Jour 24 - Magie
Le lendemain matin, toute la petite famille se réveilla doucement avec les rayons du soleil. C’était de loin la meilleure nuit qu’ils avaient jamais passée… Veectoria fit comme tous les autres : elle s’étira en bâillant, se frottait les yeux et réclamait un bon café pour se réveiller.
– Ah, la Magie de Noël ! S’exclama Louise, l’électricité est revenue ! Allez, tous à table !
Les enfants ne se firent pas prier, tout comme Veectoria. Elle avait une faim de Lutin affamé ! Kate servit le café une fois que la cafetière fut pleine, Louise sortait le pain, accompagné de beurre et de confiture, ainsi que des céréales et autres fruits pour les disposer sur les tables. Jeanne s’installa à son tour, une fois le petit dernier assis dans sa chaise haute.
Le petit déjeuner se déroula dans la bonne humeur et un joyeux bazar qui mettait du baume au cœur. Tout le monde donnait le programme de sa journée avec enthousiasme. Pendant que le grand-père emmenait ses petits-enfants faire un tour en forêt pour chercher de quoi décorer la table du réveillon, Louise prévoyait de lancer les hostilités. Jeanne allait l’aider, Kate ne comptait pas s’approcher des fourneaux… et Veectoria fut invitée à se joindre en cuisine.
Kate avait malencontreusement lâché que Veectoria cuisinait très bien… sans penser une seule seconde que la Lutine faisait appel à la Magie. Elle ne savait pas vraiment cuisiner sans la Magie… Magie qu’elle ne pourrait pas utiliser si des humains étaient dans la même pièce.
– Désolée, mima Kate avec ses lèvres.
– Bien ! Mettons-nous au travail, lança Louise, toi, ma chérie, tu ne touches à rien ! Et toi, je te laisse t’occuper des légumes !
Veectoria se retrouvait avec un cageot de légumes à laver, éplucher et couper. Louise se chargeait de la viande et Jeanne des petits gâteaux. Kate, elle, vérifiait que les verres étaient toujours pleins.
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Veectoria profitait de l’arrivée des enfants pour esquiver la préparation du repas. Elle était ravie, parce que ça commençait à se voir qu’elle ne maîtrisait pratiquement rien sans la Magie…
L’atelier de fabrication de la décoration réclamait sa présence, fort heureusement. C’était la tradition depuis aussi longtemps que remontaient les souvenirs de Kate et Jeanne… elles étaient ravies de perpétuer la tradition avec leurs enfants.
La Lutine était parfaitement à l’aise avec les enfants, qui eux-mêmes avaient l’air de la connaître depuis longtemps, alors qu’ils avaient à peine fait connaissance la veille.
Kate était dans la cuisine, à parler de tout et de rien avec sa mère et sa sœur, mais elle jetait souvent – peut-être trop – un œil dans le salon-salle à manger. C’était pour s’assurer que tout se passait bien, absolument pas pour observer Veectoria à la dérobée…
– Katie ? Tu veux bien nous aider un peu ?
Elle levait les yeux au ciel en soupirant, avant de se tourner vers le plan de travail en affichant un sourire. Si seulement elle pouvait trouver une excuse pour rester postée à son mirador… Elle n’avait pas du tout envie de mettre les mains à la pâte en écoutant les deux autres parler de tous les ragots du village et des alentours.
Tandis que les plats mijotaient et que les gâteaux refroidissaient, Kate se servit un thé. Les rires des enfants résonnaient à travers les murs, comme la chaîne stéréo qui diffusait des chants de Noël. Pour parfaire le cliché, il commençait à neiger dehors. La nuit était tombée d’un coup, il faisait bon être à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur.
Kate balaya du regard à droite, puis à gauche, pour s’assurer que personne n’était dans le coin, avant de piquer un gâteau qui refroidissait sur une plaque. Ce qu’elle n’avait évidemment pas le droit de faire.
– Prise la main dans le sac ! dit-on, alors qu’elle avait la bouche pleine.
Kate sursauta, pour croiser le regard rieur de Veectoria. Elle partagea son rire amusé, puis lui tendit le reste de son biscuit.
– Tentative de corruption, en plus ! Sourit la Lutine, on dirait que ça marche…
La Lutine avala la dernière bouchée, tandis que Kate lui servait un thé.
– Alors, comment s’en sortent les enfants ?
– Bien, on a terminé… je leur ai promis des chocolats devant un dessin animé.
– Donc, du chantage, sourit Kate en lui tendant sa tasse.
– On dirait, admit la Lutine, mais je crois que ton père en est ravi.
– Tu ne m’apprends rien ! Je crois que ma mère range les chocolats dans le coin… ne bouge pas.
Kate ouvrit plusieurs portes de placard au hasard, avant de trouver le Saint Graal. Elle tendit une belle boîte de chocolat à Veectoria, tandis qu’un cri déchirait l’ambiance reposante.
– Papa aurait dû les sortir plus longtemps, soupira Kate, j’espère que ça ne va pas virer en bagarre générale…
– Ne t’en fait pas, ça ne risque pas, lui confia la Lutine.
– Je te trouve bien sûre de toi… tu leur as promis quoi, s’ils étaient sages ?
La Lutine avait ri. Un beau rire irrésistible que Kate aurait bien voulu enregistrer.
– OK, je vais te le dire, mais… tu me promets que ça reste entre nous et que tu ne seras pas fâchée ?
– C’est grave à ce point ?
La Lutine secoua la tête.
– Je glisse un peu d’ingrédient secret dans la nourriture, avoua-t-elle, ça aide tout le monde à se détendre… ils sont sages comme des images à cause de ça.
– Dis plutôt « grâce à ça », s’amusa Kate, mais d’accord… je ne dirais rien à personne. Tant que la paix règne sur la maison, tu mets ce que tu veux dans la nourriture !
– Je savais que tu allais dire ça – si tu veux bien me laisser opérer.
Kate lui laissa le champ libre. Veectoria agita ses doigts au-dessus des casseroles, de la poussière dorée s’en échappa, avant de se fondre dans la viande rôtie, les légumes et la sauce. Elle fit de même avec les biscuits, avant de passer aux chocolats.
Veectoria tendit un biscuit à Kate :
– Ton avis ?
L’humaine croqua dans le biscuit, pas persuadée que le goût ait bien changé… mais elle comprit de suite le pouvoir de cette poussière magique. Le biscuit avait une saveur absolument délicieuse, sucrée, mais pas trop, avec des épices relevées, mais pas agressives pour les papilles.
– Wow, s’étonna-t-elle, c’est le meilleur biscuit que j’ai jamais mangé… c’est dingue, il n’a pas le même goût que l’autre !
La Lutine arborait un grand sourire :
– Je sais, c’est impressionnant ! Ça prend du temps pour bien doser la chose, mais quand on a trouvé le truc, c’est un régal !
– Et ça ne risque rien ?
Veectoria secoua la tête :
– T’inquiète ! Il y a très peu de Magie dans la poussière. Juste assez pour adoucir les humeurs et les nerfs.
De toute manière, il était trop tard pour revenir en arrière. Elles dégustèrent un autre gâteau sans se soucier d’être prises sur le fait. Leurs corps étaient proches, à tel point que leurs parfums se mêlaient.
– Tu en as mis dans les plats que tu as préparés jusqu’ici ? chuchota Kate.
– Non, ne t’en fait pas, sourit la Lutine, j’en mets que dans les situations de crise.
– On est en situation de crise pour toi ?
– Non ! Mais tu étais stressée par ce séjour, donc… Je me suis dit qu’apaiser les tensions avant qu’elles n’apparaissent serait une bonne idée.
– La meilleure que tu pouvais avoir ! Je comprends mieux pourquoi tout le monde me lâche.
– Ça ne fait pas tout, mais… C’est vrai que c’est une bonne idée, sans vouloir me vanter.
Kate lui accorda le point. Elle remit ses cheveux en place derrière son oreille, tandis que leurs regards ne se quittaient pas pendant un long moment. Celui-ci était comme suspendu, sans que cela ne dérange qui que ce soit sous ce toit…
– Maman ! Hurla Alice en débarquant dans la cuisine, je meurs de faim !
Kate et Veectoria étaient revenues sur terre et s’étaient soudainement éloignées. Alice prit la boîte de chocolat que sa mère lui présenta sans demander son reste, tandis que Veectoria l’accompagnait au salon. Elle fuyait grossièrement la situation.
Kate inspira, avant de pousser un grognement contrarié, en s’emparant d’un biscuit pour se calmer les nerfs.
– Catherine ! S’exclama sa mère, bon sang ! J’ai dit que personne ne devait toucher à ces biscuits avant ce soir !
La concernée leva les yeux au ciel. Il lui en faudrait tout un sachet pour faire passer son humeur actuellement.
– Maman, sourit Jeanne, on en a largement assez ! Je vais faire du chocolat chaud pour tout le monde, allez vous installer au salon, j’arrive !
Elles s’exécutèrent. Louise rajouta une couche à propos des biscuits, Kate lui promit qu’elle n’en avait mangé qu’un et que personne n’allait mourir par sa faute… quand elle croisa le regard de Veectoria, elles surent toutes les deux que plus d’un biscuit était décédé durant l’opération. Mais personne d’autre qu’elles n’avaient besoin de le savoir.
✨🐰✨🐰✨
Jour 24 publié !
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