Jour 23 - Bougies
Plus que 2 jours :D
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Après une journée plutôt reposante – tout était relatif avec cinq enfants survoltés sous le même toit – Kate se décida à faire un tour dans le village avec Alice. Comme elle n'avait pas vraiment le choix, ses neveux et nièces l'accompagnèrent. Elle aurait préféré passer un moment seule avec Veectoria – c'était difficile, depuis leur arrivée – mais visiblement, sa sœur n'avait pas compris le message.
Pendant que les enfants s'amusaient devant avec Veectoria, Kate marchait aux côtés de sa sœur. Elle trouvait bizarre qu'elle soit restée chez leurs parents, la veille... d'habitude, elle ne pouvait pas s'empêcher de parler de sa superbe maison dans les hauteurs d'un village voisin. La tradition voulait que les 24 et 25 décembre au soir, toute la famille soit rassemblée pour passer la nuit sous le toit familial... Jeanne acceptait avec réticence, mais cette année, elle semblait bien moins revêche.
– Où est passé Martin ? demanda Kate, après un long moment silencieux. Je croyais qu'il ne te quittait pas d'une semelle.
Jeanne prit un moment avant de réagir. Elle stoppa sa marche, attirant le regard de sa benjamine dans le sien :
– Martin et moi sommes en train de divorcer, avoua-t-elle.
– Pardon ?
Kate était sous le choc. Martin et sa sœur étaient le cliché parfait du couple parfait qui ne manquait de rien. Lui était chef d'entreprise et gagnait bien sa vie – rien que sa maison pouvait en témoigner – et Jeanne était une belle caricature de la mère ménagère de la classe supérieure... Ils s'étaient rencontrés au lycée et s'étaient mariés jeunes, avant de fonder une famille tout ce qu'il y avait de plus classique.
Même si Kate n'aimait pas Martin – surtout, sa sale tendance à lui reprocher de ne pas avoir d'homme dans sa vie – elle supportait son beau-frère pour Jeanne.
– Comment et... Pourquoi ? enchaîna-t-elle. Je croyais que c'était le parfait amour entre vous ?
– Oui, et bien, souffla Jeanne, l'expression peinée, il semblerait qu'il aime sa secrétaire plus que moi, à présent...
– Oh, Jeanne... je suis désolée. Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ?
– Bien, je... c'est ridicule, mais j'ai extrêmement honte, tu sais. J'ai tout fait pour garder Martin... des régimes stupides, du sport à la noix, des travaux de partout dans notre maison, des activités pour les enfants, pour qu'il soit fier d'eux... et tout ça n'a servi à rien. Du moins, ça n'a pas empêché qu'il me trompe avec une jeunette... je ne peux pas rivaliser avec elle.
Kate la serra dans ses bras, lorsque sa voix se brisa. Elle lui caressa le dos en l'encourageant, durant un long moment.
– Et comme je suis une bonne cruche, j'ai dû partir de la maison, ajouta-t-elle, et il refuse de voir les enfants... j'ai dû me réinstaller chez nos parents et... c'est toi qui avais raison, Martin est un gros con et on ne peut pas lui faire confiance !
– J'ai vraiment dit ça ? s'étonna Kate, bien que cela soit totalement possible – voire, carrément probable.
Sa sœur lui lança un regard entendu.
– Tu dois me trouver idiote et nulle, murmura Jeanne, à pleurer pour cet idiot alors que tu m'avais prévenue...
– Mais non... ce n'est pas toi l'idiote, OK ? C'est lui. Faut vraiment être un gros con pour tromper sa super femme avec une secrétaire... Sérieux, on est où ? Dans une sitcom américaine ?
Cela fit rire Jeanne, grande fan de ce genre de chose, contrairement à sa sœur. Elles avaient longuement négocié tout au long de leur adolescence pour la télécommande de la TV.
– Ça n'a pas dû être facile, reprit Kate, je suis désolée de ne pas avoir été là pour toi.
– Tu as ta vie et tes propres problèmes, je... je ne voulais pas te déranger. Puis... j'avais peur de t'entendre dire « je te l'avais bien dit » sans pouvoir l'encaisser.
– Jeanne... je n'aurais jamais fait ça, d'accord ? Je suis désolée si je t'ai fait penser le contraire. ... Et comment les enfants le prenne ?
– Bien... c'est assez récent, donc... Je leur ai dit que leur père avait du travail, mais... je vais bien devoir leur dire pour le divorce. Je compte le faire après les fêtes, en espérant qu'ils ne se sentent pas abandonnés ou rejetés... Martin ne veut plus rien savoir, ni de moi ni des enfants. Papa a essayé de lui parler, mais autant parler à un mur !
Kate se retint de souffler fort en levant les yeux, pour ne pas blesser sa sœur. À la place, elle lui sortit un mouchoir du paquet dans sa poche.
Pendant qu'elle se mouchait et essuyait les larmes sur ses joues et aux coins de ses yeux, Kate perdait son regard sur ses neveux et nièces. Les cousins jouaient à chat avec Veectoria dans l'insouciance la plus totale.
– J'imagine que financièrement, ça ne doit pas être la fête, nota Kate. Si tu as besoin, j'ai de l'argent de côté.
– Ça va aller... Papa et Maman m'ont donné un peu d'argent pour les enfants et... je commencerais à chercher un travail au début de l'année. J'espère juste... que je serais bonne à quelque chose.
– Mais bien sûr ! T'es une fille intelligente et débrouillarde, tu vas forcément trouver quelque chose.
Jeanne hocha la tête, pas convaincue.
– C'est toi qui avais raison, avoua-t-elle, j'aurais dû continuer mes études à la place d'aider Martin avec son entreprise. C'était stupide. Je n'ai plus rien maintenant.
– T'as quatre supers enfants, des parents présents pour toi et une sœur que tu peux appeler quand tu veux, même si elle vit de l'autre côté de la manche...
Jeanne sourit. Elles se serrèrent à nouveau longuement dans les bras, avant de reprendre leur marche, leurs bras joints.
– Et toi alors ? On dirait que tu as trouvé chaussure à ton pied... finalement.
– De quoi ? s'étonna Kate. Oh, tu penses à Veecky... ne soit pas idiote, elle s'occupe d'Alice, simplement.
– Aller, tu peux l'avouer ! J'ai bien vu comment vous vous regardez... et vos messes basses... et j'ai bien remarqué qu'elle a dormi avec toi.
Kate dû se mordre la langue pour ne pas lui avouer que Veectoria n'avait pas besoin de dormir, étant donné qu'elle était une Lutine... et qu'elle avait simplement profité de la TV dans sa chambre. Il n'y en avait pas dans les autres chambres, voilà tout.
La benjamine cherchait une explication plausible qui serait assez convaincante pour qu'elle ne se méprenne pas.
– Je suis surprise, enchaîna Jeanne, oh, pas négativement, juste... elle a l'air proche d'Alice et... Crois-moi, je suis très contente pour toi ! C'est bien de... s'assumer et...
Kate lui lançait un air entendu, parfaitement consciente que le sujet ne la mettait pas du tout à l'aise.
– Jeanne... Veecky est sa nounou, pas ma petite-amie, d'accord ?
– Oh, arrête ! Maman m'a tout raconté ! Je sais que tu la fais passer pour une fille au pair, mais qu'en fait, vous sortez ensemble ! Maman est persuadée qu'on doit te laisser nous l'annoncer quand et comment tu le veux... mais je ne suis pas aveugle ! Je sais reconnaître deux personnes qui s'aiment.
Kate papillonna des yeux, perplexe.
– Mais de quoi tu parles ? rit-elle nerveusement, Veecky et moi, on n'est pas ensemble !
Ce fut au tour de Jeanne d'afficher un air entendu :
– Tu ne démens pas que vous vous aimez ! Hein ! Je le savais !
Elle trépignait sur place en poussant un cri strident.
– Oh, là ! La stoppa Kate, calme-toi ! T'as trop regardé de romance à l'eau de rose ! On n'est pas ensemble, Veecky et moi, et...
Elle hésita à continuer cette phrase, mais elle se décida finalement :
– Elle va partir le 25 décembre, après les fêtes de Noël. Dans deux jours, soit.
La déception se lisait sur ses traits :
– Quoi ? Mais pourquoi ? Elle ne veut pas rester avec vous ?
– Bien... je ne pense pas. Elle n'était là que pour quelques semaines, c'était convenu d'avance et... elle a sans doute hâte de découvrir d'autres espaces.
Jeanne observa sa sœur, déçue et refusant d'y croire. Elle dut bien l'admettre après de longues secondes de silence.
– Et tu ne vas rien lui dire ?
Kate secoua la tête :
– À quoi cela servirait ? On n'enferme pas quelqu'un qui à la bougeotte sans en payer le prix... J'en sais quelque chose, tu ne crois pas ?
Jeanne hocha la tête, toujours terriblement déçue.
– Mais tu ne penses pas qu'elle a le droit de le savoir ?
– Je ne pense pas qu'elle ait besoin de le savoir, non.
Jeanne n'eut pas le temps de répondre, Veectoria était venue vers elle avec son petit dernier dans les bras :
– Je crois que quelqu'un est fatigué... et quelqu'un d'autre est gelée aussi.
– C'est vrai qu'il est tard, nota Kate, on devrait rentrer !
La petite troupe rebroussa chemin pour retrouver la maison familiale, le tout dans la bonne humeur, même si Jeanne était frustrée de ne pas avoir terminé sa conversation avec Kate.
Quand ils arrivèrent, la nuit était presque tombée.
– C'est bizarre, tout est éteint, nota Jeanne.
Une fois à l'intérieur de la maison, les promeneurs constatèrent que les bougies électriques côtoyaient les bougies de cire sur tous les meubles...
– Ah, les filles ! Vous tombez bien ! Aidez-moi à mettre des bougies ! Le courant est coupé dans la moitié du village, et ce, jusqu'à nouvel ordre !
– Mais la cheminée marche, hein ? demanda Veectoria.
– Oui, ma chérie, il fait bien chaud, ne t'en fait pas !
Son soulagement fut sincère et fit sourire Kate.
Après quelques dizaines de minutes, le salon fut prêt. Comme c'était la seule pièce chauffée de la maison, toute la petite famille avait décidé de passer la nuit dans le salon. Kate et Jeanne avaient installé des matelas, déplié le canapé, avant de placer coussins et couvertures çà et là. Veectoria aidait Louise à illuminer la maison, pendant que Jean-François était allé aux nouvelles au village.
Alice jouait avec ses cousines dans un coin du salon, avant qu'il ne soit l'heure d'enfiler les pyjamas. Comme la cuisinière et le four étaient hors d'usage, le dîner fut composé de petits gâteaux et de chocolat réchauffé sur le poêle. Les enfants étaient ravis.
Kate aurait préféré dire à ses parents que Veectoria pouvait faire apparaître un dîner bien chaud pour tout le monde... malheureusement, elles devaient garder le secret sur la nature de la Lutine.
Étant donné que la TV était hors service, Veectoria dégaina un livre de contes de Noël que Louise avait illustré, et commença à raconter des histoires pour endormir les enfants. Les adultes se laissèrent happer par le récit, eux aussi...
Peu à peu les yeux se fermèrent, le marchand de sable passa discrètement, tandis que Veectoria finissait le second conte du livre...
– Bonne nuit, tout le monde, murmura la Lutine, avant de poser le livre sur la table basse, non loin de là.
Elle passa devant tout le monde, soufflant de la poussière de Magie de la paume de sa main sur le visage de la petite famille. Malgré les conditions, ils allaient tous passer une bonne nuit.
La Lutine observa les enfants dormir paisiblement, avant de remonter le plaid qui couvrait Jeanne, puis Kate, qui lui avait gardé une place auprès d'elle... elle devait faire semblant de dormir, comme une humaine normale.
Dans un sens, ça lui allait... elle était couchée à côté de Kate, ce qui était très agréable. C'était sans doute la nuit la plus agréable qu'elle ait jamais passée, d'ailleurs.
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Il reste 3 chapitre + l'épilogue :3
Passez tous un bon dernier jour avec Noël :D
A tout',
Haydn
PS : J'ai oublié de vous mettre l'illus la semaine dernière T_T
Du coup, la voilààààà :
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