Chapitre 11 - Gulf
Finalement, plus la journée passait, plus je me détendais. Nos rôles de TharnType étaient l'alibi parfait. Nous pouvions être scotchés l'un à l'autre sans que cela ne choque personne. Nous étions, Mew et moi, sur le futon, en attendant le début de la répétition de la fameuse scène de réconciliation. Assis à côté d'un Mew langoureusement allongé, je jouais aux jeux vidéo sur mon portable. Il semblait ne pas apprécier que je le néglige depuis presque une demi-heure. Soudainement ses jambes m'emprisonnèrent, en s'enroulant autour de mon corps, me déséquilibrant. Je compris immédiatement que mon petit ami avait besoin d'attention.
Je posai mon portable et débutai avec lui une bataille de lego, où nos bras et nos jambes s'emmêlèrent, se croisèrent pour immobiliser l'autre. Nous étions morts de rire, mais aucun de nous ne voulait céder face à l'autre. J'adorai ses moments où je pouvais juste être avec lui.
Il réussit à me maintenir captif au-dessous de lui. Il était bien plus fort que moi et je réalisai que c'était grisant. J'étais un homme et pourtant la force de Mew m'électrisait. Mes réactions avec lui m'étonnaient toujours. J'aurais pu avoir honte de ressentir ça, ce n'était pas très viril et pourtant, je m'en moquais complètement. À cet instant, seuls ses bras aux muscles saillants, qui me maintenaient sous son emprise, retenaient toute mon attention. Le sourire joueur qui illuminait son visage disparut lentement tandis qu'il m'observait. Avait-il conscience du trouble qu'il éveillait en moi ? J'avais la sensation d'être un livre ouvert. Une lueur s'éveilla dans son regard : le désir. Son visage s'approcha.
— Et si nous répétions la dernière scène du premier épisode ?
Avant que je puisse dire un mot, il fondit sur moi. Ses lèvres se posèrent sur ma gorge. Aussitôt, mon corps réagit, mon rythme cardiaque s'emballa, ma respiration se fit plus rapide, je fermai les paupières. Danger, danger ! hurlait mon cerveau.
— Mew... murmurai-je.
— Chut, tu es censé dormir... répondit-il contre ma peau.
Son souffle chaud fit naître en moi un long frisson. Sa bouche remonta vers ma joue et s'approcha dangereusement de mes lèvres.
— Mew... suppliai-je à voix basse.
— Je ne suis pas Mew, mais Tharn et tu n'as rien à dire dans cette partie du script, chuchota-t-il avant de m'embrasser.
Ma raison céda immédiatement, j'oubliai instantanément ce qui se passait autour de nous. Sans réfléchir, je lui rendis son baiser.
— Non, Gulf ! lança Mame en riant.
Mew et moi sursautâmes en même temps, rompant notre baiser.
— Tu es inconscient, tu ne dois pas répondre à son baiser, continua-t-elle d'un ton moqueur.
Mew se reprit en une seconde et rigola à la remarque de l'auteur, pendant que j'essayai, tant bien que mal, de cacher ma gêne.
— Je n'arrête pas de lui dire, mais il ne peut pas s'en empêcher.
Je lui jetai un regard courroucé, c'est lui qui m'avait sauté dessus ! Discrètement, je le pinçai pour lui montrer mon mécontentement. Il attrapa habilement ma main et la garda prisonnière entre ses doigts, tout en continuant à discuter avec Mame. J'étais toujours allongée sous lui, profitant de la proximité de Mew et du contact de ses doigts sur les miens, mais cela ne semblait déranger personne. Vraiment, j'avais un super job !
— Nous prenons une pause-déjeuner et ensuite nous entamons la scène de réconciliation, lança Mame à l'assemblée avec un grand sourire ravi.
Elle semblait impatiente de nous voir jouer cette scène. Plusieurs personnes lancèrent des exclamations de joie. Était-ce pour le déjeuner ou pour ce qui allait se passer ensuite ?
J'eus la réponse assez vite, quand nous nous installâmes, Mew et moi, pour la fameuse scène. Plus de la moitié de l'assistance s'assit autour de nous. Tee, le réalisateur et Mame s'installèrent sur des chaises. Des dizaines de portables et d'appareils photo étaient braqués sur nous. Je déglutis péniblement, le trac rendant ma gorge sèche. Mew se rendit immédiatement compte de mon appréhension et serra mes mains dans les siennes.
— Regarde-moi...
Je levai les yeux vers lui, son visage souriant me rassura instantanément.
— Ça va très bien se passer. Ce n'est qu'une répétition, affirma-t-il avec douceur.
Je hochai la tête, Mew était avec moi, donc tout ira bien. Mew s'allongea sur le futon, dos à moi, les écouteurs dans les oreilles. Je m'approchai lentement de lui, m'allongeai à ses côtés et lui enlaçai la taille, le visage dans sa nuque.
— Je suis désolé, Tharn, murmurai-je, en resserrant mon étreinte. Je suis désolé... Je suis vraiment désolé, continuai-je, ému.
Mew retira ses écouteurs et après quelques secondes me demanda d'une voix faible :
— Pourquoi tu t'excuses ?
Je déglutis, l'émotion commençait à me gagner.
— J'ai couché avec Puifai...
Je sentis Mew se contracter à ses mots.
— Elle m'a invité chez elle et soudainement, je me suis souvenu de ce que je t'avais dit, que tu pouvais coucher avec qui tu voulais et que ce n'était pas mes affaires... Ça m'a fait mal...continuai-je, les larmes me montant aux yeux, rien que d'imaginer Mew couchant avec quelqu'un d'autre. Je pouvais ressentir la douleur de Type.
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas, dis-je en secouant la tête. T'imaginer avec un autre homme... m'a rendu fou.
Je pensais réellement chacune de ses paroles. J'agrippai fermement son t-shirt pour lui faire comprendre ma sincérité.
— Pourquoi ? continuai-je. Quand je serrais son corps doux... je n'arrêtais pas de penser au tien. Quand je l'embrassais, tout ce à quoi je pouvais penser, c'était tes baisers. À chaque fois que j'étais avec elle, je ne pensais qu'à toi...
Une larme coula le long de ma joue. J'avais vraiment ressenti ça quand j'étais avec Sumalee. Dès l'instant où j'avais rencontré Mew, il avait hanté mes pensées et avait pris toute la place dans mon esprit et dans mon cœur, remplaçant, petit à petit, celle qui avait partagé ma vie pendant deux ans. Lentement, il se retourna. Son visage reflétait une émotion forte, ses yeux étaient humides de larmes contenues.
— Tu as vraiment couché avec elle ? demanda-t-il.
— Je n'ai pas pu le faire, Tharn ! m'exclamai-je en secouant la tête. Tu m'entends ! Je ne peux plus coucher avec des femmes, lançai-je en me collant encore plus contre lui.
Il se dégagea pour se mettre sur le dos, le visage à quelques centimètres du mien.
— Peut-être que tu étais fatigué ?
— Non ! Je ne suis pas fatigué, affirmai-je fermement.
— Peut-être que tu... n'es juste pas vraiment intéressé par elle ?
— Je ne suis plus intéressé par les femmes tout court ! lui révélai-je avec sincérité.
À cet instant seul Mew existait pour moi.
— Peut-être que tu trouveras d'autres hommes intéressants ?
Une flambée de colère me traversa, je me redressai sur un coude pour le surplomber et agripper violemment son t-shirt.
— Tu veux mourir ? lançai-je en haussant la voix. Je suis un homme ! Je ne veux pas coucher avec d'autres hommes ! Je ne peux le faire qu'avec toi !
Mes yeux lançaient des éclairs, je voulais que Mew comprenne que ces phrases étaient les miennes, pas celles de Type.
Une larme coula le long de sa joue et un léger sourire apparut sur ses lèvres.
— Alors...
— Tu es le seul avec qui je veux coucher ! criai-je presque. S'il te plait... Pardonne-moi... continuai-je d'une voix plus douce. Pardonne-moi encore une fois... suppliai-je d'une voix chevrotante.
Sa main glissa sur ma nuque et guida mon visage dans le creux de son épaule. Les larmes inondaient mon visage et je m'agrippai à lui de toutes mes forces.
— Bon garçon, chuchota-t-il en me caressant doucement les cheveux. Tu le sais déjà... que je... ne peux jamais être énervé contre toi.
Un long silence s'ensuivit, entrecoupé par mes sanglots.
— Alors... continua-t-il en enfouissant son nez dans mes cheveux, tu es à moi maintenant ?
Je levai le visage vers le sien. Nos regards se soudèrent.
— C'est toi qui es à moi ! Parce que je ne te laisserai pas partir une seconde fois, affirmai-je en pesant chacun de mes mots.
Mew était à moi et je voulais qu'il le sache. Il sourit tendrement.
— Tu sais déjà... articula-t-il les lèvres tremblantes, que j'ai... toujours été tien... continua-t-il d'une voix brisée par l'émotion, une larme coulant le long de sa joue.
Ma poitrine se gonfla d'amour pour cet homme, le seul et unique homme que j'aimerai tout au long de ma vie, j'en était persuadé. Je me hissai pour déposer un baiser léger sur sa paupière humide, sur sa joue puis, lentement, j'effleurai ses lèvres. Il répondit avec douceur à mon baiser, puis recula légèrement le visage, les yeux rivés sur mes lèvres. Je ne bougeai pas, en attente, l'appelant en silence. J'en voulais plus.
Soudainement, il m'attira à lui et m'offrit un baiser beaucoup plus passionné. Pendant quelques secondes, j'oubliai tout. Seuls nos corps liés par nos lèvres avaient une importance. Nos langues se joignirent pour approfondir cet échange sensuel. J'eus un mouvement de recul pour rompre notre baiser, en réalisant que nous n'étions pas seuls. Mais Mew m'en empêcha et prolongea notre étreinte quelques secondes de plus. Il finit par me lâcher et je mis une distance entre nous pour contrôler mon envie de recommencer.
— C'est comme ça que tu te réconcilies avec moi ? demanda-t-il avec un sourire.
— C'est la seule manière que je connaisse, chuchotai-je en jetant un regard vers les spectateurs.
Je mourais d'envie de me jeter sur lui, mais il y avait tellement de monde autour de nous, j'étais tiraillé. Mes yeux se fixèrent à nouveau sur ses lèvres et j'envoyai balader ma conscience en fondant sur lui. C'était plus fort que moi. Je me perdis dans ce baiser passionné. Il n'y avait plus que Mew, moi et nos bouches qui se dévoraient. J'avais sa saveur sur la langue et elle aiguisait mon appétit. J'avais soif de lui.
Soudain, quelqu'un pouffa de rire et je redescendis immédiatement sur terre et me détachai à regret de Mew. La totalité des spectateurs nous offrit une ovation. La salle s'emplit de rire, de cris d'enthousiasme, d'applaudissements. J'éclatai de rire, autant de joie, d'avoir suscité une réaction aussi incroyable, que de gêne d'avoir perdu mon sang-froid. Mame s'approcha de nous, visiblement très émue par notre prestation.
— Merci les garçons ! Vraiment un grand merci de m'avoir offert ce moment tellement intense. Vous avez donné vie à mon récit. Je suis très touchée... Pourtant, j'ai l'habitude de ce genre de scène, je n'en suis pas à mes débuts. Mais là, c'était... je ne trouve pas les mots !
Je me tournai vers Mew. Je découvris dans ces yeux de l'admiration, de la tendresse et aussi tellement d'amour. Je connaissais bien ses sentiments, car c'était ceux que je ressentais pour lui. Il m'offrit un magnifique sourire et je savais que cette image de lui, à cet instant, resterait gravée à jamais dans mon esprit.
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