08- Amanda
Le silence régnait lourdement dans les couloirs du palais sylvestre.
Léo, en attendant d'arriver à la salle du trône, observait distraitement chaque liane, chaque feuille, chaque fleur.
Liaa...
Devant et derrière lui, les gardes étaient silencieux, tendus.
Le groupe s'arrêta devant deux portes en liane, très imposantes, sur lesquelles l'un des gardes toqua doucement.
- Entrez, dit une voix grave et lasse.
Léo sentit une pointe dans son dos, la lance d'un garde, et avança en levant les mains. Les deux gardes en armures vertes de devant lui ouvrirent les portes et les refermèrent aussitôt qu'il les eut franchit, le laissant seul... ou presque.
- Qui es-tu ? demanda la voix d'homme qui provenait du fond de la très très très grande salle. Avance donc.
Léo déglutit et avança lentement, traversant la salle plongée dans l'obscurité. Il mit bien trois bonnes minutes à arriver au bas du trône, qui semblait en train de mourir, qui était mort.
Ce grand trône creusé dans un arbre, qui devait autrefois être resplendissant, avait désormais les branches sèches et désordonnées, des morceaux d'écorce gisant par terre.
- Tu es un humain ? reprit l'homme qui se tenait devant Léo, affalé sur le siège et les accoudoirs du plus-si-beau trône.
- Euh... Oui, Votre Altesse.
Le roi siffla bruyamment entre ses dents, mais soudain la grande et longue salle sembla s'éclaircir. Léo vit le roi plus clairement et eut un moment de mélancolie : il ressemblait tellement à Liaa ! Ou peut-être était-ce elle qui ressemblait à son père.
- Que viens-tu faire ici, saleté ?! (Le roi cracha cette phrase à Léo en le fusillant du regard, et le jeune homme se retint de reculer d'un pas.) Est-ce de ta faute si mes elfes des forêts sont encore plus effrayés ?!
- J'ai bien peur... que oui, répondit-il, gêné, en soutenant tout de même le regard noir du roi.
Celui-ci le fixa longuement de ses yeux émeraudes, jusqu'à ce que le lycéen se reprenne, décidé à en savoir plus.
- J'imagine que vous savez que votre fille a été enlevée, déclara-t-il d'une voix plus forte, plus assurée.
- Comment le sais-tu, humain ? Où veux-tu donc en venir ?
Alors, ouvrant son cœur et ses souvenirs, Léo se mit à raconter sa propre histoire, essentielle, puis sa rencontre avec Liaa et les événements qui avaient suivis. Le roi fit une grimace de dégoût lorsqu'il entendit le passage devant le temple de la jeune fille, autant pour le sang que pour la caresse, et resta immobile à la fin du récit.
- Ma... ma propre fille... amie avec un humain ?! Scandale ! Hurla-t-il en se levant difficilement d'un bond. Sacrilège ! Tu ne devrais même pas être là, stupide humain !
Léo sentit son cœur se figer et son visage chauffer ; une colère indescriptible se développait soudainement en lui. Il la retint, la retint encore...
Puis il explosa.
- Pourtant, je suis bien là ! Et vous savez pourquoi, Votre Altesse ?! Par amour !! Liaa n'est plus seulement une amie pour moi, elle est ma meilleure amie, et, encore mieux, je l'aime !! Même en étant stupide, je veux à tous prix la sauver ! J'ai besoin de réponses pour courir à son secours, pour pouvoir la prendre dans mes bras !
Le silence se fit dans la tête de Léo, jusqu'à ce qu'il entende des crépitements : ses poings serrés étaient complètement entourés de flammes rougeoyantes, qu'il s'empressa d'éteindre.
Puis il tourna son regard vers le roi, qui était choqué, effrayé.
- Tu... (Il le pointa du doigt en tremblant, les yeux pourtant brillants étrangement.) Tu maîtrises le feu... et tu aimes ma fille ?!
Léo, le regard dur, acquiesça, rougissant intérieurement de cette déclaration explosive et soudaine.
Le roi baissa les yeux avec un sourire amusé, et murmura comme pour lui-même :
- Ah, l'amour...
- Votre Altesse, tenta Léo, je veux des réponses...
- Je t'écoutes.
Le jeune homme réfléchit quelques instants ; il ne voulait pas accabler le roi avec trop de questions sur sa fille et son passé.
- Pourquoi détestez-vous les humains ?
La brise était chaude, ce jour-là.
Le soleil brillant, le ciel entièrement bleu, l'herbe bien verte et bien fraîche.
Un jeune homme aux cheveux bruns clairs sifflait joyeusement en traversant une grande forêt. Ses yeux verts émeraude pétillaient sous l'ombre des arbres et des rayons du soleil, et ses oreilles pointues vers les côtés étaient dégagés, écoutant chaque bruit attentivement.
Dans sept mois et deux jours exactement, dans cette partie du monde, un typhon de catégorie 7 frôlerait la grande cité déjà bien développée des humains et dévasterait les champs environnant. Une énorme traînée restera dans la terre telle une cicatrice, et le typhon sera nommé Forestain.
Mais pour l'instant, le jeune homme pas vraiment humain de presque trente et un an était plutôt joyeux.
Jusqu'au moment où il avait découvert, à l'ombre d'un grand prunier, une jeune femme, endormie paisiblement.
Elle avait les cheveux blonds bouclés, la peau agréablement rose, le visage fin. Sa poitrine se soulevait doucement à un rythme régulier, et le jeune homme était resté stupéfait et émerveillé devant une si belle humaine.
Puis, soudain, la belle endormie avait grimacé dans son sommeil et avait commencé à trembler violemment.
- Non... avait-elle murmuré.
Elle avait répété ce mot plusieurs fois, de plus en plus fort. Jusqu'à hurler.
Jusque là immobile, ne sachant que faire, le jeune homme s'était empressé de dissimuler ses oreilles derrières son épaisse chevelure et s'était agenouillé en secouant la jeune femme.
- Eh, réveilles-toi !
A force de lui ordonner d'ouvrir les yeux, elle s'était exécutée doucement, des larmes coulant sur ses joues.
- Où...
Elle n'avait put finir sa phrase : elle avait sursauté quand le jeune homme avait posé gentiment un doigt sur sa bouche, et l'avait regardé intensément de ses yeux couleur miel.
- Tu t'es endormie sous un arbre, dans la forêt, et tu viens de faire un cauchemar. Alors je t'ai réveillé.
La belle avait séché ses larmes et sourit.
- Merci de ton aide...
Il s'était relevé, lui avait tendu la main et elle l'avait accepté avec joie.
- Je m'appelle Sylvestre.
- Moi, c'est Amanda.
Les deux jeunes gens s'étaient souris puis Sylvestre avait proposé de la ramener chez elle, ce qu'Amanda avait accepté.
Deux jours plus tard, ils étaient tous deux assis devant un étang, regardant en silence l'eau claire.
- Sans vouloir être indiscret, Amanda... avait commencé Sylvestre en rompant le silence, de quoi rêvais-tu l'autre jour ?
La jeune femme de vingt-neuf ans avait baissé les yeux. Pouvait-elle lui faire confiance ? Elle avait décidé que oui, il était si gentil !
- Je... je rêvais de la mort de mes parents...
- Oh... (Sylvestre avait détourné le regard, gêné.) Si... si tu ne veux pas en parler, je comprendrais...
- J'avais sept ans. A cet âge, on ne comprend encore pas tout. Je venais de rentrer de l'école avec ma mère. Nous avions trouvé mon père, couché dans une marre de sang, et un autre homme, habillé de noir, un pistolet dans ses mains. Ma mère a hurlé puis m'a ordonné d'aller me cacher. (Amanda avait tourné son regard triste vers le ciel.) Elle n'a pas eut le temps de finir sa phrase, l'homme en noir l'a tué d'une balle, d'une seule petite balle dans le cœur. Je n'ai pas tout de suite compris, mais quand j'ai vu que ma mère ne bougeait plus et ne me tenait plus la main, j'ai poussé un cri et je me suis enfui en courant de chez moi. J'ai été recueillie par des gens merveilleux, j'ai bien grandi, mais j'ai gardé une... cicatrice toute ma vie.
En finissant son récit, la jeune femme avait laissé couler une larme, puis deux, puis tout un flot qu'elle avait étouffé dans les bras de Sylvestre. Le jeune homme lui avait caressé doucement les cheveux, lui murmurant des mots rassurants. Elle s'était ensuite dégagé de son étreinte, ils s'étaient regardés, puis avaient fermé les yeux au contact des lèvres de l'autre.
Sept mois plus tard.
Regardant le ciel étoilé, deux personnes enlacées, un homme et une femme, souriaient sous la lumière de la Lune.
« C'est magnifique, n'est-ce pas ? avait dit la femme.
L'homme s'était tourné vers elle et l'avait embrassé longuement.
- Tout comme toi, tu es la seule étoile qui compte à mes yeux, avait-il dit.
- Oh, Sylvestre, oublierais-tu notre future fille ? avait-elle rit en passant une main sur son ventre rebondi.
- Bien sûr que non, avait répondu Sylvestre. Amanda, toi et cette petite fleur, vous formez à toutes les deux l'astre le plus resplendissant de l'Univers. De plus, ce petit ange est destiné à un grand avenir...
- C'est-à-dire ? avait interrogé Amanda en regardant son amant.
- Je pense qu'il n'y a pas meilleure situation pour te l'annoncer... ni meilleur lieu. Je suis le roi des esprits sylvestres, le roi de cette forêt. Notre enfant sera... parfaite pour me succéder et protéger la Terre elle-même, écoutant son souffle, ses demandes, ses chagrins comme ses joies.
Amanda avait ouvert des yeux ronds comme le satellite lunaire et n'avait prononcé mot avant que Sylvestre ne recommence à parler.
- Notre petite sera certainement comme moi, elle sera ma petite princesse, belle, intelligente...
- Il suffit, Sylvestre, l'avait-elle coupé durement en levant une main. C'est... c'est trop... Je ne peux pas...
- A-Amanda ? Qu'est-ce que tu veux dire ? avait-il murmuré en se relevant, suivant l'exemple d'Amanda.
La jeune femme avait secoué la tête et touché son ventre avec ses deux mains, comme pour le soutenir.
- Je ne veux qu'une petite fille normale, pas d'une déesse ni d'une reine, seulement une petite fille, ma petite fille, écolière, étudiante... comme je l'ai été. Je vais voir ce que je peux faire, mais si j'avais su plus tôt ce que tu étais réellement... N'essaye surtout pas de me retenir.
Et elle était partie, laissant son ex-amant seul, désemparé, qui ne se doutait pas qu'une telle révélation lui ferait perdre la femme qu'il aimait. Il avait hurlé son désespoir dans toute la forêt, tandis que la brise était devenue froide, dure.
Forestain était arrivé, ce soir-là.
Léo resta immobile, la tête baissée, les bras pantelants. Jamais il n'aurait imaginé la douleur de ce roi, et tout ça à cause d'une humaine, qui avait eu peur. Peur du nouveau, du changement.
Le jeune homme serra les poings tandis que le roi, Sylvestre, releva la tête vers lui, le regard dévasté par ces souvenirs.
- J'aurai fait n'importe quoi pour qu'elle revienne, mais j'avais peur de ce qu'elle ferai à Liaa. J'ai trouvé mon bébé trois mois plus tard, à l'orée de la forêt, là où nous nous étions rencontrés, pleurant de je-ne-savais-quel traitement. Je l'ai prit dans mes bras, puis elle s'est calmée, ouvrant ses yeux miel. Je me suis alors fait la promesse de ne jamais plus faire confiance à des humains, plus jamais, de les détester pour toujours. Mais...
Sylvestre pesa ses mots sous le regard interloqué de Léo.
- Mais il semblerait que j'ai à la rompre.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
NAAAN !!! ME FRAPPEZ PAS !!!!
Pourquoi je dit ça ? Parce que ça fait trop longtemps que j'ai pas publié, et j'en suis dé-so-lée !!! Je n'ai plus de temps pour rien, je suis en panne d'inspiration !!
Mais aujourd'hui je suis en vacances et je compte bien rattraper tout ça !!!!
J'vous aime <3
Bises - AlexieFairy
P.S.: le média représente Amanda, avec seulement les yeux de couleur différente :)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top