Dimanche 6 décembre - Froid ❄️
On commence à deviner des petites choses 👀
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Malloreen adorait les dimanches. La plupart des foyers humains où il était passé faisaient tous une « pause générale » ce jour-là, et il en profitait pour faire un tour dans son coin. Retrouver un semblant de « vie normale » pour lui. Recharger ses batteries, également.
Recharger ses batteries était plus que nécessaire, et contrairement aux Lutins des Foyers qui se contentaient d’un Bonnet, les Lutins des Bois avaient besoin de contacts avec la nature. C’était pour cela, en partie, qu’ils vivaient principalement dans les bois, lieu propice pour se recharger, en plus d’être isolé et au calme la plupart du temps.
Depuis qu’il vivait chez Lubeen et Keir, l’humain le conduisait volontiers faire un petit tour dans les bois les plus proches le dimanche. Pendant que les fiancés profitaient de ce temps à deux en amoureux pour ramasser des champignons ou des châtaignes, lui s’imprégnait de l’environnement dans son coin. Il avait presque l'impression de revivre comme avant.
Ce dimanche ne faisait pas exception à la règle, et ce fut avec soulagement que Malloreen s’installa dans la voiture. Keith, lui, estimait que sept heures trente du matin n’était pas une heure pour aller se balader en forêt un dimanche matin… mais il ignorait à quel point c’était vital pour le Lutin des Bois – qu’il prenait encore pour un humain normal.
– Je t’avais dit de prendre une veste plus chaude, dit Keir en voyant son frère grelotter.
– Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, grogna le concerné. La barbe, j’aurais dû rester à l’appart ! Qui à l’idée de sortir si tôt par un jour pareil, sérieusement ?
– C’est parce qu’on va bruncher à l’auberge après, et qu’on ne repasse pas à l’appart' entre-temps, réexpliqua Lubeen, qui n’avait pas compris la rhétorique de la question.
– On va faire un tour par là, tu nous accompagnes ou je te laisse les clefs de la voiture ?
Keith les aurait bien accompagnés, mais il était à peu près persuadé qu’ils allaient se bécoter sur tout le trajet, aussi prit-il les clefs de la voiture sans rien ajouter. Ils les regardèrent s’éloigner dans une joyeuse bonne humeur, pas – ou peu – préoccupés par les deux autres qu’ils laissaient derrière.
– Comment il fait pour être de si bonne humeur à cette heure du matin un dimanche de décembre, en pleine forêt ! C’est dingue, ça, tu ne trouves pas ?
Keith se tourna vers l’autre Lutin en finissant sa phrase. Celui-ci était silencieux depuis un moment, ce que Keith avait mis sur le compte d’une bouderie solidaire avec la sienne, n’envisageant pas une seule seconde que ce soit pour autre chose. Cependant, Malloreen affichait une expression sereine et un sourire léger qui n’allait pas du tout avec ce que Keith s’attendait à voir.
Forcément, retrouver son environnement naturel, la sérénité des grands espaces, ressentir ses forces lui revenir petit à petit, cela lui faisait du bien. Beaucoup de bien. Il se sentait comme au sommet du Nirvana et cela se voyait sur son visage… ce que Keith avait du mal à comprendre.
Pour lui, il n’y avait aucun intérêt à venir ici, à cette heure, par ce froid. Forcément, il ignorait totalement que pour Malloreen, c’était une question vitale. Des santé physique, magique et mentale.
– Je vais faire un petit tour, murmura alors Malloreen, serein.
À sa grande surprise, Keith l’accompagna. Malgré le froid et l’heure matinale. Et la clef de voiture qu’il avait dans la main. Soit disant pour éviter qu’il ne se perde ou ne se fasse enlever par on ne savait quel malade qui traînerait dans le coin…
Puis, aussi, sa curiosité était piquée de voir une expression si sereine sur les traits de Malloreen ! Il voyait pour la première fois son visage débarassé de la tension qui l’animait – c’était d’ailleurs à cette occasion qu’il remarqua qu’elle existait depuis qu’il le connaissait…
Ils marchèrent un long moment en silence, suivant un chemin de terre durci par le froid, observant le paysage hivernal. Les bois avaient entamé leur hibernation, pas un bruit, pas un mouvement, rien qui ne trahisse la moindre présence de vie dans le coin… À part eux, bien évidemment – enfin, on entendait surtout les pas de Keith, Malloreen se déplaçait presque aussi silencieusement qu’un Sioux.
Une fois lassé du paysage hivernal monotone, Keith se concentra sur Malloreen – dont le sourire s’étirait de plus en plus. Il le trouvait de plus en plus curieux, celui-là… C’était comme si tous ses problèmes s’envolaient au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient dans les bois givrés. Le froid lui grillait le cerveau, c’était ça ?
À voir son visage – habituellement inexpressif – Keith le croyait vraiment. Il y avait une douceur nouvelle dans ses traits lorsqu’il était détendu comme c’était le cas actuellement. Une douceur touchante. Probablement trop, mais Keith préféra se voiler la face et totalement nier ce « trop ».
Quand la conversation reprit, Malloreen conversait d’une manière totalement différente. Il souriait et était bien plus ouvert que jusqu’alors… c’était presque une autre personne. Et c’était assez déstabilisant de constater cela.
Il était chaleureux, enjoué, un brin malicieux, et surtout… à la place de lancer des éclairs noirs, son regard avait quelque chose de joueur et solaire. Keith se laissa totalement happer par le Lutin, au point d’en oublier qu’il était tôt, qu’on était dimanche et qu’il avait froid.
Son cerveau était vide et il peinait à répondre autre chose que « oui, non, peut-être », mais il se sentait bien… Terriblement bien.
Il retrouva la Terre lorsqu’ils atteignèrent une petite clairière, qui se baignait peu à peu de la lumière timide du jour. Malloreen avait trouvé un tronc d’arbre pour apprécier l’instant. Il respirait profondément, discrètement, les paupière closes… et vu son expression d’extase, Keith se laissa tenter aussi.
Il se sentait gauche, un peu, assit-là, à côté d’un Malloreen qui faisait presque parti du paysage, à essayer de l’imiter.
C’était vrai que c’était agréable, le léger soleil qui chauffait un peu sa peau – même si le froid et le vent étaient frais – les odeurs discrètes typiques de l’hiver et les bruits légers de la vie au sein des bois, qu’il n’avait plus pris la peine d’apprécier depuis un moment…
C’était comme si le temps était figé, que rien n’existait plus, que la Terre avait cessé de tourner. Et cela faisait du bien. C’était serein et agréable, et Keith se demandait pourquoi il n’avait pas profité de ça avant. Un plaisir simple et accessible, qui faisait autant de bien, c’était dommage de ne (re)découvrir cela que maintenant… Cependant, il était en bonne compagnie pour le faire. Ça jouait peut-être…?
Il rouvrit les yeux bien avant Malloreen, et l’observa un très long moment. Il avait l’air si bien… presque comme s’il dormait assis sur son tronc d’arbre, à prendre le soleil par ce froid, et que cela n’avait pas la moindre importance. Pour lui, personnellement, cela avait de l’importance, étant donné que la fraîcheur l’avait rattrapé et le faisait frissonner.
– Keir a raison, tu aurais dû mettre une veste plus chaude, murmura Malloreen en ouvrant un œil.
– Comment tu peux savoir que je…
– Tu fais du bruit.
Keith estimait être très silencieux, au contraire… Mais Malloreen et son ouïe fine avait un tout autre avis sur le sujet. Cependant, l'humain n’eut pas le temps de répliquer quoi que ce soit que le Lutin des Bois passait l’écharpe que Lubeen lui avait prêtée autour du cou. D’accord, elle était rayée de jaune canari et de rose fuchsia, et ne s’accordait avec strictement aucune tenue, mais au moins tenait-elle bien chaud…
L’humain se laissa faire, surpris. C’était bien la première fois que qui que ce soit avait un geste pareil envers lui – enfin, si l’on escomptait que Keir le laissait faire ses placards depuis la veille, ce qu’il estimait être totalement normal de la part de son petit frère…
Malloreen n’avait aucune raison valable de lui donner son écharpe. Surtout qu'il n'avait qu'une petite veste sur le dos – celle que Lubeen mettait en été.
– Tu ne risques pas d’avoir froid, toi ? Demanda-t-il, dans un souffle doux.
– Je ne suis pas frileux, moi, sourit Malloreen, joueur. J’ai plus l’habitude que toi du froid, il faut croire.
En tant que Lutin des Bois ayant grandi dans un environnement naturel, il avait une plus haute résistance au froid qu’un humain ou un Lutin des Foyers lambda. Seulement il ne pouvait pas lui dire cela tout de go. Puis il n’était réellement pas très frileux, bien qu’il apprécie la chaleur d’un cocon en plaid et d’un thé bien chaud, également.
– Je ne suis pas frileux, okay ? Il fait un froid de canard à cette heure !
Malloreen se contenta d’un large sourire entendu, ce qui fit grogner l’humain.
– D’accord, je suis peut-être un peu frileux, mais c’est normal, après dix ans passés à Los Angeles. Tu sais combien il fait de degrés là-bas, à cette heure-ci ?
– Assez pour que Monsieur Frileux n’ait pas froid, j’imagine ?
– Exactement ! Et arrête de te moquer de moi !
Ce qui était peine perdue. Loin de le prendre mal, Keith en rajouta encore plus. Cela faisait rire Malloreen, pourquoi s’en priver ? Bon, d’accord, peut-être aussi qu’il voulait que cet instant dure plus longtemps. Voir son sourire et ses yeux rieurs encore un peu plus. À défaut de le pouvoir toujours.
Il n’était pas pressé de retrouver les deux autres de toute façon. Même s’il avait toujours froid à l’extérieur, il avait chaud à l’intérieur. Comme si Malloreen avait levé les nuages neigeux qui obstruait son esprit et son cœur, qu’il tentait de dissimuler depuis des semaines. Un sourire, une écharpe horrible et ce regard... toujours aussi déstabilisant, bien qu’il soit très différent de celui de la veille…
Radicalement différent, même.
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Voilà pour ce chapitre 🤭
Aujourd'hui, c'est la Saint Nicolas 😌 C'est le moment de manger les ptits bonshommes en brioche (Männala ou Jean Bonhomme ou autre nom) avec un chocolat chaud, sous un bon plaid devant un film de Noël (la seconde partie n'est pas obligatoire XD) !
Sinon pour la légende, y a une petite réinterprétation dans le chapitre 6 de la première histoire de L'Esprit de Noël 😊
À d'main,
Haydn
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