Chapitre 11.

Luff se réveilla tôt, son sommeil avait été agité toute la nuit et il avait enchaîné les cauchemars éprouvants. Bien décidé à ne plus dormir tant que son état mental ne se serait pas amélioré, il commença la journée par un entraînement intensif dans la salle dédiée. Il était hors de question qu'il perde sa condition physique. 

Connaissant Ava Rosa, elle n'émergerait pas avant une heure. Il prit donc son temps sous la douche, profitant du fait qu'elle dorme, elle a tendance à lui crier de sortir dès qu'il dépasse les dix minutes en pestant contre les humains qui soi-disant tuent la planète. Bien qu'elle ait raison, mais il ne peut résister à une longue douche brûlante après l'exercice. 

Une fois sortie de la douche, il enfila un vieux tee-shirt et un jogging dépareillé, il commençait vraiment à manquer de vêtements, il aurait dû en récupérer chez ses parents. Mais le moment n'était pas venu d'en réclamer à Ava Rosa. 

Une idée lui vint en tête, il tenta de la chasser en la trouvant idiote mais finit par se laisser tenter. Depuis qu'il était arrivé, il n'avait pas vraiment participé aux tâches ménagères, un homme de ménage passant deux fois par semaine, tant mieux car ce n'était pas son fort. Il n'avait pas non plus cuisiné hormis pour lui-même car l'Éternelle ne mange que rarement de la nourriture humaine, s'il a bien compris, uniquement lorsqu'elle se rend au restaurant. Pourtant les vampires, bien que leur palais soit adapté au sang, apprécie autant que les humains la nourriture en tout genre voir plus en raison de leurs sens souvent décuplés. 

Et Luff est plutôt bon cuisinier. 

Il se retrouva donc aux fourneaux en vu de préparer un petit-déjeuner appétissant pour la jeune femme. Il a honte de lui-même de faire une chose pareille mais après tout, il n'y perd rien. Et elle est bien trop touchée par les problèmes de la planète pour lui balancer les aliments à la figure, il est donc en sécurité de ce côté-là. 

Il finit de préparer et dispose le tout sur un plateau, tendant l'oreille pour vérifier qu'elle dort toujours. Il est plutôt fier de lui, des croissants chauds et du pain moelleux qu'il a été acheté à la boulangerie la plus proche, des confitures et du miel, ainsi que des œufs au plat, du bacon grillé et un verre de jus d'orange pressé à la main. Un petit déjeuner conforme à celui qu'on voit dans les films et c'est sûrement ce qui va lui plaire. 

Utilisant son agilité hors du commun, il dépose le plateau sur la table de chevet accolée au grand lit sans aucun bruit et quitte les lieux tout aussi discrètement. Ava Rosa se réveille toujours aux alentours de huit heures et il est huit heures moins deux minutes. 

Luff s'installa dans un des petits salons, son préféré dans les tons sombres et bien plus étroit que les autres, l'endroit lui rappelait un peu sa petite chambre vieillie. Il entreprit de commencer un livre trouvé dans la bibliothèque d'Ava Rosa, un petit meuble avec une cinquantaine de lires de styles bien différents. Il avait choisi un roman court dont le résumé évoquait une aventure romantique, non pas qu'il soit fleur bleue mais lire des histoires joyeuses et innocentes lui feraient le plus grand bien.

Ava Rosa entrouvrit les yeux, lâchant un long bâillement et s'étirant exagérément comme elle voyait faire les humains à la télévision. L'odeur de la nourriture éveillé tous ses sens et elle se redressa brusquement, ne comprenant pas d'où elle venait. Puis enfin, elle aperçut le plateau déposé près d'elle et un sourire apparu sur ses lèvres. 

Elle mangea entièrement la nourriture à disposition, savourant chaque bouchée. C'était la première fois depuis longtemps qu'elle prenait un petit-déjeuner et elle ne se souvenait pas que la chose était aussi délicieuse. Une heure plus tard, après avoir encore un peu traînassé et déposé la vaisselle dans la cuisine, elle se mit à la recherche de son second. 

Elle le trouva presque aussitôt, il aime bien se réfugier dans ce petit salon sans qu'elle comprenne pourquoi, à ses yeux, c'est le moins agréable de tous. Il y a sûrement certaine choses le concernant que la jeune femme ne pourra jamais comprendre. 

"Bon matin, Luff. 

- Bon matin, Ava Rosa, répondit-il en relevant la tête. 

Elle s'assit à côté de lui, l'obligeant à se serrer contre l'accoudoir pour lui laisser de la place sur le petit canapé. 

- C'est toi qui m'a préparé le petit déjeuner ? 

- Oui, tu as aimé ? 

- Beaucoup, merci. Je ne te savais si bon cuisinier. 

- Ce n'était pas grand chose et je me débrouille dans ce domaine. 

- Je note ! Montre moi ce que tu lis ! s'exclame-t-elle joyeusement, essayant de faire disparaître l'atmosphère légèrement tendue qui emplie la pièce. 

Les tensions de la veille semblent toujours bien présentes. Il lui tend le livre en fuyant son regard, rougissant de gêne, elle ne le prendrai plus jamais au sérieux avec ça. 

- "Colocation amoureuse" ? Si je m'attendais à ça ! rit-elle. 

- Il faut bien se détendre parfois, se justifie mollement le garçon. 

- Tu peux bien lire ce que tu veux, cela m'amuse c'est tout mais ne te vexe pas ! répliqua-t-elle toujours morte de rire, faisant perde toute crédibilité à ses paroles. 

- J'ai compris, tiens, je te le rend, soupire-t-il en fermant l'ouvrage et le déposant dans les mains fines d'Ava Rosa". 

Elle se calme aussitôt en voyant l'air blessé du garçon mais voir cet homme plutôt viril et réservé plongé dans ce genre de roman était plutôt inattendu. Luff souhaitait juste se distraire un peu mais cela avait eu l'effet inverse, il était de nouveaux sur les nerfs.

Il se dirigea vers le jardin arrière et se posa à même le sol, entre deux allées de roses. Sans qu'il ne comprit pourquoi, les larmes coulèrent. Rien à voir avec le roman, évidemment, c'était un mal bien plus profond. Il doutait d'avoir fait le bon choix en s'engageant avec la vampiresse, sa famille lui manquait déjà. 

Il avait peur de ne pas voir ses petits frères grandir ou ses parents vieillirent, peur de perdre le fil du temps humain et de les voir mourir sans avoir profité d'eux. Les chasseurs avaient une expérience de vie égale à celle de simple humains mais lui était un vampire, il savait que le moment où ces petits frères sembleraient plus âgés que lui, le moment où ses parents le quitteraient finiraient par arriver et il était terrorisé à cette idée. 

Il s'était concentré sur la recherche de sa sœur biologique sans penser au fait qu'il s'éloignerait de sa famille en partant ainsi, quel idiot !

Ses larmes refusèrent de s'arrêter et il se tient assis recroquevillé contre lui-même plusieurs minutes sans réussir à se calmer. Alors, deux bras fins l'entourèrent, le bercèrent et une voix douce lui chuchota des mots réconfortants bien que maladroits dans le creux de l'oreille : "Chut, ça va aller, tout va bien, tout va s'arranger, ne t'inquiète pas Luff, ça va aller". 

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