Première colonne débloquééééééééée :3

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Lubeen ramena son écharpe devant son nez, rougi par le froid, pestant intérieurement envers son fiancé qui l’obligeait à sortir par un froid pareil. Malgré son bonnet, son Bonnet-parka, sa large écharpe et ses gants, il frissonnait. Ce n’était pas du tout un temps à mettre un Lutin dehors ! Surtout si c’était lui-même.

– Brrr, ce que je caille… T’as pas froid toi ?

– Hm, non, pas vraiment.

Malloreen n’avait qu’une petite veste sur un sweat vert, il s'était débarrassé de l'écharpe que Keith lui avait obligé à passer juste avant de partir.

– Comment tu fais, marmonna Lubeen, je suis plus gelé qu’un glaçon…

– Hm, probablement parce que les Lutins des Bois sont plus résistants au froid ? je veux dire, on n’a pas tellement le choix que de le supporter si on veut survivre.

Lubeen hocha la tête et changea radicalement de sujet :

– Pourquoi est-ce que ce Keir m’oblige à sortir déjà ?

– Pour essayer ton costume de marié.

Le Lutin roula des yeux. Keir insistait pour qu’il achète un costume de mariage et refusait que Lubeen métamorphose son Bonnet. C’était une grande occasion, cela méritait un vêtement de circonstance.

– La barbe, en plus il l’a déjà choisi.

– Il t’a fait une sélection.

Probablement pour éviter que son fiancé ne se ramène avec un costume rose à paillette dorée le jour de la cérémonie.

– T’es de son côté, ce n’est pas juste ! En plus il a choisi la boutique la plus éloignée de la maison, tu y crois à ça ?

Malloreen se contenta de sourire. Keir déteignait sur Lubeen, parfois. Surtout quand il faisait froid. Enfin, la pression du jour J devait y être pour quelque chose également.

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Malloreen dégustait des gâteaux de Noël et alternait avec une gorgée de chocolat frappé à la cannelle. Ils avaient fait un crochet par le café à emporter du coin avant de se rendre à la boutique.

Une chose qui avait grandement fait plaisir à Lubeen, c’était de constater que la « petite sélection » de Keir n’avait rien à voir avec celle qu’il avait vue sur son ordinateur… il n’avait vu que des costumes classiques noirs, bien loin de son sens de l’esthétique. Cependant Lubeen n’avait pas fait de scandale, il pouvait faire l’effort de se conformer aux exigences de son futur époux une journée. Surtout vu à quel point ce jour était important pour ledit futur époux.

La sélection se composait d’un costume blanc avec des touches dorées, relativement classiques dans la coupe, mais cela égayait son visage agréablement. Un autre d’un vert foncé, dont la matière était plus qu’agréable au toucher, plus cintré, mettant en valeur son corps – probablement ce pour quoi Keir l’avait choisi, d’après Lubeen. Et enfin, le dernier était exactement le même, mais d'un rouge soutenu.

Lubeen savait précisément lequel il voulait, malheureusement, le blanc ne lui allait pas aussi bien que prévu.

– Alors ? demanda-t-il en prenant des poses.

– Parfait, lâcha Malloreen, après un temps de stupéfaction.

– Tu crois que ça sera le bon choix ? Je suis à peu près sûr qu’il veut que je prenne le blanc. Mais il est horrible sur moi, on est d’accord ? Il ne me va pas du tout !

Malloreen lui donnait raison. Comme ça le blanc semblait parfait, mais quand il l’avait passé, il ne lui allait pas vraiment. Il était trop grand en haut et trop petit en bas, un vrai carnage vestimentaire.

– Il te laisse le choix, donc… j’imagine que tu ne peux pas faire de mauvais choix.

– Tu crois ? … ça lui ressemble assez. Et puis, c’est mon mariage aussi, j’ai le droit de choisir la couleur de mon costume !

Il le disait, mais Malloreen voyait bien qu’il ne le ressentait pas du tout comme cela. Lubeen voulait que son mariage soit le plus beau jour de la vie de son fiancé… il s'investissait tellement qu'il ne voulait ni tout gâcher ni le décevoir. Surtout vu l'aversion prononcée que Keir avait vis-à-vis des mariages en général – du moins, jusqu'il y a peu.

– Je crois que tu te prends trop la tête, l’encouragea Malloreen avec un sourire, ton costume te va super bien, t’es le Lutin le plus sexy du pays dedans, et je pense que Keir sera ravi quand il te verra !

Lubeen arborait une moue, mais lui donnait finalement raison.

– Au pire ce sera de sa faute, il n’avait qu’à m’en choisir un bien taillé ! Je me change et on y va !

Aussi tôt dit, aussi tôt fait.

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Lubeen déposa un baiser surprise sur la joue de son fiancé, histoire de lui signaler sa présence, avant de lui enlacer le cou. Keir sentait son souffle contre sa joue et était ravi de cela, il souriait un peu niaisement.

– Alors, c’était comment ?

– Tu t’es bien moqué de moi avec ta sélection à la noix, je te raconte pas ma tête quand j’ai vu les costumes !

– Il a frôlé la crise de panique, sourit Malloreen.

Le Lutin des Bois s’installa sur la banquette, à côté de Keith, qui s’empressa d’appeler un serveur pour qu’il puisse passer commande. Pendant ce temps, Lubeen s’installa aux côtés de son fiancé.

– J’ai cru qu’ils s’étaient trompés dans les réservations, avoua-t-il. T’aurais pu me prévenir !

– Peut-être que j’ai un peu oublié de te prévenir, avoua Keir, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille humaine, mais je suis sûr que ma sélection surprise t’a plu.

– Oui, ça a été grandement apprécié. Et tu vas te gratter pour savoir lequel j’ai choisi !

Keir garda secret le fait qu’il saurait forcément son choix, étant donné que c’était lui qui réglait la facture.

Une fois les consommations terminées, dans la joie et la bonne humeur, ils se décidèrent à rentrer à l’appartement. Lubeen avait été ravi d’apprendre que les deux frères étaient venus à pied après avoir fait leurs emplettes dans leur coin, autant que de retrouver le froid polaire d’un Londres sous les étoiles… La seule chose qui améliorait un peu l’ambiance, c’était sa main qui se perdait dans celle de son fiancé.

– Oh, Keir, lança Lubeen, en tendant son bras vers l’avant, devine ce que j’ai envie de faire !

– Si ça implique de vous entendre vous bécoter toute la nuit, je vous préviens, vous allez à l’hôtel ! Râla Keith, qui ne supportait pas le froid non plus, et n’avait pas la main de Malloreen dans la sienne pour la maintenir au chaud.

Keir le nargua de son air joueur, ce que l’on pouvait traduire par « en voilà une idée qu’elle est bonne », du moins, jusqu’à ce que Lubeen l’entraîne vers ce qu’il avait désigné.

– La barbe, il fait froid, soupira Keith en les suivant.

Malloreen observa le marché de Noël sous ses yeux avec un mélange de curiosité et de fascination. C’était la première fois qu’il mettait les pieds dans un endroit comme celui-ci… et il était tout émerveillé. Cela n’avait rien à voir avec ce qu’on lui avait décrit ou ce qu’il avait vu à la TV… c’était tellement plus beau en vrai ! Plus vivant !

Les petites échoppes en bois aux couleurs chaudes étaient parcourues de guirlandes lumineuses scintillantes de toutes les couleurs, dont la lumière se reflétait dans leurs homologues en papier scintillants… Des babioles de Noël pendaient dans les larges fenêtres des échoppes ou patientaient sur les rebords, dans l’attente qu’un acheteur les emporte loin d’ici. Les odeurs de chocolat, vin chaud et épices se mêlaient, prenaient son nez d’une manière totalement nouvelle et plutôt agréable… son estomac pouvait en témoigner.

Il y avait foule, des humains de partout, hommes, femmes, jeunes, âgés, enfants, blonds, bruns, roux, de toutes les ethnies… c’était la première fois que Malloreen voyait autant d’humains si différents réunis en un seul lieu. C’était probablement la première fois qu’il en voyait autant tout court.

La main de Keith se glissa dans la sienne, le ramenant doucement sur terre :

– Je suis avec toi, et je ne risque pas de te perdre, murmura Keith.

Le Lutin sourit, se laissa mener par l’humain à travers les allées, son regard brillant se posant partout pour apprécier la moindre chose qu’il voyait… il aurait voulu avoir des appareils photo devant ses iris pour tout capturer. En garder une trace impérissable.

En fait, non, il se ravisa, il aurait voulu que quelqu’un filme ce qu’il se passait, pour en garder vraiment tout. Ou non, peut-être que ce serait mieux que ce moment ne se finisse jamais – oui, ce serait vraiment beaucoup mieux !

Après un long moment à errer dans le dédale de maisonnettes, main dans la main, à s’arrêter tous les deux mètres pour que Malloreen observe ceci ou étudie cela, ils finirent par retrouver Keir et Lubeen. Ils avaient profité de leur tour en amoureux pour dévaliser quelques échoppes, Lubeen était ravi de montrer aux deux autres les attrapes poussière de Noël que Keir lui avait gentiment offert…

Pendant qu’il le faisait, son fiancé était parti chercher du vin chaud pour toute la troupe et espérait que cela lui prendrait un moment pour revenir à la table haute qu’ils avaient investi… histoire d’éviter l’exposé du shopping compulsif de son fiancé.

Keith le rejoignit, visiblement assez malin pour trouver une excuse, lui aussi. Il lançait sans arrêt des regards vers les deux Lutins, qui avaient l’air de passer un bon moment et ne tenaient en rien compte de ce qui les entourait. Malloreen était totalement détendu, et ce bien que la foule l'entoure. Ce qui n'empêchait pas Keith de ne pas le lâcher des yeux.

– Tu sais qu’ils sont grands, autonomes et capables de survivre sans toi quelques minutes ? demanda le plus jeune.

– Je sais, c’est juste que… c’est pas trop son truc, la foule, à Mallo, alors…

Keith observa le Lutin des Bois, qui avait l’air totalement détendu et passablement amusé par l'exposé-conversation de l'autre Lutin. Son regard perplexe trouva son frère, et se fit plus entendu que perplexe :

– Quoi ?

– Rien, rien… je te trouve très couvant avec un Lutin qui à l’air autonome et totalement détendu.

L’aîné grommela dans sa barbe de trois jours, d’une visible mauvaise foi.

– Ce ne serait pas dramatique, murmura Keir, qu’il te plaise et que tu aies envie de te rapprocher de lui. Je sais que c’est un mâle, mais ce n’est pas si improbable de franchir le pas une fois que tu l’as fait… surtout si tu as des sentiments pour lui.

Keith affichait une expression mi-gênée mi-sûre de lui qui laissait le benjamin perplexe :

– Ce n’est pas un problème, ça, lui confia l’aîné dans un souffle. Écoute, je... Je ne te l’ai jamais dit parce que j’avais peur que tu te foutes de moi, mais… ma femme et moi, c’était juste un couple de façade. Un arrangement, une couverture appelle ça comme tu veux... En fait, je suis gay.

Keir le toisa un long moment avec de gros yeux surpris, ne sachant pas quoi dire. Quoi répondre, de toute façon ? Il n’en avait pas la moindre idée.

Il n’avait jamais imaginé que Keith soit gay. Non, ce n’était pas possible… avec toutes les filles avec lesquelles il sortait ! Dans ses plus lointains souvenirs, il était toujours entouré d’une armada de filles. Peut-être trop justement, pour que cela ne soit pas suspect – du moins, ce fut ce qu’il se dit en cet instant...

– Si je suis parti faire mes études aux États-Unis, c’était pas parce que nos deux crétins d’aînés vivent là-bas… c’était surtout parce que j’avais besoin d’air. Avec le recul, j’aurais bien pu avoir mes années de débauche étudiante au Royaume-Uni – et j’aurais probablement évité mon ex-femme, ce divorce qui m’a mis sur la paille et le retour chez Papa la queue entre les jambes…

Keith enchaîna, murmurant :

– Je sais que c'est stupide, mais j'avais honte... je pensais aussi que Papa serait deçu – voire pire. Et je m'étais imaginé que tu... ne réagirais pas forcément bien non plus. J'ai pas eu le courage de vous en parler, j'avais peur de votre réaction, et... de la réaction de tout le monde d'ailleurs.

Le silence était plutôt gênant. Keir n'avait pas la moindre diée de ce qu'il devait répondre à ça.

– Quand Papa m'a dit que Lubeen n'était pas une femme, j'ai cru qu'il se foutait de moi, enchaîna Keith, à défaut de savoir quoi dire. Puis il m'a dit que tu lui avais fait ton coming out bi, alors... j'ai fais le mien dans la foulée, je ne saurais pas te dire pourquoi à ce moment précisément, c'est sorti tout seul !

Ils se regardaient dans le blanc des yeux sans savoir quoi se dire de plus. Keir ne savait toujours pas quoi dire. Et ce n'était pas son genre, de manquer de choses à dire.

– Wow, ça fait du bien quand ça sort, sourit Keith, au bout d'un très long moment gênant. Désolé pour l’instant confession.

– T’as pas à t’excuser… si ça te fait du bien. Et si tu veux tout savoir, quand je t'ai envoyé l'invitation pour le mariage, je... j'étais nerveux, j'avais aussi peur que tu le prenne mal. J'ai pensé que c'était en partie pour ça que tu n'avais pas répondu. Mais je comprends qu'avec tous les problèmes que tu avais en tête, t'es pas eu la tête à ce genre de chose.

Keith haussa les épaules, mal à l'aise. Il avait apprit le mariage de Keir à l'aéroport d'Heathrow, quelques minutes après avoir retrouvé son père. Quelques instants plus tard, quand il chargeait sa petite valise dans le coffre de la voiture de son père, il apprenait que Lubeen était un homme et que son petit frère était bisexuel.

Quelques secondes après ça, il faisait son propre coming out. Tout s'était enchaîné tellement vite qu'il n'avait pas eu le temps de vraiment réfléchir.

– Donc toi et Karen… ? relança Keir.

– On a jamais couché, on faisait chambre à part – et oui, je suis ravi qu’elle se soit retrouvée avec la pièce montée sur elle à cause de toi à notre mariage… on était juste... tu vois, amis. Au début, en tout cas, ces derniers temps on était plus des ennemis jurés – en partie à cause des problèmes de la société.

Keir semblait désolé. Mais Keith, lui, avait l'air plus soulagé :

– Si elle a demandé divorce, c’est parce qu’elle veut s’assumer, enchaîna Keith. S’installer avec sa petite-amie, l'épouser probablement. Je ne voulais pas qu'on divorce avant que je me refasse – c'était égoïste de ma part, on s'est prit sérieusement la tête, parce qu'elle ne voulait pas perdre la villa et tout ce qui va avec... Et elle a osé dire que j'étais insupportable, tu y crois à ça ?

La dernière partie était dite sur un ton plus léger, comme s'il était, au final, d'accord avec son ex-femme.

– On est au moins d’accord sur un point, elle et moi, rit Keir sur le même ton, je ne pensais pas qu'on puisse s'accorder sur quoi que ce soit...

– Comme quoi, je mets tout le monde d'accord ! Même si c'est à mes dépends... Enfin, l'important c'est qu'elle soit heureuse et tout le reste. Je commençais aussi à en avoir marre de l'avoir sur le dos, avec ses manières de bourgeoise coincée.

Il fit d'elle une imitation peu flatteuse, qui eut le mérite de leur faire partager un rire. Ils réceptionnèrent leur commande, la conversation prit fin ici.

Ils rejoignirent les deux Lutins, toujours en grande conversation et furent accueillis par deux grands sourires chaleureux – et tout le monde avait noté que celui de Keith avait quelque chose de changé. Comme s’il s'était libéré d’un poids et qu'il était prêt à flotter, tel un ballon d'hélium, vers de nouveaux horizons ensoleillés – peuplés de Malloreen en tenues légères, prêts à lui faire oublier ses déboirs conjugaux par n'importe quel moyen disponible...

Du moins, ce fut ce qui traversa son esprit furtivement lorsqu'il croisa le regard espiègle du Lutin des Bois.

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eeeeeeeeet voilà pour ce jour :3

J'ouvre les paris pour savoir quel costume Lubeen à choisi :3

Qui dit samedi, dit illus ! Du coup voilà :

On pourrait légender par "comment éviter de perdre un Lutin dans un marché de Noël en une leçon, par Keith" XD

Il y a une version vidéo avec la neige qui tombe sur mon instagram (@ haydn_sh ou directement sur mon profil) si tu veux la voir :3

À demain pour la suiiiiite !

Haydn ❄️