Jour 19 - Famille
Le lendemain matin, Veectoria profitait de la grasse matinée d'Alice pour parler avec Kate. Elle était décidée à résoudre cette situation le plus rapidement possible... et pour ça, elle devait le faire pendant qu'Alice n'était pas là, ce qui ne laissait pas trop de fenêtres de tir.
Kate travaillait sur son ordinateur dans le salon, sirotant son café en mettant de l'ordre dans des papiers et son agenda. Veectoria lui présenta un café fraîchement coulé avec un grand sourire avenant :
– Est-ce qu'on peut discuter quelques minutes ?
Kate lui fit signe de s'asseoir. Elle s'y attendait depuis quelques jours... ce fameux moment où Veectoria allait lui dire « je pars ». Ou « j'ai trouvé quelqu'un pour me remplacer ». Autant dire qu'elle fut surprise lorsqu'elle évoqua ses parents.
– En fait... ce que voudrait vraiment Alice pour Noël, ce serait de voir ses grands-parents. La liste, ce n'est... pas réellement ce qu'elle désire. Elle a peur de t'en parler, parce que... elle sent bien que tu n'es pas ravie d'aller là-bas.
Kate la toisa un moment avec de grands yeux, avant de soupirer.
– C'est de ça que vous parliez hier, dans la cuisine ?
La Lutine hocha la tête positivement.
– Je devais m'en douter, marmonna Kate. Ça fait longtemps qu'on n'est pas allées les voir...
– Ce serait une bonne occasion, l'encouragea la Lutine, je n'ai pas compris ce qui te met mal à l'aise, mais... Alice à l'air de le vouloir sincèrement.
Kate hésita un long moment. Ce n'était pas son genre de s'épancher sur des sujets personnels... mais avec Veectoria, c'était différent. Elle saurait peut-être même l'aider, qui sait ?
– En fait... ce n'est pas que je déteste mes parents ou aller les voir... c'est autre chose. C'est compliqué.
Comme Veectoria ne savait pas quoi dire, elle se contenta de l'encourager avec un sourire.
– Je ne veux pas qu'Alice se sente mal et différente. Ma sœur est mariée à un bon parti, elle a quatre gosses parfaits, la belle maison chic et le chien qui va avec... même si mes parents ne m'ont jamais rien dit, je sais qu'ils ont du mal à comprendre que je ne sois plus avec le père d'Alice. On n'était pas mariés à l'époque, et on ne l'a jamais été. Je crois qu'ils sont...
– Déçus ou désappointés ?
– Quelque chose comme ça, oui.
– Mais tu as un bon travail, un superbe appartement et... Alice est une bonne élève. Elle fait vivre un enfer aux nounous, mais j'ai déjà vu pire !
Son visage souriant arracha un sourire à Kate, qui remit ses cheveux derrière son oreille.
– Oui, mais... on n'est pas dans un schéma très classique d'une famille bien sous tout rapport. Personnellement, je m'en fiche... mais je ne veux pas qu'Alice se sente différente. Malheureusement, avec cette famille, c'est impossible ! Tu verrais ma mère, toujours à me demander si j'ai un homme dans ma vie ! Sans parler de ma sœur, qui cherche un père pour ma fille à chaque coin de rue !
Elles échangèrent un rire. Au moins l'humeur de Kate fut plus légère.
– Enfin, j'imagine que je peux faire un effort pour les fêtes. Ma mère me harcèle pour qu'Alice vienne quelques jours chez eux.
– Ah, parfait ! Tu pourrais l'accompagner et rester quelques jours, comme par exemple, jusqu'après Noël ? suggéra Veectoria.
Kate affichait un air entendu, mais amusé :
– Quelle belle idée, je n'y avais pas pensé avant !
– Tu vois, ça sert d'avoir un Lutin dans sa vie.
Veectoria ramassa sa tasse vide pour l'emmener dans la cuisine et la laver. Kate l'a suivie :
– Mes parents vivent en France. En Alsace, près de Strasbourg.
Veectoria l'étudia un moment :
– Alice ne parle pas beaucoup français parce que je lui parle en anglais la plupart du temps. C'est aussi une chose qui me freine un peu. Je crains toujours que ses cousins soient... tu vois, de sales gosses, parce qu'elle ne comprendrait pas.
– Oh... bien. Je suppose que c'est normal... mais j'ai peut-être une solution pour toi.
Kate l'étudia un long moment, avant que la Lutine ne lâche le morceau :
– J'ai vécu à Paris quelque temps, donc je parle plus ou moins français. Notre contrat court toujours... que ce soit ici ou ailleurs... je peux m'occuper d'Alice.
Kate semblait surprise :
– Tu parles vraiment français ?
– Avec un accent horrible et juste les choses courantes.
– Je ne m'y attendais pas, avoua Kate dans un rire.
– Je parle aussi un peu italien et espagnol, du moins, assez pour la vie courante.
– Bien, dans ce cas... si ça ne te dérange pas de nous accompagner, ce serait avec plaisir.
– Ça ne dérangera pas tes parents ?
– Oh, je ne pense pas... je vais leur dire que tu es jeune fille au pair et que tu t'occupes d'Alice. Ça devrait passer comme une lettre à la poste.
– Bien, dans ce cas... j'ai hâte ! Je n'ai vu que Paris quand j'étais en France...
– Ça devrait te plaire, sourit Kate, surtout en cette période de l'année... j'espère que tu ne vas pas prendre peur avec ma famille.
– Ne t'en fait pas pour ça... je suis Lutine des Foyers depuis assez longtemps pour ne plus me laisser surprendre par ce qu'il se passe au sein des familles. Humaines ou non.
– Bien... dans ce cas... je vais appeler ma mère tout à l'heure. Je te laisse annoncer la nouvelle à Alice.
– Oh, si jamais elle te demande, cette idée ne vient pas d'elle du tout, d'accord ? C'est entièrement mon fait.
Kate sourit :
– Alice n'a rien à voir là-dedans, c'est noté...
– Parfait !
Lorsque Kate revint, après son coup de téléphone à sa mère – elles en avaient eu pour deux heures, le temps que celle-ci fasse le tour des ragots et des nouvelles de connaissances dont Kate se fichait totalement. Mais elle avait fait l'effort, cette fois.
Elle avait aussi patiemment répondu à l'interrogatoire de sa mère concernant Veectoria. Il y avait de quoi faire, sa mère était fertile quand il s'agissait de s'immiscer dans ses affaires. Kate avait parlé de Veectoria pour la rassurer, elle était une fille sérieuse, Alice l'aimait beaucoup et elle ne pouvait pas la laisser seule à Londres pendant presque une semaine...
Comme la situation était à prendre ou à laisser, sa mère finit par lâcher le morceau. Elle verrait bien elle-même si cette fille était si bien que ça, une fois qu'elle l'aurait sous les yeux !
Kate leva les yeux au ciel plusieurs fois au cours de leur échange, mais heureusement, cela prit fin lorsqu'elle raccrocha. Elle regrettait déjà sa décision... mais elle pensait à Alice, puis à Veectoria, et à sa mère – elle ne pouvait plus reculer.
Lorsqu'on annonça la nouvelle à Alice, elle avait bondi de joie. Elle avait serré sa mère et Veectoria dans ses bras, ravie de la nouvelle. Elle était tellement excitée qu'elle sautait sur place... elle dressa une liste orale de tout ce qu'elle devait emmener pour son voyage, sous les sourires de Veectoria et Kate.
Alice avait hâte d'aller en France, de voir ses grands-parents, son oncle et sa tante, ainsi que ses cousins. Sans oublier les chiens de la famille !
– Oh, mais qu'est-ce qu'on va faire de Neige ? demanda-t-elle, cherchant son lapin du regard.
– Je suppose qu'il va rester ici... c'est un trop long voyage pur un lapin, ma puce.
– Mais... il ne va pas rester tout seul ici ?
– Euh... non... je vais lui trouver un endroit, ne t'en fais pas.
– C'est comme... des vacances de lapins ? Pour Noël ?
Kate sourit :
– Oui, c'est ça... des vacances de lapins pour Noël ! Je dois lui trouver une chambre d'hôtel.
Alice prit son lapin dans ses bras :
– T'as entendu, Neige? Tu vas partir en vacances, toi aussi ! C'est cool, hein ! Des vacances de lapin rien que pour toi ! Et Lucy ? Elle va rester ici ?
Kate et Veectoria échangèrent un regard, avant que la Lutine ne réponde :
– J'imagine qu'elle peut venir avec nous... je peux la mettre dans ma veste !
– Mais elle devra rester dans ma chambre – et tu ne dois pas en parler, d'accord ? On aura du mal à expliquer comment un lapin en peluche est en vie sans dire à tout le monde que Veectoria est une Lutine.
– Ouais, d'accord ! On va tout cacher à tout le monde, hein, Lucy ?
La lapine hocha la tête, même si elle ne comprit sans doute pas ce qu'on attendait d'elle.
Kate pianotait sur son téléphone, à la recherche d'une personne qui pourrait garder Neige pour quelques jours... le lapin ne pouvait pas rester seul ici pendant une semaine... et qui serait d'accord de s'en occuper ?
Elle arrêta de scroller quand son pouce manucuré s'arrêta sur un contact. Elle souriait diaboliquement, appuya dessus, pour que le téléphone appelle ledit contact. Veectoria la regarda avec un air perplexe, avant de comprendre qui elle avait appelé.
– Allô ? Lubeen ? C'est Kate... j'aurais un petit service à te demander... oui, le genre de truc que ton mari va détester...
Elle se lança dans les explications, partageant un sourire avec Veectoria tout au long de la conversation. Leurs iris ne se décrochèrent pas une seule seconde. Ce n'était pas bizarre ni malaisant... juste, agréable et doux. Si seulement le temps pouvait se suspendre !
Malheureusement, ce n'était pas possible, même avec toute la Magie de tous les Lutins de la Terre.
✨🐰✨🐰✨
Déso pour le retaaaaard ^^'
La suite arrive ~
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