Chapitre 9.

"Mes fleurs vont mourir maintenant, je n'aurai pas dû faire le malin ! En tout cas, bien joué, je ne pensais pas que la différence de niveau serait si flagrante, grimace le gouverneur en observant les fleurs et leurs racines tombées lamentablement au fond des gros pots.

- Merci, répondit simplement Luff, d'un geste de la main, il rouvrit le trou béant dans le sol et avec un sourire, Tom fit remonter la terre jusqu'à leurs places d'origine avant qu'il renferme l'ouverture. 

- Pourquoi Ava Rosa ne connaît-elle pas ton don ? 

- Elle ne me l'a pas demandé, elle souhaite que l'on se découvre petit à petit comme les humains. 

- C'est elle tout craché. Je vais devoir conclure notre entrevue, j'ai des rendez-vous dans peu de temps... Je n'ai aucune remarque à faire, tu sembles être la personne parfaite pour se tenir à ses côtés, prend bien soin d'elle.

- Je ne manquerai pas à ma tâche.

- Et désolé des accusations que j'ai pu porté, je vois bien que la colère t'inonde toujours. 

- Il faudra un moment pour me calmer, dit-il simplement, ne s'éternisant pas sur le sujet épineux. 

- Au revoir, Luff et bon voyage.

- Au revoir, Tom."

Le garçon tourna les talons et prit le chemin du retour sans un regard en arrière, une haine bouillonnante emprisonnant son être. Il n'était pas un monstre ! Peu importe ce que disait les autres, il ne l'était pas ! Est-ce qu'un jour les gens cesseraient de le penser ? Il pensait que cela changerait grâce à son nouveau statut mais visiblement ce n'était toujours pas suffisant. Il serra les points, pourquoi était-il né dans une famille pareille ? Ils devaient sûrement bien rire de lui, là-haut, en voyant tous les problèmes qu'ils lui causent. Ses propres parents l'avaient délaissés après s'être rendu compte qu'il ne partageait pas leur folie meurtrière, ils lui avaient fait subir des choses qu'il ne pourrait jamais oublier et on osait le comparer à eux ? 

"Luff ! C'est terminé ? Alors ? s'exclame Ava Rosa en l'apercevant. 

- Je rentrerai avant la nuit, grogna-t-il avant de passer la sortie sans plus de détails. 

La jeune femme en resta sous le choc et Dan ne sut plus où se mettre, Tom arriva à suite et soupire en comprenant la disparition du garçon, il va se faire remonter les bretelles. 

- Tom ! Qu'est-ce que vous lui avez fait ?! s'agace la vampiresse. 

- Visiblement, j'ai touché quelques points sensibles, ce garçon a vécu des choses compliquées. 

- Je ne l'ai jamais vu aussi énervé ! 

- Je suis désolé, Dan va te raccompagner et te tenir compagnie jusqu'au retour de Luff. En tout cas, tu as choisi un bon serviteur, il m'a écrasé au combat...

- Écrasé ? Vous, monsieur ? Mais vous êtes un des chasseurs les plus forts qu'il existe ! s'insurge Dan. 

- C'est pourtant la vérité, mon niveau est ridicule à côté du sien. 

- Toutes ses divagations ne me disent pas où est passé mon serviteur ! coupe sèchement l'Éternelle.

- Je me suis déjà excusé. Je dois y aller, Dan, occupe toi bien d'elle. Bon voyage à toi Ava Rosa.

- C'est ça oui, réplique-t-elle mécontente."

Au même moment, Luff marchait à grandes enjambées, traversant la ville sans un regard pour les rares passants et les boutiques dont les volets étaient en train d'ouvrir. Un courant d'air matinal balayait ses cheveux mais il n'en avait que faire, la douleur qui le rongeait de l'intérieur était bien plus importante. Il s'en voulait d'être si sensible à l'évocation de son passé mais il ne parvenait pas à passer outre ce traumatisme, c'était plus fort que lui. 

Il se concentra, vérifia que les alentours étaient désert et se téléporta jusqu'à son ancien chez lui. Un pouvoir qu'il s'était bien garder de dire à quiconque hormis ses parents et ses frères. Il arriva épuisé, peu habitué à utiliser cette capacité surtout sur de longues distances. 

Il rentra sans toquer par réflexe et s'en voulu après coup, ce n'était plus chez lui... Ses deux parents se trouvent au salon, occupés à rédiger des pages entières, sûrement des rapports de mission. Ils eurent l'air bien surpris de le trouver là mais virent aussitôt que quelque chose n'allait pas, ils connaissent leur fils mieux que personne. 

"Que se passe-t-il mon garçon ? L'Éternelle n'est pas avec toi ? chuchote doucement sa mère en s'approchant par petits pas, ne voulant pas le brusquer. 

- Non, elle n'est pas là. 

- Viens t'asseoir, je vais faire du thé, propose son père avec un sourire chaleureux avant de quitter la pièce. 

Il obtempère aussitôt et s'affaisse sur le canapé, aux bords des larmes tel un enfant. Et c'est ainsi qu'il se sent, comme un gamin faible qui a besoin du réconfort parental, et cela le révolte, il a honte. Des sentiments qui ne font qu'augmenter son mal être au summum.

- Raconte nous ce qu'il s'est passé, Luff, exige sa mère en lui servant une tasse brûlante contenant une infusion. 

- Je pensais que le regard des gens sur moi changeraient...Je croyais que mon nouveau statut les pousseraient à me reconnaître, à me respecter. Mais je n'étais qu'un idiot et je le suis encore pour me mettre dans des états pareils pour si peu. J'ai rencontré le gouverneur, il voulait savoir si j'étais digne d'Ava Rosa. En vérité, même si je crois, peut-être, qu'il a changé d'avis, il pensait que j'étais un monstre, que j'étais comme eux... Il croyait que j'étais un buveur de sang invétéré, il parlait d'eux comme s'ils étaient mes parents...Je..Il s'est excusé, il s'en voulait mais...C'est trop tard, débite le jeune homme, toute son assurance habituelle ayant disparue.

Ses parents l'entourèrent de leurs bras comme lorsqu'il était petit, comme lorsqu'il faisait des cauchemars chaque nuit en souvenir de sa première vie. 

- Il n'a pas pensé à mal, j'en suis certaine. Il a juste été maladroit comme beaucoup le sont, tu ne dois pas lui en vouloir. Tu es notre fils, Luff, notre fils aîné et nous sommes tes parents, Madoh, Tsey et Adren sont tes petits frères, ne l'oublie jamais et ne pense à rien d'autre. 

- Excusez-moi, cela doit être difficile pour vous aussi que je ressasse toujours les mêmes choses. 

- Non, c'est important que tu le fasses, tout le monde a des faiblesses, assure Guilian, son père. 

- Merci..."

Une larme coule sur la joue de Luff, une seule, qu'il s'empresse d'essuyer et il se redresse. Fini de pleurnicher, il y a des choses plus importantes. Il jette un coup d'œil à l'horloge, ses frères ne vont pas tarder et hors de question qu'ils le voient dans cet état. Ses parents comprennent aussitôt et entament des discussions mondaines, prenant des nouvelles et s'intéressant à sa vie. 


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