04- Les éléments réunis
Dans le couloir menant à la salle du trône, Liaa éclata soudain en sanglots. Elle se retrouvait devant le même problème qu'au sanctuaire. Qu'est-ce qu'il lui avait prit de rire avec un humain ? Un garçon, en plus de cela. Elle avait fait le contraire de ce que son père lui avait transmit. Elle avait soigné un humain au lieu de le tuer, elle lui avait parlé au lieu de l'ignorer, elle avait rit avec lui au lieu de l'insulter.
Appuyée contre un mur solide, elle sécha ses larmes. Il y avait de quoi manquer à sa fureur. Léo était gentil, comment être en colère ?
Elle se remit en route, laissant échapper un sanglot par moment, mais prenant un visage joyeux quand quelqu'un passait et la saluait. Arrivée devant les portes de la salle principale, elle prit un visage impassible et toqua.
- Entrez.
Lorsque Liaa entra, elle fut surprise de voir la pièce plus sombre que d'habitude. Elle se dépêcha de rejoindre son père à l'autre bout de la salle puis s'agenouilla.
- Père, j'aimerais vous faire part d'un... songe dont j'ai été la... victime.
- Raconte, mon enfant.
Liaa se releva et commença son récit. Lorsqu'elle mentionna le nom de la personne encapuchonnée, Rhésus, le roi devint livide. Voyant son père ainsi, Liaa commença à s'inquiéter.
- Père ? Qui est ce Rhésus ?
Le roi se frotta les tempes longuement avant de répondre :
- C'est ton cousin.
- Attends-moi, cous' ! criait une petite fille.
Devant elle, un petit garçon courrait, un arc à la main. Il avait les yeux verts et de longs cheveux rouges-orangés. Il riait avec un sourire mesquin et se retournait parfois pour voir où en était la petite fille aux cheveux bleus et aux yeux couleur miel qui le poursuivait.
- Allez, cous' ! Rends-moi mon arc !
- Tu peux toujours rêver, Liaa ! Rattrapes-moi d'abord !
La petite Liaa, alors âgée de six ans, accéléra et plaqua difficilement son cousin de dix ans au sol en riant, puis attrapa son arc et sauta de joie en criant. Son cousin resta à terre et éclata de rire.
Le soleil brillait dans le ciel, pourtant une petite Liaa âgée de neuf ans pleurait à grosses larmes. Son cousin de treize ans la serra dans ses bras puis lui tint les épaules.
- Je suis désolé, Liaa, mais je dois partir à la recherche de mon père. Mais je reviendrais, je te le promets. Ne pleures pas, petite fleur.
Liaa se jeta dans ses bras en pleurant, et il lui caressa ses cheveux blonds-or.
- Tu as... intérêt à... revenir, cous'...
- Liaa ? Liaa, réveilles-toi ! Allez !
Liaa ouvrit les yeux en larmes, et vit Léo penché sur elle.
- Lé... Léo ? Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu fais là ?
- Je me suis caché sous le lit, comme tu me l'a dit, et j'ai attendu que ceux qui t'ont ramené partent pour sortir.
La jeune fille s'assit lentement en séchant ses larmes.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'étais dans la salle du trône et...
- Tu t'es évanouie, Liaa. Ceux qui t'ont ramené ont dit que tu avais perdu connaissance après avoir appris que l'homme de ton cauchemar était ton cousin, que tu adorais.
Liaa sentit les larmes lui revenir.
- Alors... tu as tout... entendu ?
Léo acquiesça, un sourire triste sur le visage.
- Je... je ne connaissais pas vraiment son nom... Pour moi il s'appelait « cous' »... Je sais qu'il a quatre ans de plus que moi, et qu'il est parti à treize ans pour partir à la recherche de son père, mon oncle. Il avait promit qu'il reviendrait, mais jamais je n'aurai imaginé dans de telles circonstances... pour se battre contre moi !
Elle éclata en sanglots, et après quelques secondes d'hésitation, Léo la prit dans ses bras et la berça, en lui murmurant des mots rassurants.
- Je suis là, c'est fini... disait-il.
Peu à peu, ses pleurs se calmèrent, et elle se lova contre lui pour s'endormir lentement.
Léo remarqua qu'elle s'était endormie quand il entendit son souffle devenir régulier. Il la déposa alors convenablement sur son lit, la borda et resta quelques minutes à la regarder avant de s'asseoir contre le mur de lianes (il avait déjà testé sa solidité). De là, il pouvait voir le visage de la jeune fille tourné vers lui. Il finit par s'endormir lui aussi.
Le jeune homme se réveilla d'un coup, le cœur serré : il avait rêvé de sa famille, et de sa vie d'avant la rencontre avec Liaa.
Quelqu'un claqua des doigts devant lui et il sursauta. Puis il sourit en voyant Liaa, penchée vers lui, le visage souriant. Il se rappela l'avoir serré dans ses bras et rougit soudainement. Liaa rit puis se releva.
- Ça va ? demanda-t-elle.
- Oui, et toi ?
- Mieux, merci. Et... merci de m'avoir réconforté.
Léo rougit encore plus et se gratta la nuque. Liaa lui sourit.
- Oh, ça. Ce n'était rien, et puis ça m'a fait plaisir... de te réconforter, hein... s'empressa-t-il d'ajouter, rouge pivoine.
La jeune fille rit, puis Léo remarqua qu'il faisait nuit.
- Quelle heure est-il ?
- Une heure du matin. Viens.
Il se releva et s'aperçut alors qu'il était toujours torse nu, seulement recouvert de bandages.
- Euh... tu n'aurais pas un tee-shirt, par hasard ?
Il se reçu une boule de tissu dans la figure et grogna. Puis il entendit rire et sourit. Il écarquilla les yeux quand il vit qu'il tenait son propre tee-shirt blanc, celui qu'il avait au sanctuaire. Il était propre, comme neuf.
- Comment...
- Je suis plutôt douée pour le tissage.
Léo sourit et l'enfila tandis que Liaa attrapait un arc et un carquois. Lorsque son regard revint vers elle, il faillit faire une crise cardiaque.
- L-Liaa... tes cheveux... s'étrangla-t-il.
Les longs cheveux blonds-or de la jeune fille étaient devenus bleus. Elle lui sourit.
- Ne t'inquiètes pas, je t'expliquerais tout quand on sera dans la clairière.
Léo, stupéfait, la suivit à travers les couloirs du palais sylvestre en silence, silence qui devint rapidement gênant pour le garçon.
- Alors... pourquoi tout le monde ici déteste les humains ? interrogea-t-il timidement.
A la lumière de la Lune qui illuminait les couloirs, Léo vit qu'elle faisait la grimace.
- Liaa ?
- Eh bien... comment parler avec douceur de ce sujet-là... Tu comprendras qu'après la pollution, la chasse et la guerre – seulement des choses néfastes pour la nature – mon peuple et les autres soient en colère contre vous ? La population de certaines espèces d'animaux sont en voies d'extinction, la couche d'ozone de la Terre se fissure, plusieurs nymphes et elfes meurent à cause de la déforestation, et tout ça à cause de qui ?
Léo ne trouva rien à dire, blessé, et baissa les yeux. Énervée, Liaa accéléra le pas, et bientôt ils furent à l'air libre. Léo fit le tour de la clairière, classique mais magnifique à la clarté lunaire.
Liaa, le sourire retrouvé, se plaça au centre et lui fit signe de venir. Ils s'assirent et elle commença à parler.
- Bon. Lorsqu'on s'est rencontrés, j'avais les cheveux blonds-or, mon arme était une épée et je contrôlais la nature. Ces caractéristiques font parties intégrantes de ma forme de princesse des esprits sylvestres. Lorsque j'ai les cheveux bleus et que mon épée se transforme en arc avec carquois, je suis dans ma forme maîtresse des esprits aquatiques, avec laquelle je contrôle tout ce qui a un rapport avec l'eau.
Léo était subjugué. La jeune fille ferma les yeux, se concentra, puis ses cheveux virèrent au blanc-gris. Dans ses mains, l'arc bleu ciel brilla et s'allongea, pour devenir un sabre, un katana blanc-argenté.
- Voici ma forme reine des esprits célestes. Je maîtrise ainsi le climat, le vent, tout ce qui a un rapport avec le ciel.
Elle referma les yeux une fois de plus, puis ses cheveux prirent la couleur châtain-orangée et son katana se raccourcit et se scinda en deux pour devenir une paire de poignards dorés.
- Enfin, je suis maintenant dans ma forme protectrice des esprits bestiaux. Je peux parler par télépathie avec tous les animaux du monde, prendre leurs formes et les appeler à ma rescousse si besoin.
Léo resta bouche bée, et Liaa commença à rire. Puis elle retrouva ses cheveux blonds-or.
- Comme je viens d'être reconnue en tant que princesse des esprits sylvestres, cette forme sera celle que je revêtirai le plus souvent, pour l'instant.
- Whaouh... C'est... époustouflant ! Montres-moi, dit Léo en se mettant à genoux.
Liaa éclata de rire et il sourit. Elle avait beau détester les humains, il faisait vraisemblablement exception.
La jeune fille calma ses tremblements et se leva, puis se concentra, laissant pourtant échapper un sourire par moments. La terre trembla un peu et des tiges de feuilles sortirent violemment du sol pour venir entourer les bras écartés de Liaa. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, les tiges disparurent par là où elles étaient venues, et elle prit sa forme de maîtresse des esprits aquatiques. Elle tendit ses paumes vers le ciel et de l'eau en sortit, liquide, transparente, fluide, gracieuse. Elle tourna autour de la jeune fille puis se dirigea vers Léo, qui ne broncha pas. Puis l'eau s'évanouit et le jeune homme se retrouva face à une panthère noire. Elle se dirigea lentement vers lui, le fixant de ses yeux couleur miel. Léo voyait tous les muscles de son corps bouger avec grâce. La panthère se transforma soudain en un magnifique aigle royal qui fit doucement tomber Léo à terre pour prendre la forme d'une tortue de terre, puis d'un petit chaton blanc. Il rit et souleva le chaton dans ses mains, quand soudain il se retransforma en panthère, le clouant au sol. Elle ronronna lorsqu'il lui caressa le cou, puis Liaa reprit sa forme de protectrice des esprits bestiaux.
- Tu aimes les panthères, n'est-ce pas ? dit Léo.
- Elles sont magnifiques, ce sont en quelque sorte les reines de la jungle.
Soudain, ils se rendirent compte de leurs position : Liaa se trouvait à califourchon sur Léo. Ils rougirent puis elle se releva, ferma les yeux et prit la forme de reine des esprits célestes. Les joues toujours rougies, ses cheveux blancs-gris se soulevèrent avec le vent et elle s'envola, emmenant Léo avec elle. Surplombant la forêt, ils s'assirent dans l'air et ne dirent rien pendant quelques secondes. Puis Liaa tourna son regard vers la ville des humains.
- Léo, parles-moi de ta famille.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top