Chapitre 14 - Mew
C'était plus fort que moi, je ne pouvais pas le regarder. La colère et la peur bouillonnaient en moi. Notre appel de la veille avait réveillé, en quelques minutes, toutes mes craintes, toutes mes angoisses. Il avait raccroché en me laissant seul avec cette détresse et il n'avait pas rappelé. J'avais attendu toute la soirée. D'abord inquiet puis, peu à peu, fou de rage, je n'avais pas fermé l'œil de la nuit.
J'en étais venu à douter de la réalité de ses sentiments pour moi. Pourquoi était-il si agacé par mon appel ? En avait-il marre de moi et de mon étouffante proximité ?
J'étais trop tactile, trop proche de lui, tout le temps. J'avais pourtant l'impression qu'il en était heureux et parfois qu'il en avait besoin, mais je me trompais sûrement... Pourquoi gardait-il contact avec elle ? C'était son ex et surtout, c'était une femme. Je ne faisais pas le poids face à elle.
Toutes ses questions, tous ses doutes se bousculaient dans ma tête, m'empêchant de réfléchir calmement. J'avais conscience de réagir de manière excessive, mais je n'arrivais pas à me résonner. La raison était simple : j'étais mort de peur. Peur de le perdre... Peur qu'il m'abandonne...
Pendant la matinée, il avait fait quelques tentatives pour m'approcher, mais j'étais encore trop en colère pour lui parler. La rancœur aurait pu me faire dire des choses que je regretterai. Il aurait dû réagir hier. Pourquoi n'avait-il pas appelé ? N'avait-il aucune conscience de mes sentiments ?
De nouveau, lors de la deuxième séquence, nous dûmes refaire la scène plusieurs fois. Gulf n'était clairement pas concentré sur son jeu. Je décidai de demander de l'aide à Mame. Même si j'étais en colère, cela ne devait pas perturber le tournage.
Je la pris à part pour lui parler.
— Excuse-moi, Mame. Je peux te demander un service ? demandai-je légèrement gêné.
— Bien sûr, répondit-elle avec un large sourire bienveillant.
— Peux-tu répéter le script avec Gulf...
Elle m'observa en silence, les sourcils froncés, comme si elle cherchait la meilleure réponse à m'apporter.
— Je me doutais que ta requête concernerait Gulf.
— Oui... Tu as dû le remarquer, nous sommes en froid aujourd'hui, dis-je en me passant nerveusement la main dans les cheveux.
— C'est évident pour tout le monde... Je veux bien répéter avec lui, ça ne me pose pas de problème. Mew... continua-t-elle après un moment d'hésitation. Je ne sais pas pourquoi vous vous êtes disputés et ça ne me regarde pas. Mais, regarde-le... Il a l'air complètement perdu...
Je levai les yeux vers Gulf à ces mots. Il était assis dans un coin, seul, à pianoter sur son portable. La peine et la confusion se lisaient sur son visage.
— Sait-il seulement ce que tu lui reproches ? demanda-t-elle en posant sa main sur mon bras. Parle-lui. Il me fait de la peine, continua-t-elle en souriant affectueusement.
— Comment pourrait-il ignorer la raison de ma colère ?
— Ce qui est évident pour toi, ne l'est pas forcément pour lui. Si tu ne mets pas de mots sur ce que tu ressens, comment veux-tu qu'il le sache ? Il ne ressemble pas à quelqu'un qui boude, mais à quelqu'un qui ne comprend pas ce qui se passe.
Elle avait raison. Gulf avait vraiment l'air égaré. Mon coeur se serra. Était-il vraiment inconscient de ce qui se passait en moi ?
— Nous devons démonter le matériel et l'installer pour la prochaine prise. Je pense que vous serez tranquilles pendant... une heure environ, dit-elle en me faisant un clin d'œil.
— Merci Mame... Je vais lui parler...
J'inspirai profondément pour contenir le flot d'émotions qui faisait rage en moi. Je devais mettre des mots sur mes sentiments sans me laisser déborder. Je m'approchai de lui. Il leva les yeux vers moi. Un faible sourire éclaira son visage et je crus lire une lueur d'espoir dans son regard.
— Viens... il faut qu'on parle, murmurai-je en lui prenant le poignet. Il ne résista pas une seconde et me suivit sans un mot.
Je l'emmenai dans le camping-car qui nous servait de loge. C'était le seul endroit où nous pourrions avoir un peu d'intimité. J'ouvris la porte et l'invitai à monter. Je le suivis et fermai la porte à clé derrière nous. Je restai face à la porte, je n'arrivais pas encore à le regarder. Comment trouver les mots justes ?
— Mew ? murmura-t-il faiblement en s'approchant.
J'avais la gorge serrée. J'étais en colère, mais j'avais surtout peur. Peur d'apprendre qu'il avait encore des sentiments pour elle. Peur qu'il me rejette. Peur qu'il me quitte. Il posa une main hésitante sur mon dos. Sa main était froide. Pourquoi sa main était gelée ? Je me surpris à vouloir la prendre entre mes doigts pour la réchauffer.
— Mew... s'il te plaît, parle-moi... Je ne comprends pas ce qu'il se passe...
La colère reprit le dessus et je me retournai brusquement le faisant sursauter.
— Comment peux-tu ignorer ce qu'il se passe ?
Ses yeux s'agrandirent de stupeur. Je réalisai qu'il n'en avait vraiment aucune idée.
— Je suis fou de rage contre toi...
— Mais pourquoi ? s'exclama-t-il incrédule.
— Pourquoi n'as-tu pas rappelé hier soir ?
— Quoi ?
— Je t'appelle, c'est à peine si tu ne m'envoies pas balader. Ensuite tu me raccroches quasiment au nez pour parler à ton ex, avec qui tu as gardé contact sans que je le sache ! débitai-je d'une traite, en haussant de plus en plus la voix.
Il était bouche bée.
— Pourquoi tu n'as pas rappelé pour m'expliquer, pour me rassurer ? Merde ! Je n'ai pas dormi de la nuit ! criai-je hors de moi.
Il semblait pétrifié.
— Si j'ai si peu d'importance à tes yeux, retourne vers elle... Je ne fais pas le poids...
Mes derniers mots moururent dans un murmure. Je lui tournai le dos pour cacher les larmes s'accumulant derrière mes paupières. Je serrai les poings pour ne pas céder au flot puissant de mes sentiments. Soudain, ses bras m'enlacèrent étroitement, son corps épousa le mien et son souffle chaud me caressa le cou.
— Pardonne-moi, s'il te plaît. Je n'avais pas réalisé que mon comportement t'avait fait souffrir. Je suis sincèrement désolé !
— Tu as encore des sentiments pour elle ? demandai-je d'une voix à peine audible.
Mon cœur battait à tout rompre. J'avais tellement peur de sa réponse. Il me fit faire volte-face, ses mains encadrèrent mon visage.
— Non ! affirma-t-il. Je n'aime que toi, Mew !
Ses yeux ne mentaient pas. Le soulagement vint calmer la tempête qui faisait rage en moi.
— J'ai eu tellement peur...
Il ne me laissa pas finir ma phrase. Ses lèvres capturèrent les miennes en un baiser passionné. Je répondis avec ferveur. Je laissai tous mes doutes, toutes mes angoisses s'écouler dans cette étreinte. Il s'écarta légèrement, ses mains se posèrent sur ma nuque. Il plongea son regard dans le mien et murmura contre mes lèvres.
— Il n'y a que toi pour moi. Tu m'as tellement manqué... Ne t'éloignes plus, je t'en supplie...
Les larmes, que j'avais tenté de refouler, coulèrent sur mon visage. Je fermai les yeux, pendant que ces mots agissaient comme un baume sur mes blessures. Il posa le bout de son nez sur la commissure de mes lèvres et traça un doux sillon jusqu'à mon oreille.
— J'ai eu si froid sans tes bras. Réchauffe-moi, Mew... me supplia-t-il dans un souffle.
Il posa ses lèvres sur mon cou et aspira ma peau, faisant naître un long frisson. Un gémissement m'échappa. C'était tellement bon de le sentir contre moi. J'enfouis mon nez dans ses cheveux et inspirai profondément. Son odeur était comme une drogue, elle était indispensable à mon équilibre.
Je fis un pas, le plaquant contre le mur. Fébrilement, je lui enlevai son t-shirt. Le besoin de toucher sa peau était presque douloureux. Je fondis sur sa gorge, goûtant sa saveur. Une faim immense de son corps s'empara de moi. Il fallait que je la satisfasse. Je dévorai la peau fine de son cou. Puis je m'attaquai à son torse. Sa peau prit une teinte rosée, signe qu'il était aussi excité que moi. La tête rejetée en arrière, les paupières closes, Gulf se mordait les lèvres pour ne pas faire trop de bruit. Les murs de ce camion n'étaient pas très épais. Je descendis vers son ventre. Ma langue traçant des sillons humides sur sa peau. Je m'agenouillai face à lui et déboutonnai son jean. Je brûlai de le goûter tout entier. Il retint sa respiration quand je libérai son sexe dur.
Je pris une seconde pour l'admirer. Son corps me prouvait mieux que des mots ce qu'il ressentait pour moi. Ce que j'avais face à moi était la preuve qu'il me désirait ardemment.
Sans hésitation, je posai les lèvres sur sa peau palpitante. Elle était si douce.
Lentement, du bout des lèvres, je parcourus toute sa longueur, avant de jeter un léger coup de langue sur son gland gonflé. Un gémissement contenu me parvint aux oreilles, me faisant sourire. J'adorai ce pouvoir de lui faire perdre ses moyens. Alors, pour le torturer un peu plus, je le fis lentement glisser dans ma bouche. Il se contracta. Je fermai les yeux pour mieux le savourer. Ses mains agrippèrent mes cheveux, pendant que les miennes malaxaient sans vergogne ses fesses. Avec lenteur, je commençai des va-et-vient sur son membre qui prit encore de l'ampleur. Il gémissait de plus en plus fort. Je le pris entièrement dans ma bouche, accélérant la cadence.
Mes doigts trouvèrent le chemin de son visage et caressèrent ses lèvres. Il entrouvrit la bouche pour aspirer et enrouler sa langue autour de mes phalanges. Puis, ma main se positionna sur son entrée pour l'humidifier et me permettre de m'insinuer doucement en lui. Il me tira les cheveux en criant mon prénom.
— Arrête... je vais venir... supplia-t-il dans un gémissement.
Je me redressai rapidement, me débarrassant de mes vêtements à toute vitesse. Je brûlais de m'enfouir en lui. Je le retournai, face contre le mur, avant de le pénétrer jusqu'à la garde, en un coup de rein puissant. Il se cambra sous l'assaut, laissant un long gémissement passer la barrière de ses lèvres. J'étais déjà au bord de l'explosion. Mon sexe palpitait sauvagement en lui. Il était si étroit. Je m'immobilisai quelques secondes, le souffle court. Le corps soudé au sein, je frottai mon visage contre sa peau. Ses mains quittèrent le mur. Il se redressa et m'enlaça par-derrière, tournant son visage vers moi. Je m'emparai fiévreusement de ses lèvres.
— Tu es à moi, ne pus-je m'empêcher de murmurer entre deux baisers.
— Oui... je t'appartiens... gémit-il.
Alors, sentant la délivrance toute proche, je commençai à me mouvoir en lui, d'abord doucement. Mais il semblait en vouloir plus, car ses hanches vinrent de plus en plus rapidement à ma rencontre. Mes bras l'entourèrent fermement pour donner plus de force à mes coups de reins. Nous étions deux étalons en pleine course. Hors d'haleine, la peau brillante d'écume, nous chevauchions une mer de plaisir brut. Soudainement, son corps se cambra, il laissa échapper une plainte de volupté. Mon corps réagit sur-le-champ et le rejoignit dans l'extase.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top