Journée n°15

https://youtu.be/7ebopFURM8A

🌊

J'étais réveillé depuis plusieurs minutes, cependant mes paupières demeuraient closes. Prolonger ce moment me paraissait bien plus intéressant que de retourner à ma réalité, celle où j'avais fugué sur un coup de tête et mis en danger Jungkook.

En parlant de ce charmant garçon, je sentais toujours ses bras entourer ma taille et son cœur battre sous mon oreille.

Maintenant que mon état me le permettait et que mes sens étaient de nouveau aiguisés, je réalisais seulement maintenant ce qu'il avait fait pour moi.

Jungkook avait bravé une tempête pour me retrouver. 

Même dans le plus fantasmagorique de mes songes, je n'avais jamais osé l'envisager.

Le remercier. Je savais que je devais le remercier. Mais comment faire si à l'idée même d'affronter son joli visage, je me liquéfiais sur place ?

Il devait penser que je n'étais qu'un gamin irresponsable alors que j'étais sensé être l'aîné. Pire encore, je lui avait menti ! Certes par omission, mais toutes ces années, je lui avais caché ma maladie. Comment pouvait-il être aussi clément à mon égard ?

Voilà pourquoi je ne bougerais pas de ce corps délicieusement chaud avant qu'il ne se réveille.

Voilà pourquoi même quand ce sera le cas, je ferais le mort jusqu'à ce qu'il abandonne et reparte sans moi, me laissant me noyer dans ma honte et mon désespoir et-

-Tae, je sais que tu es réveillé.

Mon corps se raidit instinctivement, et il le sentit puisque s'en suivit un petit rire moqueur, accompagné d'une caresse sur mon bras. 

Non, je n'ouvrirais pas les yeux et oui, je resterai dans le déni.

Il pourra parler, crier, me secouer, jamais je ne lèverai le petit doigt...

Oh mon dieu.

Soudain mon buste se releva et mes yeux s'ouvrirent en grand, tombant directement dans le regard satisfait de Jungkook.

Cet idiot venait de m'embrasser la joue.

En 10 ans d'amitié, c'était la première fois que je sentais ses lèvres sur ma peau.

L'effet de surprise eut raison de mon subterfuge. Désormais j'étais forcé d'affronter don regard d'encre, la confusion et la gêne que provoquaient les mots coincés dans ma tête, mais que je crevais d'envie  d'exprimer.

Dans l'impossibilité de reculer je me raclais la gorge, forcé d'entamer la conversation.

-Bien dormi ?

-Pas vraiment, mais c'est pas grave, répondit Jungkook en me souriant, d'un sourire tendre et paisible. Je suis content, tu à l'air de te sentir mieux.

Maintenant que l'effet du choc était passé, je remarquais les jolis cernes qui décoraient son visage. Je me demandais ce qui l'avait retenu de sombrer lui aussi, alors qu'il semblait tout aussi épuisé que moi il y a quelques heures. Mon cœur s'emballa à l'idée qu'il s'était maintenu en partie éveillé pour moi, pour s'assurer que j'allais bien ou que je ne m'enfuirais pas, mais c'était ridicule d'en attendre autant. 

J'avais bien conscience que des non-dits planaient entre nous, mais je ne pouvais pas prédire l'inconnu, et encore moins deviner ce qui se cachait derrière ce sourire sincère quoi qu'un tantinet fébrile.

-Tu réfléchis trop, je peux le voir rien qu'à ta tête.

-Désolé...

-Et arrête d'être désolé. On est pas dans échec et roi tu sais, on a pas besoin d'affronter nos galères tout seul. Tu comprends ce que je veux te dire ?

Sans m'éloigner, je me redressais un peu plus pour mieux appréhender la moindre de ses expressions. Sur son visage, je ne descellais ni colère ni stress, pas même le moindre signe de reproche.

Ses propos me rendaient encore plus confus, ou peut-être que c'était moi, qui n'arrivait plus à me comprendre.

-Taehyung.

Je n'aurai pas écarquillé les yeux si en prononçant mon prénom, Jungkook ne s'était pas assis en tirant sur mes poignets pour me redresser avec lui.

Nous étions assis face à face et il n'avait pas relâcher sa prise.

-Je t'aime.

Ma main se plaqua contre mes lèvres, mortifié d'avoir à nouveau balancé mes sentiments sans réfléchir au moment adéquate pour le faire, avant de réaliser que ce n'était pas ma voix qui avait résonné dans l'air.

C'était Jungkook. Jungkook venait de me dire qu'il m'aimait.

-Je veux pas te faire flipper, mais je crois que cette branche t'as vraiment fait mal à la tête.

A ma réponse, il fronça les sourcils comme si je venais de lui annoncer qu'un extraterrestre avait débarqué dans la cabane, puis il éclata de rire, si bruyant et jovial que je commençais à croire qu'il se tapait une commotion cérébrale.

-Sans déconner Tae, j'arrive même pas à comprendre comment j'ai pu me voiler la face aussi longtemps. T'es vraiment le garçon le plus précieux que je connaisse.

Badoum Badoum. Etaient les échos de mon cœur résonnant dans mes tempes car doucement, je réalisais.

Jungkook allait parfaitement bien et moi, j'avait l'impression de nager dans le plus doux rêve que mon imagination puisse produire.

-Ne me dit pas que-

Soudain ses mains n'étaient plus autour de mes poignets mais elles entrelaçaient ses doigts aux miens, son sourire s'évanouissant au profit d'une mine plus sérieuse et de yeux aussi brillants que le reflet du soleil sur les vagues de Jeju.

-Je ne sais pas comment te le dire autrement. Je suis un mec maladroit, incapable de jouer au romantique mais ouais, ça serait ridicule de nier que je t'aime. J'ai mis du temps à l'accepter, mais j'en ai marre de laisser la peur m'empêcher d'être heureux.

Je ne sais pas si je suis le seul ou si certains ressente la même chose dans ce genre de circonstance. Vous savez, ce sentiment de flotter en dehors de son corps quand l'émotion qui vous traverse est trop forte, trop fulgurante, si intense que si vous ne prenez pas le temps de l'assimiler, elle serait surement capable d'annihiler la moindre étincelle de raison dans votre petit cerveau.

Parce que moi ça m'arrivait là, tout de suite.

-Je comprends. Tu as attendu toutes ces années et je t'ai horriblement rejeté ces dernières semaines. Je comprends que tu veuilles qu'on soit juste ami et-

-N'importe quoi ! me révaillais-je d'un coup en clignant des yeux.

Piqué au vif parce qu'il venait de dire, je me jetais sur lui pour agripper son gilet, mon élan nous faisant bousculer en arrière. Le dos de Jungkook rencontra le sol, me retrouvant moi, complètement avachi sur son corps.

-J'ai trop attendu pour reculer si proche de ce que je n'aurais jamais espéré. Si...Si tu veux bien de moi comme ça, je te lâche plus Jeon ! Compris ?

-Compris, me répondit-il d'un sourire presque séducteur.

Ses bras s'enroulèrent avec confiance autour de ma taille, la serrant fermement, à la manière d'un charmant serpent. Mes mains reposaient sur ses épaules et nos visages jouissaient d'une proximité telle que je sentais sous souffle ricocher sur mes lèvres.

J'avais très envie de l'embrasser, là maintenant. Le pouvais-je seulement ? Le voulait-il ?

Mes hormones et mon cœur me hurlaient de tenter une approche, mais je ne pouvais pas laisser certaines parts d'ombre le rester.

-Tu peux pas savoir à quel point je suis heureux à l'idée de, tu sais, toi et moi. Nous, tout ça. J'ai carrément l'impression d'avoir gagné au loto et je te jure que je me rase le crâne si je me réveille dans mon lit en réalisant que ce n'étais qu'un rêve. Mais...Je ne comprends toujours pas...Tu n'as pas développé ces sentiments en quelques semaines de vacance, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Alors pourquoi n'avoir jamais rien montré de tes sentiments jusqu'à maintenant ? Pourquoi m'avoir rejeté aussi froidement quand je me suis déclaré ?

A la façon dont son regard s'assombrit, je devinais que mes mots n'étaient pas ceux qu'ils espérait entendre. 

Il resserra sa prise autour de mes hanches, pressant nos corps l'un contre l'autre. Mon désir me suppliait de lui sauter dessus, mais ma raison m'enjoignais de garder mon mal en patience et d'obtenir cette dernière confession.

Même si j'avais du mal à cacher mon trouble, mon regard ne flancha pas et je sus que Jungkook avait compris ma détermination lorsqu'il relâcha son attention pour la diriger vers le plafond, ses bras forts continuant de me serrer contre lui.

Mon cœur flanchait de cette proximité, encore et encore, comme une petite figurine coincé dans le tambour d'une machine à laver.

Pouvait-on aimer à ce point ?

-Je me suis toujours trouvé bizarre tu sais ? souffla Jungkook, d'une voix presque lointaine, comme s'il remontait le fil de ses pensées. J'avais beau essayé, j'arrivais jamais à m'intégrer ni à l'école ni dans les sports collectifs auxquels mon père m'as inscrit pour me donner un coup de pouce. Encore aujourd'hui, j'aime rarement ce que les autres personnes de mon âge aiment et à part toi et Jimin, je n'ai aucun véritable ami. J'ai toujours aimé être seul et cette situation ne m'a jamais dérangé, mais je voyais que ça inquiétait mes parents, surtout mon père.

La monologue de Jungkook faisait partie de ces instants d'exception dont je me souviendrais longtemps, peut-être jusqu'à mon dernier souffle. Car jamais il ne s'était aussi facilement ouvert à moi et jamais il n'avait mentionné ce qu'il vivait au quotidien, loin de nous, à Busan. Lorsqu'on se retrouvait à Jeju, notre bande faisait office de bulle indestructible et impénétrable. Nous ne laissions rien gâcher nos vacances et il était très rare que nous mentionnions nos problèmes, par peur que la réalité ne face éclater l'illusion dans laquelle nous nous bordions.  

En prenant un peu de recul, je regrettais ce choix. Parce qu'aimer quelqu'un, que cet amour soit amical ou amoureux, cela demande le courage d'affronter cette personne en entier, aussi bien ces éclats de joies que ses tristesses les plus profondes.

C'est le ciment qui manquait à notre amitié, à tous les trois, avant cette année.

Jungkook ferma les yeux et j'en profitais pour détailler son visage tourmenté, caressant avec douceur son épaule pour l'encourager à poursuivre. 

-Plus je vieillis, et pire c'est. Arrivé à l'adolescence, mon père a commencé à faire des allusions sur mes petites amies potentielles. Au début ce n'était que des plaisanteries, mais il est devenu de plus en plus insistant et ses remarques sont devenus plus que des encouragements. Je ressentais une pression monstre à devoir trouver une copine, mais j'avais beau scanner toutes les filles de mon bahut, pas une seule ne m'attirais, même pas un peu. Fille, garçon, je pensais même pas à ces trucs là, mais il m'y ramenait toujours. Il y a pas longtemps, avant mon accident, mon père avait prévu un rendez-vous arrangé avec la fille de l'un de ses collègues. 

Imaginer Jungkook à ce rencard me donna mal au ventre, mais ce n'était pas le moment de penser à mes états d'âme. L'écouter et le soutenir étaient ma priorité. 

-Elle était très jolie, mais j'ai refusé d'y aller. Son collègue était un peu gêné, mais il n'a pas fait d'histoire. Mon père par contre se sentait humilié, il était fou de rage. Juste pour me faire chier, il a retourné toute ma chambre et en foutant le bordel, il est tombé sur nos lettres. Après en avoir lu une, il m'a regardé d'une façon super bizarre, puis il est parti en claquant la porte. Il ne m'a pas parlé pendant une semaine et je savais pourquoi. Je le voyais, le dégoût dans ses yeux. Il avait peur que son fils unique soit gay. 

La voix de Jungkook ne flanchait pas, mais je sentais en fond toute la colère qu'il contenait en lui. J'aimerais tellement pouvoir l'en libérer. 

-Depuis, il me surveille constamment en détaillant le moindre de mes faits et gestes, de mes goûts pour jauger si je ne suis pas trop féminin selon ses critères. C'est pour cette raison que je me suis mis à fond à la muscu depuis l'année dernière. Je voulais juste qu'il me foute la paix. Même si c'est des conneries et que notre relation est conflictuelle, il reste mon père et je n'ai pas la force de l'affronter ou faire face à sa déception. Parce que... Ouais parce que ça fait longtemps que je me doute de mes sentiments pour toi. C'est juste que son comportement m'a forcé à y réfléchir, puis à poser des explications sur les trucs que je ressentais. Merde, je ne sais même pas si je suis vraiment gay ! Il n'y a que toi qui me fait ressentir tout ça, pour le reste, je suis juste un ado un peu paumé...

Même si j'étais flatté, et euphorique, et en overdose d'amour en écoutant sa confession, ce fut une autre partie de son discours qui me fit réagir.

Quand je l'espionnais au début de l'été, le comportement irascible de son père ne m'avait pas échappé, mais jamais je ne me serais douté que le problème était si profond. Je comprenais mieux les coups d'œil étrange qu'il me jetait parfois. Il devait pensé que j'avais détraqué son fils, ou un truc du genre.

Ma première envie fut de lui faire un gros câlin pour le réconforter, mais je ne voulais pas couper Jungkook dans son élan.

- J'ai tout refoulé par peur du regard des autres, de mon père, de toute cette homophobie refoulée prête à éclater. Quand le harcèlement et ma cicatrice se sont ajoutés au tableau, ça m'a coupé de tout et de tout le monde. J'avais honte de cette cicatrice, des moqueries que je subissais même si je ne le montrais pas et de mes sentiments pour un garçon. Ma solution pour m'en sortir était d'essayer de les dissimuler, ma cicatrice et mon amour pour toi. J'en pouvais plus de me sentir si... vulnérable.

Une boule se forma dans ma gorge, la colère que j'éprouvais envers son père se retournant contre moi, agacé par mon incapacité à desceller sa souffrance jusque là.

-Et pour être honnête, je ne suis pas certain d'être assez fort encore aujourd'hui, poursuivit Jungkook d'une voix plus enrouée, moins confiante. Je ne veux pas que mon père sache que j'aime mon meilleur ami, ni que je veux me mettre en couple avec lui. Je peux juste pas. Je comprendrais et respecterais ta décision si c'est trop dur pour toi de commencer cette relation en se cachant. Je veux juste que tu sois heureux et c'est pour cette raison que pour une fois, je veux être totalement honnête vis-à-vis de nous.

Quand je ne parvenais pas à réfléchir, j'avais besoin d'agir.

-Jungkook ?

Celui-ci ouvrit grand ses yeux aux nuances galactiques, un puit sans fond qui tentait de m'absorber à chaque fois qu'il me jetais ce genre de regard, perplexe et déterminé à la fois.

-Oui ?

-Est-ce que je peux t'embrasser ?

Le silence accueillit ma question, puis à demi-mots soufflés, la vérité déploya ses pétales, belle et vulnérable.

-Ce sera mon premier baiser.

La surprise déforma mes traits mais je me repris juste à temps, chamboulé par sa déclaration, mais prêt à le rassurer.

C'était peut-être niais ou stupide de le formuler ainsi, mais je me sentais honoré d'avoir cette place-là dans son cœur, d'être les premières (et j'espère les dernières) lèvres à effleurer les siennes, à le faire ressentir cette sensation dangereusement addictive. 

C'était si beau que je sentais des larmes affluer aux coins de mes yeux, les retenant avec peine.

-Dans ce cas, j'espère être à la hauteur, lui murmurais-je dans un sourire transi d'amour.

-C'est toi, donc ça sera le cas, me répondit-il en frottant le bout de son nez contre le mien.

Charmé par ses mots tout autant que ses gestes, je lui caressa les cheveux, mon sourire idiot se reflétant dans le sien. Je voulu prendre mon temps, mais Jungkook m'incita à faire autrement lorsqu'il passa une main derrière ma nuque pour rapprocher nos deux visages.

Avant même de laisser le stress ruiner cet instant presque magique, mes lèvres vinrent doucement se déposer sur les siennes, plus hésitantes, me contentant d'appuyer dans une unique pression avant de m'éloigner de quelques centimètres.

C'était comme si je me consumais de l'intérieur et que mon ventre ne se résumait plus qu'à un bassin de lave en fusion.

La sensation était si intense, quand on était fou amoureux.

Jungkook avait les yeux toujours fermés, ses longs cils noirs frôlant des pommettes qui semblaient en feu, à l'image de ses jolies lèvres purpurines. Probablement que je me repasserai ce spectacle tous les matins pour me lever et tous les soirs pour m'endormir, jusqu'à la fin de mon existence.

-Tu...Tu peux recommencer ?

Les paupières résolument clauses, Jungkook sursauta légèrement lorsque toujours au-dessus lui, je vins embrasser sa cicatrice de manière un peu plus langoureuse, la longeant jusqu'à frôler le coin de sa bouche tressaillante.

-Puisque c'est ta première expérience, je crois que je vais devoir t'apprendre quelques petits trucs.

Ne souhaitant rien précipiter, je me contentais de suivre une ligne de baisers de son menton jusqu'au bas de sa gorge, m'arrêtant juste en dessous de sa pomme d'Adam. Ce n'était pas grand-chose, mais ces attentions suffirent pour que les bras de Jungkook se contractent un peu plus autour de ma taille.

-Quoi, comme trucs ?

Mon sourire s'étira contre sa peau, faisant comprendre à Jungkook que j'appréciais beaucoup sa petite question.

-Eh bien tout d'abord, il faut savoir qu'il existe différents type de baisers.

-Lesquels ? Montre les moi.

Son impatience m'électrisa les sens, mais je n'oubliais pas que nous venions tout juste de nous réunir et que nous étions toujours transis de froid, coincé dans une cabine au fin fond des bois.

-D'abord il y a le baiser rapide, simplement pour se dire bonjour ou pour attirer l'attention de l'autre.

Associant le geste à la parole, ma bouche fondit sur celle de Jungkook dans un bisous court et bruyant. Un sourire florit sur ses lèvres et ses yeux jetèrent enfin son dévolu sur moi.

Lorsqu'il se dévoilait ainsi, enjoué, pétillant, radieux, je le trouvais plus irrésistible que jamais.

Le bonheur lui allait si bien.

-Ensuite, il y a le baiser doux et romantique.

Cette fois-ci je pris mon temps, l'embrassant lentement et dans des mouvements assez doux pour qu'il puisse suivre le rythme. Nos lèvres se chevauchèrent langoureusement, comme si elles étaient sur le point de fusionner, rendant notre souffle court et nos corps fébriles. Presque ému par la profondeur de notre connexion, mes mains vinrent prendre en coupe son visage tandis que les siennes caressaient mon dos avec dévotion, comme s'il cherchait à me sentir toujours plus près de lui.

Lorsque ma tête recula, un grognement de mécontentement émana de Jungkook, ce qui m'aurais fait rire si ça ne m'avait pas davantage excité. 

-Encore, se plaignit-il en fronçant les sourcils, la mine boudeuse.

-T'as toujours été impatient...Pourtant je ne t'ai pas encore tout montré.

Et aussitôt, je fondais de nouveau sur cette paire de lèvre que je chérissais tant, cette fois-ci de manière beaucoup plus lascive et exigeante.

Rapidement, le rythme de notre baiser s'intensifia et après quelques hésitations, ma langue passa sur sa lèvre inférieur, prenant le temps de jauger s'il en avait envie.

Mon cœur rata un battement lorsqu'en réponse, Jungkook ouvrit un peu plus grand sa bouche. Mes mains quittèrent ses jouent pour agripper doucement sa mâchoire et sa hanche, l'entrainant dans un baiser qui n'avait plus rien de délicat ou d'attentionné, mais de passionné et presque sauvage.

Même s'il n'était pas expérimenté, la ferveur de Jungkook faisait écho à celle qui grondait dans ma poitrine, enroulant sa langue autour de la mienne avec une intensité qui me donna le tournis.

Lorsqu'un premier gémissement nous quittèrent quasi en même temps, je décidais de calmer le jeux en séparant nos bouches rougies par l'effort.

Toujours aussi troublé, mon pouce essuya la salive qui bordait ses lèvres, mettant à profit tout ce qui me restait de volonté pour ne pas descendre sur son corps et lui proposer de lui faire du bien.

Après le passage de mes doigts, Jungkook se mordit la lèvre et je dus déglutir plusieurs fois pour ne pas m'étouffer avec ma propre salive.

-Merde, s'exclama Jungkook en tentant de reprendre son souffle.

Il tira sur mon t-shirt pour nous rapprocher et nos fronts se pressèrent l'un contre l'autre.

Mon corps était détendu. Ma respiration régulière. Même s'il n'était pas loin, le brouillard qui obscurcissait d'habitude mon esprit avait laissé la clarté l'envahir.

La sérénité pouvait s'incarner ainsi parfois, en étant au bon endroit avec la bonne personne.

-Je pense pas pouvoir m'en lasser un jour, m'avoua Jungkook en soupirant.

-Ça tombe bien, je serais toujours là pour m'occuper de cette adorable bouche. Entre autre chose...

Le regard fiévreux, Jungkook était sur le point d'entrainer nos lèvres dans une nouvelles valse, lorsque plusieurs coups portés à la porte nous firent bondir du sol.

D'un commun accord nous nous relevions, après quoi je m'approchai de la porte et l'ouvris d'un coup sec, écarquillant les yeux en faisant face à nos visiteurs.

-Papa ? Maman ?

Ils se jetèrent sur moi afin de m'étouffer de leurs bras. Leur étreinte éveilla de nouveau ma culpabilité, et je me demandais encore ce qu'il m'avait pris de partir comme un voleur, sans un mot ni aucune idée de ce que j'allais faire.

Après ma dispute avec Jungkook je n'avais plus les idées clairs, je me sentais acculé, seul et sans aucune perspective réjouissante pour mon avenir. Je me sentais vide et malheureux et j'avais préféré fuir toute cette douleur sur un coup de tête.

Le regret d'avoir causé autant de soucis à mes proches m'assaillait, mais je trouverais un moyen de me rattraper, j'essaierai de leur expliquer.

Il ne fallut pas longtemps à Jungkook pour me rejoindre sur le seuil, saluant mes parents la tête basse pour dissimuler l'état de ses lèvres gonflés et rougies par nos baisers.

Mes parents seraient heureux pour nous, mais je n'oubliais pas la volonté de Jungkook de garder notre relation secrète.

Même si je ne lui avais pas répondu, je m'étais fait la promesse de tout faire pour qu'il se sente de nouveau heureux et ne pas m'afficher avec lui représentait un sacrifice dérisoire à côté de ce que j'y gagnais, du lien que nous allons pouvoir approfondir.

-Nous sommes tellement soulagé de vous retrouvé, s'exclama ma mère en relâchant son étreinte. On a pris la voiture dès que la pluie s'est arrêtée !

Sa voix semblait être sur le point de craquer.

-Papa, maman, je suis vraiment désolé...

-Ne parlons pas de ça tout de suite, vous avez tous les deux besoins de vous réchauffer et de manger un vrai repas, me répondit mon père en désignant Jungkook du menton.

-On vous attend en bas, dépêchez-vous ! renchérit ma mère avant de tirer mon père par le bras et refermer la porte.

J'aurais juré apercevoir un clin d'œil de sa part, mais j'avais dû rêver.

Ma raison me commanda de ramasser sans attendre mes affaires pour ne pas faire attendre mes parents, même si le regard que je sentais brûler dans mon dos m'empêchais d'être pleinement investi dans ma tâche, alors que je pliais le plaide pour pouvoir le ranger dans le sac à dos de Jungkook.

Lorsque je me retournai pour accéder au fameux sac à dos, Jungkook le tenait entre ses mains, son regard concerné et scrutateur fixant mon visage sans vouloir faire autre chose.

-Un problème ? demandai-je à Jungkook d'un ton léger bien que je voulais m'assurer que tout allait bien de son côté.

Je ne reçus aucune réponse. A la place, je dû lâcher le plaide que j'avais entre les mains lorsque Jungkook laissa tomber son sac à dos pour se ruer sur moi, m'entrainant dans un baiser qui me faisait déjà oublier mes parents.

Même si l'expérience lui manquait, Jungkook me dévorait tout entier. Ce n'est pas qu'il était brutale, bien au contraire. Il était la douceur incarné. Mais sa façon de posséder mes lèvres avait quelque chose de puissamment intime, comme s'il tentait de toucher mon âme à travers le contact de nos deux peaux. Son amour déferlait sur moi, tout autant que ses mains qui caressaient ma joue et le bas de mos dos 

A bout de souffle, il ne s'éloigna pas pour autant, me prenant dans ses bras en collant nos deux joues l'une contre l'autre.

-Ca va me manquer.

Ensorcelé par la chaleur de ses mots et de sa peau, je n'étais plus sûr s'il faisait référence à notre retour dans nos villes respectives ou aux baisers que l'on venait de partager. Mais dans un cas comme dans un autre, je fondais devant cette facette que je ne lui avais jamais connu.

Jungkook pouvait se montrer vraiment trop mignon.

-Je ne comptais pas attendre longtemps avant de recommencer, répondis-je d'un sourire niais, pressant un peu plus nos joues entres elles.

🌊


Etalé sur mon lit, les bruits de fermeture éclair provenant du salon m'indiquaient que mes parents avaient déjà commencé à faire leur valise.

Pour ma part, je repoussais l'échéance. Nous partions pour Séoul demain matin à la première heure et mes affaires restaient entassées un peu partout dans la chambre, dans l'attente d'être rangées dans ma valise.

La plume qui glissait sur les pages de mon journal ne tournait autour que d'une seule chose ou devrais-je dire, personne : Jungkook.

Il hantait toutes mes pensées et ce, d'autant plus que j'allais bientôt le quitter. 

Quelques jours s'étaient écoulés depuis que nous avons posé des mots sur ce que l'on ressentait l'un pour l'autre. Nous allions à notre rythme, mais j'avais l'impression de flotter sur un petit nuage, comme si plus rien ne pouvait exister que les moments que nous passions seules.

Nous avions décidés de retourné à la fameuse crique, cette fois-ci en faisant plus attention de ne pas se faire repérer. Nous passions des heures à parler, nous découvrir à cœur et à corps, échangeant des mots et des baisers allongés sur un rocher ou immerger dans l'eau de la cascade.

Notre amour n'était pas parfait, j'en avait conscience. Il laissait place à son lot d'incertitudes, mais n'est-ce pas le propre de ce sentiment ? De nous faire prendre un risque malgré les turpitudes de la vie pour espérer en sortir grandi et un peu plus heureux ?

Devoir faire semblant d'être de simples amis devant nos parents n'étaient pas chose facile, mais je comprenais ce que ressentais Jungkook et surtout, j'étais patient.

Ma maladie ne me permettait pas de gérer très bien la frustration, mais quand il s'agissait de Jungkook, elle lui faisait toujours une petite place. Il m'avait fallu presque 10 ans avant de pouvoir lui exprimer mes sentiments et d'espérer pouvoir en attendre quelque chose, alors maintenant que j'avais ce précieux trésor entre les mains, je pouvais bien patienter quelques mois, mêmes des années pour qu'il se sente prêt à assumer ses choix.

-Taehyung ramène tes fesses, c'est l'heure de manger ! 

Mon père m'appelait depuis la cuisine, alors que je fixais d'une mine contrite l'amoncèlement de vêtements froissés occupant mon bureau.

L'appétit m'avais quitté depuis ce matin, mais je fis un effort et me leva de mon lit douiller, ne souhaitant pas contrarier mes parents après ce que je leur avais fait vivre durant ses vacances.

En jetant un dernier coup d'œil à ma fenêtre j'expulsais un soupir de dépit, attristé d'apercevoir la chambre de Jungkook sans pouvoir profiter de sa présence. Nous n'avions pas pu nous voir aujourd'hui, car ses parents l'avaient contraint à les aider pour un grand nettoyage de la maison avant le départ.

Probablement que nous nous croiserons demain matin avant de prendre la route, mais la perspective de rentrer à Séoul sans lui, sans avoir eu la chance de lui voler un dernier baiser, me faisait l'effet d'un rouleau compresseur contre ma poitrine.

🌊


Après avoir aider à faire la vaisselle, je m'attelais enfin à cette ultime corvée : la valise. Je parvins à m'y mettre, non sans tirer quelques larmes douces amers de mes yeux en repensant à tout ce qui s'était passé durant des vacances que je n'oublierai jamais.

Minuit s'affichait sur mon portable quand mon corps pu enfin s'appesantir sur le moelleux de mon matelas. Quelques minutes suffirent malgré ma morosité à plonger dans le sommeil.




Je pensais encore rêver lorsqu'un bruit sec et répétitif vint me tirer d'un cauchemar qui, mêlé à la température élevée de ma chambre, m'avais réduit à l'état d'une flaque de sueur.

Difficilement mes yeux purent s'ouvrir, forçant sur ma vision pour distinguer quelque chose à travers la pénombre de la pièce.

Premier constat, la pièce était vide. Même à travers la brume du sommeil, je fus soulager de ne pas rencontrer un tueur en série dans ma chambre. 

Le bruit résonna de nouveau mais maintenant que j'étais réveillé, je compris d'où provenais la manifestation.

D'un pas fébrile je parcourus la pièce pour tirer mon rideau d'un geste sec.

L'aube projetait son halo de lumière orangée, mais les premiers rayons du soleil ne m'empêchèrent pas de croiser le regard le plus envoutant que je n'avais jamais rencontré.

Arrêtant de jeter des cailloux sur ma fenêtre, Jungkook essuya ses mains sur son short bermuda avant de me lancer un sourire éclatant, presque trop pour mon pauvre cœur.

-Ouvre-moi, compris-je en observant ses lèvres se mouvoir.

A peine avais-je laisser un passage entre le jardin et ma chambre qu'il s'y engouffra et ferma le rideaux après son passage.

Je ne devais pas avoir fière allure, entre mon visage bouffie et mon pyjama humide de sueur, pourtant Jungkook me sauta dessus, sans un mot, me forçant à reculer jusqu'à me faire assoir sur le rebord de mon bureau.

-Jungk-Mmm.

Incapable de parler sous l'assaut de ses lèvres, sa passion m'emporta, mon corps fondant contre le siens lorsqu'il se faufila entre mes jambes et glissa ses mains en haut de mes cuisses pour y prendre appuie et approfondir notre baiser.

Tout en enroulant mes bras autour de son cou, je me persuadais de ne jamais pouvoir m'habituer à ses démonstrations d'affection et de désir. Encore moins lorsqu'il arrêtait de m'embrasser juste pour m'admirer avec ce regard si particulier, unique et intense.

Un frisson remonta le long de mon dos lorsque ses doigts caressèrent ma joue. Comme si j'étais face à mon reflet, j'imitais son geste et posais ma main sur la sienne, effleurant sa cicatrice avec hésitation mais sincérité.

Mes larmes pourraient couler rien qu'en le voyant ainsi, sans masque, exposant sa marque sans honte quand il était avec moi.

Les mots devenaient insuffisants pour décrire la fierté qu'il m'inspirait. 

-Je vais peut-être pas te le dire tous les jours et peut-être que des fois je serai un peu trop con...Mais je t'aime, n'en doute jamais Tae, souffla mon amour en prenant en coupe mon visage.

-Tu vas me tuer à force Jeon, râlais-je malgré-tout en sentant mes joues chauffer et mon rythme cardiaque doubler. Moi aussi, je t'aime. Et c'est peut-être bizarre à dire, mais c'est vraiment chouette d'être une grosse guimauve avec toi.

Ses lèvres vinrent se poser sur le bout de mon nez et dans mon cou, laissant planer un silence prompt au ressenti plutôt qu'à la réflexion. Je voulais vivre ce moment, encré dans le présent, sans penser à rien d'autre pour savourer les émotions qui me traversaient en sa présence.

Seulement il me suffit de jeter un œil à sa frimousse pour comprendre que Jungkook n'était pas seulement avec moi, mais aussi dans l'avenir, troublé par des réflexions que je pouvais lire sur son visage.

C'était nouveau ça aussi, que Jungkook soit transparent avec ses émotions.

-A quoi tu penses ?

-Ca se voit tant que ça ? Sérieux ?

Mon sourire encourageant fut la réponse qu'il attendait. Peut-être parce que c'était plus facile, il me prit dans ses bras et posa son menton sur le haut de mon crâne, déballant ses craintes dans un soupire proche de la lamentation.

-L'avenir me fait peur. Dans quelques heures on va devoir se séparer et j'ai peur de ne pas pouvoir te rendre heureux avec ma foutu peur de montrer ma cicatrice aux autres, ma volonté de ne rien dire à mes parents pour nous, la relation à longue distance qu'on s'impose... Et si tu te lassais et que je me retrouvais de nouveau seul et-

-Hey attends attends, le coupais-je en sortant de son étreinte pour pouvoir plonger mon regard dans le siens. 

Ainsi j'espérais lui transmettre la confiance et la détermination qui me gagnaient. 

-La distance ne m'a pas empêché de devenir ton meilleur ami et encore moins de tomber amoureux de toi. Et puis, je veux être à tes côtés pour qui tu es tout entier ; tes qualités, tes défauts, tes ambitions, tes peurs et tout ce qui te constitue. On a grandit ensemble Kook, je sais dans quoi je m'embarque.

En m'écoutant parler, Jungkook semblait déconnecté de la réalité, continuant de m'observer en triturant la manche de mon t-shirt.

-Je sais pas si je te mérite.

-Dis pas de connerie ! m'exclamais-je en manifestant mon désaccord par un rapide baiser sur ses lèvres. C'est pas comme si je n'étais pas une boule d'énergie inépuisable, socialement maladroit et souffrant d'une maladie comportementale. Personne n'est parfait, souriais-je en agrippant ses hanches pour le rapprocher de moi.

En repensant au mois qui venait de s'écouler, j'en venais à la conclusion que j'étais encore trop jeune pour comprendre ce que la vie pouvait m'offrir. Mon horizon était encore étroit et je ne savais rien, mais à chaque bougie de gagné, je grappillais un bout de vérité, de maturité et j'élargissais mon champ de vision.

Tout pouvait arriver, le pire comme le meilleur. Et alors que je n'attendais rien de ces vacances, la chaleur de l'été m'avait donné tout ce dont j'avais rêvé, à moi, le jeune gay hyperactif. 

Alors oui, même quand on est au fond du trou, je suis convaincu qu'un meilleur nous attend juste après, dans un avenir plus ou moins lointain, quand bien même cela parait impossible.

Parce que l'espoir est le début du renouveau.

Même s'il paraissait rassuré, je pris Jungkook dans mes bras, caressant ses cheveux pour amorcer le début d'une nouvelle ère. 

-Et puis n'oublie pas, l'été n'est plus notre saison préférée. Nous n'en avons plus, car à partir de maintenant, nous passerons toutes les autres ensemble.


FIN

🌊

Hop Hop Hop, ne partez pas si vite !

C'est peut-être la fin de cette jolie aventure, mais je reviens bientôt pour un épilogue qui viendra clôturer ces vacances d'été en beauté et nous plonger dans un cadre un peu plus adéquate à la saison 🎄🎁🤶

Préparez votre meilleur plaide et votre tasse de chocolat chaud préféré pour cette prochaine lecture pleine d'amour, de mignonneries et de niaiseries à faire fondre nos petits cœurs ^^

Je vais essayé de me dépêcher de le publier car dans deux semaines je serai EN COREE DU SUD, OUI OUI VOUS AVEZ BIEN LU. 

Cela étant dit.

Laissez moi vous exprimer mon éternelle reconnaissance pour offrir à mes écrits un peu de votre précieux temps. C'est le plus beau cadeau que je peux recevoir au quotidien.

N'oubliez pas que vous êtes précieux justement, tous autant que vous êtes, peu importe vos difficultés.

Prenez soin de vous,

Tata Scarlett 💜

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