de rire, bientôt rejointe par Charlie. Quand leur fou rire fut calmé, elle se cala bien au fond du transat et commença à observer les étoiles avec son frère.

« Charlie ?

-Oui ?

-Pourquoi t'as autant de mal avec Martijn ?

-Franchement ? Je ne sais pas. J'attends qu'il fasse ses preuves.

-T'es sérieux ?! Tu trouves que tout ce qu'il a traversé avec nous c'était pas... Des preuves ?

-C'était pas mal. Mais je pense qu'il peut faire mieux.

-Charles...

-Quand il a fraîchement débarqué à la maison avec sa petite tête de Monsieur Parfait, je le trouvais louche. J'avais pas du tout envie qu'il croie que parce qu'il avait l'air sympa tout allait lui arriver sur un plateau d'argent. Et puis je me suis surpris à aimer le détester.

-T'es con.

-Je sais. Ça fait vingt-sept ans que tu me le rabâches.

-Et bah je le confirme : t'es complètement con.

-Ok, rit Charlie. »

Ce moment entre frère et sœur retomba ensuite dans le silence. Ce n'était plus le même silence que celui qui entourait Charles depuis son arrivée chez ses parents. C'était le genre de silence qu'on n'ose pas briser parce qu'on sait, on sent que cela ne fera qu'augmenter la gêne ambiante. Non. Ce silence-là était beaucoup plus rassurant. C'était le silence qui suit une délivrance ; le genre de silence qu'on n'ose pas briser parce qu'on ne veut pas ébrécher la magie d'un instant ; parce qu'on aimerait que le moment que l'on vit ne s'arrête pas et que cette plénitude ne s'arrête qu'avec le lever du soleil.

« T'étais avec qui au téléphone ? Je t'ai vu à travers la baie vitrée.

-Une pote.

-Une pote ?

-Je t'en dis pas plus, tu vas te faire des films. Alors qu'il n'y a clairement pas de quoi.

-Je me fais déjà des films là, rit Magda.

-Tu me saoules. Et si t'en parles aux deux autres... Je te tue.

-C'est bon. J'ai toute une saga dans ma tête maintenant.

-Qu'est-ce que j'ai fait pour avoir une sœur comme toi..., souffla Charlie en tentant de réprimer un sourire.

-T'as vu l'étoile filante qui vient de passer ?

-Non..., fit Charlie avec une petite moue. Je les loupe à chaque fois. Et Magdalena ?

-Mmmh ?

-Je crois que c'est plus facile de vivre sans elle. »

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