¹¹ - Automne et Hana
Le mois d'octobre est arrivé bien vite et mes fleurs le ressentent autant que moi.
Pour la santé de certaines d'entre elles, j'ai débarrassé une partie de l'exposition extérieur puis augmenter le chauffage de la boutique.
La clientèle change également à cette période de l'année.
Les gens cherchent des fleurs et plantes d'intérieur, robustes et moins colorées.
C'est comme si l'été emportait les couleurs, la chaleur, et ça bien trop vite.
Préoccupé par la nouvelle disposition d'automne pour mes fleurs à pot, je renifle sans prendre la peine de me moucher jusqu'à finir avec une goutte chatouillante au bout du nez.
– Kaga, mouche toi, c'est mal élevé.
Je lâche mon petit pot en terre et me retourne vers cette voix autoritaire parentèle.
– Hana ? Que fais-tu en ville ? Je balbutie étonné.
– Je suis ta tante, j'ai encore le droit de venir prendre des nouvelles non ?
Ma tante Hana, que je n'ai pas vu depuis Noël dernier, me fixe froidement avec un mouchoir tendu en main.
J'accepte le papier plié et le passe rapidement sous mon nez tout en dévisageant cette femme qui ne passe jamais seulement pour venir aux nouvelles.
– Il se passe quelque chose ?
– Madame Dupoint et son mari sont venus me voir la semaine dernière. Ils étaient inquiets car tu n'es pas passé à la boulangerie du mois. Tu manges au moins ?
C'était donc ça.
Mes fleurs, sortez moi de là...
Ma tante habite à l'autre bout de la ville et ne passe me voir que quand quelque chose ne va pas dans son sens.
S'il y a des ragots à mon sujet, elle se précipite pour garder bonne figure.
– Oui Hana, je mange. Je réponds en retenant un soupir.
– Tu sais que les gens d'ici parlent facilement, alors n'attire pas l'attention. Tu es déjà assez... Elle s'arrête au milieu de sa phrase et me regarde de la tête aux pieds, bloquant davantage sur mes yeux.
– Spécial ? Je termine pour elle.
– C'est ça. Elle grogne.
Depuis mon arrivée en France, elle n'a jamais réussi à me regarder dans les yeux plus d'une minute.
– Tu sais bien que tout le monde sait que nous sommes parents... Nous sommes la seule famille japonaise de la ville et jusqu'à maintenant je...
– N'aies crainte, je n'ai fait peur à personne. Je rassure l'égot de ma tutrice.
– D'accord, mais tu pourrais quand même faire un effort. Comme, je ne sais pas moi, faire une coloration ou mettre des lentilles de contact colorées...
– Tu sais Hana, quand les gens passent à ma boutique, ils me demandent souvent des fleurs albinos. La rareté plaît et ne choque pas autant que tu ne le penses.
– Kaga tu n'es pas une fleur bon sang !
J'aimerais tellement être une fleur...
Elles ne sont jamais jugées.
Elles plaisent, même si elles sont différentes.
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