¹⁹ - Gardénias
La boutique a été animée aujourd'hui.
Pour beaucoup Halloween représente simplement une fête pour les enfants, un moment sympathique où les bonbons sont distribués à foison.
Mais c'est également une période de salut pour les morts et donc l'occasion de laisser des fleurs aux défunts.
Par conséquent, je n'ai pas eu une minute.
L'horloge fixée au mur tapissé indique déjà le début de soirée et ça m'arrache une grimace de frustration malgré moi.
Je voulais voir Narcisse Jil.
Je voulais...
M'excuser.
Je regarde la petite carte indiquant son adresse et hésite, les mains serrant un bouquet de Gardénias en train de flétrir.
Le client qui avait fait la commande a peut-être été pris par le temps comme moi.
Je soupire et observe à nouveau l'heure, comme un animal en cage.
J'ai envie de le voir.
Comme frappé par une décharge électrique, je me rue vers mon manteau en laine et saisie la carte que je cale entre mes lèvres.
Je m'habille avec hâte, attrape le bouquet et quitte la boutique sans prendre le temps de fermer la caisse.
Une fois dehors, je fixe l'adresse de cet homme qui hante même maintenant mes rêves.
Je m'en veux terriblement d'avoir été aussi sanglant la dernière fois.
Je me lance en sentant mon cœur jouer au yoyo dans ma poitrine, alors que je ne marche pas si vite que ça.
Quand j'atteins la place de l'église, le doute me stoppe dans mon élan.
Et si il était absent ou occupé ?
Ou si il n'avait tout simplement aucune envie de me revoir ?
Que faire ?
Mon hésitation est secoué par le bruit d'un couinement.
Je me retourne vers le son de porte usée et un sourire franc s'affiche sur mon visage.
- Papillon... Je murmure en plongeant mes yeux rouges dans ceux du toutou près de moi.
L'animal s'agite en remuant la queue mais je ne panique pas.
Au contraire.
Dans un geste qui ne me ressemble pas, je me penche pour lui offrir une caresse.
- Ne touchez pas à mon chien !!!
Je bondis et cesse tout mouvement en entendant l'avertissement lancé à quelques mètres de moi.
Une femme aux vêtements aussi noirs que sa peau me fusille du regard et je me sens confus.
Je suis pourtant persuadé qu'il s'agit de Papillon...
- Papillon, viens ici !! Tonne la dame en pointant son index à ses pieds.
Je cligne des paupières sans réussir à comprendre.
- Pardonnez-moi madame, j'ai cru que ce chien...
- Gardez vos excuses, elle grimace exagérément en me regardant, sale monstre.
Ses derniers mots me pétrifie et je reste immobile, la regardant partir avec le canidé.
Sale monstre...
Moi ?
Mes yeux se plissent et un sentiment me recouvre sans crier gare alors que je lâche le bouquet de Gardénias.
La honte.
J'ai terriblement honte.
~
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