Chapitre 24

Les deux mois depuis la trahison des roumains touchaient à leur terme, d'ici demain soir, nous serions face aux traîtres menaient par Aznar. Nous nous étions entraînés sans relâche pour remporter cette victoire même si nous ignorions encore combien d'adversaires il y aurait en face. Tout le monde s'était entraîné. Les maîtres s'étaient soumis à nos meilleurs gardes pour être au niveau, parce que les rois et les reines avaient bien l'intention de se battre pour récupérer Didyme qu'ils avaient le sentiment d'avoir abandonné, ainsi que ma compagne dont je me languissais.

Nous avions quitté la forteresse dans la nuit pour couvrir un maximum de terrain sans être repérés par les humains vu le nombre que nous étions, et nous avions couru à cadence soutenue pour arriver à la lisière du massif des Dolomites dans la matinée qui demeuraient sombre à cause des nuages menaçants. S'il venait à y avoir de l'orage, nous pourrions nous battre sans craindre que des sons résonnent trop loin. Une fois enfoncés dans la forêt, nous avions établi un campement éloigné de toutes traces de vie pour économiser nos forces. La confrontation ne devait avoir lieu que le lendemain d'après Alice Cullen, mais nous voulions être sur place avant au cas où. Elle aurait lieu dans une vaste clairière enneigée en contrebas sur laquelle on avait une vue imprenable, si l'ennemi décidait d'approcher avant, nous le verrions approcher. Pour le moment, le cadre qui s'offrait à nous nous rappelait à beaucoup des souvenirs sur une précédente confrontation qui avait eu lieu quelques années plus tôt dans un paysage similaire, la différente était que désormais la composition de cette nouvelle alliance.

Benjamin avait allumé un feu de camp autour duquel nous étions nous assis, et je ne pouvais m'empêcher de penser à Charlie dès que je regardais les flammes. Leur chaleur était perceptible, mais elle semblait atténuée, peut-être parce que l'égyptien était un élémentaire complet, entraînant indirectement moins de puissance dans chaque élément, alors que la jeune femme ne maîtrisait que la pyrokinésie et la faisait vibrer avec plus d'intensité. Ou peut-être étais-je tout simplement plus sensible au don de Charlie parce qu'il lui appartenait. Quand nous n'étions pas en train de nous entraîner j'avais continué à m'isoler. Heïdi avait bien essayé de me réconforter mais la voir heureuse dans les bras de son compagnon ne m'aidait pas, au final, c'était plutôt Jane qui me tenait compagnie, se sentant toute aussi seule, regardant régulièrement l'écossaise d'un œil mauvais. Beth avait bien essayé de l'approcher pour atténuer les tentations mais le sifflement de la blonde l'avait vite dissuadé, ce qui avait continué à creuser un fossé entre les jumeaux. Félix aussi faisait de son mieux pour me soutenir, mais il avait noué une étrange amitié avec le colosse des Cullen, ce qui avait surpris tout le monde, et je préférais ne pas me mélanger au clan Olympic avec qui je n'avais aucune affinité.

Même si les rapports s'étaient globalement améliorés entre les autres clans et le nôtre, il demeurait des tensions. Jane haïssait toujours Swan, et je méprisais toujours le télépathe. Certaines rancœurs étaient trop tenaces pour être facilement oubliées, mais j'avais appris à tolérer l'empathe du clan Olympic qui serait un véritable atout sur le terrain au vu de son passé dans les clans mexicains. Même si nous avions des dons totalement différents, nous devions vivre avec les émotions des autres en permanence, nous rapprochant par un étrange point commun. Quant à ma meilleure amie, elle avait réussi à s'entendre avec Rosalie, et indirectement, ces premiers liens en avaient créés d'autres avec les Denali ou certains nomades et même avec le clan d'Amun. A croire que les guerres étaient le meilleur moyen pour mettre de côté nos différends ou presque. Beaucoup continuait d'éviter Gille de Rais maintenant que la plupart connaissait son passé historique de son vivant, Alec était sûrement un des rares à ne pas le craindre, mais vu la noirceur qui l'habitait, cela n'avait choqué personne.

Les yeux rivés sur les flammes qui dansaient sur les bûches, c'est à ce moment que je sentis quelque chose. Deux odeurs approchaient lentement, à couvert, alors que le bruit léger de leurs pas faisait crisser la neige sous leurs pieds. Me relevant lentement alors que mon esprit s'agitait, je reconnus immédiatement l'une des deux odeurs. Mes pensées étant en libre accès comme je n'avais pas d'intérêt à les cacher, le télépathe les perçut aisément, mettant les autres en alerte.

- Quelqu'un approche.

L'avertissement fit réagir tout le monde alors que mon regard était rivé sur la clairière en contre-bas. Deux silhouettes se détachèrent de la brume qui s'était levée et qui arrivait à masquer notre vue pourtant exacerbée. La première, appartenant à un homme avec une odeur âcre, presque empoisonnée, soutenait la seconde personne, une femme, plus grande que lui, pour l'aider à marcher. Et j'avais reconnus l'identité de la femelle en pénétrant dans son essence pour la première fois depuis des siècles.

- Maître Marcus, l'appelais-je alors que tout le monde s'était regroupé derrière moi pour avoir le meilleur point de vue.

Le souverain grec s'approcha de moi avec une certaine appréhension, ayant retrouvé toute sa vitalité depuis qu'il savait que sa compagne était vivante. Et quand il vit et reconnut Didyme avancer dans la neige au loin, je dû le retenir malgré moi, secondé par Sulpicia qui retenait également son propre compagnon.

- C'est peut-être un piège, souleva-t-elle malgré sa propre envie de voler au secours de la brune dont la démarche était alourdie et moins gracieuse avec un bras en moins, mais elle n'en avait pas perdu sa dignité parce qu'elle marchait la tête haute, le menton relevé et le regard rivé sur nous malgré les kilomètres qui nous séparait. J'étudiais les environs avec mes sens, mais ils avaient l'air d'être seuls, sans Aznar à leurs trousses, et sans Charlie dans les environs. Nous devons attendre qu'ils arrivent à nous, nous pourrons mieux anticiper une attaque que si on se jette sur eux avec le risque d'être encerclé.

Malgré l'impatience qui nous consumait, nous attendîmes donc que la sœur d'Aro ne parvienne à nous, épaulé par un vampire qui devait avoir une vingtaine d'années, avec un fort accent de l'est lorsqu'il l'encouragea à continuer. Athenodora, avec l'aide de son époux, avait été cherché l'un des deux écrins tout en longueur qui contenait les bras arrachés de Didyme et Charlie, et s'empara de celui de la brune avec la plus grande des minuties alors que celui de ma compagne demeura à l'intérieur, assombrissant ma vue par la peur et la tristesse.

- Tu l'aurais sentie si elle avait été tuée Demetri... m'assura Heïdi en posant une main bienveillante sur mon épaule.

Et c'était certainement la seule chose qui m'aidait à tenir, la garantie qu'elle soit toujours en vie. Serrant sa main avec la mienne à la recherche de réconfort, on s'écarta en cercle autour des deux immortels pour pouvoir anticiper une réaction de l'inconnu, alors que le visage de l'ancienne reine s'était illuminé en voyant celui de Marcus. Le vampire inconnu l'a relâcha avec précaution alors que son compagnon prenait sa relève en se précipitant pour la rattraper et la serrer contre lui avec un grand soulagement.

- Mon amour... souffla-t-il en souriant à son tour et en l'embrassant tendrement sur le front. Cette démonstration d'amour pur provoqua une vive jalousie en moi, détournant le regard pour contrôler mes émotions alors que j'aurais dû être heureux pour Marcus après tout ce temps passé seul.

Les deux souveraines vinrent enlacer leur sœur de cœur avec douceur et lui remirent en place son bras dans un gémissement de douleur de la part de Didyme qui fut vite rejoint par son frère. Ceux qui pensaient que les Volturi étaient insensibles furent vite attendris par cette scène de retrouvailles alors que je me concentrais sur l'inconnu qui dévisageait la jumelle d'Alec avec appréhension. Faisant un pas vers lui pour lui faire subir un interrogatoire bien musclé, j'entendis mon ancienne maîtresse m'interdire de le toucher.

- Alexei nous a aidé à sortir de Castelul Bran, Demetri, et Charlie a bien insisté sur le fait que tu ne devais pas le tuer, dit-elle doucement toujours soutenue par Marcus, se rapprochant de nous, et me faisant légèrement grogner alors qu'elle me désigna du regard Jane qui semblait tout aussi troublée par la présence de l'inconnu. Elle qui était d'habitude si effrayante avec les nouveaux venus, on aurait cru voir une véritable adolescente, timide et rougissante si elle avait pu, et finit par détourner le regard en allant se cacher discrètement vers Félix qui s'était mis à sourire en comprenant la signification de son attitude, alors que son jumeau portait un regard meurtrier sur le vampire. Moi tout ce que je voyais, c'était que tout le monde vivait dans un monde merveilleux avec leurs compagnons alors que la mienne était je ne sais où.

- Dans ce cas, où est Charlie ? Demandais-je sèchement au jeune homme qui s'était rembrunit en voyant Jane le fuir.

- Ta compagne est une véritable plaie, elle a passé des jours à argumenter que la mienne était des vôtres, je reconnais lui avoir fait goûter mon don à plusieurs reprises pour la faire taire. Mais je ne voulais pas perdre cette chance alors j'ai parlé à ma petite sœur pour l'éloigner des griffes d'Aznar au passage. J'ai pu faire sortir Didyme de sa cellule pendant que les autres avaient le dos tourné à préparer notre départ de Roumanie, répondit-il d'une voix grave en reportant son attention sur moi qui n'attendait qu'un signe de sa part pour le décapiter, outré qu'il ose me dire qu'il l'avait sûrement torturé. Dès que Didyme fut libérée, on s'est mis en retrait le temps que Valentyna arrive avec la blonde mais sa mère a débarqué au même moment. Et comme elle est accouplée à Aznar, il est venu rapidement lui porter secours. Son hydrokinésie a continué à affaiblir ta blonde, et comme Valentyna est un miroir, son don lui permet de bloquer ceux des autres pour les retourner à l'envoyeur, ça lui a permis de détourner son attention en projetant sa compagne au loin. Elles ont pris la fuite juste après, mais il avait commencé à lui arracher son deuxième bras alors elles ont été ralenties dans leur course. Si nous n'avons pas été pourchassés, c'est uniquement parce qu'Aznar était sur le départ et qu'il lui a fallu du temps pour rassembler tous les vampires sous ses ordres.

- Combien sont-ils ? Aboya Caïus qui perdait patience à chaque fois que le prénom de l'espagnol était prononcé.

- Des centaines, ça fait des siècles qu'il prépare ce renversement, il voulait être sûr que rien ne puisse l'arrêter quand il se mettrait en marche. Mais visiblement il n'avait pas tout prévu, continua l'ukrainien qui glissa un regard vers Jane qui était toujours totalement dissimulée derrière la carrure de Félix avant de se tourner à nouveau vers moi. Elles ne doivent plus être très loin. Aznar arrivera aussi bientôt, à quelques heures d'intervalle, son armée est grande et désordonnée, Certains s'impatientaient, il commence à avoir du mal à les contenir... ta compagne m'avait parlé d'emprise, je trouvais ça ridicule mais plus je passe du temps éloigné des autres et plus je me rends compte de tout ce que j'ai fait sans m'en rendre compte, juste parce qu'il me l'ordonnait, j'ai l'impression qu'un voile s'est levé...

- On s'en fout, le coupais-je durement, agacé par ses piaillements alors que je jetais un œil à Jane qui étudiait sans doute le terrain pour savoir quoi faire, je me tournais donc vers son jumeau. Assure-toi qu'il reste sous bonne garde, rien ne nous dit qu'il ne retournera pas vers son créateur au premier ordre qu'il recevra, ordonnais-je à Alec qui s'empressa de le prendre par la manche pour l'embarquer avec lui au centre du campement où tout le monde aurait une vue sur lui, et à bonne distance de sa charmante sœur.

Ma priorité était de mettre la main sur Charlie avant qu'elle ne soit rattrapée par des hommes de l'espagnol. Elle avait passé tellement de temps sous sa coupe que je n'arrivais toujours pas à la percevoir alors qu'elle devait avoir une longueur d'avance sur son ravisseur, pourtant aucune localisation ne me venait en tête. Mais si elle était accompagnée d'un miroir, qui maîtrisait sûrement l'art du bouclier, je ne pouvais pas passer au travers, j'allais donc devoir attendre qu'elle soit à portée de mes sens pour la repérer. Et ça me foutait en rogne, surtout quand je voyais tous les couples autour de moi qui étaient enlacés les uns aux autres. J'avais une sombre envie de partir à la recherche de Charlie et la ramener pour la prendre dans mes bras, au lieu de regarder les autres qui n'avaient pas conscience de la chance qui leur était offerte.

- Se serait stupide de partir maintenant, intervint le télépathe américain qui avait eu l'impolitesse de s'immiscer dans mon esprit.

- Sort de ma tête Cullen, crachais-je. C'est facile de prendre une décision lorsqu'on n'est pas amputé de la moitié de soi-même.

- Tu pourrais tous nous mettre en danger en allant la chercher.

- Je ne resterais pas les bras croisés pendant qu'elle a un bras en moins, et qu'elle est à la merci du premier vampire qui lui tombera dessus.

- Peut-être que si tu l'avais mieux formé au lieu...

- Tu es très mal placé pour me donner des conseils sur ma compagne quand tu as abandonné la tienne en pleine forêt par pure égoïsme et que tu as refusé d'appliquer l'une de nos lois les plus essentielles pour ensuite venir ramper vers nous pour te faire descendre. Tu as conscience que c'est avant tout à cause de toi que ton clan a été mis en danger ? M'impatientais-je en lui balançant une brève liste des choses que j'aimais le moins chez lui. Si tu l'avais transformé dès le départ, ça nous aurait évité bien des problèmes, mais il a fallu que tu attendes des mois parce que tu avais peur pour son âme. Je me fiche pas mal de ce que tu peux penser, on sait tous les deux que le passage de la vision où tu m'élimines a été monté de toutes pièces. Je t'ai bien regardé pendant les entraînements, et tu es loin d'avoir le niveau requis pour espérer essayer. Maintenant je vais aller chercher Charlie que cela te plaise ou non, grognais-je alors que Félix se tenait déjà à mes côtés pour m'accompagner, escorté par Gille de Rais et Afton qui prenait ses responsabilités de créateur au sérieux.

C'est à ce moment que je ressentis sa souffrance se répercuter en moi. Où qu'elle soit, la jeune femme était suffisamment proche de moi et loin d'Aznar pour que je parvienne à accéder à son esprit. Je sentais aussi sa peur, sa fatigue et sa douleur, me retournant de suite vers la clairière toujours embrumée pour essayer de voir quelque chose. Accompagné par mon meilleur ami et des deux mâles, on descendit le long d'un sentier sinueux qui n'était pas un problème pour nous alors qu'une silhouette se détachait du brouillard. Une jeune femme aux traits similaires à ceux d'Alexei marchait vers nous en portant quelque chose sur son épaule, une chose à l'odeur délicieusement sucrée. Je n'eus conscience d'avoir marché vers elles que lorsque Félix me retint fermement par le bras.

- On ne sait pas ce qu'elle a subit là-bas, elle aura peut-être besoin de temps pour se faire à nouveau à notre présence, ne la brusque pas, fit-il néanmoins avec douceur alors la grande brune arriva à notre hauteur et déposa Charlie à nos pieds dans la neige. Emmène-la, intervint Félix envers le vampire français qui l'embarqua vers les autres qui observaient ce qu'il se passait alors que je m'accroupissais à côté de sa descendante.

- Charlie ? L'appelais-je doucement en la tournant délicatement vers nous alors que mon regard se posa sur son second bras à moitié déchiré. Je croisais les yeux remplis de souffrance de la jolie blonde qui semblait sur le point de s'évanouir, pourtant elle ne marqua aucune hésitation et vint se blottir contre moi avec force, son corps tremblotant à cause d'une forte activité émotionnelle. Je la serrais tendrement contre moi uniquement pour ne pas la blesser, parce que j'étais rongé par le besoin de l'étreindre férocement. J'inspirais son parfum entêtant avec soulagement alors qu'elle nichait sa tête dans le creux de mon épaule. Tu m'as tellement manqué...

Sa petite main s'accrocha à ma cape alors que j'entendis ses lèvres esquisser sourire.

- Toi aussi tu m'as manqué Dem... souffla la jeune femme la voix atténuée par la fatigue. La petite blonde regarda Félix qui lui souriait, venant l'étreindre à son tour sans me la retirer, conscient que ce serait suicidaire de sa part de me la prendre, suivit par Afton qui semblait soulagé que sa première créature soit bien vivante. Vous aussi vous m'avez manqué, vous m'avez tous manqué... !

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