Journée n°8
https://youtu.be/H8kqPkEXP_E
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Il fallait qu'à chaque fois, je me retrouve là ou je ne voulais pas être.
Sans déconner, j'étais à deux doigts d'attenter un procès contre mes parents pour m'avoir forcé à faire la pire sortie avec les pires personnes possibles.
La route défilais de nouveau mais cette fois-ci, le soleil transperçait les quelques nuages qui entachaient le ciel. Je n'étais plus installé à l'arrière d'un scooter, en pleine nuit, mais dans la voiture des Jeon.
Oui, des Jeon.
Jungkook était assis à l'arrière, juste à côté de moi, mais des écouteurs restaient enfoncés dans ses oreilles. Il n'avait jamais aussi bien essayer d'ignorer mon existence. D'habitude mon humeur en serait assombri, mais aujourd'hui son comportement m'arrangeait bien.
Je ne voulais plus lui adresser la parole.
La veille au soir je lui disais que je l'aimais, mais ce matin, je n'étais même pas capable de le regarder sans vouloir lui cracher au visage mon ressentiment.
Il m'avait abandonné, littéralement.
Plusieurs scénarios s'étaient dessinés dans ma tête lorsque j'avais décidé de me confesser.
J'avais d'abord pensé qu'il serait dégoûté ou effaré, que ses premiers mots me feraient comprendre que je n'avais aucune chance avec lui. Puis face à ses changements récents, j'avais supposé qu'il ne répondrait pas à ma déclaration et qu'on rentrerait chez nous sans un mot.
Mais il était encore parvenu à me surprendre, de la pire manière qui soit.
Jungkook était parti, tout simplement. Il avait pris son scooteur et m'avait laissé seul à la crique, trempé jusqu'aux os et aux portes du désespoir.
Tremblant et détruit par le chagrin, je m'étais fait une raison et avais longé le bord de la route, en pleure, effrayé à chaque fois qu'un bruit suspect se détachait de la nuit.
Une fois enroulé dans la couette de mon lit, comme une loque, je m'étais juré de ne plus lui permettre de me faire mal à ce point, jamais.
Puis comme si ma vie ne ressemblait pas suffisamment à un cauchemar éveillé, ma mère m'avait réveillé tôt ce matin. Elle m'avait questionné sur mon apparence ( mon visage bouffi par les pleures et mon maquillage étalé sur mes joues ne passant pas inaperçu), mais j'avais esquivé son interrogatoire et elle avait respecté mon silence.
Mon état ne l'empêcha pas de me forcer à me lever du lit pour visiter un énième site naturel, dans la municipalité de Gujwa.
J'avais bondi de mon lit, révolté lorsqu'elle m'avait avoué que c'était pour accompagner les Jeon, mais ma mère savait se montrer persuasive.
Et puis je m'étais senti coincé lorsqu'elle m'avait avoué que c'était la mère de Jungkook qui avait insisté pour que je vienne.
J'aimais beaucoup cette femme, et elle pensait bien faire.
-On est bientôt arrivé les enfants, nous informa le père de Jungkook en ralentissant la voiture à l'approche d'un parking.
Son intervention m'arracha aux images de mon récent passé. Je retins un soupire d'agacement en sentant Jungkook détacher sa ceinture.
Je l'avais connu sensible, un garçon qui ne supportait pas faire du mal aux autres et qui prenait en compte les sentiments des autres, surtout s'agissant de ses amis.
Son un nouveau jour, son image me paraissait si éloigné de celui que j'avais connu que je n'étais plus certain de vouloir m'accrocher, même si c'était pour l'aider sans espérer récupérer autre chose que son amitié.
Après tout, il m'avait demander d'arrêter d'aller vers lui, pourquoi ne pouvais-je pas l'écouter ?
Nous sortions de la voiture et ce ne fut qu'en passant le guichet que le père de Jungkook nous annonça l'objet précis de notre visite, l'exploration de Manjanggul.
Mes mains tremblèrent et lorsque je tendis le cou, apercevant une immense parois rocheuse dans le fonds, Jungkook me sortit complètement de l'esprit.
Nous allions passer des heures dans un tunnel de lave refroidis, enfermé, plusieurs mètres sous la surface.
Les parents nous guidèrent jusqu'à l'entrée de la grotte, un trou béant qui semblait dévorer la légion d'arbres qui nous entourait. Cette entrée naturelle débouchait sur un interminable escalier qui plongeait dans les profondeurs sombre et humides de la terre.
Le père de Jungkook se tourna vers nous, juste avant de descendre la première marche.
-Le tunnel fait à peu près 13 kilomètres. Si nous décidons de nous dépêcher, nous seront ressorti d'ici une heure.
Jamais je ne pourrais marcher 13 kilomètres là-dedans sans risquer la syncope.
-Ajusshi, je ne sais pas si je vais y arriver. Je souffre de claustrophobie.
Son père me jaugea du regard quelques instants, les traits du visage tirés vers le bas, comme si je l'avais particulièrement contrarié. Madame Jeon semblait à la fois surprise et gênée de m'avoir fait venir ici, mais elle n'intervint pas.
-Allons bon, les peurs sont faites pour être surmontées.
-C'est une phobie papa, ce n'est pas quelque chose qu'on peut contrôler, l'interrompit Jungkook en se plaçant entre moi et son père.
J'étais du genre à laisser la colère me dominer trop rapidement mais cette fois-ci, ce que je ressentais était parfaitement justifié.
De quel droit faisait-il mine de me défendre alors qu'il se fichait de ce qui pouvait m'arriver ?
-Ton père a raison Jungkook, ce n'est pas bon d'être esclave de sa peur, ça mène à la lâcheté. Je vais me débrouiller Ahjussi .
J'espère que le message était passé.
Lorsque je descendis les première marches en me cramponnant à la rambarde, je ne me préoccupais plus de lui, me focalisant plutôt à prétendre que tout allait bien le temps que ses parents prennent de l'avance.
-Marche droit devant toi, marche droit devant toi, chantonnais-je d'une voix mal assurée. Tu vas faire comme Dori et oublier que tu te trouves dans un putain tunnel de lave, non loin d'un volcan et que ton seul moyen d'en finir est de passer à travers cet enfer.
C'est ce que je fis en avançant tête baissée, dévalant les marches sans prêter attention aux touristes qui passaient tous devant moi, tellement je marchais doucement.
Faire abstraction de mon environnement fut plus compliquer lorsque l'escalier se termina et que je dû progresser sur un sol terreux envahit par la pénombre.
J'osais relever le mention et jeter un œil derrière mon épaule, mais je le regrettais dans la seconde. Plus aucune lumière naturelle ne filtrait de l'extérieur. Elle était remplacée par des éclairages artificiels et plus loin la seule couleur perceptible fut du noir et encore du noir, comme si le tunnel qui me faisait face n'avait pas de fin.
Le site pouvait accueillir jusqu'à 50 000 visiteurs par jours et la dimension du tunnel était suffisamment vaste pour que je ne me sente pas à l'étroit, pourtant rien n'y faisait : une alarme résonnait dans mon crâne et me hurlait que je ne ressortirais jamais d'ici vivant.
Les parois rocheuses se refermaient sur moi, je pouvait les sentir jusque dans ma chaire. Je savais que ce n'était qu'un piège de mon esprit, mais mon souffle se faisait court et j'avais l'impression que la mort me faucherait si j'oser bouger le moindre muscle.
Suffoquant de terreur, je finis par m'assoir à même le sol, ramenant mes jambes contre mon torses pour enfouir mon visage entre mes bras et oublier mon sort.
Lorsqu'une main se posa sur mon épaule je crus à un visiteur inquiet, mais j'eus un mouvement de recul lorsque je me confrontais au regard ombrageux de Jungkook.
Je ne savais pas d'où il était venu, mais j'ignorais son accolade et replongea ma tête dans mes bras.
Quelque part sa présence me rassurait, mais son air faussement concerné m'était insupportable et ma fierté (ou le peu qu'il en reste) me dictait de l'ignorer. Malheureusement, je perçus une proximité soudaine, comprenant que Jungkook venait de s'accroupir à ma hauteur.
-Lève-toi, je vais t'aider à faire le parcours.
Plus énervé qu'effrayé pour l'instant, je me débattis lorsqu'il tenta de me tirer par la manche de ma veste en jeans.
-Me touche pas, lui crachais-je sans prendre la peine de le regarder. Fais pas comme si tu t'inquiétais pour moi, je me débrouille très bien tout seul.
Ne lorgnant que le bout de ses baskets Nike, Jungkook se releva sans histoire et mon cœur accéléra de peur quand il se recula de quelques pas.
-Pas besoin de moi hein...T'es sûre ?
Je ne répondis rien, espérant qu'il poursuivrait son chemin une fois pour toute, mais Jungkook semblait avoir retrouvé sa langue.
-Plus vite tu accepteras mon aide, plus vite tu seras chez toi, sans moi. Alors tu te lèves ou pas ?
J'étais têtu, mais pas complètement stupide, alors je finis par me relever, toujours parcourus de sueur froide lorsqu'aux côtés de Jungkook, j'essaya d'avancer dans la galerie souterraine. En même temps, la température avait chuté d'une dizaine de degrés et je n'étais pas assez couvert.
L'avoir auprès de moi aidait, mais je ne pouvait pas à ignorer cette voix dans ma tête. Alors que nous avancions (très) lentement, laissant les petites vieilles et leurs petits enfants nous dépasser, elle me disait qu'à tout moment ce tunnel pouvait s'effondrer.
J'essayais de renifler discrètement, à défaut de pouvoir complétement caché le fait que je pleurais dans ce foutu trou. C'est là que sentis ses doigts me frôler, puis tenter de s'entremêler aux miens. Outré par son geste, je tentais de retirer ma main, mais Jungkook sembla amnésique de la veille au soir, puisqu'il resserra plus fort son étreinte.
-Qu'est-ce que tu fous ? me plaint-je en oubliant brièvement ma phobie.
-Ferme les yeux et suis moi.
Son petit ton autoritaire ne me plus pas du tout, mais je n'était pas en position de force alors je m'exécutais.
Pour l'instant sa technique fonctionnait, mon horloge interne m'indiquant que plusieurs dizaines de minutes étaient passées. Ne rien voir de mon environnement y faisait pour beaucoup, mais la main chaude de Jungkook enroulée autour de la mienne finissait de me couper de cette réalité.
Et je détestait ça, sentir mon cœur s'affoler en m'imaginant tenir sa main dans des circonstances normales, juste en se promenant, comme un couple le ferait.
J'étais un gros maso et s'il fallait une preuve supplémentaire je-
-Aie ! m'exclamais-je lorsque je trébuchais sur un caillou et me tordis légèrement la cheville.
Jungkook me demanda si je pouvais marcher et c'était le cas, lui faisant comprendre en continuant d'avancer. Je préférais encore prendre le risque de tomber plutôt que de refaire une crise de claustrophobie, alors je fermais de nouveau les yeux.
Bien loin d'être au bout de mes peines, je frôlais la crise cardiaque en sentant un bras s'enrouler autour de ma taille et un corps m'encourageant à continuer d'avancer. Jungkook me tenait collé à sa hanche, alors que son bras s'occuper de m'assurer de la stabilité. Il s'assurait que je ne me fasse pas mal.
Ne voulant pas entendre sa réponse, je ne lui demandais pas ce qu'il foutait, préférant me taire tout en priant pour que ce calvaire se finisse bientôt.
Je ne pouvais pas lire dans les pensées de Jungkook, mais une chose était sûre, je ne supportais plus son comportement ambigus et contradictoire. Il ne pouvait pas jouer ainsi avec moi, même s'il se sentait mal.
Son meilleur ami lui avait avoué qu'il l'aimait et il n'en avait rien fait. Il se contentait de me laisser souffrir dans son silence, puis de me donner une étincelle d'espoir, distante et insuffisante.
Avait-il conscience de ce qu'il me faisait ou était-il trop empêtré dans ses propres problèmes ?
Je fronçais des sourcils lorsque sans prévenir, Jungkook nous força à nous arrêter.
-On est arrivé ? C'est fini ?
-Non mais cet endroit est vraiment magnifique. Tu veux pas essayer d'y jeter un coup d'œil ?
Même si c'était risqué, il serait dommage de ne rien retenir de cet endroit. Le site était inscrit au patrimoine mondiale de l'UNESCO. Je finis par battre des cils avec hésitation, n'ayant aucun mal à ouvrir les yeux puisque nous étions déjà plongé dans la pénombre.
Waouh.
Face à moi se tenait un mur de roche d'au moins 15 mètres de haut, recouvert d'une végétation luxuriante. Des lumières roses et bleu avaient été installées pour éclairer notre passage, ce qui rendait le lieux plus irréel encore.
-Regarde là-bas à droite.
J'admirais le halo coloré qui se reflétait sur la peau de Jungkook avant de suivre la direction que son indexe pointait.
-Des chauves souris ! hurlais-je avant de calmer mes ardeurs.
Ma voix avait résonné tout le long du tunnel, si fort que plusieurs têtes s'étaient tournées dans ma direction.
Jungkook connaissait mon amour pour les animaux. Tous les animaux d'ailleurs, sans discrimination, même les plus moches !
Je m'extasiais plusieurs minutes devant leur petites oreilles pointues, renversant un peu la tête pour tenter de voir autre chose que de grandes ailes noirs entourant un petit corps poilu. Même si cette île m'était familière, jamais je n'avais vu le spécimen de mes propres yeux et Jungkook savait que je n'aurais pas voulu rater le spectacle.
-C'est trop cool, murmurais-je à moi même, heureux de pouvoir tirer un souvenir positif de cette expédition des enfers.
-Tu veux quand même refermer tes yeux ?
-Ouais carrément.
Les chauves souris ne pouvaient pas produire des miracles.
Quand Jungkook me demanda à nouveau d'ouvrir les yeux, je sentais déjà le soleil lécher la peau de mon visage, signe que j'avais enfin retrouvé la surface et ses espaces dégagés. Les parents de Jungkook nous attendait plus loin, devant la boutique souvenir, visiblement plongé dans une discussion un peu agitée.
Jungkook lâcha ma main dès qu'il croisa mon regard.
Ils arrêtèrent de parler à la seconde où ils nous virent foncer vers eux, mais je pouvais lire de la culpabilité dans les yeux de madame Jeon.
Même si j'essayais de faire bonne figure, je devais être en piteux état.
-Nous avons beaucoup marché, ça vous dit un petit restaurant de fruit de mer les garçons ? nous apostropha son père sans afficher une once de préoccupation à mon égard.
Pitié non. Je ne voulais surtout pas partager un moment de plus en la compagnie d'un homme que je voyais sous un jour nouveau (mauvais) depuis quelques semaines. En plus mon estomac n'était pas prêt d'affronter de la nourriture, ma crise m'ayant rendu suffisamment nauséeux pour que je puisse avoir envie de vomir rien que de me figurer une salade.
-J'ai une idée papa. Pourquoi ne pas emmener maman faire un truc de couple pendant que nous on va boire un verre entre pote ? Taehyung ne se sent pas trop bien et je suis sûre qu'il préfère juste se poser.
Monsieur Jeon me jeta un coup d'œil et pris de court par la proposition de son fils, je hochais la tête sans trop savoir à quoi je consentais.
-La jeunesse d'aujourd'hui est beaucoup trop fragile, bougonna-t-il dans sa barbe sous l'œillade désespérée de sa femme.
Quelques instants plus tard, je me retrouvais seul avec Jungkook sur le parking. Celui-ci se mit en marche vers une destination qui m'était inconnue, mais sa détermination me poussa à le suivre.
Une certaine fébrilité ne m'avait pas quitté mais j'étais si heureux de pouvoir me balader en dehors de ce tunnel que je profitais de cette marche le sourire aux lèvres, inspirant l'air iodé qui secouait mes cheveux dans tous les sens.
Jungkook trottinait devant moi, mais il se retournait de temps en temps pour s'assurer que je le suivait toujours. Ses actions étaient de moins en moins lisible, mais j'étais fatigué d'essayer de comprendre. Je préférais me laisser porter et improviser quand le garçon que j'aimais toujours se déciderait à faire autre chose que d'esquiver ses ressentis et les miens.
Bientôt nous franchissions les portes d'un bar qui ne payait pas de mine, mais qui avait l'avantage d'être quasi désert. J'écarquillais les yeux en arrivant sur leur terrasse, tout au fond de l'établissement.
Celle-ci surplombait le front de mer, un panorama à couper le souffle alors que nos pieds se situaient plusieurs mètres au-dessus des flots. Nous étions presque les seuls à s'installer à une table proche de la rambarde, la plupart des touristes étant parti à l'assaut des restaurants pour déjeuner.
-Un coca et une limonade à la pêche s'il vous plait, commanda Jungkook à la serveuse qui venait tout juste d'arriver à notre table.
Je croisais les bras contre mon torse et boudais dans mon coin, peu ravi que Jungkook ai choisis à ma place. Cependant je me gardais d'émettre le moindre commentaire, la limonade à la pêche étant ma boisson préférée pendant l'été.
Un ange passa, laissant s'étirer le silence entre nous, mais pas pour longtemps. Heureusement, la serveuse revint quelques minutes après avec notre commande. Flottant à la surface, je fixais le glaçon dans mon verre quand la jeune femme repartit pour nous laisser de nouveau en tête à tête.
-Je te demande pardon pour hier. Je n'aurais pas dû te laisser rentrer à pied, c'était irresponsable de ma part.
Je recrachais la paille ainsi que le peu de boisson que je venais d'ingurgiter, déstabilisé par les excuses soudaines de mon voisin.
-C'est un peu tard pour s'excuser et je t'en voudrais encore longtemps ! Mais je prends quand même monsieur l'égoïste. Je sais que ce que je t'ai dis hier c'est...c'est un sacré morceau à avaler mais-
-Depuis quand ?
-Depuis quand quoi ?
-Depuis quand tu m'aimes. Je veux dire, comme ça.
L'expression que je devais afficher devait être épique, j'enviais Jungkook de porter toujours son masque. Au moins il pouvait masquer ses émotions.
-Tu....Et bien c'est que-
-Juste réponds moi.
Son ton me paraissait un peu trop autoritaire, d'autant plus qu'il n'était pas en position de se la ramener. J'avais certes merdé en lui cachant mes sentiments, mais au moins je tentais par tous les moyens de préserver notre amitié, pas la couler comme il s'évertuait à le faire depuis près d'un an.
L'absence de réponse à mes lettres m'avait tellement perturbé pendant l'année que j'avais faillis raté mon oral d'admission, ce n'était pas rien. Alors d'accord, mon charisme naturel avait rattrapé le coche, mais l'examinateur m'avait mis une pression de dingue. Ce vieux bonhomme tout dégarni m'avait carrément fait une remarque sur ma tenue, alors que ça se voyait, qu'il n'y connaissait rien à la mode !
-Les chemises sans manche c'est super tendance, il avait vraiment un grain celui-là.
-Qu'est-ce que tu dis ?
-Je disais que les chemises sans manche c'était un incontournable la saison dernière.
Les yeux de Jungkook me lancèrent des éclairs, comme si je venais d'insulter sa mère ce qui doucement, me dit remonter le file de la conversation.
Ah oui, cette question.
Un sourire d'excuse aux lèvres, je lui répondit sans fioriture ni détour.
Mon manque de concentration ne datait pas d'hier mais le sujet de notre conversation était beaucoup trop important et je m'en voulais à l'idée qu'il puisse penser que ce n'était pas le cas à mes yeux.
-C'est difficile d'être ultra précis, mais je dirais un peu plus de deux ans. Beaucoup plus, si j'avais été plus honnête avec moi-même.
Je m'étais promis d'être franc, mais visiblement Jungkook n'était pas préparé à ce que ce soit le cas. Ses jolis yeux étaient incapable d'exprimer autre chose que sa confusion, mélangé peut-être à de la panique.
Compatissant à sa détresse, je le laissais regarder dans le vide et tirer sur la paille de son verre à plusieurs reprises, sans jamais intervenir.
Il m'avait fallu presque 8 ans pour l'accepter, alors je ne pouvais pas attendre grand chose de lui en seulement une petite journée, il ne fallait pas rêver.
-Alors pourquoi t'être mis en couple avec Jooyeon ? finit par me questionner Jungkook, les doigts resserrés autour des accoudoirs de sa chaise.
Mon courage faiblit d'un seul coup, comme la jauge d'énergie d'une pile. J'avais l'impression que nous faisions un concours de celui qui déstabiliserait le plus l'autre avec ses propos et je n'étais pas certain de gagner aujourd'hui.
-Il te traitait mal et pourtant, tu revenais à chaque fois vers lui. Pourquoi ?
Jusqu'à maintenant trop occupé à me liquéfier sur place, j'avais tenté de ne pas trop m'attarder sur le garçon qui me faisait face. Mais sa voix électrique venait de gronder basse, comme un orage.
Il était en colère et son corps, crispé et immobile sur sa chaise, était un message à lui tous seul : je t'en ai voulu pour ça.
D'ailleurs c'est un peu à cause de cette relation que l'année dernière, nous nous étions disputé pour la dernière fois. Jungkook avait fouillé la messagerie de mon téléphone, car il pensait que j'étais retombé dans les bras de Jooyeon. Il n'avait pas totalement tort, mais le sujet était sensible et ça m'avait mis hors de moi.
Un peu trop même et je m'en était voulu.
J'avais du mal à respirer mais je lui devait la vérité. A vrai dire, je me la devait aussi.
-Si je suis sorti avec lui malgré son mauvais comportement, c'est pour essayer de t'oublier.
Je pensais que l'histoire allait se répéter et qu'après un silence interminable, Jungkook serait parti et ne m'aurait plus adresser la parole, du moins pour quelques jours. Mais visiblement, il en avait décidé autrement.
-C'était la bonne chose à faire. Pas avec lui, mais c'est mieux comme ça.
Je n'étais pas encore sûr de mes préférences, entre le Jungkook affable et celui qui me balançait une vérité que je n'était pas prêt à entendre.
Etait-il sincère ? Est-ce que sa voix avait été traversée par le moindre trémolo ? Son regard ne me disait rien et son visage me restait inaccessible, je ne pouvais rien en tirer.
Soudain, j'eus envie de me pincer quelque part pour me forcer à accepter l'évidence.
Jungkook ne m'aimait pas. C'était sa façon de me le faire comprendre.
-Ok. D'accord. Oui tu as raison, je comprends.
En le voyant me scruter avec insistance je tentais un début de rictus, mais mon expression ne dut pas convaincre, car Jungkook finit par détourner le regard, probablement embarrassé.
-Je suis peut-être amoureux de toi maintenant, mais je finirais par passer à autre chose. En attendant, est-ce qu'on peut faire la paix et essayer de se parler normalement ?
Depuis le début, je m'étais préparé à cet instant. Les probabilités étaient contre moi et il aurait été illusoire de faire reposer tous mes espoirs sur l'intensité de notre amitié et la complicité que nous partagions.
Jungkook ne t'aimait pas, tu entends ça Taehyung ? Tu n'as pas d'autre choix que de l'accepter.
-...Ouais, on peut essayer.
Son amour m'était inaccessible, mais l'amitié qu'il me portait depuis tant d'années n'était pas encore perdue. Je le voulais simplement à mes côtés, je pouvais m'en contenter.
Je lui tendis ma main pour sceller notre pacte et lorsque avec une certaine hésitation, il me rendit mon geste et serra ma main dans la sienne, je su que j'avais pris la bonne direction.
Maintenant nous allions pouvoir avancer, même si ce n'était pas vers la destination que j'aurai souhaité.
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