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Malloreen et Keith étaient en grande conversation quand les fiancés étaient rentrés chez eux. Un doux fumet de poulet au marron grillant au four et de soupe de potiron les avait accueilli, en même temps que Ruddy et Josephyne.

Depuis que Keith était au courant pour la nature des deux Lutins, ils pouvaient enfin les laisser sortir de la chambre sans risque. Au début, Keith avait été plus qu’intrigué par les peluches vivantes… mais s’y était finalement accommodé. Il n’était pas rare que Josephyne attérisse sur son épaule ou ne s’installe pas très loin de lui pour l’observer avec ses yeux roses pailletés.

Ce qui était soulageant, c’était que Ruddy puisse enfin sortir de la chambre quand il était à l’appartement et se balader comme il le voulait. Cela représentait bien moins de risques pour le dressing. Keir en était ravi.

– Hey, les salua Lubeen en pénétrant dans la cuisine, c’est quoi tous ces trucs ?

La table, le plan de travail ainsi que les chaises étaient recouverts de courges de toutes les formes et de toutes les couleurs… Il y avait aussi des champignons çà et là.

– Oh, je vais tout ranger, promis… je montrais juste à Keith ce que je peux faire avec mes pouvoirs.

L’autre Lutin était impressionné – et quelque peu jaloux, en voyant la quantité de courges qui envahissait la cuisine.

– Tu ne vas pas te sentir mal, hein ?

– Non, t’inquiètes ! J’ai de quoi tenir dans mes réserves. Et ça me fait du bien d’extérioriser un peu de Magie, c’est important. C’est bien beau de maintenir une taille humaine toute la journée, mais ça n’use pas beaucoup de Magie, hein !

– Maintenir une taille humaine ? S’étonna Keith, tu veux dire… t’as une autre apparence en temps normal ? Autre que les oreilles et tout le reste ?

– Hm, oui… Tous les Lutins mesurent moins d’un mètre vingt normalement ! On utilise notre Magie pour se grandir un peu, histoire de passer inaperçu au milieu des humains.

– Ah, voyez-vous ça, susurra Keir, qui se tenait dans l’embrasure de la porte, un air malin sur le visage. T’as une apparence de Lutin de moins d’un mètre vingt, chéri ?

Lubeen affichait une expression blasée, lançant un regard entendu à son congénère.

– Oups, s’excuse celui-ci, je pensais que… enfin, vous êtes fiancés, et tu ne lui as jamais montré à quoi tu ressembles vraiment ?

– Oh, la boulette, nargua Keith. Fais-nous voir, j’ai trop envie de voir maintenant !

– Ah non ! Hors de question ! Rugit Lubeen, vous êtes de mesquins moqueurs, toi autant que lui ! Vous allez bien vous marrer à mes dépens, et ça, c’est hors de question !

– Aller, quoi ! Tenta Keith, Mallo à raison, ton fiancé t’as jamais vu vraiment, ce n’est pas génial avant un mariage… crois-moi ! Tu commences par lui mentir sur ta vraie apparence, et tu vas mentir sur de plus en plus de trucs, c’est un engrenage, le mensonge !

Les trois autres l’observèrent dans un silence éloquent :

– Ce qui n’a rien à voir avec mon divorce à moi, se défendit-il, ma femme m’a largué parce que j’avais plus de thunes, rien à voir avec le mensonge ! Enfin, je crois… difficile à dire, on était deux menteurs compulsifs. Alors peut-être que si.

– C’est bon, t’as fini ta séance express chez le psy ? soupira Keir, on peut en revenir à la taille réelle que mon fiancé m’a lâchement et bassement dissimulée ?

Le premier concerné poussa un râle d’agonie agacé.

– Tu ne vas pas me lâcher, hein ! J’ai dit non ! C’est un sujet sensible, et t’es totalement incapable du moindre tact et de la moindre retenue ! Et là, je n’ai vraiment pas envie d’en passer par la phase « je ne suis pas un fiancé normal est-ce que ça va passer » quelques semaines avant notre mariage !

Ce qui était visiblement très sérieux. C’était plutôt rare que Lubeen ne s’emporte de la sorte. Surtout pas concernant sa nature de Lutin… mais le stress du mariage qui approchait et le fait de le mettre au pied du mur devait le mettre plus que mal à l’aise.

– Hé, souffla Keir en le retenant, lorsqu’il passa devant lui, ce n’est pas la peine de t’énerver, d’accord ? Je plaisantais. Je sais parfaitement que les Lutins mesurent moins d’un mètre vingt en temps normal… et je sais aussi que vous êtes susceptibles sur ce sujet-là.

Lubeen rougit et ses oreilles s’agitèrent alors sans qu’il ne les contrôle, signale de son malaise.

– Ah, tu savais ? murmura-t-il, tu ne m’as jamais demandé de…

Keir haussa les épaules :

– J’ai pas besoin de voir ta taille de Lutin pour t’aimer, tu ne crois pas ? Si tu veux me montrer, ce sera avec plaisir, et si tu ne veux pas, tant pis…

Lubeen avait bondi sur ses lèvres pour l’embrasser à pleine bouche, le cœur gonflé par les sentiments plus que positifs que générait chez lui une telle déclaration. Surtout qu’il ne s’y attendait pas du tout.

– J’ai une proposition que tu ne pourras pas refuser, susurra Lubeen.

Il avait ce regard séducteur qui ne laissait pas planer de doute sur ce qu’il allait se passer dans les prochaines minutes… Keir en avait le pantalon tout serré, tandis que son blond lui susurrait des paroles plus que plaisantes à l’oreille.

Keith et Malloreen échangèrent un regard et une moue passablement dégoûtée de tout ce miel dégoulinant… surtout venant de ces deux-là, sachant ce qu’il allait se passer dans quelques minutes.

– Hm, bon, je suppose qu’on a un arrangement, murmura Keir, le sourire mutin, aventurant ses lèvres dans le cou de son cher et tendre.

Ils se dirigèrent amoureusement vers leur chambre sous le regard mortifié des deux autres, qui n’avaient pas prévu ce cas de figure-là…

– Je lui pique sa carte de crédit, on va où tu veux, tant que c’est loin d’ici, proposa Keith.

– C’est la meilleure idée que tu aies jamais eue depuis que je te connais !

– Ce n’est pas sympa, mais je m’en fiche totalement !

Tandis que des bruits de baisers, succions et autres gémissements d’aises se laissaient entendre – même à l’oreille humaine – de la chambre, les deux prirent leurs jambes à leur cou.

Peu importait où ils atterrissaient, tant que c’était loin de ces deux chauds lapins !

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Malloreen n’avait pas quitté le rouge sur ses joues avant un long moment, et la moindre chose qui sortait de la bouche de Keith avait quelque chose de tendancieux qui accentuait un peu plus le malaise encore… aussi s’étaient-ils tus un bon moment.

Après une très longue soirée passée dans un restaurant hors de prix, puis dans un pub, Keith et Malloreen rentrèrent à l’appartement, passablement éméchés. Il fallait au moins cela pour noyer ces souvenirs horribles du flirt entre les deux autres et les images qu’ils se projetaient dans la tête malgré eux depuis le début de la soirée…

Keith était à deux doigts d’emmener Malloreen en boîte pour ne rentrer qu’au petit jour, mais il avait renoncé finalement. Le Lutin des Bois n’était pas un grand fan de la foule. Le pub plein était déjà une petite épreuve en soi et il ne voulait pas le brusquer.

Quand ils étaient rentrés, ils avaient trouvé Keir en train de se remplir l’estomac après un « marathon couverture », comme Keith aimait les appeler. Enfin, quand c’était lui que ça concernait et pas son petit-frère.

Il lui rendit sa carte de crédit avec défiance :

– Merci pour la soirée, c’était bien agréable.

– C’est sympa d’avoir des gamins qui se gardent tout seul pendant que papa et papa se démontrent leur amour mutuel et réciproque.

Keith et Malloreen poussèrent le même cri d’indignation, ce qui fit bien rire Keir.

– Je pensais que tu passerais au moins la nuit en boîte, je suis déçu, ajouta-t-il.

– En quoi ? Demanda Malloreen.

– Pas sûr qu’il supporte la foule, la musique et… on a bu pas mal pour oublier ce qu’on a vu, je me suis dit que c’était plus raisonnable de rentrer.

Keir semblait surpris. Ce n’était pas habituel que Keith soit raisonnable. Il était tout sauf raisonnable, normalement. Surtout si cela lui permettait de bien l’embêter. Mais visiblement, il avait pensé au bien-être de Malloreen avant son amusement personnel – peut-être que le Lutin des Bois avait une bonne influence sur lui.

– Je peux te demander un service, murmura Keir à Malloreen, après avoir vérifié que son Lutin personnel n’était pas dans le coin, tu peux me montrer… ?

– Demande ça à ton fiancé, répondit Keith, passablement agacé.

– C’est bon, souffla Malloreen avec un sourire, je peux bien faire ça après tout l’argent qu’on a dépensé pour cette soirée…

Et aussi, il était saoul. Ça pesait pas mal dans la balance.

Malloreen n’attendit pas une seconde de plus pour dire adieu à sa taille humaine, au profit de celle d’un Lutin.

Il mesurait environ un mètre quinze, flottait dans ces vêtements, et arborait une tête légèrement plus petite qu'à l'accoutumée. Son visage aussi semblait moins vieux, plus juvénile. Difficile de croire qu’il avait vingt-cinq ans en le voyant ainsi.

– Content ?

– Maintenant je veux voir Lubeen comme ça, sourit Keir narquoisement. Si je m’y prends bien, peut-être qu’il va accepter… je vous souhaite une bonne nuit, j’ai un plan à mettre à exécution.

– Bonne nuit, lança Malloreen, qui n’avait pas compris le sous-entendu graveleux.

Il retrouva son corps aux proportions humaines dans la foulée.

– On aurait dû aller à l’hôtel, se lamenta Keith. Peut-être qu’il n’est pas trop tard, ça passe trois heures du matin pour prendre une chambre ?

– Je n’en sais rien…

– Laisse tomber, il doit y avoir du whisky dans le coin, si on en boit assez on n’aura aucun souvenir de ce qu’on va entendre cette nuit…

Malloreen approuva ce plan sans réellement avoir compris ce que cela impliquait réellement. Il avait confiance en Keith, ce qu’il pouvait lui faire faire ne pouvait pas avoir de conséquence néfaste ou le mettre en danger, n’est-ce pas ?

Ce fut ainsi qu’il expérimenta sa première gueule de bois, quelques heures plus tard.

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Aucun Lutin n'a été malmené durant l'écriture de ce chapitre XD

Tu pensais tout savoir sur les Lutins ? Hé ben nan ! J'ai encore des surprises dans ma hotte d'inspiration 🤭😏

À demain pour la suite !

Haydn