Jour 15 : Marché de Noël
On commence à y voir quelque chose 👀
✨🐰✨🐰✨
Veectoria avait passé la journée dehors. Elle tournait en rond dans l'appartement et ça l'agaçait grandement... Elle ne cessait de penser à ce qu'elle avait ressenti la veille. Le bonheur d'être simplement là, auprès de Kate et Alice.
Ça ne lui était encore jamais arrivé. Dès qu'elle se lassait d'une situation ou d'un endroit, elle le quittait... mais cette fois-ci, tout allait de travers ! Du moins, la concernant.
Elle ruminait, ruminait, ruminait... jusqu'à s'en donner mal à la tête. Pour se changer les idées, elle avait enfilé ses baskets et son Bonnet-veste pour faire un tour. Malheureusement pour elle, Kate avait raison : son pull de Noël lui tenait bien chaud ! Et cela lui rappelait sans arrêt son visage souriant, ses cheveux qui sentaient si bon, sa voix douce et chaude...
Voilà ! Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à Kate !
– Je vais devenir folle, maugréa Veectoria.
Les personnes qu'elle venait de croiser lui lancèrent un regard éloquent ; « vous devez sans doute déjà l'être », pouvait-on traduire à travers leur expression. La Lutine souriait malgré le malaise, avant de presser le pas pour disparaître au plus vite.
Kate allait la rendre folle. À moins que ce ne soit déjà le cas. Ce qui serait fâcheux.
Tandis qu'elle avançait, perdue dans ses pensées, elle ne remarqua même pas qu'elle était entrée dans un marché de Noël. Les échoppes de nourriture, décorations et autres vêtements de circonstances se succédaient, sans qu'elle n'y accorde la moindre importance. La foule s'était densifiée, mais c'était comme si elle était en mode « automatique ».
– Veecky ! Hurla-t-on pour la troisième fois, avant qu'on ne lui tire le bras, bon sang ! Tu rêves ou quoi ?
La Lutine papillonna des cils, avant de s'excuser.
– J'ai la tête un peu ailleurs, désolée... est-ce que ça va ?
Lubeen était essoufflé d'avoir couru une bonne distance à travers la foule pour la rattraper, le tout en hurlant son prénom... autant dire qu'on l'avait regardé de travers bien plus que sa cousine peu avant.
– Ça va ! Donne-moi une minute pour retrouver mon souffle !
– Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu ne travailles pas ? demanda Veectoria.
– Oh, c'est mon jour de repos ! J'ai promis à Keir de chercher quelques petites choses en ville... et je me suis arrêté ici pour manger un morceau. Et acheter quelques petites décos au passage. Keir va être ravi, comme chaque année. Tu as déjà mangé ?
– Il est déjà midi, constata la Lutine en regardant sa montre, non, en fait... j'ai la tête un peu ailleurs.
– Parfait ! On va manger un truc et tu vas tout me raconter !
Veectoria n'eut pas le temps de s'y opposer, Lubeen l'entraîna vers une échoppe en lui tenant le bras. De toute façon, elle n'avait pas vraiment envie de refuser... Peut-être que son cousin allait lui faire penser à autre chose ? À défaut, il aurait une solution pour se sortir Kate de la tête ?
Ils s'installèrent près d'une échoppe qui avait l'air totalement normale... du moins, pour les yeux des humains. La Lutine qui tenait l'échoppe leur servit du vin chaud et des gaufres de Noël totalement adaptées au régime sans sucre de ses congénères.
Les deux s'installèrent sur une petite table à l'abri des allées pleines de monde pour attaquer leur déjeuner.
– Alors, dis-moi ce qui ne va pas ? Super ton pull au passage.
– C'est un cadeau de Kate... il tient bien chaud.
– Je m'en doute !
Un silence s'installa. Veectoria n'osait pas commencer à vider son sac. Peut-être que Lubeen allait la prendre pour une folle ? Ou qu'il allait tout répéter à Keir, qui dirait tout à Kate ? Ou pire : il en parlerait à Alice, qui ne tiendrait pas sa langue et...
– Est-ce que c'est grave ? Lui demanda le blond, tu tires une de ces têtes...
– Ben, je... je ne pense pas ? Je n'en sais rien, en fait.
Comme l'autre semblait toujours aussi perdu, elle soupira.
– Comment tu as su que tu avais des sentiments pour Keir ?
Le visage de Lubeen s'illumina :
– Je le savais ! rugit-il, je savais qu'il y avait un truc ! Keir me doit cinq Livres !
Veectoria lui lança un regard entendu :
– C'est une période de crise, pas le moment de faire des paris ! Je n'y crois pas, t'as vraiment parié ?
– Pourquoi est-ce que ce serait une période de crise ? Ce n'est pas une bonne chose ? Keir m'a dit que Kate était déjà sortie avec des femmes... peut-être pas avec des Lutines, cela dit – ce sont les oreilles qui l'intimident ?
Veectoria le regardait avec indécision, un brin anxieuse.
– Ce n'est pas ça... c'est moi qui aie un problème.
– Tu sais, ils font des prothèses pour que les humains aient des oreilles en pointes, j'ai vu ça sur internet.
Face au sérieux de ses paroles, Veectoria poussa un geignement frustré.
– Pas avec ses oreilles, idiot ! J'ai un problème parce que je... je crois que je suis tombée amoureuse. Mais je ne peux pas faire ça, tu comprends ?
– Euh... pas vraiment... qu'est-ce qui t'empêche de tomber amoureuse ? T'es célibataire, non ?
– Oui, mais c'est pas ça le problème... Kate est super, je m'entends bien avec Alice et... pour la première fois de ma vie, je me sens bien quelque part. Au point de ne plus vouloir partir.
Elle semblait déprimer en disant cela. Lubeen renonça à sa bouchée de nourriture, s'essuya les mains et la posa sur celle de sa cousine :
– C'est ça la crise ? demanda-t-il doucement.
– Tu ne peux pas comprendre, murmura-t-elle, toi, t'es tombé sur un humain parfait dès le premier coup...
– Keir est loin d'être parfait, crois-moi.
– Tu sais ce que je veux dire ! Il te traite bien, comme son égal, tu l'aimes et il t'aime en retour... Il accepte tout chez toi, il ne cherche pas à changer qui tu es, que ce soit ta personnalité ou ton physique. Tu as une vie d'humain normal plus que celle d'un Lutin des Foyers avec lui ! Tu t'en rends compte au moins ?
Il hocha la tête :
– C'est ce qu'on a convenu quand je me suis installé chez lui, rien de bizarre.
– Si, justement... c'est très rare les humains qui te traitent comme un égal. La plupart du temps, comme tu dépends d'eux et qu'ils ne te paient pas, tu es juste une sorte de... d'employé de maison gratuit. Tu n'es pas vraiment une personne. Tu ne fais jamais vraiment partie de leur famille, tu vis juste sous le même toit qu'eux et tu travailles pour eux.
Comme il ne savait pas quoi répondre, Lubeen resta silencieux. Il n'avait jamais réellement été confronté à la réalité jusqu'à présent. Il pensait que Malloreen exagérait ses histoires, que sa mère était trop inquiète pour lui, ou que lui-même voyait le mal partout... Il ne se doutait pas qu'en fait, la réalité pouvait être plus dure encore que ce qu'il imaginait.
– Je ne reste jamais longtemps au même endroit, dès que je commence à m'attacher, je m'en vais. C'est pour me protéger, tu comprends ? Je ne veux pas être comme ces Lutins qui ont trop peur de partir de leur foyer, alors qu'ils trouveraient mieux ailleurs.
– Je pensais que tu aimais voyager ?
– Oui ! Bien sûr ! Mais des fois... je voudrais bien aussi avoir un foyer fixe comme toi et m'empiffrer de gâteaux avec une famille humaine.
– Et donc... tu ne peux pas le faire avec Kate et Alice ? C'est peut-être le bon foyer pour, tu ne penses pas ?
Veectoria resta silencieuse un moment.
– Sauf que... imagine que Kate ne veuille pas que je reste ? On a convenu que je partirais à Noël. Je ne peux pas revenir sur notre accord parce que j'aime squatter son canapé...
– Oh, t'es encore à l'étape canapé, rit-il.
Le regard que lui lança Veectoria lui suggéra de se concentrer davantage sur la situation actuelle, et non sur ses souvenirs.
– Écoute, souffla le Lutin, Kate passe son temps à chercher quelqu'un pour s'occuper d'Alice – je suis bien placé pour le savoir ! Je suis sûr que si tu lui dis que tu vas rester un peu plus longtemps, elle sera ravie ! Alice t'aime bien en plus.
– C'est l'autre problème... Alice s'attache à moi et... j'en arrive à un point où ça va être vraiment difficile de la quitter. Plus je reste, plus ça va être dur pour moi... Je leur effacerais la mémoire, mais je ne peux pas le faire pour moi-même.
En d'autres circonstances, Lubeen aurait fêté cela en grande pompe... mais sa cousine avait l'air tellement déprimée et anxieuse que son propre moral commençait à en pâtir.
– Et puis... Kate me voit comme la nounou de sa fille, moi je crois que je l'aime... comment tu veux que ça finisse bien ? Dans quelques années, elle va se débarrasser de moi et je... je ne pense pas que je pourrais me remettre de ça. Il vaudrait mieux que je parte tant qu'il est possible d'éviter le massacre, tu ne crois pas ?
Tiraillé entre les deux choix, Lubeen eu du mal à se décider. D'un point de vue personnel, il ne s'était pas posé la question très longtemps, vu que Keir l'avait repris sans hésiter... mais la situation était différente. Comment savoir si Kate n'allait pas effectivement se débarrasser de Veectoria quand Alice serait en âge de se débrouiller seule ? Comment juger des sentiments sincères ou non d'un humain quand il avait besoin de vous ? Keir lui dirait sûrement de ne pas se fier aux humains naïvement... mais il était sûr qu'en disant cela à Veectoria, elle prendrait la poudre d'escampette dans la minute.
– Ben...
– Tu vois, c'est la crise, le coupa Veectoria, si je pouvais être totalement sûre que Kate m'aime pour moi et pas parce que je lui sers à quelque chose... mais c'est impossible. Les humains sont trop difficiles à suivre.
– Hm... je ne peux pas te donner tort... mais pourquoi est-ce que tu n'en parles pas à Kate ?
– Parce que... si elle apprend que j'ai des sentiments pour elle, qui me dit qu'elle ne va pas s'en servir contre moi ?
Lubeen aurait voulu démentir... mais il se souvenait parfaitement que Keir avait bien tiré parti de ses capacités à son arrivée chez lui. Kate devait être aux anges d'avoir une nounou pour sa fille, et sans doute contente de la garder plus longtemps que prévu...
– T'as raison, c'est n'importe quoi, admit-il, à son tour paniqué.
– Je sais bien !
Pendant que les cousins vivaient leur crise existentielle, on les regardait bizarrement. Cependant, ils n'y firent pas attention.
Pas plus avancée qu'avant, Veectoria quitta Lubeen pour chercher Alice à l'école. Elle ne savait toujours pas si rester plus longtemps que prévu était une bonne idée ou non, comme le fait de s'attacher de plus en plus à Kate et Alice.
C'était peut-être le moment de quitter le foyer pour en trouver un autre... mais peut-être que c'était aussi sa seule chance d'en avoir un stable ? Comme Lubeen en avait un... ? Ou peut-être que ce serait la pire idée qu'elle n'ait jamais eue – comment le savoir ?!
✨🐰✨🐰✨
Il reste un peu plus d'une dizaine de jour avant Noël - et la fin de cette histoire, du coup !
Bonne fin de journée, tout le monde !
Haydn
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