Quand Léa Lemaire est repartie, me laissant avec la cagette de Pétunias et l'impression d'être un garçon étrange, c'était l'heure d'ouvrir la boutique.

Certains jours, je n'ai pas envie de voir des gens, même des clients.
J'ai juste envie d'être avec mes fleurs.

Elles sont sages mes fleurs.
Si sages.

– Monsieur ! Un jeune homme poussa la porte de la boutique en nage, le regard totalement perdu.

– Bonjour, que pouvons-nous faire pour vous ? Je souris pour elles.

Habillé d'un uniforme d'étudiant, son regard bloqua sur moi, comme si j'étais tout à coup devenu sa solution.

– Vous avez une fleur qui reste vivante longtemps sans qu'on s'en occupe ?

– Je vous demande pardon ? Je m'approche de l'adolescent paniqué.

– Il y a une fille qui me plaît dans mon lycée, et j'ai entendu une conversation entre elle et ses amies... Elle aime les fleurs mais elle s'absente souvent pour des stages et... Je... Je...

En voyant son visage se colorer, cela me fit sourire sincèrement.
L'amour est l'une des meilleures raison pour offrir une fleur.

– Savez-vous ce qu'elle aime ?

– Les petites fleurs.

Cette réponse est peu vague mais si cette demoiselle n'est pas souvent chez elle, une fleur, petite ou non, ne tiendra pas longtemps sans être arroser.

– Aime-t-elle les plantes grasses ?

– Vous voulez dire, grosses ? Il lève les sourcils et observe l'endroit avec angoisse.

– Non, une plante malacophyte. Comme celle-ci. Je montre la rangée des plantes succulentes et robustes à mon jeune client amoureux.

– Je sais pas trop... Elle aime les petites fleurs... C'est tout ce que je sais...

Sans en dire plus, je lui montre l'étagère où se trouve un petit Cactus en fleur.

– Cette variété de Cactus se nomme Rebutia, elle offre de jolies petites fleurs et n'est pas gourmande en demande d'engrais et d'arrosage.

– C'est plutôt mignon. Il se penche dessus et se tortille pour sortir son portefeuille.

– Il faut juste qu'elle se trouve à la lumière et, l'arrosage se fait seulement une fois par mois.

– C'est parfait, elle coûte combien ??

J'observe sa petite monnaie et comprends sans avoir besoin de compter qu'il n'a pas assez.

– Je vous l'offre. J'annonce sous ses yeux ronds.

– Vous êtes sérieux ??

Je hoche la tête et lui offre un nouveau sourire tendre.

– Revenez me voir, pour me dire si ce cadeau était bel et bien pour elle.

– Oh merci monsieur ! C'est promis.

Il emporte alors le petit pot avec une délicatesse adorable, me laissant avec une sensation apaisante.

Mes fleurs ont parfois de la chance.

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