Jour 21 - Emballage
Veectoria était contente de rentrer. Il ne faisait pas bon laisser son Lutin dehors aujourd’hui ! Le vent du Nord soufflait beaucoup trop fort à leur goût et la température était bien fraîche.
– Je suis rentrée ! annonça-t-elle en se débarrassant de ses bottes, puis de sa veste. Bon sang, ce qu’il fait froid dehors !
Elle croisa son reflet dans le miroir, pour constater que le bout de son nez était rougi par le froid. Elle tenta de le réchauffer avec sa manche en rejoignant Kate, qui pianotait sur son ordinateur en sirotant un thé fumant.
La Lutine trouva une tasse de thé pour elle avec soulagement – le bout de ses doigts étaient glacés !
– Tu as trouvé facilement ?
– C’est Alice qui m’y a emmenée, avoua la Lutine. Je n’ai pas encore tout le quartier en tête.
– Elle est déjà allée chez cette amie plusieurs fois. Elle devrait bien s’amuser.
– Vu le bruit qu’il y avait dans la maison, je crois bien ! Heureusement, ce n’est pas mon problème.
– Comme elle va se gaver de sucre, à mon avis, ça va être notre problème dans quelques heures.
Alice avait été invitée à l’anniversaire d’une de ses copines de classe pour l’après-midi. Veectoria pensait rester avec elle, mais Kate lui avait dit que cela n’était pas nécessaire. Après tout, elle avait aussi le droit de prendre son après-midi une fois de temps en temps.
– Tu ne voulais pas faire quelque chose ?
– Pas avec un froid pareil, maugréa la Lutine, il faut être fou pour mettre les oreilles dehors ! Et le nez ! Tout ce que tu veux !
Kate avait ri.
– Tu veux que je te laisse travailler ?
– Oh, non… je regardais juste mes mails pour être sûre que tout allait bien. C’est une grosse période pour l’agence.
Elle referma son ordinateur portable :
– Vu que j’ai fini, on va pouvoir se caler sous le plaid, devant la TV, avec un programme parfait pour contrecarrer le temps maussade…
– Ah bon ?
– Un marathon de téléfilms de Noël, ça te tente ? Avec petits gâteaux, chocolats fourrés et autres chocolats chaud aux épices…
Veectoria hocha la tête. Plutôt ça que de mettre un pied dehors !
– Je dois aussi emballer les cadeaux pour toute la famille, mais ça peut se faire devant la TV.
– Désolée, mais je ne suis pas super au point sur la Magie de ce style.
– Pas de soucis, je gère, sourit Kate avec un clin d’œil.
Pendant que Kate sortait le papier cadeau, le scotch et les rubans, Veectoria préparait un plateau TV spécial Noël pour elles deux. La Lutine alluma la TV et parcourut les chaînes pour trouver un téléfilm de Noël lambda et commencer leur marathon.
– J’espère que ça plaira à Jeanne, tout ça, souffla Kate, qui étalait les tenues sur le canapé.
– Pourquoi est-ce que ça ne lui plairait pas ?
– Bien… on a des goûts très différents. Des opinions très différentes, également. Puis, j’imagine qu’elle a déjà acheté des tenues de Noël à ses enfants.
– Elle sera peut-être contente d’en avoir deux, l’encouragea la Lutine.
Kate haussa les épaules, pas franchement convaincue. La relation qu’elle avait avec sa sœur était… comment dire ? Difficile. Elle l’avait toujours été. Quand la benjamine, Kate, était aventureuse et n’avait pas froid aux yeux, Jeanne, l’aînée, restait prudente et mesurait la moindre chose avant de se lancer. Cela se retrouvait dans les moindres aspects de leurs vies, dans leurs choix de carrière, leurs vies de famille, la manière dont elles élevaient leurs enfants…
– Jeanne a besoin de toujours tout contrôler, confia Kate, en amont, je veux dire… Personnellement, je pense que tu contrôles les choses que tu peux une fois lancées.
– Ça ne doit pas être facile tous les jours de vous avoir dans la même pièce, rit la Lutine.
– On dirait ma mère… mais oui, tu as raison. Même si on ne se voit plus trop depuis que je me suis installée à Londres.
Kate avait le visage nostalgique.
– Je peux te demander pourquoi ?
– Tu peux toujours essayer, sourit-elle. En fait… j’ai postulé à une école ici, à Londres, sans penser que j’allais être acceptée. Je n’avais rien dit à mes parents, encore moins à Jeanne. Je les ai mis devant le fait accompli, plus ou moins.
La tête qu’ils avaient tirée valait le déplacement.
– Jeanne a essayé de m’en dissuader. Je suis partie deux jours avant la rentrée, sans avoir d’appartement et sans connaître personne dans ce pays. Mes parents étaient contrariés par tout ça, donc… heureusement que j’avais de l’argent de côté, on va dire.
– Ça n’a pas dû être facile.
Elle haussa les épaules :
– J’ai fait quelques petits boulots pour subvenir à mes besoins, tant bien que mal, j’y suis arrivée. Puis, le temps passant… mes parents ont fini par avaler cette histoire.
– Mais pas ta sœur ?
– J’imagine qu’elle a dû s’inquiéter tout ce temps… je ne donnais pas vraiment signe de vie. Ça aurait pu mal tourner, mais… je ne sais pas, j’avais besoin d’un peu de défi et d’aventure.
Elles échangèrent un sourire. Puis Kate enchaîna :
– Quand je suis tombée enceinte et que mon petit-ami m’a quittée, Jeanne et ma mère n’ont pas compris pourquoi je suis restée ici. Je ne sais pas, elles s’imaginaient que j’allais rentrer et que… Alice et moi allions vivre chez nos parents. J’étais enceinte jusqu’au cou quand j’ai passé mes examens, mais je les ai passés !
– Et ton père, dans tout ça ?
Kate inspira, puis soupira, avec un sourire amusé :
– Elles ne sont pas au courant, mais… il m’a envoyé de l’argent quand j’ai dû arrêter de travailler. J’étais mal en point, la grossesse me pesait, Alice était en pleine forme et moi, j’avais l’air d’un zombie tout droit sorti d’un film… C’est grâce à lui que j’ai pu passer ces quelques mois, me sentir plus sereine pour l’avenir. Il a financé les premiers mois de nos vies à deux, jusqu’à ce que je décroche mon premier emploi. J’étais très fière, mais je crois qu’il devait l’être encore plus que moi ! Enfin… Je crois que ni ma sœur ni ma mère n’ont réellement compris à quel point c’était important pour moi d’avoir une vie professionnelle. Pour moi, comme pour Alice. Je ne veux pas qu’elle manque de quoi que ce soit ou qu’elle ait à galéré comme moi quand j’ai débarqué à Londres… et ça, ça demande quelques efforts.
– Je comprends, oui… on peut dire que tu as bien réussi ! Et je ne pense pas qu’Alice manque de quoi que ce soit si tu es à ses côtés… peu importe la situation.
– Je l’espère…
Elles échangeaient un long regard, un sourire tendre, sur la musique d’ambiance du film qui collait parfaitement à la scène… du moins, jusqu’à ce qu’une explosion ne les ramène sur terre. Elles échangèrent un rire, une fois compris que cela provenait de la TV.
– Et toi ? Est-ce que tu as des frères et sœurs ?
– Moi ? Oh… peut-être. Je n’en sais rien, à vrai dire.
Comme Kate avait l’air perplexe, elle enchaîna :
– Les Lutins ne sont pas très famille de base… on s’intègre au sein des familles des autres, mais on ne se retrouve jamais. Je n’ai aucune idée de ce que deviennent mes parents.
– Oh… Je vois.
– J’étais contente quand Lubeen m’a trouvée, c’est le premier membre de ma famille que je rencontre, au-delà de mes parents… j’étais surprise, mais c’était sympa d’apprendre à se connaître.
– J’imagine… je ne savais pas que les Lutins étaient de grands solitaires.
L’expression de Veectoria s’atténua un peu :
– En fait, ce n’est pas une question d’être solitaires… c’est une question de concurrence. C’est difficile de trouver un bon foyer et… disons que quand on a un endroit, on doit tout faire pour éviter qu’on nous le prenne, tu comprends ? Donc… une fois qu’on est en âge de gérer seuls, nos parents font en sorte qu’on prenne le large et qu’on ne revienne pas traîner dans leurs pattes. Du moins, quand on ne vit pas au Pôle Nord.
– Ça ressemble bien à Lubeen de ne pas suivre la règle, pouffa Kate.
– J’ai pensé qu’il se fichait de moi, au début ! Mais quand je l’ai rencontré, j’ai compris qu’il n’y avait rien de bizarre derrière nos retrouvailles. J’étais contente, même si je savais que j’allais devoir le quitter bientôt… au moins, on s’est vus pendant quelques semaines.
Kate hocha la tête.
– Et tu… tu comptes partir où ? Tu voudrais rester à Londres ?
Veectoria aurait pu lâcher un « je voudrais rester avec toi », mais elle se mordit la langue.
– Peut-être… enfin, non, je vais passer l’hiver dans un pays chaud ! Là où le vent ne fait pas geler mes oreilles et mon nez !
Elles échangèrent un rire, avant que Kate ne se lance dans l’emballage des cadeaux. Veectoria était très proche de lui demander l’hospitalité encore quelque temps… mais elle y renonça. Le moment était sympathique, elle ne voulait pas tout gâcher avec ses histoires !
De toute façon, les choses étaient claires dès le départ… on ne pouvait pas tout changer du jour au lendemain juste pour ses beaux yeux !
✨🐰✨🐰✨
J'ai essayé de publier hier mais je n'ai pas réussi :( il y avait un soucis avec le serveur de wattpad :(
En tout cas c'est bientôt Noël, ce qui veut dire que c'est bientôt la fin de cette histoire!
À tout'🐰
Haydn
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