06- Début des hostilités

Le menton tremblant, Liaa se retourna après dix bonnes minutes sans bouger. Léo avait disparu dans les lumières de la ville. Qu'est-ce qu'il lui avait prit ? Elle l'avait pratiquement chassé, lui, le seul ami qu'elle ait eu depuis le départ de son cousin. Le feu n'était pas dangereux pour l'air, et encore moins pour l'eau : elle n'avait qu'à privilégier ses formes-là et tout était réglé.

- Arrêtes Liaa, ne fais pas ton égoïste, il a une famille qui l'attend depuis que tu l'as ramené avec toi, se dit-elle en tournant les talons.

La jeune fille reprit sa forme de princesse des esprits sylvestres, sécha ses larmes et continua d'avancer.

Soudain, des branches craquèrent derrière elle, et Liaa se retourna, scrutant les arbres.

- Qui est-là ? Montrez-vous ! cria-t-elle en saisissant son épée.

Elle tourna sur elle-même en pointant son arme devant elle quand elle ressentit une douleur à l'arrière de sa tête. Elle s'écroula sur le sol.

Léo allait tourner dans la grande rue quand il entendit un cri.

- Lâchez-moi !

Son sang ne fit qu'un tour, et ses jambes prirent l'initiative. Il aurait reconnu cette voix entre milles.

- Aïe ! Au secours ! hurla sa sœur.

Lorsqu'elle entra dans le champ de vision de Léo, la peur, la pression qu'il ressentait depuis ce fameux tir de pistolet se mua en une colère incommensurable. Devant lui, les bras tenus par les Caïds, sa sœur Aïla hurlait de terreur, la jambe pliée dans un axe bizarre, les cheveux décoiffés, la lèvre inférieure en sang.

- Aïla !

La jeune fille le regarda de ses yeux bleus remplis de larmes, stupéfaite et apeurée.

- L-Léo ? C'est toi ?

A leurs tours, les Caïds se retournèrent, puis un rictus fendit le visage de leur chef, celui qui avait battu Léo pratiquement à mort.

- Léo ! Mon vieux ! Tu nous as fait quoi, là ? Une petite fugue dans le pays des licornes ?

La colère l'aida à avancer.

- Si je te le disais, tu ne me croirais pas, débile.

Le rictus du chef s'effaça.

- Tu viens de me traiter de débile ou je rêve ? J'espère pour toi que je rêve, parce que ça va mal se finir pour toi et ta petite sœur.

- Si tu la touche, tu es mort. Je n'ai plus peur de toi.

- Oh, j'ai peur !

Puis, souriant comme un psychopathe, le Caïd pinça la joue droite déjà rouge d'Aïla, qui gémit de douleur. Léo écarquilla les yeux, et là, son esprit se débloqua. Il avait dit à Liaa qu'il ne voulait blesser personne avec ses pouvoirs, quitte à passer pour un faible. C'était vrai. Seulement là, il ne s'agissait plus de lui, mais de sa sœur. Sa pauvre petite sœur qui n'avait rien demandé.

Léo vit rouge, et tendit le bras vers les Caïds. Il dressa mentalement un bouclier autour d'Aïla et des flammes jaillirent de sa paume, pour venir entourer les garçons de dix-neufs ans chacun. Ils hurlèrent et lâchèrent la jeune fille, qui retomba au sol, stupéfaite. La chaleur faisait du bien à Léo. Il « jouait » avec son domaine, le feu, les flammes, les brûlures.

- Arrêtes ! hurla l'un des Caïds en tendant la main vers lui. Tu as gagné ! On la relâche !

Léo sourit et les flammes s'évanouirent. Les vêtements des Caïds-plus-si-effrayants n'existaient plus, ne restant que leurs caleçons colorés. Ils eurent un éclair de lucidité et s'enfuirent tandis que Léo se précipitaient vers sa sœur.

- Aïla, tu vas bien ?

- Alors... c'est vraiment toi, Léo ! dit-elle en se jetant comme elle le pouvait à son cou.

Il la serra dans ses bras puis la porta façon princesse en détresse. Il fit ce chemin qu'il n'avait pas fait depuis des lustres, et toqua à l'aide de son pied à la porte, qui s'ouvrit quelques instants plus tard. Une femme apparue, belle, et ses yeux bordés de mascaras s'écarquillèrent puis elle enlaça ses deux enfants en hurlant de bonheur, sachant que Léo portait toujours Aïla. Par-dessus sa fille, Monica Aldenado pleura dans le cou de Léo jusqu'à ce que Justin Raynoms arrive, alerté par les cris de sa fiancée. Il laissa tomber son journal et rejoignit le câlin familial avec émotion.

Dans les bras de ses parents et portant sa sœur, Léo ne put s'empêcher de penser à Liaa. La jeune fille lui manquait déjà. Il ne connaissait pas son père mais savait à la lueur dans le regard de la princesse lorsqu'elle lui avait dit le mot « père » qu'elle n'avait jamais eut droit à un câlin comme le sien. Affectif, long, rassurant. Tout ce dont avait besoin un adolescent ou même un enfant.

Léo sentit un pouce passer sous son œil et s'aperçut qu'il pleurait. Sa mère retira son pouce puis ils se dégagèrent et Justin prit Aïla en charge tandis que Léo serrait sa mère encore plus fort. Il enfouit sa tête dans ses cheveux.

- Maman... je suis désolé d'avoir disparu...

- Ne dis plus rien, dit-elle d'un ton faussement enragé. Tu avais tes raisons, et puis je suis sûre que cette jeune fille est très gentille.

Puis elle lui fit un clin d'œil, et Léo piqua un fard. Il sourit, et ils rentrèrent à l'intérieur. Léo, ému de retrouver sa maison, fit comme si il n'était jamais venu et détailla les pièces. Le salon était spacieux, bien éclairé, et comportait une grande cheminée traditionnelle en briques noires. Une télé de taille moyenne reposait dessus, face à des canapés de velours (pas du vrai, le velours) noirs formant un demi-cercle devant la cheminée. Derrière, devant une fenêtre en bois, une petite commode était collée à un piano noir gigantesque, celui de sa mère, pianiste à ses heures perdues. Au fond de la pièce à vivre trônait une baie vitrée donnant sur la terrasse, avec un bar surélevé.

Dans la cuisine en contact avec le salon, il y avait de tout, des appareils électroménagers aux appareils de cuisine. La pièce était dans des tons principalement jaune et orange, contrairement au salon rouge et noir.

Après avoir fait le tour des autres pièces le sourire aux lèvres, Léo serra rapidement son père (les papas, pas trop câlins...) puis s'assit sur le canapé à côté d'Aïla, qui se faisait soigner sa jambe cassée. Alors il leur raconta tout. Le tir, le sanctuaire, Liaa, le palais, ses pouvoirs, ses adieux, en finissant avec l'affrontement final entre les Caïds et lui. Lorsqu'il décrivit la jeune fille à sa famille, il baissa les yeux et refoula ses larmes. Il l'avait pratiquement abandonné. Elle, la seule fille qui lui avait adressé la parole depuis des lustres, et qui était devenue son amie.

Son image lâcha et il se mit à pleurer en silence. Sa mère l'enlaça et lui caressa les cheveux lentement en souriant.

- Ça a dû être dur pour toi, Léo. Tu pourras te rendre à son sanctuaire tant que tu auras envie, lui promit son père en souriant.

Léo releva ses yeux embués vers eux, puis sourit. Il les avait retrouvé.

Liaa sourit puis chassa une larme d'un mouvement de tête. Le retour de Léo parmi sa famille l'avait grandement émut.

Alors elle se rappela où et comment elle se trouvait, et grimaça. Les cordes qui lui liaient les poignets et les chevilles lui brûlaient la peau au fur et à mesure qu'elle bougeait, et le noir de la pièce lui faisait perdre tous repères.

Elle regarda mélancoliquement l'écran qui venait de s'éteindre, quand elle une présence derrière elle. Elle durcit son expression et tourna la tête vers l'homme qui avançait vers elle.

- Qu'est-ce que vous voulez ?

L'homme leva la tête. Ses yeux verts brillèrent et il enleva son chapeau melon bordeaux, révélant ses cheveux rouges-orangés. Il sourit.

- Pas la peine de prendre cet air avec moi, Liaa. J'ai bien vu qu'une larme t'a échappé.

- R-Rhésus, c'est toi... cous' ?

- Hum, tu me reconnais maintenant ? Oui, c'est bien moi, cousine.

Liaa secoua la tête.

- Relâches-moi, à quoi te sert tout ça ? Je croyais que tu étais parti à la recherche de ton père.

Le sourire de Rhésus s'effaça.

- Effectivement... mais quand je l'ai retrouvé, il était trop tard ! Embroché par un rocher en tombant d'une falaise, tué par la nature elle-même, tu te rends compte !

Liaa baissa les yeux.

- C'est horrible...

- Et comment ! Comment passer mon deuil, me suis-je dit. Puis soudain, (le regard du jeune homme brilla de méchanceté) j'ai eu une illumination. Si je tuais la responsable de la nature, j'aurai vengé mon père, non ? Alors, je me suis entraîné, entraîné jusqu'à en mourir pour être sûr de te battre, toi, Liaa, la princesse des esprits sylvestres, et tous tes autres surnoms ! Et j'ai découvert un pouvoir bien intéressant...

Rhésus leva le bras, paume tournée vers le haut, et la pénombre de la pièce s'accentua soudain. Des vagues violettes sortirent de sa main puis tournèrent lentement autour de la jeune fille. Puis elles s'insinuèrent dans ses yeux, sa bouche, son nez, ses oreilles, et Liaa fut irradiée d'une lumière violette. Elle n'arrivait plus à bouger, ni à parler, seulement à voir. Sa main bougea soudain toute seule, comme si elle n'avait plus de contrôle sur son corps.

- Je sais ce que tu penses, et tu as raison : j'ai un contrôle total sur ton existence, désormais ! ricana Rhésus.

Puis il leva la main vers elle et tout devint noir.

- Maman, j'y vais ! cria Léo en arrivant devant la porte.

De la cuisine, sa mère lui répondit « Vas-y ! », puis le jeune homme sortit dans le froid de l'hiver.

Cela faisait deux mois qu'il avait quitté Liaa et qu'il avait retrouvé sa famille, et le sourire lui était peu à peu revenu. Pourtant, quelque chose le tracassait. La nature semblait se dégrader au fur et à mesure des jours qui passent, et des catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes dans le monde entier, comme si Liaa était en colère.

Depuis deux mois, il allait au sanctuaire de la jeune fille tous les jours, et ne trouvait rien d'étrange, à part le silence qui régnait autour.

Seulement, aujourd'hui, lorsqu'il arriva devant le mini-temple, il faillit s'étrangler et faire une crise cardiaque en même temps : le corps sans vie d'un magnifique cerf se vidait de son sang aux pieds du sanctuaire, et l'herbe, les arbres étaient recouverts de moisissures.

- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?!! hurla Léo.

Personne ne lui répondit, et il retourna chez lui en courant, horrifié. Liaa était en danger.

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Hey !!

Juste encore un passage pour dire que le média représente la forme de protectrice des esprits bestiaux de Liaa ^^. J'ai déjà mis ses formes :

- Princesse des esprits sylvestres ;

- Maîtresse des esprits aquatiques ;

- Reine des esprits célestes .

J'ai aussi mis Léo, sa soeur Aïla et une fée pour le prologue ;-) Les autres arriveront avec les prochains chapitres !!

Bises - AlexieFairy

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