Chapitre 12 - Mew


L'après-midi s'écoulait tranquillement. J'étais encore empli des émotions suscitées par la scène de réconciliation. Elles m'avaient complètement submergé. Les paroles de Type et Tharn faisaient écho en moi. J'étais persuadé que Gulf m'avait envoyé un message à travers ces mots. Je flottais sur un petit nuage. Depuis la veille, j'avais l'impression de vivre un rêve éveillé. Gulf était assis sur le futon. Il était près de moi et je voulais qu'il le soit, tout le temps, chaque minute, chaque seconde. Je me découvrais possessif et jaloux.

Gulf était à moi.

La puissance de mes sentiments pour lui était si forte que j'avais beaucoup de mal à me contenir. Une petite voix en moi me répétait sans cesse d'être prudent. Gulf pourrait se sentir étouffé, écrasé par mon besoin incessant de le toucher, de le garder uniquement pour moi. Notre relation était quand même très particulière. Hier encore, il était hétéro... Était-il vraiment sûr de ses sentiments ? En plus, nos rôles de TharnType pouvaient l'induire en erreur, fausser ses perceptions. J'en étais là de mes ruminations, quand subitement, il se pencha vers moi et déposa un baiser léger au coin de mes lèvres.

— Je reviens tout de suite, chuchota-t-il.

Il se leva et se dirigea vers la sortie de la salle. Ce geste anodin, symbole de sa tendresse, coupa court à mes doutes. Je ne pus retenir un sourire de satisfaction et de bonheur. Je m'étirai langoureusement sur la couverture, me sentant flotter de nouveau sur mon nuage rose. Gulf revint rapidement avec une boîte.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Un cadeau de Mame. c'est un accessoire pour l'épisode spécial. Elle nous l'offre en avance pour nous féliciter de notre performance de tout à l'heure, répondit Gulf en s'asseyant à mes côtés. Il souleva le couvercle et ce que nous decouvrîmes nous laissa bouche bée.

— C'est une plaisanterie ! Elle se moque de nous ! lança mon petit ami d'une voix où je percevais de l'amusement et une petite pointe de gêne.

La teinte rouge pâle de ses adorables oreilles vint le confirmer. Je saisis l'accessoire entre mes doigts et imaginai Gulf le portant. Cette image de lui me mit dans tous mes états et je bénis silencieusement cette femme.

— S'il te plaît, Gulf, essaie-le... lui demandai-je, en le regardant intensément.

— Mais...balbutia-t-il. Ses yeux regardaient alternativement mon visage et l'objet que je tenais.

Je m'approchai un peu plus de lui.

— S'il te plaît... fais-moi plaisir, susurrai-je pour le faire flancher.

— Ok, lâcha-t-il après quelques secondes d'hésitation. Mais seulement si tu mets le tiens.

Je me précipitai pour lui tendre l'accessoire, me saisir du second et l'installer sur ma tête. Je me fichais complètement d'avoir l'air ridicule avec ses oreilles de chien, tant que je pouvais voir Gulf avec celles de chat. Il m'observa, la bouche entrouverte. Ses pupilles se dilatèrent et son regard se fit plus sombre. Mon corps réagit immédiatement et réduit la distance entre nous. Ma main se posa sur son bras et commença à caresser sa peau. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire incroyablement sexy. Lentement, il installa l'objet sur ses cheveux, plongea son regard dans le mien et murmura d'une voix grave et sensuelle :

— Miaou...

Comment un homme pouvait-il être aussi viril, sexy et adorable en même temps. J'humidifiai mes lèvres sèches. Mon ventre se contracta et un long frisson me parcourut. Il allait me rendre dingue et si je ne me retenais pas, j'allais lui faire l'amour, là, sur le futon, devant tout le monde. Conscient qu'il fallait brider mes pulsions, il fallait que je trouve un dérivatif.

Je sautais littéralement sur lui. Mes bras et mes jambes l'encerclèrent fermement, le déséquilibrant. Je plaquai son dos contre mon torse et nous allongeai sur le sol. Son corps recouvrait le mien et je resserai mon emprise pour l'empêcher de bouger.

— Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il, en posant sa tête sur mon torse et en levant les yeux vers moi.

Je découvris un large sourire malicieux sur son visage. Il ne semblait pas incommodé par notre position, au contraire. J'enfouis mon nez dans ses cheveux et murmurai à son oreille :

— C'est la seule chose que j'ai trouvé pour ne pas te faire l'amour sur le champ.

Son visage s'empourpra et son corps frissonna contre le mien.

— Hum... Je comprends tout à fait le concept répondit-il d'un ton moqueur où pointait l'ironie. Mais pourquoi cette envie soudaine ?

— Tout d'abord, sache que j'ai envie de toi à chaque minute. Mais... j'avoue que cet accessoire te va à ravir, continuai-je en frottant mon nez contre son oreille brûlante.

— Oh ! Mon côté félin te fait de l'effet ?

— Tu ne sais pas à quel point...

Je resserai mes jambes autour de lui pour donner plus de poids à mes paroles. Il ferma brièvement les paupières en sentant la protubérance qui déformait mon pantalon. Il releva les yeux vers moi. Avec un immense sourire, il approcha son index de ma gorge et me chatouilla le menton en lançant dans un souffle :

— Miaou...

Je l'etreignis plus fort encore et j'enfouis mon visage dans son cou.

— Tu cherches les ennuis, petit démon...

— Miaou... répéta-t-il en me défiant du regard.

— Vous êtes adorables ! ! s'écria Jane, l'assistante réalisateur, armée de son portable.

Encore une fois, la réalité nous avait rattrapés et nous avait empêchés de déraper. Heureusement, Gulf et moi commencions à nous y habituer et continuâmes ce petit jeu de flirt, version publique cette fois. La journée se termina beaucoup trop vite. Gulf me quitta à regret, pour rentrer chez lui, escorté par P'Bester. Nous ne pouvions malheureusement pas rester ensemble vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Cela faisait à peine une minute que j'étais chez moi, que Chopper, mon petit et adorable chien, me sauta dessus et m'accueillit avec force en aboyant et japant.

— Coucou toi ! m'écriai-je, ravi de le retrouver.

Je me baissai pour le prendre dans mes bras et enfouir mon visage dans son pelage soyeux.

— Bonsoir mon fils.

Je me tournai vers ma mère qui se trouvait à l'entrée du salon.

— Maman !

je m'approchai d'elle pour l'embrasser chaleureusement.

— Merci d'avoir récupéré Chopper chez le vétérinaire. Il a dit quelque chose ?

— Non, tout va bien, ne t'inquiète pas. Il lui a fait son vaccin et son check-up. Cette petite boule de poil est en pleine forme.

— Parfait, il m'a manqué ! Dis-je en ébouriffant ses poils duveteux.

Mon air gaga fit doucement rire ma mère.

— Et toi ? Comment vas-tu ? Les ateliers se passent bien ?

Je lui souris affectueusement. Elle s'inquiétait pour moi.

— Tout va bien. Je crois vraiment que la série aura du succès. Toute l'équipe est très investie dans le projet et on travaille dans une super ambiance.

Elle m'observait, silencieuse.

— Gulf et moi sommes de plus en plus à l'aise l'un avec l'autre. Ça facilite beaucoup nos échanges, continuai-je légèrement tendu.

Je ne voulais pas lui mentir, mais je ne voulais pas lui dire la vérité non plus. Elle hocha la tête d'un air compréhensif.

— Je suis contente pour toi, mon fils.

Elle s'approcha de moi et posa sa main fraîche sur ma joue.

— Tu mérites d'y arriver. Tout ce que je souhaite c'est ton bonheur, mon chéri.

— Merci Maman... lui répondis-je en serrant sa main entre mes doigts.

— Je te laisse te reposer, il est tard.

Elle m'embrassa et me laissa seul. Je laissai échapper un soupir de frustration. Cacher notre relation au monde entier me semblait réalisable, mais comment la dissimuler à celle qui me connaissait le mieux.

La soirée s'écoula, tranquille. Gulf me manquait. Nous ne nous étions pas quittés depuis presque deux jours. Je tournais clairement en rond. Je fixai sans cesse mon portable sur la table du salon. Je ne voulais pas l'étouffer et me retenais donc de l'appeler. Celui-ci se mit soudainement à vibrer. J'escaladai presque mon canapé pour l'attraper.

C'était Gulf... Mon cœur s'emballa. Je décrochai en m'obligeant à prendre un air détendu.

— Salut toi, dis-je en découvrant son visage sur mon écran.

— Salut, répondit-il avec un sourire.

— Bien rentré ?

Il souffla bruyamment.

— Phi n'a pas arrêté de me faire la morale pour ce qui s'est passé ce matin. J'ai cru qu'il n'arrêterait jamais... S'il savait... souffla-t-il en levant les yeux au ciel.

Je ne pus retenir un rire.

— Et toi, tu fais quoi ? me demanda-t-il.

Je rapprochai la caméra de mon visage et le fixai à travers l'écran.

— Je pense à toi...

Un silence me répondit. Il reprit la parole au bout de quelques secondes en se raclant la gorge.

— Tu es un incorrigible romantique.

— Oui et j'assume. Mais je te rassure, je ne le suis qu'avec toi.

— Tu as intérêt...

Son air grognon me fit sourire. Il changea de position et sa caméra bougea. Je découvris qu'il était torse nu. Cette vision me fit saliver, il était si appétissant.

— Tu me donnes faim... murmurai-je en le dévorant du regard.

— Moi aussi, je meurs de faim. Je mangerai bien un curry ce soir.

— Je ne parle pas de nourriture...

Il s'immobilisa et ses joues s'empourprèrent.

— Tu es incorrigible...

— Et tu adores ça...

Nous restâmes silencieux de longues minutes, nous fixant intensément du regard.

— Ça me fait penser que j'ai ramené quelque chose du boulot... dit-il en se penchant hors caméra.

Je retins mon souffle. Il revint dans le champ, coiffé des oreilles de chat.

— C'est pas vrai... chuchotai-je.

Un large sourire provocateur apparut sur son visage.

— Tu joues avec le " dark power " là... continuai-je.

Ses lèvres pulpeuses s'entrouvrirent pour laisser échapper un Miaou tentateur.

Je me levai précipitamment, attrapai mes clés et lui lançai :

— Ne bouge pas, j'arrive...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top