Chapitre 26

C'est parfaitement détendu que nous éteignirent notre feu de camp dans la soirée alors que des sons résonnaient de plus en plus forts aux alentours. Aznar masquait leur présence, mais le grand nombre de vampires qui l'accompagnait trahissait leur avancée alors que nous étions désormais tous dans la clairière par laquelle j'étais arrivée plus tôt dans la journée. L'avenir des Volturi et le sort du monde des vampires tout entier allaient se jouer dans les prochaines heures, et chacun essayait de rester zen malgré la tension qui montait lentement autour de nous.

Comme convenu, mon clan était en première ligne, et surtout avec les rois et les reines en tête de groupe. Ils seraient les premiers à donner l'assaut, bien décidé à ne pas mourir en lâches, ils voulaient que l'on se souvienne de cette bataille, et surtout que l'on se souvienne des Volturi bien après leur mort. Juste derrière, les membres de la garde royale et rapprochée, qui étaient entourés par les membres de rangs inférieurs qui étaient les plus nombreux, ainsi qu'une cinquantaine de témoins. A nous seuls, nous formions une centaine d'individus prêts à en découdre avec l'ennemi. Juste derrière, Amun et son clan attendait patiemment, il avait insisté pour être dans les premiers, souhaitant tout autant se débarrasser de la création de sa compagne. Les Cullen et les Denali étaient à leur suite, suivis du reste des clans et des nomades tandis que tout autour de nous, les meutes de loups de Jacob Black et Sam Uley s'étaient positionnés de façon à nous entourer. Au total, en nous comptabilisant tous, nous n'arrivions même pas à deux cents combattants alors que les troupes d'Aznar et des Roumains étaient peut-être un millier à approcher. Notre seul avantage était la diversification des dons que nous possédions, mais qui demeuraient inutiles pour la plupart tant que le bouclier mental et le bouclier physique n'aurait pas été trouvés et éliminés. Isabella Swan pourrait nous protéger des pouvoirs psychiques adverses, mais Renata n'aurait pas la capacité de tous nous protéger et sa priorité était déjà portée sur les reines à la demande d'Aro. Pourtant, même ainsi, la pauvre Maltaise ne pourrait pas user de son champ de répulsion pour protéger les trois souveraines à la fois, et je n'imaginais pas la pression que l'immortelle devait ressentir.

Tous les dons psychiques avaient ordre d'agir dès que l'occasion se présenterait, tous clans confondus, alors qu'avec Benjamin, je devais utiliser le mien dès l'ouverture du combat. Et si l'égyptien n'aurait aucun mal à l'utiliser, je savais que tant que le don de ma mère serait actif, j'aurais du mal à activer le mien. C'est pourquoi il devrait me soutenir parce que les talents de Demetri étaient requis sur le terrain et ne pourrait pas me seconder. Nous ignorions quelle serait l'issue du combat, Alice Cullen affirmait ne pas réussir à avoir la moindre vision. Ou peut-être qu'elle avait pu voir quelque chose, et que peu importait ce que c'était, elle avait fait le choix de ne rien dire pour ne pas influencer le cours de la bataille. De toute façon, je crois que personne ne souhaitait savoir à l'avance ce qu'il se passerait au risque d'être déconcentré.

Mes doigts étaient fermement accrochés à ceux du traqueur, profitant de sa présence autant que je le pouvais, ignorant totalement ce qu'il adviendrait des Volturi dans quelques heures. Je sentais mon anxiété grimper et je savais que malheureusement, il la sentait aussi. Et c'était bien pour ne pas lui infliger davantage de stress que j'essayais de contenir le mien alors qu'il devait déjà subir toutes les réactions anxiogènes des autres. Portant ma main à sa bouche, il déposa un doux baiser dessus qui me faisait chavirer, le regardant avec tout l'amour que je ressentais pour lui.

- Je t'aime Charlie, souffla-t-il tendrement alors que j'allais me blottir contre lui sans réfléchir plus longtemps.

- Je t'aime Demetri, lui répondis-je douloureusement en contenant tant bien que mal mes émotions, m'accrochant à sa cape avec la même force que la sienne, sentant ses bras m'enserrer pour peut-être la dernière fois, et je remarquais que la plupart des couples s'enlaçaient également sans se soucier des autres. Je vis du coin de l'œil Jane qui observait Alexei. Il était près d'elle et se laissa embrasser sur la joue, ne sachant probablement pas comment gérer ce nouveau lien, se laissant rattraper par son adolescence qui avait été abrégée par la transformation. Reportant mon attention sur le blond, je vis Demetri se pencher pour m'embrasser plus fougueusement, m'abandonnant à ce baiser qui me faisait vibrer de l'intérieur, réveillant mes besoins les plus primaires qui n'avaient pas été assouvis depuis mon enlèvement à Volterra. Je t'aimerais toujours, quoi qu'il arrive, murmurais-je contre ses lèvres tentatrices.

Nos fronts se collèrent l'un à l'autre, plongeant mes yeux dans les siens alors que les sons provoqués par l'arrivée de notre ennemi s'intensifiaient, nous contraignant à nous décoller pour faire face aux nouveaux arrivants qui étaient très nombreux. Malgré le brouillard permanent et persistant, nous vîmes des vampires franchirent la lisière des arbres par centaines, certains plus calmes que d'autres, les plus âgés et les plus expérimentés contrastant avec les nouveau-nés par leur attitude plus posée. Puis, avançant parmi les rangs de notre adversaire, la silhouette d'Aznar se dessina pour se démarquer, suivi de ma mère qui semblait ravie de se trouver à l'aube d'une guerre. Juste derrière se trouvaient les traîtres qui m'avaient kidnappé, faisant grogner une partie de notre assemblée, impatient de pouvoir enfin en finir avec ce qu'il restait du clan roumain, qui étaient eux-mêmes suivis par des vampires. Et à en juger le nombre de partisan qu'ils avaient, ils n'avaient pas encore dit leur dernier mot. Le quatuor de cette rébellion marcha sur plusieurs mètres avant de s'arrêter à quelques centaines de mètres de nous, nous observant un avec un avec arrogance, assuré de l'emporter.

- Aznar, fit Aro sur un ton très posé alors que Caïus se mit à siffler pour témoigner de son envie de les massacrer, faisant sourire l'espagnol.

- C'est vous qui êtes sur le point de vous faire décimer très chers Volturi. Et ne croyez pas pouvoir retourner les choses après m'avoir volé deux éléments, répondit Aznar qui regardait un point derrière moi et qui devait correspondre à Valentyna et son frère. J'ai commis une erreur en laissant vivre les deux femelles, j'aurais dû les tuer directement pour vous affaiblir durablement. Il n'y aura pas d'otages à la fin, tous les survivants susceptibles de causer des problèmes se feront exécuter. Rectification, en fait, il n'y aura pas de survivants du tout, aucun de vous ne vivra assez longtemps pour assister à cette nouvelle ère, cette guerre n'est que la première d'une longue liste, après votre chute viendra celle des humains.

- Tu peux encore te rendre et éviter à ceux qui te suivent de mourir en vain, continua Aro qui essayait de parlementer pour la forme, car chacun avait bien l'intention de se battre.

- Pour quoi faire ? Nous sommes numériquement plus que vous, avec plus de dons, et très peu de vampires accouplés alors que vous serez vite handicapés dès que vos premiers compagnons seront supprimés, ricana Aznar en désignant un par un avec son index les vampires qui étaient liés à un autre pour indiquer ceux des nôtres qui devaient mourir en premier. Pas de quartiers, à la fin, je veux qu'il ne reste que des cadavres. Maintenant, exterminez-moi toute cette vermine.

Au même moment, la brume redoubla d'épaisseur, et même notre vue exacerbée avait du mal à voir au travers. C'était assurément l'œuvre de l'atmokinèse qui créa une tempête de neige pour affaiblir les loups et les hybrides, une intempérie qui fut secondée par une forte pluie si froide que je savais qu'elle provenait de ma mère. Alors que mon don se retrouva bloqué, m'empêchant de provoquer la moindre étincelle, je parvenais néanmoins à le garder en surface, me protégeant des attaques physiques en insufflant des brûlures à ceux qui tenteraient de m'approcher. Consciente que c'était mince comme protection, je demeurais sur mes gardes alors que des grognements frustrés résonnèrent autour. Les détenteurs de dons quelconques étaient bel et bien bloqués tant que nous n'aurons pas tué les boucliers. Benjamin tenta d'alléger le brouillard avec son pouvoir mais tout ce qu'il put faire, c'est l'obscurcir de notre côté pour rendre notre avancée moins visible. Des cris retentirent tout autour dans les deux camps, et des bruits de pas nous indiquèrent que les troupes adverses se mettaient à courir vers nous. N'ayant plus le choix de devoir lancer une offensive physique, chacun se lança dans une course effrénée de notre côté, les différents clans se mélangeant finalement pour que chaque combattant se retrouve aligné.

Me laissant porter par l'adrénaline, occultant ce qu'il se passait autour, je m'enfermais dans une bulle pour être pleinement concentrée. Et quand une nuée noire de vampires arriva droit sur nous, je faisais appel à tous les entraînements que j'avais reçus pour survivre. Mon don demeurait en surface, et quand un adversaire se rua sur moi, il fut sonné par la décharge brûlante qui le frappa alors que je profitais de sa surprise pour tenter de le démembrer. N'ayant jamais vraiment éparpillé en morceau en vampire, je perdis du temps à tirer sur sa tête qui était solidement attaché à son cou. La seule chose qui l'empêchait de prendre le dessus, c'était mon don flamboyant qui était déterminé à me protéger malgré la pluie battante qui nous tombait dessus. Quand son visage craquela enfin et qu'il resta dans mes mains après un craquement qui n'entraîna aucun remord chez moi, je le balançais le plus loin possible, ne pouvant pas le réduire en cendres dans l'immédiat. Et sans attendre, je repris ma course, plus bouillonnante que jamais, projetant ma chaleur corporelle sur tous ceux qui tentaient de m'éliminer sans regarder ce qu'il se passait autour malgré les cris de colère, de rage et de désespoir qui se répandaient dans la clairière.

Quand je crus avoir pris le coup de main, je fus projetais en l'air par un vampire plus expérimenté malgré le spasme de douleur qu'il avait ressenti en me touchant. Retombant tant bien que mal sur mes pieds, je fus vite dominée par un colosse plus imposant encore que Félix contre lequel ma force de nouveau-né suffisait à peine à rendre les coups. Lui balançant les pieds dans les côtes pour essayer de récupérer un peu d'espace, je posais ma main brûlante sur son visage qui se mit à fumer, le faisant hurler de douleur sans lâcher sa prise sur ma gorge. Mes bras qui se remettaient lentement de leurs blessures provoquèrent une salve de souffrance insoutenable qui me fit perdre pied avec la réalité une seconde de trop, ses mains puissantes tirant déjà sur ma tête pour la faire tomber au moment où quelqu'un vint à mon secours et l'arracha de ma maigre carcasse. Je reconnus vaguement la silhouette effrayante de Gilles de Rais qui le mordit violemment au niveau de la nuque jusqu'à ce qu'elle craque et lui permette de le démembrer alors que je me remettais sur pieds pour lui porter secours, oubliant momentanément les horreurs qu'il avait commises dans le passé. Il ne me prêta d'ailleurs pas davantage attention, repartant aussi vite qu'il était arrivé pour aller tuer d'autres vampires, se sentant dans son élément dans tout ce déferlement de violence.

Je voyais déjà des cadavres s'entasser sans prêter attention à leur visage pour ne pas me laisser submerger par l'émotion, alors que je ne voyais aucune flamme ou même fumée à l'horizon. Si nous étions handicapés par la météo, nous allions peut-être aussi être avantagés, parce que peu importait le nombre de vampires qui tomberait au combat, tant que les corps n'auraient pas été brûlés, les deux camps pouvaient garder espoir. C'est d'ailleurs ce qui me motiva à retourner me battre, l'espoir que rien n'était perdu, parce que je voulais vivre, je voulais vivre aux côtés de Demetri et me laisser consumer par l'amour dévorant qu'il me faisait vivre. Insensible aux cordes qui me tombaient dessus, ayant d'ailleurs l'impression que la pluie me visait personnellement, j'avais la sensation que le brouillard s'éclaircissait par endroit au moment où un autre vampire me percuta de plein fouet dans sa propre cavalcade.

- Charlie ! S'écria Heïdi qui était aussi surprise que moi de me tomber dessus. Tu dois trouver ta mère pour arrêter la pluie, j'ai entendu dire que le vampire qui contrôlait la météo avait été tué...

La belle rousse fut attrapée au même moment par sa chevelure alors qu'un autre vampire posa sa main sur mes épaules, tressautant sous leur chaleur.

- Je veux que tu tues Demetri quand tu le croiseras, m'insuffla-t-il alors que je me dégageais de son emprise. Il avait l'air très vieux et communiquait avec un fort accent de l'est semblable à ceux des roumains. Alors que je croyais que nous étions protégés par le bouclier de Swan, je sentis son ordre s'insinuer en moi, prenant le contrôle de mon esprit tandis qu'il donnait une autre consigne à la rouquine.

Sa suggestion mentale s'empara de mon corps, et instinctivement, je sentis mon corps rechercher de lui-même le traqueur sans que je n'arrive à le contrôler et c'était ce qu'il y avait de plus horrible. J'avais conscience de ce que je devais faire et je ne pouvais pas l'empêcher. Je m'entendais crier le nom du vampire grec en oubliant complètement de me battre ou de tenter d'arrêter ma mère. J'étais obsédée par l'idée de tuer mon compagnon et ça me rongeait de l'intérieur, luttant de toutes mes forces pour garder mes pieds ancrés dans la neige épaisse.

- Non je ne veux pas... me parlais-je à moi-même pour essayer de supprimer cet ordre, criant dans la foulée à qui m'entendrait de ne pas m'approcher alors que mes pieds reprenaient d'eux-mêmes leur route.

Tout autour de moi, c'était la zizanie où chaque allié que je croisais semblé être sous influence mental, se retournant les uns contre les autres alors que je vis une chevelure blonde familière au loin, jouant des coudes pour la rejoindre. Le besoin d'obéir à cet ordre devenait plus féroce, me tenant par les tripes alors que je me mettais à courir de plus en plus vite et me jetais sur la carrure solide du traqueur qui se fit surprendre par mon attaque.

- Charlie ? M'appela Demetri sonné sous moi alors que mes mains étaient en train de trembler sur sa cape. Un éclair de compréhension passa dans ses yeux carmin, posant ses doigts sur les miens pour les bloquer en grimaçant de douleur. Tu dois résister mon ange, on a suffisamment de vampires sous influence pour devoir ajouter ton nom à la liste...

- Je... je dois... te... te tuer... bégayais-je sous la panique alors qu'une migraine envahissait mon esprit, anesthésiant mes sentiments et notre lien pour consolider cet ordre d'exécution.

- Utilise ton don pour protéger ton esprit, tonna le traqueur qui devait désormais subir la chaleur qui se dégageait de moi, une première pour le traqueur qui avait toujours aimé cette particularité qui me caractérisait. Afton a réussi à le rendre invisible avec son pouvoir, tu dois faire en sorte que le tien ne puisse pas être manipulé...

Sa voix se tut alors que mes mains se dégagèrent de sa poigne au moment où il me renversait sur le dos pour me maintenir au sol.

- Si tu n'arrives pas à le repousser, je te garderais à portée de main tant ce que le commanditaire ne sera pas mort de la main du premier venu, gronda Demetri qui faisait de son mieux pour contenir ma force de nouveau-né désormais imprévisible. Je me déhanchais et me tortillais sur le corps du traqueur qui mettait tout son poids sur le mien pour que je ne m'échappe pas. Charlie ! Arrête de bouger nom d'un chien.

- Non ! Tu dois mourir ! Criais-je aveuglée par cette idée alors que la bataille faisait rage autour de nous, le poussant de toutes mes forces alors que sa main encercla ma gorge avec détermination pour me canaliser.

- Regarde-moi, claqua-t-il durement sans se soucier que je puisse gigoter dans tous les sens. Tu es sous influence mentale, tu dois différencier ce que tu dois faire et ce que tu veux Charlie. Et moi je veux que tu repenses à ce que tu as ressenti quand Chelsea t'a dit que j'étais mort dans la vision de la Cullen, fit Demetri alors que ma mémoire luttait contre la suggestion mentale avec férocité, me faisant grogner de colère. Derren, inonde-les tous de désespoir le temps qu'ils retrouvent leur esprit ou on court droit au massacre, ordonna le blond à quelqu'un qui passait à proximité.

Toujours en train de me débattre au sol, le besoin de tuer fut remplacé par une soudaine tristesse et d'un sentiment de vide extrême qui me fit sombrer dans les noirceurs de mon esprit, me ramenant quelques jours en arrière. Je me revoyais quand j'étais enfermée dans ma cellule et que j'étais convaincue d'y mourir. Un sanglot sans larmes m'échappa en repensant à la souffrance qui m'avait assailli alors que ma mémoire remontait plus loin en arrière en imaginant Demetri décapité, me faisant lâcher un cri de détresse. Mon cœur mort se brisa avec tant de violence que je crus m'entendre déverser toute mon impuissance qui m'embrasa de la tête aux pieds. Le besoin d'évacuer tous mes ressentiments s'accumulait en moi alors que quelqu'un me prenait dans ses bras pour me réconforter. Mais tout ce que je vis, ce fut un immense mur de flammes qui jaillit du plus profond de moi-même pour être projeté sur tout ce qui se trouvait aux alentours, se déversant au rythme de mes cris et de la crainte de perdre ce que j'avais le plus cher. Je sentis mon esprit être enveloppé de l'intérieur par une flamme qui forma un cercle tout autour pour le protéger des invasions. Dans le même temps, mes hurlements de souffrance retentirent à mesure que le feu qui sortait de moi se répandait dans la clairière et réduisait en cendres ce qui se trouvait sur son passage, provoquant à lui seul plus de dégâts que nous n'en avions fait jusqu'à présent. Lorsque j'ouvris les yeux pour admirer le spectacle qui s'étendait devant moi, je ressentis immédiatement la chaleur de mes braises qui brûlaient ici et là, nous donnant plus de visibilité, alors que la pluie semblait s'être amoindrie, Charlotte ayant peut-être été touchée par une des flammèches.

- Tout va bien Charlie... souffla Demetri qui avait eu le réflexe de se placer dans mon dos et se baisser pour se protéger de mon don, alors qu'il m'étreignait avec force pour m'empêcher de m'écrouler sous le poids du désespoir qui m'avait envahi. Je suis tellement désolé mon ange... se maudissait-il alors que je sanglotais toujours en m'accrochant à ses bras pour rester debout.

- J'ai failli te tuer...

- Je ne t'aurais pas laissé faire et de toute façon, tu étais à des kilomètres d'y arriver, souriait-il légèrement. J'aurais aimé ne pas avoir à demander ça à Derren mais les dons en face sont trop forts, il fallait reprendre le dessus... et nous y sommes parvenus avec plus d'efficacité que je le pensais, certains sont morts lorsque ton don s'est réveillé et a ravagé les alentours. D'autres sont sérieusement blessés, qu'ils soient encore en un seul morceau ne change rien à leur vulnérabilité face à un tel déferlement de flammes.

- Et le chronokinèse ? Demandais-je angoissée par ce pouvoir dont je ne savais rien.

- Félix lui est tombé totalement par hasard dès qu'on s'est jeté dans la bataille. Il a eu au mal à le supprimer, son don l'avait figé dans une bulle temporelle mais Emmett est arrivé pour le prendre par surprise, et ils l'ont rapidement décapité avant qu'il ne devienne un problème. Mais hormis celui qui influençait la météo et le bouclier physique qui a été supprimé par Jasper et Peter, les autres dons sont toujours actifs. Et ils ont au moins deux télépathes pour anticiper nos mouvements.

- Je... je crois que j'ai réussi à protéger mes pensées, bredouillais-je sans réelle certitude. Mais comment ils ont pu nous atteindre alors que Swan...

- Je l'ai vu perdre sa tête très vite en voulant protéger sa fille, j'ai cru comprendre qu'elle avait été remembrée rapidement par son compagnon, mais visiblement elle a du mal à se remettre de ses blessures sinon nous serions tous sous sa protection. Et tant que le bouclier ne sera pas remis en place, nous serons tous vulnérables aux pouvoirs adverses, c'est pour ça qu'on doit protéger nos esprits par le biais de nos dons en attendant, même si ce n'est pas leur rôle à la base. Nous avons subi peu de pertes pour le moment grâce aux entraînements qui ont payé, mais on ne peut pas continuer ainsi. Nous devons nous rassembler et avancer en rang serré, c'est trop risqué de nous disperser pour le moment, nous risquons de perdre des éléments indispensables en allant chacun de son côté, ordonna-t-il alors que ceux qui étaient encore debout se réunissaient en deux troupes distinctes pour avancer tous ensemble et mieux gérer les adversaires qui nous tomberaient dessus. Je ne fis même pas attention à qui était présents ou nous pour ne pas me laisser déconcentrer.

- J'imagine que tu ne peux pas localiser ma mère ? Lui demandais-je en m'insérant dans son groupe pour me placer à ses côtés.

- Elle est toujours masquée par Aznar, mais je peux les entendre parler entre eux. Ils sont à l'opposé de notre position, on va devoir s'occuper de tous les individus qui nous séparent d'eux parce que son pouvoir est un vrai problème, il n'affecte pas seulement le tien mais aussi celui de Benjamin et vous les êtes seuls à pouvoir user vos dons pour le moment... allez on avance !

D'une cadence parfaitement synchronisée, les deux groupes avançaient prudemment, toujours entourés des loups dont certains avaient l'air sérieusement blessés. L'un des plus gros, un immense loup roux saignait abondamment au niveau du poitrail et des flancs alors qu'il bondissait sur un nouveau-né avec l'aide de la louve grise. C'était la seule des canidés que j'arrivais à distinguer comme elle était plus affinée que les mâles. Les vampires ennemis continuaient à nous tomber dessus en masse, mais le fait de se battre tous ensemble et de faire barrière avec un groupe qui pouvait se relayer avec le second nous aidait à éliminer des ennemis de façon plus efficace. Quand une femelle me prit pour cible en me sautant dessus, je pus facilement l'arrêter et l'immobiliser avec ma force en enlaçant sa taille pendant que Jasper l'éliminait avec des gestes maîtrisés et calculés avant de reprendre notre marche en passant à l'arrière du groupe pour laisser la place aux autres. Maintenant que mon esprit semblait moins vulnérable, l'adrénaline reprenait le dessus avec l'excitation de me battre, ce que je n'avais pas ressenti lors de l'assaut. Mais avoir Demetri à mes côtés m'amenait un réconfort et une assurance nouvelle, motivée par son expérience sans se laisser impacter par une quelconque peur.

La lumière générée par l'explosion de mon don s'atténuait lentement mais les brasiers étaient toujours actifs, nous aidant à voir où nous mettions les pieds et à mieux anticiper les attaques des adversaires qui étaient désormais à découverts. En étudiant l'horizon en jetant un œil circulaire, je constatais que nous étions encore loin d'en avoir fini, une nuée noire d'adversaires continuait à se ruer vers nous de façon plus ou moins ordonnée. Les flammes que j'avais projetées avaient provoqué un léger trouble qui tournait à notre avantage et nous devions en profiter avant qu'ils ne reprennent leurs esprits et leur organisation. Je vis d'ailleurs l'élémentaire égyptien en tirait profit pour les intensifier et nous encercler par un mur enflammé qui obligea le camp adverse à ralentir pour passer au travers des flammes les plus minces, nous offrant de meilleures possibilités avec cette protection. En voulant y ajouter de l'ardeur, je me perdis à contrecœur à nouveau dans ce désespoir qui m'avait envahi et qui boosta mon don, réagissant immédiatement à ma détresse en enflammant un nouveau feu qui caressa la neige en la faisant fondre avant d'exploser sur nos assaillants. Ses ondulations parcoururent pratiquement la moitié de la clairière en anéantissant tous les vampires sur son passage et ouvrant une percée sur la lisière de la forêt. C'est à ce moment-là que je les vis. Les roumains se contentaient de regarder le spectacle aux côtés de l'espagnol et de ma mère qui semblaient moins confiants. Et juste derrière nous, il y avait un autre vampire, aux traits concentrés, qui avait l'air d'être protégé par les quatre immortels. Il devait avoir un don important pour qu'ils fassent ainsi rempart de leurs corps plutôt que le laisser se battre avec les autres.

- C'est le bouclier mental ! Cria la voix de Kate quelque part devant moi, la blonde semblait l'avoir repéré aussi, tout comme ceux qui m'entouraient.

- Il faut l'éliminer en priorité, affirma Chelsea dont la voix provenait sur ma droite.

De nouvelles stratégies furent alors établies, avec pour commencer, le besoin de maintenir les flammes en place pour nous protéger, Benjamin fut réparti dans le groupe qui resterait sur place pour continuer à éliminer les sbires d'Aznar. De mon côté, j'étais désormais dans le second qui allait continuer à avancer. Les deux étaient constitués de façon équilibrée de vampires aux fortes capacités physiques. Le premier était désormais guidé par Caïus qui venait d'arriver, ainsi qu'une bonne partie des Cullen, alors que le mien était mené par les autres souverains Volturi et des deux anciens chefs du clan d'Alexandrie.

- Il faut que tu maintiennes ton don Charlie, souffla Amun alors que le taux d'humidité se mit à augmenter au même moment quand Charlotte nous vit courir vers eux.

Le quatuor se sépara alors pour éviter une embuscade et chacun de nous prit une cible différente. Les égyptiens et Aro devaient poursuivre Aznar, Marcus et les reines prirent les roumains en chasse alors que Demetri et Félix pourchassèrent le bouclier qui semblait entraîné au combat mais pas assez rapide pour les distancer. Ma propre cible était Charlotte avec le soutien d'Afton pour m'épauler. Si ma mère courrait vite à travers les arbres de plus en plus nombreux, ma rapidité était supérieure grâce à ma transformation récente et je parvins à la rattraper sans difficulté, sautant sur son dos pour la plaquer au sol dans la mousse recouverte d'un manteau blanc. En la retournant avec force pour lui faire face, le doute m'assaillit soudainement à l'idée de tuer ma propre mère, lui permettant de me donner un coup de pied dans le ventre, me faisant reculer lourdement alors que l'américain arrivait à ma rescousse pour dominer à son tour Charlotte. Malgré tout ce que j'avais traversé, j'avais du mal à m'imaginer l'exécuter, ma conscience étant plus fonctionnelle que la sienne alors qu'elle se mettait à rire.

- C'est lamentable de ne pas être capable de prendre une simple décision...

- La ferme ! L'arrêta Afton qui me dévisageait avec inquiétude. Rejoins Demetri, je vais m'en occuper...

- Non, je dois le faire, le coupais-je à mon tour en me rapprochant alors qu'il peinait à la garder immobile, se servant de son don pour avoir le corps suffisamment humide et glisser entre les mains du compagnon de Chelsea.

- Aznar se vengera en te faisant subir les pires vices dont il dispose, grogna ma génitrice qui avait bien moins de scrupules que moi à faire souffrir son propre sang.

- Je n'en reviens pas que tu ne vois toujours pas quel est le problème chez lui, fis-je toujours choquée par son indifférence face au sort à venir des humains dans ses fermes d'élevage.

- C'est dans l'ordre des choses, les humains élèvent des animaux pour se nourrir et nous complétons la chaîne alimentaire en leur rendant la pareille ! Cracha-t-elle en aspergeant Afton au visage dans une tentative de fuite alors que sa compagne athénienne arrivait à son tour pour l'attraper par les cheveux, la forçant à s'agenouiller avec force.

- Finissons-en, s'impatienta l'immortelle grecque en me regardant. Tu veux t'en charger Charlie ou tu veux qu'on le fasse ?

Et le problème était là, parce que je ne savais pas quelle décision prendre et si j'arriverais à vivre avec l'acte que je m'apprêtais à faire. Mais le regard totalement froid et dénué de sentiments de Charlotte à mon égard m'aida à choisir et ne pas culpabiliser. Je devais penser à ce qu'il adviendrait si elle avait le privilège de continuer à vivre, à ce qu'elle ferait subir aux humains sans éprouver le moindre remord. Elle m'avait fait torturer sans états d'âme, elle avait participé à mon enlèvement, elle était prête à laisser Aznar me transformer pour m'avoir dans leurs rangs... j'étais peut-être désormais un être sanguinaire en devenant un vampire, mais ma mère était bien pire, elle était l'image d'un monstre bien plus effroyable. M'avançant le cœur alourdi par ma conscience, je posais mes mains sur les épaules détrempées de Charlotte, rivant mon regard dans le sien.

- Adieu maman... lui dis-je néanmoins en refermant mes doigts sur son cou qui était maintenu par Chelsea et Afton.

Tirant sur sa tête d'un coup sec en fermant finalement les yeux pour ne pas voir la suite, je sentis sa résistance lâcher prise alors que son corps s'effondra dans sans un bruit dans la neige. Un hurlement de détresse résonna au même moment au loin, appartenant sûrement à son compagnon alors que je laissais tomber le visage de ma mère sans oser le regarder. Je n'eus même pas le courage d'y mettre le feu, contraignant l'athénienne à ramener le cadavre vers la clairière pour le jeter dans le premier bûcher qui se dessina devant nous. En sortant de la forêt, je croisais le regard de Demetri qui portait le bouclier inanimé et démembré. Le balançant sans ménagement dans un brasier, il vint me prendre dans ses bras en m'étreignant fortement, ayant très certainement entendu ce que j'avais fait.

- Ce n'est pas terminé, intervint Félix en se raclant la gorge en regardant l'étendue du désastre devant nous.

Cela dit les choses se finirent très vite. Kebi avait tué sa créature avant d'être elle-même démantelée, et les roumains avaient bel et bien péri de la main des souverains et souveraines Volturi. Désormais, il ne restait plus que les soldats qui continuaient de se battre malgré l'inégalité du combat. Sans le bouclier, tous les dons psychiques avaient pu être utilisés afin de les affaiblir, et ils n'avaient pas attendu notre retour pour les activer. Sans le brouillard qui avait disparu, je reconnaissais aisément celui de Jane ainsi que la vapeur paralysante d'Alec qui permit d'achever les derniers adversaires, secondés par ceux de Zafrina, Beth et Alexei. Maintenant que les derniers vampires étaient à notre merci, il fut facile de terminer le travail, décapitant les derniers combattants qui étaient maintenus immobilisés par la panoplie de dons qui nous entouraient. Les morceaux partirent également dans les brasiers sans le moindre états d'âmes alors que nous inspections les environs pour nous assurer que nous avions bien éliminé l'entièreté de la menace amenée par l'espagnol et les roumains.

Maintenant que la bataille était terminée, l'heure était venue de procéder au bilan des pertes et elles étaient assez nombreuses. La plupart des nomades qui s'étaient engagés à nos côtés avaient péri, il ne restait plus que Peter et Charlotte, les amis nomades de Jasper. Ils semblaient d'ailleurs hésiter à rejoindre finalement leur clan ou celui des Amazones, au moins temporairement. L'ancien frère d'armes de Jeanne d'Arc, Gille de Rais était mort et la sœur de d'Alexei, Valentyna, avait été tuée par son propre frère lorsqu'il était sous l'emprise de la manipulation mentale. Les Denali avaient perdu Tanya et les Amazones pleuraient la mort de Senna. Du côté des Cullen, ils semblaient tous en vie mais de loin, je vis qu'Esmée avait perdu un bras dans la bataille qui avait été réduit en cendres par l'ennemi, ne pouvant pas espérer le récupérer. Et j'avais l'impression qu'ils partageaient le deuil des loups. D'où j'étais, j'entendis les prénoms de Quil, Embry et Seth parmi les victimes. Les Volturi avaient payé un lourd tribu. Nous étions arrivés en étant les plus nombreux, nous étions donc ceux qui avaient le plus perdu, beaucoup avaient péri en voulant sauver le clan italien. Les souverains étaient indemnes mais tous les témoins d'Aro et les gardes inférieures avaient été massacrés et réduits en pièces. Le précieux bouclier d'Aro, Renata, avait été décapitée et brûlée en protégeant les reines. Ainsi que sa descendante Makenna, qui avait volé à son secours pour l'aider. Santiago et Heïdi étaient également morts en voulant se sauver mutuellement. Quant à Corin, qui était bien vivante et entourée de son compagnon, elle avait perdu une main qu'elle recherchait encore parmi les membres arrachés et dispersés autour de nous. Le reste des gardes semblait être en un seul morceau même si d'autres avaient apparemment étaient en parti démembrés de façon temporaire.

Mon regard se porta ensuite sur les égyptiens, et en particulier sur Amun qui n'était plus qu'un corps vide maintenant que sa compagne avait péri. Lui qui avait toujours été fier et impassible semblait perdu, et ce malgré la présence de Tia et Benjamin. Je n'osais imaginer la douleur qu'il ressentait en cet instant, lui qui avait passé plus de trois millénaires auprès de Kebi, devait se sentir terriblement seul désormais. Contrairement à Demetri qui la percevait au travers son don, le visage marqué par la douleur de son créateur alors qu'il devait déjà affronter le deuil de sa meilleure amie. Je le serrais fermement dans mes bras alors que son visage tomba sur mon épaule sans se détourner d'Amun qui était venu jusqu'à nous en utilisant la volonté qu'il lui restait.

- Tue-moi Demetri, lui demanda l'égyptien avec une résolution absolue.

- Amun...

- Un monde sans Kebi est un monde dans lequel je refuse de continuer à vivre, dit-il fermement en refusant toute négociation. Je t'ai transformé, je te demande de mettre fin au clan d'Alexandrie en mettant un terme à mes souffrances.

- Je ne peux pas...

- C'est un ordre Demetri, persista-t-il alors que j'aurais juré qu'il exerçait sur le traqueur son pouvoir de créateur pour la première fois parce que je le vis faire un pas vers Amun malgré sa réticence.

Malgré ma bonne volonté, j'allais sûrement vivre avec le meurtre de ma mère, je ne pouvais pas laisser mon âme-sœur être tourmentée à son tour, posant une main sur son avant-bras pour l'arrêter.

- Attend...

- Je suis heureux que vous vous soyez trouvés et je vous souhaite de vivre à jamais l'un avec l'autre, ajouta Amun sur un ton moins sec. Mais vous avez vécu séparés pendant des semaines, vous savez ce que l'on ressent lorsqu'on perd sa moitié, vous ne pouvez pas m'imposer de vivre ainsi pour l'éternité.

L'égyptien se laissa glisser sur les genoux à mesure que Demetri s'approchait, s'étant libéré de ma prise avec facilité. Et mon cœur mort se fissura en voyant combien le traqueur était ravagé de l'intérieur par l'ordre que lui avait donné celui qui était pour le moment le plus vieux vampire encore en vie. Je voyais ses mains trembler sous ses efforts pour résister à l'autorité naturelle d'Amun alors qu'il empoignait ses vêtements.

- Tu resteras toujours ma plus belle création Demetri, lui assura l'égyptien sur un ton paternel qui fit tressaillir le traqueur, et s'il avait pu pleurer, ses joues seraient certainement inondées par des larmes alors que j'essayais de l'éloigner, quitte à ce que quelqu'un d'autre ne le fasse. Je suis si fier de voir l'homme que tu es devenu à travers les siècles, je n'ai jamais regretté de t'avoir transformé, aucun traqueur ne pourra jamais t'égaler...

Si la plupart des alliés survivants s'étaient arrêtés pour observer ce funeste spectacle qui allait signer la fin de l'originel clan d'Alexandrie, d'autres continuaient de s'agiter dans tous les sens, parce que je percevais au loin de la voix de Didyme qui m'appelait et m'attrapa pour m'emmener dans la forêt.

- Demetri a besoin de moi !

- Charlie, tu es la seule à pouvoir la récupérer... fit la souveraine en m'entraînant vers un bûcher situé à un kilomètres de la clairière. Où je reconnus le visage d'Aznar déjà à moitié brûlé dedans. A côté de lui se trouvait Kebi, réduite en pièces et inerte dans la neige.

- Mais...

- J'ai réussi à écarter certains morceaux avant qu'ils ne brûlent, Amun était trop dévasté par le chagrin pour y parvenir ou même envisager de le faire. Aide-moi à la reconstituer avant que Demetri n'exécute son ultimatum, elle est encore brûlante et je n'arrive pas à la tenir dans les mains plus de quelques secondes.

M'accroupissant dans l'herbe qui réapparaissait lentement à mesure que la neige fondait, je suivais chacun des directives de Didyme en sortant avec précaution les parties de Kebi du feu sans ressentir la moindre gêne à cause de la température. N'ayant jamais reconstitué un corps de vampire, les instructions de la reine qui me guidait toujours sur un ton maternel furent aussi précieuses que le goût que j'avais développé pour les puzzles lors de mon enfance. Replacer chaque élément au bon endroit était bien évidemment facile, ce qui était plus complexe, c'était d'attendre que le venin n'agisse et resolidifie chaque bout de son anatomie. La grande brune avait beau avoir envoyé Derren et Afton pour arrêter Demetri, j'étais angoissée à l'idée qu'il ne supprime Amun alors que sa compagne avait une chance et qu'il vive avec une culpabilité qu'il n'arriverait pas à oublier.

- Continue Charlie, m'encouragea Didyme tandis que Chelsea arriva à son tour en compagnie de Beth.

- Elle va utiliser son don pour consolider la reconstruction de Kebi le temps que le venin n'agisse pour que ça aille plus vite.

- Et Demetri ? Demandais-je immédiatement.

- Aro l'a fait reculer et a ordonné à Félix de le tenir le temps que tu reviennes. Amun ne sait pas ce qu'il se passe ici, nous n'avons rien dit pour éviter de lui donner de faux espoirs si ça ne marche pas. Les maîtres en profitent pour faire la paix avec Amun et je ne les ai jamais vus parler à quelqu'un avec autant de respect... cette guerre a vraiment tout bouleversé, nous sommes peut-être à l'aube d'un nouveau régime politique.

- Nous y penserons plus tard Chelsea, fit doucement mais fermement Didyme alors que les derniers morceaux de Kebi se rassemblaient les uns aux autres avec l'aide de la psychokinésie de l'écossaise.

L'égyptienne revint rapidement à elle lorsque sa tête fut rattachée au tronc, se redressant péniblement à cause de la douleur des blessures qui allaient perdurer encore un moment. Elle nous observa tour à tour en cherchant à comprendre ce qu'il s'était passé alors que l'athénienne lui expliquait brièvement ce qu'elle avait manqué. En comprenant ce qu'Amun avait demandé à Demetri, elle nous prit toutes de court en bondissant agilement sur ses pieds pour se diriger droit vers la clairière sans nous attendre.

- Amun ! Ne fais pas ça...

Une fois remises de notre surprise, nous suivirent Kebi qui avait déjà traversé la moitié du champ de bataille pour prendre l'égyptien dans ses bras qui lui répondit dans un baiser fougueux. Tout ce que je voyais, c'était Félix qui avait relâché son meilleur ami qui s'était laissé tomber à ses pieds, essayant de se remettre du traumatisme auquel il avait échappé. Je les rejoignis à vitesse vampirique pour prendre le blond dans mes bras, le laissant sangloter dans mon cou en caressant ses cheveux soyeux malgré la poussière et les cendres qui s'y étaient mêlés.

- Je suis sincèrement désolée pour Heïdi Dem... soufflais-je tristement alors que son étreinte se raffermissait autour de moi et que le colosse posait une main compatissante sur son épaule. Bien que j'ai commencé à sympathiser avec la rouquine, je n'étais pas encore assez attachée pour ressentir sa perte, mais je savais que pour Demetri, le processus de guérison serait long.

- Tu as sauvé Kebi... commenta-t-il en détournant le sujet de la conversation, bien qu'il devait être soulagé de ne plus avoir besoin de tuer son créateur.

A vrai dire, je trouvais que Didyme avait fait le plus gros du travail mais j'étais rassurée de ne pas avoir à rajouter des noms sur la liste des personnes qui étaient mortes pour nous aujourd'hui. C'était ma première, et j'espérais, ma dernière guerre, mais j'en avais étudié suffisamment en cours pour savoir que les conflits sans dommages collatéraux n'existaient pas. Et parmi ces victimes, l'une d'elle me rattrapa et me broya les tripes en repensant au matricide que j'avais commis.

- Mais j'ai tué ma mère... sanglotais-je à mon tour contre le traqueur, nous laissant tous les deux envahir par un besoin de deuil qui prendrait du temps à se faire.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top