Chapitre 10 - Noël Français
Chapitre Dixième
Suzanne et Félix étaient amoureux. Ils étaient amoureux depuis quatre ans. Au début, ils étaient même fous amoureux, puis le temps était passé et leur relation était devenue plus discrète. Puis Suzanne avait fini par avoir un déclic. Tout avait commencé par un gros retard de règles. Elle en avait parlé avec Félix qui avait dit que si elle était enceinte et qu'elle voulait un enfant, ça pouvait se faire. Même si c'était plus rapide que ce qu'ils avaient prévu. Au final, un test de grossesse plus tard, le suspense s'était arrêté: il était négatif. Mais cette histoire avait été un déclic pour Suzanne. Elle ne voulait pas d'enfant avec Félix. Elle passait du bon temps avec lui, mais elle ne se voyait pas passer des années avec lui. Elle n'arrivait pas à se voir vieille avec Félix. Elle n'était pas malheureuse avec lui, mais elle n'était pas pleinement heureuse non plus. Elle était entre les deux. Ça avait duré comme ça pendant des mois jusqu'à ce dimanche matin de décembre où tout avait explosé sans aucune raison.
Félix cuisinait des pâtes et Suzanne traînait sur l'ordinateur. Elle regardait des destinations pour ses vacances en solo. Félix n'avait pas pu poser les mêmes jours qu'elle.
« Y a des vols pas trop cher pour Barcelone.
-On a avait prévu d'y aller ensemble. Prends autre chose.
-Sauf que ça fait deux ans qu'on prévoit d'y aller ensemble !, s'énerva soudainement Suzanne. Et on n'y est jamais allé. J'en ai marre de toujours attendre que tu sois dispo. Et puis quand tu es finalement dispo, on ne fait jamais ce qu'on prévoit ! Donc je vais partir à Barcelone. Et si t'es pas content, c'est exactement pareil.
-Euh... D'accord... Mais juste... T'en fais pas un peu trop là ?
-Non, répliqua catégoriquement Suzanne. »
La jeune fille reporta son attention sur son ordinateur, mais elle n'y prêtait absolument aucune attention.
« J'en peux plus Félix, dit-elle soudainement.
-Tu me fais quoi là ?
-J'en peux plus. Tout ça, je n'en peux plus. Ça ne peut pas continuer.
-T'es en train de me larguer ?
-Oui. »
En un mot, elle avait senti le monde entier s'écrouler autour d'elle. En trois lettres, tout ce qu'elle avait construit avec lui, tous les efforts qu'elle avait fait pour que leur relation fonctionne, tout était tombé. Elle avait l'impression de perdre tous ses repères en une petite fraction de seconde. Et là, Suzanne s'était effondrée en larmes. Félix s'était approché d'elle et il l'avait prise dans ses bras. Suzanne le trouvait étonnamment calme, c'était comme s'il attendait ce moment depuis des semaines. Qu'il était prêt pour ça et qu'il avait juste attendu qu'elle soit prête aussi.
« Ça va aller Suzy. Ok ? C'est juste une page qui se tourne. On va aller de l'avant. »
Suzanne culpabilisait parce que même si c'était elle qui le quittait, elle avait l'impression que c'était lui qui la consolait. Ils restèrent un bon quart d'heure comme ça, puis Suzanne avait décidé d'aller prendre l'air. Elle avait marché dans les rues, et elle avait été surprise de voir que le monde continuait de tourner malgré ce qui venait de se passer. Tout avait l'air normal, alors que plus rien n'était normal dans la vie de Suzanne. Elle avait fini par s'asseoir sur le premier banc qui s'était trouvé sur son chemin et avait envoyé des messages. Un message à Greta pour commencer:
De SUZANNE:
Coucou, pour information, je viens de quitter mon copain. Du genre définitivement. J'ai le cœur en miette, mais je ne veux pas en parler. Passe un bon Noël. Bisous.
Puis elle avait décidé d'écrire à son frère.
De SUZANNE:
Hallo. C'est fini avec Félix. Genre fini fini. C'était juste pour vous prévenir. Bisous.
De MARTY:
Tu veux que j'appelle Louis et qu'on aille lui casser la gueule ?
De SUZANNE:
Non. Ça va aller. C'est pas de sa faute. C'est moi.
De MARTY:
Ok. Comme tu veux.
Tu fais quoi pour Noël du coup ?
Et c'est là que ça arriva à l'esprit de Suzanne. C'était Noël. Enfin dans trois jours, c'était Noël. Ça devait être le premier Noël où elle irait dans la famille de Félix. D'ailleurs, c'est pour ça que ses parents allaient fêter Noël chez les Valencourt cette année. Donc, elle se retrouvait seule à Amsterdam pour Noël et ça lui brisait encore un peu plus le cœur.
De MARTY:
Suzanne ?
On part demain. Tu veux venir en France avec nous ?
De SUZANNE:
Je croyais que c'était déjà compliqué de loger tout le monde, je vais pas m'imposer au dernier moment...
De MARTY:
Tu veux venir oui ou merde ?!
De SUZANNE:
Oui ! Mais non.
De MARTY:
Magne tes fesses. On t'attend avant de partir. On est chez Pa et Mam.
De SUZANNE:
Martijn !
De MARTY:
Trop tard ! Magda a déjà pris ton billet. À tout de suite ! :)
Suzanne avait fini par rentrer à son appartement. Félix lui avait demandé un peu plus d'explication, sauf que Suzanne n'en avait pas ; parce qu'elle n'avait rien à lui reprocher. C'est juste qu'elle ne l'aimait plus. Et ça, Félix l'avait compris. Ils avaient regroupé quelques affaires de Suzanne, celles qu'elle viendrait chercher en premier. Puis elle avait fait son sac et était partie chez ses parents.
En arrivant, Magda avait ouvert la porte et avait fait un câlin à Suzanne avant même qu'elle ne dise quoi que ce soit. Suzanne s'était rendue compte qu'elle avait besoin de cet amour, parce que cet amour lui donnait de la force. Les deux filles avaient fini par rentrer dans la maison. Suzanne s'était assise à côté de son père qui terminait son fondant au chocolat. Anouk avait apporté une part du plat qu'elle avait préparé pour le déjeuner. Martijn lui avait demandé ce qui s'était passé et Suzanne avait juste dit qu'elle n'en pouvait plus. Ses parents n'avaient pas posé plus de questions. Puis Anouk était montée finir leur valise tandis que Martijn et Gregor étaient partis dans le salon. Seule Magda était restée avec Suzanne.
« T'as bien fait Suzanne. Si t'étais pas heureuse, t'as eu raison de partir.
-Merci, répondit Suzanne en avalant une bouchée de son fondant. Merci de me dire ça. Je t'avoue que là, je ne suis plus sûre de rien dans ma vie.
-C'est normal. Mais tu vas passer par-dessus tout ça. T'es pas toute seule, ok ?
-Ok. Et tu sais pour Noël... Je ne veux pas m'imposer chez tes parents. Ils m'ont vu qu'une ou deux fois, on se connaît pas vraiment.
-Mais t'es de la famille. Et y a toujours une place pour la famille chez nous. On ne va pas te laisser toute seule ici le jour de Noël. C'est hors de question.
-Je suis contente que tu sois de ma famille, alors. »
Cette réflexion avait fait rire Magda et avait arraché un premier sourire à Suzanne.
X+X+X+X+X
Agnès devait bien avouer quelque chose: quand sa fille lui avait envoyé un message pour lui dire que Suzanne viendrait avec eux, elle n'avait pas été aux anges. Mais Magdalena avait dit que Suzanne devait venir avec eux, qu'elle ne pouvait passer Noël toute seule et qu'elle avait besoin de sa famille. Alors Agnès avait dit oui. Mais le souci, c'est que la maison n'était pas extensible et trouver des couchages pour tout le monde commençait à relever du casse-tête chinois. Elle avait même fait un plan pour pouvoir être sûre de faire tenir tout le monde. Matthieu et elle dans leur chambre, là pas de question. Charlie et Meghan dormaient déjà dans celle de Charlie. Annabeth et Prim' dans celle de Prim'. Baptiste et Camille dans celle de Baptiste. Ses trois petits-enfants avaient déjà choisi leur lit dans le dortoir du quatrième étage. Pour samedi soir, tout le monde avait donc un lit. Là où ça devenait un peu plus compliqué, c'était pour dimanche. Magda et Martijn débarquaient avec tous les Gelderman. Et Laurent et Caroline, les parents de Camille, arrivaient également le dimanche. Magda et Martijn dormiraient dans leur chambre, ça, c'était certain. Pour les autres... Agnès réfléchit quelques minutes et finit par se décider à laisser la chambre d'ami à Gregor et Anouk. C'était la première fois qu'ils faisaient le voyage jusqu'ici et Agnès voulaient qu'ils se sentent comme chez eux. Il lui restait un couchage dans le bureau et des lits dans le dortoir. Elle choisit de faire dormir Laurent et Caroline dans le bureau. Et elle proposerait à Suzanne une place dans le dortoir des enfants et si cela ne lui convenait pas... Elle aviserait à ce moment-là.
On était dimanche soir et tout le monde était enfin arrivé. Agnès avait expliqué la situation à Suzanne et était montée avec elle pour lui montrer le lit qu'elle lui proposait. Arrivées au quatrième, elle l'avait guidée au fond de l'immense pièce.
« Les trois lits, ici, sont ceux des enfants. Mais je me suis dit que tu serais bien dans le lit du fond. Il y a des rideaux que tu peux tirer pour un peu plus d'intimité.
-C'est parfait, Agnès, assura Suzanne. Vraiment. C'est très bien. Ne vous en faites pas. »
Agnès avait souri à Suzanne et l'avait laissée sortir ses affaires et se mettre à l'aise. Elle lui signala simplement que le dîner serait servi vers vingt heures trente, et qu'ils prendraient sûrement un premier verre avant. Elle pouvait descendre dès qu'elle le souhaitait. Suzanne la remercia encore une fois et s'allongea sur son lit alors qu'Agnès redescendait. Elle fixa le plafond au-dessus de son lit et là, elle réalisa que c'était vraiment fini. Et elle pleura. Encore une fois.
X+X+X+X+X
Aujourd'hui, c'était la veille de Noël. Il régnait une ambiance bon enfant chez les Valencourt, et Suzanne commençait à retrouver le moral. Elle discutait beaucoup avec Agnès qui était en vacances et parler à quelqu'un qui ne connaissait pas son histoire avec Felix lui faisait penser à autre chose ; et puis s'occuper des enfants aidait aussi beaucoup. Quand elle s'était levée, ce 24 décembre, elle était directement descendue dans le salon où elle trouva Silena, Baptiste, Meghan et Charlie. Ils l'informèrent que les autres étaient partis au marché.
« Même mon frère ?
-Ah non. Il prend son petit-déjeuner avec Magda.
-Ouais, je me disais aussi. Je vais aller manger moi aussi, alors.
-Ne mange pas trop, lui ordonna Charlie. On commence le déjeuner à midi pile. Sinon, on n'aura pas le temps de tout faire cet après-midi. Faut pas prendre de retard.
-De retard sur ?
-Sur le programme de Noël, répondit Charlie en lui tendant une feuille. Prends-le, c'est le tien. »
Suzanne attrapa la feuille bleue que lui tendait Charlie.
« C'est quoi ça ?
-Ton programme de Noël ! répéta Charlie exacerbé. T'as tous les horaires de la journée, et l'activité qui t'a été attribuée. Je crois que tu t'occupes de préparer l'apéritif avec Baptiste.
-T'inquiète pas. Je ne suis pas aussi psychorigide que lui, la rassura Baptiste. Vas prendre ton déjeuner tranquillement et t'occupe pas de lui. »
Suzanne acquiesça et repartit vers la cuisine. Sa feuille toujours dans la main. Elle arriva dans la cuisine alors que Martijn et Magda terminaient leurs tasses de café. Il y avait leurs programmes de Noël posés sur la table. Visiblement, Martijn devait terminer les décorations de Noël dans la maison avec les enfants, tandis que Magda était préposée au dressage de la table du dîner.
« Il est tout le temps comme ça, ton frère ? avait fini par demander Suzanne.
-Juste à Noël, sourit Magda. Tu fais quoi, toi ?
-Préparation de l'apéritif. Avec Baptiste.
-Ça va aller. Baptiste trouve que c'est n'importe quoi, donc il met toujours un point d'honneur à ne pas respecter son programme.
-Donc tous tes frères ne sont pas comme Charlie.
-Non. Et Dieu, merci, souffla Martijn. »
Les trois jeunes terminèrent leur petit-déjeuner en échangeant encore quelques mots. Puis Suzanne se leva.
« Je vais vous laisser.
-Tu ne nous déranges pas.
-C'est gentil de me dire ça, mais j'y vais quand même. C'est aussi votre jour aujourd'hui alors je vais vous laisser les quelques heures de liberté avant le début de votre super programme. Je vais aller promener Yankee. Comme ça, vous êtes libres. Je peux aller où ?
-Suis le chemin qui part sur la gauche quand tu sors du jardin. C'est toujours tout droit.
-Ok. Je vais faire ça. À tout à l'heure ! »
Martijn eut envie de prendre sa sœur dans ses bras. Aujourd'hui, ça faisait huit ans tout pile qu'il avait embrassé Magda pour la première fois. Et, avec tout ce monde, il avait eu peur qu'ils n'aient pas un moment juste à eux.
« Tu veux qu'on fasse quoi ? demanda Martijn
-Je sais pas. On a trois heures devant nous.
-Tu veux pas qu'on mange ailleurs ce midi ?
-Si. Si tu veux. Je vais me préparer alors. »
Magda s'était levée à son tour pour quitter la cuisine. Elle avait fait un détour par le salon pour signaler que Suzanne allait s'occuper de la balade de Yankee et qu'elle et Martijn ne déjeuneraient pas ici ce midi. Charlie avait râlé, mais Magda lui avait rappelé que leurs programmes ne commençaient qu'à quinze heures vingt-sept. Charlie avait tenté de faire changer d'avis sa sœur, mais rien n'y avait fait ; Magda était montée dans la salle de bain. Elle avait pris une douche puis avait enfilé une chemise blanche, son pull noir et son jean clair. Elle retourna ensuite dans la chambre où Martijn terminait d'enfiler son sweat gris.
« Il te va bien ce sweat, fit Magda en embrassant Martijn sur la joue. T'as pas vu mes mocassins argentés ?
-Il te va bien ce pull. Ils sont dans la pochette extérieure de mon sac.
-Cool ! Merci.
-T'es prête ?
-Oui, répondit Magda en attrapant son sac sur la commode. Les manteaux sont en bas ?
-Oui. Quelque part sous le monticule du porte-manteau.
-T'as réservé quelque part ?
-Tu verras, répondit Martijn en prenant la main de Magda dans la sienne. »
--- NDA ---
Hey !! 🐣❤️
J'espère que vous allez bien. Chapitre plus tôt dans la journée car je suis à un concert ce soir (pas de Vianney... Mais bon... Ça peut pas être parfait à chaque fois).
Petite note parce que dimanche dernier j'ai oublié l'arbre que je vous avait promis:
Bien sûr il y a des trous parce que vous n'avez pas encore tout lu ^^ Vous pourrez le compléter comme ça ;)
Sinon, j'ai ouvert un compte twitter alors si certains veulent suivre l'avancée des derniers chapitres et mes lectures du moment (en papier et sur WattPad) hésitez pas: @ Uthopie_Books
Et je recherche des comptes sur l'écriture sympatique alors vous pouvez partager si vous en connaissez ! :)
Des bisous heureux,
Uthopie. 🐥❤️
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