Chapitre 4 : Le lac et la lune
La chute fut rude. En l'attrapant comme ça, il n'avait pas songé un seul instant au risque qu'ils encouraient en faisant ça. Heureusement, cette fois, rien n'arriva de grave. Ils s'étalèrent au sol, le roux écrasant de tout son poids le blond qui, en colère, se retourna et le fusilla du regard, toujours au sol.
« -Mais ça va pas la tête !
-Je... je suis désolé, j'ai pas réfléchit. » reculant un peu, rouge de honte.
Oui, il n'avait pas réfléchit. Il avait faillit finir en petits morceaux ou, même, les projeté quelque part qui leurs auraient été fatal.
« -Mh. » Gellert croisa les bras, toujours allongé.
« -Tu es vraiment... incorrigible. » finit-il par cracher, comme se retenant de dire le fond de sa pensée, avant de s'assoir.
Le roux était devant lui, baissant les yeux, assit sur ses genoux.
« -Pardon... mais, voit le bon coté, on est pas blessé.
-Parle pour toi, tu pèse ton poids. Tu ne serais pas un faux maigre par hasard ? » un sourire espiègle se forma sur ses lèvres alors qu'il vint chatouiller les cotes d'Albus.
« -Hey non ! » riant sans pouvoir se contrôler, la zone étant très sensible à ce genre de chose.
« -Ah, c'est bon à savoir, tu es chatouilleux.
-Gellert, arrête ! » partit dans un fou rire incontrôlable, retombant sur le dos, se pliant sur lui même pour faire s'arrêter son supplice.
« -Bon ! » il arrêta, se relevant.
« -On est pas loin, rentrons à pied.
-Quand même cinq kilomètres ! » corrigea le roux, acceptant la main que lui tendait son ami pour l'aider à se relever.
« -Mais non, la forêt, à l'est. Regarde, y'a des champs la bas. » montrant du doigt le paysage, relativement visible grâce au ciel dégagé et à la lumière de la pleine lune.
« -Non, j'en suis sur, on a atterrit à l'ouest, par la bas, tu as le lac ! » montrant la direction opposé.
« -Je t'assure, tu te trompe Al'.
-Je vis ici depuis des années, Gell', je sais où on est !
-Je te pari ce que tu veux que tu te trompe ! »
Ils se regardèrent droit dans les yeux, un regard remplit d'orgueil et presque de provocation, ils faisaient certainement exactement la même tête.
« -D'accord, si j'ai raison, tu me dis où tu allais. » rétorqua celui aux yeux bleue profond, sachant très bien que Gellert n'allait rien lui dire.
« -D'accord, tout sauf ça.
-Pourquoi tu ne veux pas me le dire ? Je pensais qu'on était ami !
-Mais, on est ami. » malgré son air choqué, il n'éleva pas la voix.
Il ne criait jamais.
« -Alors dit moi ou tu allais.
-Je ne préfère pas.
-Pourquoi ?
-Parce que... trouve une autre idée même si je suis sur que tu vas perdre. » allant tout de même dans la direction que le plus âgé avait indiqué comme étant celle vers le lac, son rictus le plus narquois sur le visage.
« -Et si, par le plus grand des hasards, je me trompe ?
-Voyons, le grand Albus Perceval je ne sais quoi Dumbledore se tromper ? » pouffant de son plus beau rire sarcastique.
« -Comme si ça pouvait arriver ! » sur le même ton.
« -Quand on sera devant le lac, tu verras, ton gage sera... » il marcha, un pas déterminé, le visage rouge d'une émotion qu'il ne connaissait pas.
Est-ce qu'il était en colère ? Vexé ou juste avait-il envie de montrer qu'il était plus intelligent que Gellert ? Un mois qu'ils se connaissaient et c'était devenue le plus important pour lui, encore plus depuis ce qui c'était passé au lac. Il aurait tellement aimé que ça aille plus loin, où que ça aille, quoi que ça donne. Son coeur s'emballait pour Grindelwald, son estomac se remplissait de papillons, ses joues chauffaient à en devenir bouillantes.
Cette sensation dévorante finit de le convaincre de trouver un gage pour son si cher ami.
« -Je sais quoi te donner comme gage. » sur de lui, convaincu, souriant et remplit d'envie.
Il avait vraiment envie de gagner juste pour rendre son idée réalité. Et il savait comment faire pour convaincre Gellert de le faire, quoi qu'il se passe, se disant déjà que la fierté abusive du blond était surement le plus gros défaut qu'il avait.
Il avait envie, besoin, d'avoir raison face à lui. Peut être pour se convaincre que ce que lui disait celui qui marchait à côté de lui était vrai. Celui aux yeux presque blanc lui faisait très souvent des compliments sur sa force magique, son intelligence... pourtant, le plus beau qu'il lui avait fait était, un matin, quand Albus s'entrainer à lancer un sort, Gellert face à lui, lui avait dit qu'il avait de beaux yeux. Il l'avait dit comme ça, sans y prêter attention, le regardant droit dans ces fameux yeux qu'il avait dit beau.
C'était le plus beau compliment que lui avait fait Gellert...
Et plus ça allait, plus il comprenait que ce n'était pas de la curiosité ou de l'intérêt, cette facilité à communiquer. Cette impression d'avoir enfin un égal avec qui parler, c'était accompagné de toutes les autres sensations... ce qu'Albus pouvait presque qualifié d'amour.
Amoureux...
Certainement de la pire personne pour ça. Grindelwald avait déjà du mal à exprimer la plus petite des émotions alors pour tomber amoureux... en était-il au moins capable ?
Le blond marchait bien sagement en silence, perdu dans ses pensées, certainement à réfléchir à comment faire pour aller tout de même à sa destination sans se faire attraper par Albus. Si son ami avait les même centre d'intérêt ou presque que lui, il savait que ce qu'il voulait faire devait rester secret même pour le roux.
Surtout lui...
Depuis qu'il avait posé les yeux sur lui, qu'il avait sentit cette étrange tristesse mêlé à une envie de... de dévorer le monde tout entier. Comme il l'a connaissait cette envie.
« -Gellert ? Alors, tu m'écoute ? » le blond tourna la tête vers celui à sa droite, les mains dans les poches, il avançait toujours.
« -Je t'écoute, je t'écoute.
-Je disais ?
-Tu ne te souviens plus de ce que tu disais il y a cinq secondes ? C'est inquiétant. » se moqua-t-il avec un air très sérieux pour autant, ça avait le don de faire pouffer de rire Albus, surement le seul qui arrivait à faire la différence entre son sens de l'humour et les moments sérieux.
« -Tu es infernal.
-Je sais, je te rappel que je suis ici parce que je suis puni.
-Tu me diras un jour pourquoi ?
-J'ai gravé le symbole des reliques de la mort sur un mur d'un des couloirs de l'école. » un long silence.
« -C'est tout ? Vraiment ? Tu es puni pour ça ?
-J'ai été renvoyé à cause de ça, Albus. On m'a envoyé ici parce que j'ai été viré. » un sourire naissant sur ses lèvres, ça l'amusait plus qu'autre chose.
« -Ça ne te fait rien ? Tu ne seras pas diplômé et...
-Et je pourrais partir faire le tour du monde. » hochant doucement la tête, comme s'il avait déjà tout prévue mentalement.
« -Tu... oui... bien sur. » Dumbledore baissa la tête, repliant les bras contre son torse, son regard se remplissant de désespoir.
Bien sur que Gellert allait aussi partir, personne ne voudrait rester ici sans y être forcé, personne ne voudrait vivre cette vie qui l'attendait !
« -Tu pourrais venir avec moi ? » proposa Grindelwald avant de lui jeter un regard.
« -Sauf si tu ne peux pas, bien sur. » le blond s'arrêta devant l'autre jeune homme.
« -Tu compte me dire pourquoi tu es si triste ?
-Triste ? » ils étaient face à face... Merlin, que c'était gênant d'être plus âgé et plus petit, pensa Albus.
« -Dès que je t'ai vue, deux choses m'ont sauté aux yeux. La première, tu es... comme moi. Peut être même plus doué, juste tu te retiens. Tu te retiens tout le temps. Et je pense que c'est lié à la seconde, tu es triste. Très triste. »
Les yeux bleu d'Albus se plongèrent à nouveau dans ceux très clair de Gellert.
« -Ta grande-tante ne t'en a pas parlé ?
-Je ne lui ai pas posé de question la dessus.
-Pourquoi ?
-Parce que je pense que ça doit venir de toi, pas d'elle. » son regard s'adoucie, ses yeux devenaient réconfortant, si gentil, tendre.
« -Tu sais que tu peux tout me dire, Albus.
-Oui... » il baissa les yeux.
« -Mais toi, tu ne me dis rien.
-Je t'ai dit pourquoi je suis ici.
-Mais c'est tout. Je te parle de mon frère et de ma soeur, alors que je ne sais rien de toi... au final, on fait que travailler ensemble. »
Le blond lui prit les mains, sa peau blanche était si douce. Son geste si délicat et réconfortant.
« -Demande alors et je te promet de répondre.
-Sincèrement ? » Gellert détourna les yeux une fraction de seconde, réfléchissant.
Il n'avait visiblement aucune envie de parler de sa famille, il ne fallut que une fraction de seconde à Dumbledore pour le comprendre.
« -Sincèrement. » conclut finalement Gellert.
« -Demande et je répondrais aussi sincèrement que je le peux. »
Ils se regardèrent un long moment droit dans les yeux.
Plus que tout, le jeune anglais ne voulait pas vexer l'autrichien sous peine de le voir se braquer complètement et définitivement.
« -Tu voulais aller où ?
-Ce soir ?
-Oui. »
Ils se remirent à marcher.
« -Tu dois connaitre, j'allais dans une boutique dans une rue pas loin de Poudlard. Mh... comment s'appelle-t-elle ?
-L'Allée des Embrumes ?
-Oui, voila.
-Non ! Tu allais chez Barjow & Beurk ?
-Oui, tu connais ? »
Albus mit un coup dans l'épaule du blond.
« -Bien sur que je connais ! Tu es pas bien de vouloir aller acheter des choses dans ce genre d'endroit ?
-Tu pense que mes livres viennent d'où ?
-Tu en a d'autres sur la nécromancie ?
-Sur tout un tas de magie noir. On en enseignait à Durmstrang.
-Quoi ? Vraiment ? Mais c'est dangereux.
-Dit celui qui se jette sur mes livres comme... » il se tut, s'immobilisant.
« -Et merde. » devant lui s'étendait le lac... comme Albus l'avait dit.
Gellert c'était trompé... et c'était la première fois de sa vie que ça lui arrivait. Quel désagréable sensation d'avoir perdu un si petit et banal pari ! Encore plus face à Dumbledore. Il se sentait si proche de lui, c'était encore plus désagréable et étrange. C'était encore pire quand il avait comprit qu'il voulait toujours ressentir cette sensation de bien être qui l'inondait à chaque fois que les beaux yeux bleu du jeune homme se posait sur lui. Il n'avait jamais eut autant envie de toucher, ne serais-ce que du bout des doigts, la peau merveilleusement pâle de son ami... de laisser sa main se perdre dans ses cheveux roux.
Il avait envie de sentir la chaleur de son corps, d'être toujours avec cet être qui l'intéressait, qui le fascinait, qui lui donnait l'impression d'être compris. Le seul avec qui il avait envie de passer des heures à débattre sur le moindre petit détail concernant un sort, une potion.
Le seul face à qui il tolérerait avoir tord...
Même si, la, tout de suite, c'était très difficile à avaler.
« -Je te l'avais dis ! Tu me dois un gage ! »
Le blond serra les poings, une expression de frustration retenue commençant à naitre avant de s'évanouir dans un soupir résigné.
« -Je t'écoute ? » demanda-t-il, se massant la nuque distraitement, essayant de cacher se qu'il ressentait.
« -Alors... je... » le roux bafouilla, virant complètement au rouge, doutant soudainement de son idée, la trouvant toujours plus stupide.
Gellert lui lança alors un regard noir, il détestait quand Albus se mettait à hésiter, douter, chercher ses mots comme ça. C'était une grande marque de faiblesse ce genre d'indécision et, si l'anglais était aussi fort, intelligent, talentueux que lui pouvait l'être, il n'était pas question qu'il tolère pareil marque de faiblesse venant de lui.
« -Je...
-Albus, arrête et viens en au fait. Et si tu ne sais pas quoi comme gage me donner, tu...
-Embrasse moi ! » c'était sortit tout seul.
Tellement surprenant qu'il recula de deux pas en arrière pour s'éloigner du blond, pour mettre une sorte de distance qui l'aurait peut être protéger de la souffrance que provoquera sa réaction. Au mieux, il éclatait de rire, lui brisait le coeur et se remettait à marcher. Au pire, il partait et ne lui parlerait plus jamais. Même s'il se doutait, vue la froideur naturel de son ami, que sa réaction se limiterait simplement à un souffle et un « ne soit pas ridicule » avant de se remettre à marcher.
Il n'était pas aveugle...
Il savait très bien qu'il n'était qu'une occupation, quelque chose qui l'avait intéressé dans son ennuyeuse punition. Ils avaient des points commun, Gellert travaillait son coté flatteur, découvrait même peut-être sa capacité de séducteur... voila tout les compliments. Voila ce que ça avait donné... il pouvait être fier de lui, il avait réussit.
Il avait complètement séduit Albus, que se soit par sa personne comme sa cause.
Dumbledore regardait le sol, n'osant plus lever la tête, n'osant plus parler, osant à peine respirer. Il voulait disparaitre, il voulait fuir, il se sentait si stupide que s'il était tout de suite, la, foudroyer, il serait le plus heureux des hommes !
Et Grindelwald qui ne disait rien, qui ne parlait pas. Pas un mot, il était même resté bouche bée. Le roux ne le voyait pas, il ne voyait pas cette expression qui avait animé son visage. Avait-il bien entendu ? L'avait-il vraiment mit au défit de... de l'embrasser ? Mais qu'est-e qui lui avait prit de dire ça ? Il... il le voulait vraiment ? Ou n'était-ce que pour s'assurer d'avoir le pire des gages ? Mais quand ses yeux remplit de doutes et de questions se posèrent sur le roux, il comprit tout de suite.
Oui, il était sincère.
Il avait osé donner ce gage... parce qu'il en avait vraiment envie. Il voulait vraiment que Gellert l'embrasse. Son regard ne quittait plus son ami, le voir comme ça... ce qu'il lui faisait ressentir... ça le rendait fou !
Mais... dans une sorte de bon sens du terme.
Il le rendait fou, il le faisait sortir de ses agréables petites limites qui lui permettait de toujours se maitriser, se contrôler à la perfection. Il brisait ce masque de glace qu'il ne quittait jamais.
Non.
Il le faisait fondre. Il faisait complètement fondre l'autrichien et ça le rendait fou. Ça le rendait fou d'être si faible face à qui que se soit. Même s'il sentait ce qu'était Albus, ce qu'il deviendra, tout ce qu'il pourrait faire et fera, il y veillerait personnellement, il ne pouvait digérer que quelqu'un puisse lui faire ressentir ça.
Puisse lui faire ressentir quoi que se soit.
Il voulait être froid, au dessus des autres, se maitriser constamment comme pour souligner cette supériorité qu'il avait depuis toujours. Il voulait être au dessus de tout ça, un dieu insensible qui n'avait que plus haut que le ciel, que les étoiles comme limite.
Être un dieu...
Le silence s'installa de longues, très longues minutes pendant lesquels tout se passa dans l'esprit des deux jeunes hommes. Aucun des deux ne parlaient, ne pouvaient parler. Albus avait tellement besoin de Gellert pour être comprit, pour se sentir vivant, pour oublier un instant son avenir vide et mort dans ce village. Gellert avait tellement besoin d'Albus pour se sentir complet, pour ce coté posé, cette force tranquille qu'il était mais sensiblement intelligente et... vivant.
Dumbledore était vivant.
Il avait besoin de se sentir vivant depuis qu'il parlait tout les jours avec le roux. Il avait besoin de sentir cette éclat qui illuminait les yeux bleu profond de son ami sur lui. Il avait besoin de se sentir vivant et le seul moyen qu'il avait, c'était Albus Dumbledore.
« -Je... je suis désolé, c'était stupide et ça t'as mis mal-à-l'aise et... et... pardon, c'était juste... juste une idée de gage comme un autre en... en plus bête. Je... »
Encore !
Il recommençait à bafouiller !
Le corps mince et élancé du blond s'anima tout seul et se précipita avec une sorte de violence que personne ne lui connaissait, même pas lui même. Il se précipita sur lui, collant avec force ses lèvres contre les siennes... juste pour qu'il arrête de faire ça.
Qu'il arrête d'hésiter sur le moindre petit mot !
Il colla ses lèvres contre celle d'Albus, le mouvement était si soudain que le roux tomba, entrainant le blond avec lui. Grindelwald se retrouva sur Dumbledore, ce qui n'était qu'une surprise brutal se changea en un baisé emplit de douceur...
Le roux y répondit, le blond l'approfondit.
C'était si... naturel.
Celui en dessous passa ses bras autour de la nuque de celui dominant, frissonnant de tout son être en sentant les bras de ce dernier s'enrouler autour de sa taille.
Le temps s'était comme arrêté.
Ils auraient voulu que se soit le cas. Que ça dure éternellement.
Autant l'un comme l'autre.
Mais le manque d'air les fit faire une petite pause, prenant le temps de se regarder droit dans les yeux, enlacés, sentant le coeur de l'autre battre tellement la proximité était intense.
Allongé dans l'herbe, éclairé par la lumière de la lune et des étoiles, n'entendant que le clapotis de l'eau et le chant des petites bêtes qui y vivait, ce moment restera gravé dans leurs mémoires.
Ils s'embrassèrent encore.
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