15 décembre

* * *

Keir était satisfait que le week-end arrive. Il avait promis à Lubeen de l'emmener faire un tour à l'extérieur et comptait bien la tenir. Il s'était levé avec le Lutin qui lisait à ses côtés, emmitouflé dans un plaid. Une tasse de lait chaud flottait devant son visage, dans laquelle il buvait régulièrement pendant que Ruddy dormait à poings fermés sur son ventre.

L'expression concentrée de Lubeen dégageait quelque chose qui fit sourire Keir.

Il s'étira en soupirant d'aise, ce qui attira les iris verts de son Lutin :

– Tu te réveilles tôt, constata-t-il avec un sourire. Je vais te préparer ton petit-déjeuner !

– Hé, attend, grogna Keir, reste-là cinq minutes...

Le Lutin reprit sa place et, sans qu'il ne s'y attende, Keir installa sa tête sur son torse. Lubeen se laissa faire, un peu décontenancé, avant de caresser ses cheveux doucement.

– Tu es fatigué ?

– Un peu...

Il taisait sciemment le fait qu'il ressentait le besoin de se coller à lui... De sentir sa chaleur et son odeur. C'était bien la première fois qu'il agissait de la sorte... Ce n'était pas désagréable, au contraire ! Et la main que Lubeen perdait dans ses cheveux le détendait vraiment. Bien plus que les massages, érotiques ou non, de ses conquêtes.

– On va aller faire un tour dehors, si tu veux, proposa l'humain.

– Vrai de vrai ?

Son enthousiasme fit sourire Keir, qui annonça aller prendre sa douche, pendant qu'il préparait le petit déjeuner.

Habituellement, il préférait de loin hiberner les week-ends comme celui-ci... En charmante compagnie, de surcroit. Mais aujourd'hui, c'était différent. Ça ne le dérangeait pas du tout d'aller se dégourdir les jambes avec Lubeen – on pourrait même dire que ça lui faisait plaisir.

Une patinoire installée sur une place avait attisé la curiosité du Lutin. Il observait la glace et les patineurs avec fascination, comme s'il en voyait pour la première fois et qu'il s'agissait là d'une sorte de miracle magique dont il ignorait tout. Keir préféra laisser le mystère agir, amusé.

Le brun patinait bien – il jouait au hockey, plus jeune – aussi s'était-il décidé à chausser les patins. Lubeen, quant à lui, avait suivi sans forcément être très rassuré... Il voyait de gens tomber et se disait que lui ne tiendrait pas une minute, tellement il était maladroit.

– Aller, fais-moi confiance, lui murmurait Keir.

L'humain lui passa ses gants, puis monta sur la glace comme s'il ne l'avait jamais quitté. Combien de temps cela faisait-il qu'il n'avait plus patiné ? Des années... Et ça lui avait un peu manqué.

– Je ne sais, souffla Lubeen, intimidé, tout le monde tombe ! Je ne tiendrais jamais debout !

– C'est comme au début, l'encouragea le brun, donne-moi les mains, je vais t'emmener jusqu'au rebord...

Hésitant, Lubeen finit par lui donner ses mains. Il avait peur de tomber, de se ridiculiser et de se faire mal. Mais si Keir voulait qu'il essaye, bien, il le ferait... Si déjà il était sorti pour qu'il découvre un peu le monde humain, il lui devait au moins une tentative !

Tendu, il se retrouva à un mètre sur la glace, pas vraiment rassuré... Keir lui souriait tout en l'encourageant, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir peur.

– Détends-toi un peu, je gère, murmura Keir.

– J'aimerais t'y voir, toi ! Si tu me lâches, je ne saurais même pas comment retrouver la terre ferme !

L'humain sourit :

– Dans ce cas, j'ai intérêt à ne pas te lâcher...

Lubeen rougit. Ses oreilles, bien dissimulées sous son bonnet, étaient brulantes...

Arrivé près du rebord, Lubeen s'y agrippa comme un noyé à une bouée... Ça ne faisait pas mal, mais il n'aimait pas du tout patiner ! En plus, il devait avoir l'air idiot à côté de Keir, qui semblait marcher sur la glace comme s'il marchait sur la terre ferme... En avant, en arrière, il tournait même sur lui-même !

– Tu veux bien m'expliquer quelque chose ? demanda soudainement Keir.

– Euh, oui ?

– Tu es un Lutin, murmura-t-il, avant de prendre une voix normale, comment est-ce possible que tu n'aies jamais patiné ? Vous n'avez pas de glace, chez toi ?

– Eh, il y en a, bien sûr... Mais en réalité, un Lutin sort très rarement de son foyer.

– Je croyais que tu vivais dans un sapin ?

– Oui, c'est le cas... Mais les sapins sont entreposés dans une grande salle vitrée qui isole du froid tout en laissant passer la lumière. On ne vis pas vraiment dehors.

Keir ne cacha pas sa perplexité, ce qui encouragea le blond à en dire plus :

– Les Lutins détestent le froid, que ce soit les températures, la nourriture ou la manière dont on ne les traite – je suis un Lutin – donc je n'aime pas le froid !

– Ah, ça semble... Logique. Je crois ? Pourquoi habiter au Pôle, dans ce cas ?

– Parce que tout est aménagé pour que nous y soyons en sécurité, à l'abri du froid et de la faim, et surtout, qu'on puisse utiliser nos pouvoirs sans se restreindre...

– Et tu n'as pas trop froid, là ?

Lubeen hocha la tête négativement. Son bonnet avait pris la forme d'une veste bien chaude, ses oreilles étaient à l'abri du vent et les gants de Keir réchauffaient ses mains, même s'ils étaient un peu grands.

– Alors on peut commencer la leçon de patinage ! Donne-moi tes mains.

Le lutin le fit sans discuter, puis se retrouva au milieu de la patinoire. Il ne quittait pas Keir des yeux, et celui-ci non plus d'ailleurs. Autour d'eux, il ne semblait plus rien y avoir. Juste l'un pour l'autre, et vice-versa...

Lubeen trouvait que ses iris bleus étaient beaux. Et leur couleur fascinante. Lui qui avait l'habitude de voir ceux des Lutins, dont les teintes oscillaient entre l'ambre et le vert clair, ça le changeait et il aimait ça !

Puis, au-delà de ses iris et de leur intensité, il y avait son visage... Plus viril que les Lutins de leur âge, mais moins ridés que les plus âgés. Ce qui ne lui déplaisait pas vraiment...

Au moment où il se fit la réflexion que Keir était beau, il trébucha et manqua de tomber... Heureusement, l'humain avait des réflexes et réussit à lui éviter la chute. Il se retrouva avec le Lutin dans les bras, son visage contre son torse...

– Première chute évitée, sourit-il. Tu vois que je suis là !

– Hum, merci...

Le visage du blond s'empourpra lorsqu'il releva la tête. Les lèvres de Keir étaient tellement proches des siennes ! Heureusement qu'il était plus grand, sinon, il l'aurait embrassé par mégarde... Même si ça ne l'aurait pas dérangé, dans le fond, il ne voulait pas contrarier à nouveau son hôte, au risque qu'il le remette à la porte.

– Redresses-toi, je te tiens, l'encouragea Keir avec un beau sourire qui le ramena sur terre.

Le Lutin s'exécuta, puis, au moment où Keir commença à reculer pour le faire avancer, l'attention du blond fut attirée par un flocon qui voletait devant son nez. Il loucha, surpris, ce qui arracha un rire irrésistible à Keir :

– C'est la première neige de l'année, ici, murmura l'humain. Ça aussi, tu n'as jamais vu ?

– Bien sûr que si, pour qui tu me prends ? C'est juste que... C'est vraiment magnifique...

Lubeen observait les flocons tomber avec les yeux pétillants, occultant totalement le fait qu'il était sur des patins en plein milieu d'une patinoire... Keir se laissa lui aussi gagner par l'excitation.

Ils restèrent un long moment, leurs mains jointes, à observer les flocons recouvrir la ville... Ils étaient contents de partager ce moment ensemble et n'auraient échangé la place de l'autre pour personne.

Un flocon tomba sur la joue de Keir, Lubeen l'essuya avec douceur, avant que tous les deux n'échangent un grand sourire, mi-complice, mi-amusé...

* * *

Quinzième jour DONE ! :D La neige ! C'était parfait pour caser une scène de patinoire en extérieur XD

Hum, du coup il reste pile poil dix jours avant la fin ! (ça passe trop vite Q_Q)

(Crédit 📷 : Brandi Redd)

Demain c'est le seizième jour :B

Haydn