¹⁷ - Cadenas

Deux semaines se sont écoulées depuis mon altercation avec Narcisse Jil.
Même si j'ai été fortement occupé par le travail et la mise en forme de la boutique pour la fête d'Halloween, je n'ai pas arrêté d'y penser.

– Bouton tu m'écoutes ?

Léa Lemaire est venue me donner un coup de main aujourd'hui, pour finir la décoration intérieure sur le thème des citrouilles et des bonbons acides.

– Je... Non pardonne-moi, j'étais plongé dans mes pensées. J'avoue en essayant d'accrocher une guirlande de fleurs d'automne au dessus du présentoir.

– T'es dans la lune depuis quelques jours ! C'est Halloween qui te stresse ? Tu sais pourtant que niveau chiffre d'affaires c'est...

– J'ai mis quelqu'un à la porte.

Mon nouvel aveu lui arrache un gloussement étrange et elle se précipite vers moi, les yeux exorbités.

– Quoi ?? Quand ? Qui ?? Elle tire sur mon pantalon et passe à deux doigts de me faire tomber de la chaise sur laquelle je suis perché.

– Léa, fais attention... Je demande en remontant mon jean avant de finir les fesses à l'air.

– T'as osé foutre un client à la porte ?

Je secoue la tête et descends de la chaise avant qu'un accident arrive.

– C'était après la fermeture.

La livreuse androgyne pose ses mains sur ses hanches et attend que je poursuive, le regard indiscret.

– Un soir, Monsieur Jil m'a reconduit à la boutique et je lui ait offert une tasse de thé puis...

– Le type qui t'as envoyé la caisse de Pétunias ? Elle me coupe en sortant une cigarette.

– Oui et s'il te plaît, ne fume pas dans la boutique...

– Oh Bouton, elle me donne un coup sur l'épaule, change pas de sujet ! Pourquoi tu l'as mis dehors ?

Je lui explique alors notre échange sur le prix de la boutique, et ma découverte concernant son métier d'agent immobilier.

À la fin de mon récit, Léa se passe la main sur le visage en soupirant grossièrement, l'air dépitée.

– Tu crois que j'ai été impoli ? Je demande réellement embêté.

– Bien-sûr Bouton. T'as été sur la défensive alors que si ça se trouve, c'est juste son dada...

– Son... Dada ? Je répète égaré par l'expression utilisée.

– Oui, son passe-temps quoi ! Comme toi avec ça ! Elle explique en montrant les fleurs autour de nous.

Ce qu'elle dit est possible.
J'ai réagi de façon impulsive, sans même me poser la question.
Mais ce qui me taraude le plus, c'est d'être à ce point chamboulé.

– Je me sens mal depuis. Je murmure en fixant le plancher.

– Normal. Tu t'es créé une barrière de fleurs. C'est comme si, t'avais peur de faire face aux gens, c'est plutôt dommage. Avoir des amis c'est important Kaga tu sais...

Le fait qu'elle utilise mon prénom me fait comprendre qu'elle est sérieuse.

Une barrière de fleurs...

Des amis ?

Mes fleurs suis-je donc aussi refermé sur moi-même pour ne pas avoir compris ça plus tôt ?

– Je... Ma gorge se serre et je sens mes lèvres s'agiter.

– Ah non tu vas pas chialer !! Elle m'attrape par les épaules et me force à relever la tête.

– Oui. Je renifle.

– Tu sais quoi ? Rappelle-le. Elle dicte en passant une main dans mes cheveux blancs délicatement.

Je hoche doucement la tête.

Oui.

Mes fleurs...

J'ai besoin d'un ami.

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